Ou l'histoire d'un grand Secret...

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Le Méridien de Paris 1/3 - Rennes-le-Château Archive

Le Méridien de Paris                   1/3
Anomalies et curiosités dans la capitale

Rennes‑le‑Château ou l'histoire d'un grand secret

 

 

 

   Parmi toutes les études réalisées autour des méridiens, celle concernant

le Méridien de Paris est essentielle
à connaître...

 

Véritable colonne vertébrale qui permit de cartographier la France,
le Méridien 0 fascine pour de
multiples raisons.


Son histoire étalée sur plusieurs siècles,
sa participation au rayonnement de la France, ses racines occultes, ses liens avec une topographie secrète et sacrée,
sa célébration en l'an 2000, et ses ramifications dans l'affaire de Rennes
en font un sujet inépuisable
et passionnant...

 

D'autant qu'une étude débutée en 2010 dans le Haut‑Razès nous a permis de révéler une affaire inédite et intrigante,
celle des bornes méridiennes... 
 


 

Le Méridien de Paris

et sa triangulation

  Nous l'avons vu dans les pages concernant les méridiens, le sujet est inépuisable. Ces études puisent dans des disciplines très riches, aussi bien historiques que techniques comme la géométrie, la géodésie, la cartographie, ou la topographie. Les méridiens drainent aussi son lot de mystère et de questions qui restent désespérément sans réponse. Pourtant, il est indéniable qu'une cohérence générale existe. Les méridiens, et plus généralement les axes et les cercles, s'articulent selon une logique sublimée par le terrain et par des monuments pérennes servant de repère. Un travail de recherche très important reste à faire, et devant un tel chantier, la seule analyse crédible doit être avant tout descriptive. Toute autre tentative de compréhension basée sur des hypothèses gratuites ou non est vouée à l'échec.

 

    Dans ce contexte, on pourrait penser qu'il suffit de construire ce descriptif à partir du Méridien de Paris, véritable colonne vertébrale du système. Seulement voilà, il existe dans l'affaire de ce méridien une autre affaire, une énigme dans l'énigme, des anomalies, des curiosités, et surtout une affaire... L'affaire des bornes méridiennes du Haut‑Razès... De quoi s'agit‑il ? Pour comprendre, revenons sur le Méridien de Paris et sur les bornes méridiennes...  

 

 

Sommaire

 

      Le Méridien de Paris et ses curiosités dans la capitale

      Suivons la méridienne verte

      L'affaire des bornes méridiennes autour des deux Rennes

 

Le Méridien de Paris, un projet pharaonique

   Le Méridien de Paris fut pendant des années le zéro géographique mondial utilisé par les navigateurs. Surtout, il permit de voir le jour à un autre projet, la cartographie de la France, un projet colossal mené par la dynastie Cassini et qui engendrera de nombreux mystères.  Ce travail de mise à jour des cartes existantes devenait en effet indispensable pour mener à bien non seulement les stratégies politiques du pouvoir royal, mais aussi la connaissance du territoire et du monde.  

 

Le Méridien de Paris est situé officiellement à : 2° 20' 13,82" à l'Est de celui de Greenwich.

Valeur officielle de l'IGN :
2° 20' 14,025" E

Attention, comme nous le verrons, ces valeurs sont légèrement différentes de celle que l'on peut lire sur Google Earth ou Géoportail...

   L'importance historique et scientifique du Méridien de Paris est liée aux mesures d'arc de méridien qui sont à l'origine du développement de la géodésie, ainsi que de la définition historique du mètre étalon.

Les mémoires de la Méridienne
par M. Cassini de Thury
de l'Académie Royale des Sciences

 

   C'est en 1718 que le tracé de la méridienne fut enfin achevé grâce à Jean‑Dominique Cassini (1625‑1712), premier directeur de l'Observatoire, à son fils Jacques Cassini (1677‑1756), et à Philippe de La Hire (1640‑1718). Ce projet demanda un travail immense du fait des nombreux calculs extrêmement précis qu'il fallut effectuer et du nombre important de territoires parcourus.

   C'est grâce à la technique de la triangulation que les géomètres parvinrent à reconstruire les proportions géographiques et finalement à dessiner la carte de la France. Pour mener à bien ce projet, il fallut d'abord trianguler autour du méridien 0, une ligne qui servit de support pour la suite de la cartographie et qui représente la colonne vertébrale de la carte française.

 

   En 1790, il n'y a pas d'unité de mesure en France et c'est en pleine tourmente révolutionnaire que le mètre étalon universel est décidé. Pour Condorcet, il fallait "Une mesure Universelle pour tous les temps, pour tous les Hommes"...

 

   En 1792, la Convention décide alors d'unifier les unités de mesure sur le territoire français. Chaque canton a alors sa propre toise et l'assemblée supprime le privilège "d'établir la mesure". Le mètre vient ainsi de naître... Ce sera le 40 millionième du méridien terrestre.

    L'application du système décimal pour tous les poids et mesures rendu légal par le décret du 18 novembre 1801 aura des débuts difficiles. Il ne sera rendu obligatoire et exclusif sur l'ensemble du territoire que le 1er janvier 1840 avant d'être largement utilisé hors de France.

 


Médaille commémorant le décret du 14 thermidor, an 1 de la République
sous Louis Philippe 1er ‑ 1er janvier 1840 usage exclusif des mesures décimales
Loi du 4 juillet 1837

Sous l'étoile Polaire, un Génie ailé tient un compas sur le globe de la Terre incliné à 45°
La banderole indique DIX MILLIONIÈME DU QUART DU MÉRIDIEN

 

Une autre origine du "mètre" étalon ?
 
   Il existe à propos du "mètre" étalon une autre origine plus occulte et qui se confond avec la Géométrie sacrée. Le mètre a été officiellement déterminé en prenant un 10 000 000e du quart du méridien terrestre. Or, si l'on admet que la Coudée royale, une mesure de l'ancienne mesure, vaut 52,36 cm, un très sérieux problème est posé aux historiens et aux scientifiques, car il
existe une relation mathématique entre le mètre actuel et la Coudée royale égyptienne, et elle est particulièrement étonnante...

 

La chaîne des triangles

 

   Après Cassini, les mesures furent reconduites de 1792 à 1798 par Jean Baptiste Joseph Delambre (1749‑1822) né à Amiens et par Pierre Méchain (1744‑1804) né à Laon. Élèves et protégés de l’astronome Jérôme Lalande, les scientifiques se chargèrent d'un travail gigantesque : la mesure de l’arc du méridien par triangulation, une méthode inventée par le hollandais Willebrord Snellius (1580‑1626) au début du XVIIsiècle.

 
   Envoyés avec une lettre de mission signée de Louis XVI, ils partirent donc, l'un à Dunkerque et l'autre à Barcelone. Le travail consistait à jalonner le méridien par un réseau de points constituant des triangles juxtaposés, deux triangles successifs ayant un côté commun, et à déterminer uniquement par des visées les angles de ces triangles. Ils utilisèrent pour cela une technique basée sur des mesures d'angle à partir de points et de repères situés sur les hauteurs de part et d'autre de la Méridienne. Les sommets de ces triangles étaient choisis pour leur visibilité : tour, sommet, clocher ... de manière à pouvoir être aperçus de loin, de jour comme de nuit.
  
Cette vaste entreprise scientifique suscita néanmoins quelques critiques : d’une part, l’arc mesuré ne représente qu’un dixième du quart du méridien et il faut extrapoler pour connaître la longueur totale. D’autre part, cette mesure a déjà été effectuée en 1701, puis en 1739 par Cassini, père et fils. À cette question posée par Louis XVI le 19 juin 1791 aux Académiciens, la veille de la fuite à Varennes, Cassini répondit : "Mon père et son aïeul se servirent d’instruments qui donnaient la mesure des angles à 15 secondes près alors que le nouvel instrument inventé par Borda donne une précision de 1 seconde..."

      Leurs travaux furent finalement présentés le 3 juillet 1799 après 7 ans de mesures donnant naissance au mètre étalon. Des unités comme la toise et le pied seront abandonnés.  


Joseph Delambre (1749‑1822) 

Pierre Méchain (1744‑1804)

 


La France au XVIIIe siècle traversée par le Méridien de Paris et sa triangulation

 

Pierre Méchain
entraîné dans une éprouvante aventure...


  
Pierre François André Méchain est né à Laon le 16 août 1744. Fils d’un maître plafonneur en plâtre, il doit prendre la suite de son père, mais son goût pour les mathématiques et la physique convainc ses parents de le laisser entreprendre des études scientifiques. Il intègre ainsi l’École des Ponts et Chaussée. Malheureusement, son père qui est ruiné oblige Pierre Méchain à renoncer à ses études. Il devient alors précepteur.

   Devenu un des meilleurs élèves de l’astronome Jérôme Lalande, Pierre Méchain devient un astronome réputé et il entre à l’Académie des Sciences en 1782. Capable de calculs longs et fastidieux, il montre de grandes qualités de géodésien (il est capable de tracer une ligne côtière sans l’avoir jamais vue, en faisant ses calculs à partir des observations des autres).
   Méchain accepte alors la mission de la mesure du méridien pour l’honneur, le travail en lui‑même n’étant pas rémunéré.

    Il se marie en 1777 avec Thérèse Marjou qui assistera son époux dans ses travaux d’astronomie et continuera ses travaux pendant son absence. Méchain doit effectuer les mesures du méridien de Barcelone à Rodez, et Delambre de Dunkerque à Rodez. La partie nord a déjà été mesurée plusieurs fois, ce qui n’est pas le cas de la partie sud, notamment sur le territoire espagnol. Et l’intérêt de la nouvelle mesure tient en l’utilisation d’un nouvel instrument plus précis, le « cercle répétiteur » inventé par le chevalier de Borda, ingénieur militaire, capitaine de vaisseau.

    Tous deux partent alors de Paris en juin 1792, chacun accompagné de deux assistants, pour un périple qui doit prendre environ un an. Il durera en réalité 7 ans. Les deux géodésiens connaîtront en effet bien des mésaventures : interruptions forcées, arrestations, accidents. Méchain perdra d'ailleurs l’usage d’un bras... 


La chaîne
des triangles

 



Les triangulations au Nord et au Sud
du Pech de Bugarach

 

    Bloqué à Barcelone, Méchain prend de nouvelles mesures, mais il se rend compte d’une erreur qu’il ne communique pas à ses collègues. Élu au Bureau des Longitudes en 1796 puis nommé directeur de l’Observatoire de Paris, succédant à Lalande, il refait vainement ses calculs. L'anomalie de 3 secondes d'arc l'obsédera jusqu'à sa mort au point de la cacher dans ses notes, ce qui le rendra anxieux et sombre. C'est d'ailleurs pour refaire cette mesure qu'il retournera en Espagne où il mourra de la fièvre jaune le .

   C’est à Delambre que seront confiés les manuscrits de Méchain découvrant en 1806, après la mort de son collègue, cet écart de 3 secondes (un écart de mesure de 0,229 mm) sur la latitude de Barcelone. L'erreur n’aura en réalité aucun effet sur la définition du mètre qui sera proclamé en 1799.

  
Pierre Méchain est aussi connu pour avoir découvert une majeure partie des objets du catalogue Messier
(catalogue des nébuleuses et des amas d'étoiles). Entre 1779 et 1782, il ne découvre pas moins de 29 objets célestes dont il indique la position à son ami Charles Messier qui les inclut dans son catalogue. Méchain découvre deux comètes en 1781 et détermine leur orbite grâce à ses connaissances mathématiques. En 1781 et 1799, il découvre pas moins de sept comètes.

 


Le cahier de Delambre et Méchain décrivant
la chaîne des triangles autour du Panthéon

 

   Jean‑Baptiste Biot et François Arago seront ensuite désignés par Napoléon pour poursuivre le travail de Delambre et Méchain jusqu'aux Baléares, au sud de l’Espagne. Sur place, José Rodriguez, mathématicien fidèle, les aidera à la réalisation de 17 triangulations nécessaires au tracé de la méridienne.

 

La Croix du Panthéon

    À la demande de Jean‑Baptiste Delambre, un observatoire provisoire fut installé sur le sommet du dôme du Panthéon au début de l'année 1793. Depuis cet observatoire, Jean‑Baptiste Delambre effectua ses observations pour la triangulation de la Méridienne de France à Paris. Ce point sera repris par François Perrier lors de la mesure de la Nouvelle Méridienne de France.

   Or, peu de gens le savent : la croix dominant la coupole du Panthéon est le point fondamental de la Nouvelle Triangulation de la France (NTF)

  
L’intersection des deux axes de la croix sera en effet choisie en 1898 comme point essentiel du système de référence géodésique NTF. En ce point, la verticale au géoïde et la verticale à l’ellipsoïde Clarke 1880 IGN (utilisé par la NTF) sont confondues. En tant que zéro des longitudes, le pilier origine de l’observatoire de Paris fut donc rattaché au réseau de triangulation défini en 1883 et destiné à fixer, par voie astronomique, des coordonnées à la croix du Panthéon.

   La Nouvelle Triangulation de la France (NTF) parfois abusivement appelée « système Lambert » (du nom de la projection qui lui est associée) est un système géodésique couvrant le territoire français métropolitain. Aujourd'hui elle laisse place au RGF93. Cette triangulation, similaire à celles effectuées par César‑François Cassini et les ingénieurs géographes, poursuit l'objectif de la réalisation d'une cartographie nationale.

 


Les triangulations autour de la croix du Panthéon

 

Quelques dates...
  • 1669 à 1671 ‑ Méridienne de Picard
  • 1678 ‑ Parution de la carte des environs de Paris levée par l'ingénieur David Vivier en utilisant la triangulation de Jean Picard.
  • 1679 ‑ Picard et La Hire vont en Bretagne, et l'année suivante en Guyenne pour déterminer par des observations astronomiques les coordonnées géographiques des côtes de la France.
  • 1682 ‑ Philippe de La Hire publie sa carte des contours de la France : Carte de France corrigée par ordre du Roi sur les observations de Mrs de l'Académie des sciences. La France se trouve amincie, ce qui fait dire à Louis XIV que « les messieurs de l'Académie lui ont fait perdre plus de territoire que tous ses ennemis »
  •  1683 à 1718 ‑ Méridienne de Cassini par Jean‑Dominique Cassini et son fils Jacques Cassini.
  • 1733 à 1770 ‑ Triangulation de Cassini
  • 1739 à 1740 ‑ Méridienne de France
  • 1733 à 1740 ‑ Première triangulation de la France par Jacques Cassini et son fils César Cassini. Elle aboutit en 1745 à la publication de la première carte de France rigoureusement construite.
  • 1792 à 1884 ‑ Triangulation des Ingénieurs géographes appuyée sur la méridienne de Delambre et Méchain.
  • 1870 à 1896 ‑ Nouvelle méridienne de France.
  • 1861 à 1896 ‑ Mesure d'un arc de parallèle à la latitude de 52°

 

Suivons François Arago dans Paris

Commençons par les médaillons

 

   Sans y prêter attention, les Parisiens foulent du pied ces médaillons, et très peu savent de quoi il retourne réellement. Ces petits disques de bronze incrustés dans l'asphalte tracent à Paris une droite imaginaire hautement symbolique. Signées en lettres capitales du nom de l'astronome Arago, elles indiquent le Nord et le Sud tout en dessinant un trait rigoureux et invisible, un méridien, le Méridien de Paris.  


L'une des médailles Arago à Paris

 

    Défini officiellement le 21 juin 1667, jour du solstice d'été, le Méridien de Paris traverse la France de Dunkerque à Perpignan. Et comme pour concrétiser sa naissance, un édifice fut construit en son honneur sous le règne de Louis XIV : l'Observatoire royal de Paris. Viendra ensuite à partir de cette ligne et de manière officielle le système métrique puisque le mètre sera décrété comme étant la 10 000 000 ème partie du quart du Méridien de Paris, le méridien faisant le tour du globe terrestre.

   Le 25 juin 1792, Jean‑Baptiste Delambre et Pierre Méchain s'apprêtent à mesurer l'axe méridien Dunkerque‑Barcelone. Pour ce faire, il faut une unité de mesure, à savoir une unité de longueur qui peut être prise dans la nature. Ce sera le mètre c'est‑à‑dire la 10 000 000 ème partie de la distance entre l'Équateur et le Pôle. Les savants arpentent alors les 1000 km du Méridien de Paris que l'on appelle "la méridienne" et le 22 juin 1799, en pleine Révolution, le Conseil des Cinq Cents adopte l'étalon "mètre".

 

   Chacun de ces médaillons mesure 12 cm de diamètre et les lettres "N" et "S" sont pointées de façon à indiquer très rigoureusement le Nord et le Sud. Créés par l'artiste hollandais Jan Dibbets en 1994, ces petits médaillons de bronze étaient initialement au nombre de 135.
   Malheureusement, beaucoup ont été dérobés ou recouverts de béton au fil des travaux de voirie.

L'un des médaillons ARAGO
    Lorsque les services de la voirie parisienne sont amenés à déplacer les médaillons pour pouvoir réaliser des travaux,  ces mêmes services se sont engagés à les remettre à leur place. Ce n'est malheureusement pas toujours le cas comme pour les travaux de la rue de Montpensier en 2006. Autre exemple : 19 médaillons furent installés au parc Montsouris, mais très peu sont visibles aujourd'hui.

 

   Le projet fut initié par l'association des amis d'Arago, puis concrétisé par une commande publique faite conjointement par le ministère de la Culture et de la Francophonie et la direction des Affaires culturelles de la mairie de Paris.

   Il y avait à l'origine 134 médaillons incrustés sur le sol de la capitale. Le 135 ème se trouve sur le socle de la statue où trônait François Arago, un monument situé sur le boulevard Arago et la place de l'Île‑de‑Sein dans le 14 ème, là où traverse le Méridien de Paris. Malheureusement, la statue de l'astronome réalisée par le sculpteur Oliva et qui s'y trouvait depuis 1893 n'existe plus. Elle a été fondue en 1942 par les Allemands et le gouvernement de Vichy pendant la Seconde Guerre mondiale pour en faire des canons. Seul le socle subsiste encore.

Le monument Arago aujourd'hui
où se trouve le 135 ème médaillon

Le monument Arago
et sa statue avant 1942

 

  C'est en 1981 qu'on lui donna le nom de place de l'Île‑de‑Sein, en hommage aux 133 hommes de l'Île qui furent les premiers Français à rallier en Angleterre le Général de Gaulle en juin 1940. Une plaque sur le socle résume l'origine du projet des médaillons.

 

 

Dominique François Arago

   Astronome et homme politique français à Estagel (dans les Pyrénées‑Orientales, Roussillon) le 26 février 1786. Enfant, il est sans doute conquis à l'astronomie après la visite à Estagel de Méchain. Ce dernier avait été chargé en 1792 avec Delambre de mesurer la Méridienne de Paris.
   Nommé en 1805 secrétaire bibliothécaire de l'Observatoire de Paris, il redéfinit l’emplacement du Méridien en 1806 et se voit confier un an plus tard la tâche de se rendre à Majorque en Espagne afin de poursuivre le relevé du Méridien.

François Arago (1786‑1853)

   La mission géodésique est suivie d'aventures périlleuses qui le font passer pour mort. Fait prisonnier par des pirates pendant la guerre d'Espagne, il réussit à s'enfuir des prisons du Bey d'Alger pour rejoindre Paris en héros.

   En 1809, il est élu à l'Académie des Sciences alors qu'il n'a que 23 ans, et il est choisi par Monge pour le suppléer comme professeur de géométrie analytique.
   Élu en 1830 en tant que Secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences, il s'installe à l'Observatoire de Paris où il vit désormais et dont il devient vite une figure importante. Il devient directeur des observations en 1834 et directeur délégué du bureau des longitudes en 1843.
Enfin, la même année, il devient directeur de l'Observatoire de Paris, un titre dont il avait lui‑même demandé la création pour son prédécesseur Alexis Bouvard. Il restera à ce poste jusqu'à sa mort en 1853. Il mène par ailleurs une carrière politique et devient Chef de la Commission Exécutive en 1848 pendant un mois et demi,  une charge très proche de celle de chef de l'État. 

 

Suivons les médaillons...

 

   Quelques lieux clés sont sillonnés par les médaillons et donc par le Méridien. La ligne imaginaire traverse le centre de Paris et s'étend sur environ 9 km, de la porte de Montmartre au Nord, à la Cité universitaire au Sud, et ce en passant par 6 arrondissements : le 18e, le 9e, le 2e, le 1er, le 6 et le 14e.

    Les médaillons ont été placés à des endroits variés, parfois symboliques comme dans le bâtiment de l'Observatoire de Paris qui est aussi le lieu où Arago trouva la mort, dans le jardin du Luxembourg, et même à l'intérieur du Louvre.


Le Méridien de Paris traverse des lieux hautement symboliques

 

L'Observatoire royal de Paris

   Point de repère officiel et incontournable, le Méridien est fixé par la localisation de l'Observatoire construit entre 1668 et 1672 sur les plans d'un architecte célèbre de Louis XIV : Claude Perrault, le frère du conteur.
  
C'est au milieu du XVIIe siècle, après la mort de Nicolas Poussin, que quelques membres de la communauté scientifique élaborèrent en 1665 le projet d'une "Compagnie des Sciences et des Arts". Et c'est le physicien astronome Adrien Auzout qui conseilla le Roi par une dédicace : "Il y va, Sire, de la Gloire de Votre Majesté... de l'établissement d'un observatoire astronomique..."
  
Louis XIV et Colbert profitèrent alors de cette demande pour lancer un projet, celui de l'Académie royale des Sciences, concrétisé par un monument d'envergure l'Observatoire royal qui deviendra l'Observatoire de Paris

  
Adrien Auzout né à Rouen, baptisé le , est un astronome et physicien français. Fils d’un clerc à la cour de Rouen, il s'introduit dans le monde savant en fréquentant à Rouen Blaise Pascal. En 1648, il entame une correspondance avec Marin Mersenne, proche de Descartes, puis rejoint le cercle savant constitué autour de Henri Louis Habert de Montmor. Membre fondateur de l’Observatoire royal, il est acquis aux idées de Huygens, et travaille en 1667 avec Jean Picard à appliquer la lunette au quart-de-cercle et à construire le micromètre à fil mobile servant à mesurer le diamètre apparent des corps célestes. En 1666, il entre à l’Académie des sciences, mais la quitte en 1668, vraisemblablement à la suite de sa vive critique de la traduction de Vitruve par Claude Perrault et de la dispute qui s’ensuit. De son exil de 20 ans en Italie à la suite de ces évènements on sait peu de choses. Il meurt à Rome le .

 
 Il est bien sûr étonnant de voir à nouveau un cercle se former autour du Méridien de Paris avec Adrien Auzout qui termine sa vie à Rome, Blaise Pascal, et Claude Perrault. Nicolas Poussin n'est décidément pas loin...

 


L'Observatoire de Paris balise le Méridien de Paris
GPS de l'Observatoire de Paris : 48° 50' 11.3" N   2° 20' 14,025" E 

 

L'Observatoire définit le Méridien de Paris (image Google Earth)

 

    Il est aussi émouvant d'ouvrir l'album photo de l'Observatoire. En 1879, son directeur l'amiral Mouchez, créa un musée pour y présenter d'anciens instruments. Il exposa aussi des portraits de ses prédécesseurs, dont celui de François Arago.

L'Observatoire de Paris ‑ La salle rotonde Ouest
À droite le portrait d'Arago et à gauche celui de Louis XIV

 

    La salle Cassini située au second étage de l'Observatoire de Paris abrite une grande ligne de la méridienne tracée au sol.
 
  Jean‑Dominique Cassini dessine cette ligne en 1671 et elle sera achevée entre 1729 et 1733 par son fils Jacques Cassini.

  En fait, il s'agit d'un instrument astronomique conçu pour étudier la variation de l'obliquité de l'écliptique.
 
   Malheureusement, les 25 années de mesures effectuées entre 1730 et 1755 resteront longtemps inexploitées. La méridienne de l'Observatoire de Paris est le seul instrument de ce type construit dans un édifice laïque.

La ligne de cuivre de l'Observatoire
de Paris trace le Méridien 0

 

La Vierge de l'Observatoire
   Il existe de nombreuses rumeurs sur la découverte d'une petite chapelle sous l'Observatoire de Paris. Cette chapelle aurait abrité une statuette, une Vierge que l'on appelle aussi : "Nostre Dame de dessous terre".

   Ces propos viendraient de Claude Perrault lui‑même dans un rapport qu'il envoya au cabinet du Roi lors de la construction des fondations du bâtiment. Il aurait même évoqué le terme de "caveau illustre".

   Une autre source nous dit que c'est Camille Flammarion qui découvrit également cette statuette, et cette affirmation peut se lire dans : " Le mystère des cathédrales " de Fulcanelli.

 

   L'Observatoire fut construit sur des catacombes ce qui obligea les fondations à être noyées dans les tunnels souterrains. Or, il existe un plan des caves élaboré lors des travaux et indiquant l'emplacement exact d'une Vierge. La statuette est aujourd'hui exposée à l'Observatoire.

 
  Claude Perrault aurait‑il trouvé une petite chapelle avec cette statuette ? C'est fort possible. Les terrains appartenaient à certaines congrégations religieuses qui auraient pu parfaitement utiliser les galeries souterraines comme chapelle et ossuaire.

   Pourquoi alors tant de mystères autour d'une découverte qui finalement semble banale ? Fallait‑il que Claude Perrault justifie l'importance de ce Méridien posé exactement à l'endroit de la Vierge ? Avait‑il peur que l'on déplace cette ligne de référence ?

Notre Dame de dessous terre
Observatoire de Paris

    Car en lisant Fulcanelli tout se passe comme si le Méridien de Paris devait être à cet endroit et pas ailleurs. La découverte d'une Vierge sous l'Observatoire n'aurait donc été qu'un moyen de justifier une fois pour toutes la position de la ligne imaginaire. Il est vrai qu'à cette époque un autre méridien était en concurrence, celui de  l'église Saint‑Sulpice de Paris...


L'Observatoire royal de Paris vu côté sud

 

  Les jardins de l'Observatoire

 

    Les jardins de l'Observatoire furent créés en 1977 sur une superficie de 5500 m² au sud du bâtiment historique, en bordure du boulevard Arago et près de la place Denfert‑Rochereau. Tout a été pensé pour sublimer le Méridien.


Les jardins de l'Observatoire
Les statues et les colonnes tracent le Méridien de Paris

 

    Ici, tout est symbole et les différents monuments du jardin sont conçus à la gloire de l'astronomie et de la ligne imaginaire. On y trouve par exemple la fontaine de l’Observatoire sculptée par Carpeaux représentant une sphère armillaire, un instrument qui modélise la sphère céleste. L'instrument est notamment utilisé pour montrer le mouvement apparent des étoiles, du Soleil et de l'écliptique autour de la Terre. Le globe terrestre est traversé par des longitudes et des latitudes, alors que quatre femmes symbolisant les quatre continents dansent pour évoquer la rotation de la Terre.

La fontaine du jardin de l'Observatoire est posée sur le Méridien de Paris

 

Dans le bassin circulaire,
des tortues, symbole de cosmogonie (récits mythologiques décrivant la formation du monde et l'origine des religions) abreuvent des chevaux.

La fontaine est en réalité une représentation iconographique et ésotérique du Monde où le Méridien de Paris est la colonne vertébrale du système.

Les tortues symboles de cosmogonie

 

Le jardin du Luxembourg
   
   Le Méridien traverse également le jardin du Luxembourg dans le 6e arrondissement de Paris. Créé en 1612 à la demande de Marie de Médicis pour embellir le palais du Luxembourg, il fit l'objet d'une restauration sous le Premier Empire par l'architecte Jean‑François‑Thérèse Chalgrin. Le jardin somptueux appartient désormais au domaine du Sénat et à son Palais.

Le Palais du Luxembourg et ses jardins
Le Méridien de Paris longe le Palais à gauche

 

   Très riches en statues de pierre et de bronze, quelques clins d'oeil sont facilement identifiables par les passionnés de Rennes. Parmi les vingt statues de reines de France et de femmes illustres disposées sur la promenade surplombant le parterre central et le grand bassin, on peut noter Clotilde, l'épouse de Clovis, Bathilde, l'épouse de Clovis II, et Blanche de Castille, l'épouse de Louis VIII. Les statues furent choisies par le roi Louis Philippe et commandées à partir de 1843.   

Sainte Clotilde (474‑545)
épouse de Clovis I
reine des Francs

Bathilde (630‑680)
épouse de Clovis II
reine des Francs

Blanche de Castille (1188‑1252)
épouse de Louis VIII
reine de France

    On rencontre également George Sand, pseudonyme d'Amantine Aurore Lucile Dupin, baronne Dudevant. Romancière, dramaturge, épistolière, critique littéraire et journaliste française, elle naquit à Paris le 1er juillet 1804 et disparut au château de Nohant‑Vic le 8 juin 1876.
   Elle compte parmi les écrivains les plus prolifiques avec plus de 70 romans et 50 volumes d'œuvres diverses, dont des nouvelles, des contes, des pièces de théâtre et des textes politiques.
   Elle contribue à la vie intellectuelle de son époque, accueillant chez elle des personnalités aussi différentes que Franz Liszt, Frédéric Chopin, Honoré de Balzac, Gustave Flaubert, ou Eugène Delacroix.
 
George Sand
(1804‑1876)
   Plusieurs romans sont étonnants dont Laura, sous‑titré Voyage dans le cristal, paru en 1864, un conte fantastique et romantique. Redécouvert à partir des années 1970, le récit semble avoir influencé Jules Verne dans "Voyage au centre de la Terre", un roman publié un an plus tard.

Autre roman remarquable : Jeanne, dont l'histoire se situe dans la Creuse...
    "Se promenant dans le pays d'Ep‑nell, trois jeunes gens découvrent une jeune bergère native de Toull (une antique cité gauloise puis romaine), endormie sur une pierre jomâtre. Pour s'amuser, ils déposent trois pièces d'or dans la main de l'enfant. Or, une légende du pays affirme qu'un veau d'or est enterré à cet endroit..."

 

    Une autre statue, cette fois étrange, ne peut laisser indifférent le promeneur. Il s'agit d'une oeuvre en marbre intitulée :

"La Bocca della verità"
(La bouche de la vérité) par Jules Blanchard, une oeuvre datée de 1871

   La sculpture fait référence à une légende romaine selon laquelle on ne peut retirer sa main de la bouche de la Vérité que si l'on n'a jamais menti, une parabole liée au mythe de la vérité face au mensonge.

   L'oeuvre est en réalité inspirée de "La Bocca della Verità", une ancienne sculpture bas‑relief sur marbre assimilée à un masque, muré dans la paroi du pronaos de l'église Santa Maria in Cosmedin de Rome et datant de 1632.
 
"La Bocca della Verità"
par Jules Blanchard 1871

 

    Au détour d'un chemin, une autre surprise attend le visiteur. Une version réduite de la Statue de la Liberté trône dans le jardin du Luxembourg...
   La statue de la Liberté en fonte d'une hauteur de 2,90 m est en fait la première du modèle ayant servi à réaliser le monument en cuivre de 46 mètres offert à la ville de New York pour célébrer le centenaire de l’Indépendance américaine.

   La version originale a été enlevée du jardin du Luxembourg
en 2012 pour être placée après restauration dans le musée d'Orsay. Une copie remplace l'originale dans le jardin.

"La statue de la Liberté" dans le jardin
du Luxembourg
 
   Construite en France, elle fut offerte par le peuple français aux États‑Unis en signe d'amitié entre les deux nations et pour célébrer le centenaire de la Déclaration d'Indépendance américaine. La version finale qui pèse 204 tonnes et mesure 92,9 mètres fut dévoilée le L'idée vient d'un juriste et professeur au Collège de France, Édouard de Laboulaye, en 1865, et le projet fut confié en 1871 au sculpteur français Auguste Bartholdi. En 1879, à la mort de Viollet‑le‑Duc, Bartholdi fit appel à l'ingénieur Gustave Eiffel.

 

La fontaine Delacroix est sur le Méridien
   
   Parmi les curiosités présentes dans le jardin, une fontaine est à la fois discrète et remarquable puisque très liée à l'énigme des deux Rennes, et pour deux raisons :

La fontaine est dédiée à Eugène Delacroix, un peintre cité dans le Serpent Rouge et auteur des trois fresques très symboliques de la chapelle des Saints Anges dans l'église Saint‑Sulpice de Paris.

   La fontaine Delacroix est posée à seulement quelques mètres du Méridien de Paris une manière de relier par un fil imaginaire le peintre et le Haut‑Razès.

   Eugène Delacroix (1798‑1863) reçut la commande de la fresque de Saint‑Sulpice le 28 avril 1849 par la direction des Beaux‑arts et il s'y consacra de 1855 à 1861.

   12 années furent nécessaires pour mener à bien ce projet et trois peintures ornent la chapelle :

 

  "Héliodore chassé du Temple"

  "Le combat de Jacob avec l'Ange"

  "Saint Michel triomphant de Lucifer"

 

   La fontaine située entre le Palais du Luxembourg et l'Orangerie derrière le musée a été érigée par Jules Dalou. Elle est constituée d'un grand bassin en marbre alimenté par six bouches d'eau. Trois figures allégoriques en bronze s'élèvent vers le buste du peintre accompagné de ces mots  :

   Le Temps soulève La Gloire sous les applaudissements du Génie des Arts " 



Eugène Delacroix

photographié par Nadar
en 1858

 


La fontaine d'Eugène Delacroix à quelques mètres du Méridien de Paris

 

    Et comme s'il était besoin d'insister sur le peintre génie des arts, son buste orne également la façade du musée du Luxembourg...

Le jardin du Luxembourg
La fontaine Delacroix ‑ Le buste

Eugène Delacroix
également présent sur la façade
du musée du Luxembourg

 

Le mètre étalon
   
   Très près du Méridien de Paris, on trouve un mètre étalon scellé dans la pierre. Il avait pour but de familiariser les Parisiens avec cette nouvelle unité métrique calculée sur la longueur de ce même méridien.
L'un des derniers mètres étalons est situé sous les arcades, rue de Vaugirard, juste à l'arrêt de bus "Sénat" de la ligne 84.

Installé en février 1796, il est un vestige de la période post‑révolutionnaire. Un autre étalon se trouve au 13 place Vendôme.

Le mètre étalon près du Méridien de Paris
(rue de Vaugirard)

 

   Après la Révolution, il fallut affiner la valeur du mètre étalon. En effet, afin d'uniformiser les unités de longueur, il fut décidé par un décret du 26 mars 1791 que l'unité de mesure serait les 10 millionièmes parties du quart du méridien terrestre.
   En effet, le 26 mars 1791, l’Assemblée Constituante décrète : « Considérant que, pour parvenir à établir l’uniformité des poids et mesures, il est nécessaire de fixer une unité de mesure naturelle et invariable et que le seul moyen d’étendre cette uniformité aux nations étrangères et de les engager à convenir d’un système de mesure est de choisir une unité qui ne renferme rien d’arbitraire ni de particulier à la situation d’aucun peuple sur le globe… adopte la grandeur du quart du méridien terrestre pour base du nouveau système de mesures qui sera décimal ; les opérations nécessaires pour déterminer cette base, notamment la mesure d’un arc de méridien depuis Dunkerque jusqu’à Barcelone seront incessamment exécutées ».

   La Méridienne de France fut donc mesurée à nouveau entre 1792 et 1798 par Jean‑Baptiste Joseph Delambre et Pierre Méchain pour servir de base à la détermination de la longueur exacte du mètre en 1799.

    Le méridien est rapporté à une succession de triangles dont les côtés se suivent. Il faut pour cela une base connue que l'on appelle la "distance de référence" et qui est mesurée au sol. Le terrain doit être plat, parfaitement rectiligne, et suffisamment long pour que d'un sommet voisin on puisse mesurer des angles d'un triangle imaginaire couvrant des kilomètres carrés de terrain. Cette base fut trouvée à Melun, mais il fallut en faire une seconde dans le Sud de la France pour valider les mesures. Elle fut créée en 1799 à Perpignan, entre La Patte d'oie, au Vernet et Salses‑le‑Château. À l'époque, cette route était parfaitement rectiligne. Ceci explique pourquoi les bornes que l'on voit à Perpignan et à l'entrée de  Salses ne sont pas sur la méridienne de Paris : elles servaient juste de base de mesure.

 

La pyramide du Louvre  
   Célèbre dans le monde entier, la pyramide du Louvre est devenue l'un des symboles phares de Paris. Elle fut pourtant très décriée, et les critiques très excessives du projet sont aujourd'hui entièrement oubliées.

   Installée au centre de la Cour carrée du Louvre, elle rayonne de mille feux pour la plus grande joie des parisiens et des touristes qui viennent l'admirer du monde entier.

   Il faut dire qu'elle apparut en 2003 dans le roman Da Vinci Code de Dan Brown, une aventure dans laquelle le personnage principal Robert Langdon utilise les médaillons pour suivre le Méridien de Paris appelé dans le récit : la Ligne rose. Le héros finira par s'agenouiller devant la pyramide après une longue aventure christique...


Le Méridien passe à droite
de la petite pyramide

 

    Il existe pourtant une digression commise par l'auteur (s'il n'y en avait qu'une...) et souvent véhiculée par d'autres chroniqueurs : le Méridien de Paris ne passe pas par le centre de la pyramide de verre, mais par deux pointes au sol, l'une dessinée par le carré servant de base à la pyramide, la seconde fournie par la base d'une petite pyramide.
   Or, il faut savoir que cette configuration est logique et s'explique parfaitement par la topographie occulte de Paris.


Le médaillon Arago (aujourd'hui disparu) est posé près de la pointe de la petite pyramide (voir ci‑contre).

 


La pyramide du Louvre est édifiée contre le Méridien de Paris
L'architecture de la pyramide respecte une logique géométrique et topographique
imposée par le Méridien...


La pyramide du Louvre... Aujourd'hui fierté nationale...

 

    La Cour carrée du Louvre est d'ailleurs prétexte à la représentation d'innombrables symboles que l'on peut admirer sur les frontons et en rapport avec le Méridien, tels que l'étoile Polaire indiquant le firmament, des boussoles, des cartes géographiques, des longues vues, l’Ouroboros, ou des sabliers, signe du temps qui passe. La construction de la Cour du Louvre qui a été décidée par François Ier en 1545 ne fut terminée que sous le règne de Louis XIV en passant par de nombreux architectes qui travaillèrent sur l'emplacement même du château médiéval du Louvre.

   Deux frontons sont remarquables. Sur l'un d'eux, on trouve en bas‑relief Hercule, personnage barbu très reconnaissable avec sa massue et une peau de lion, un personnage repris par Nicolas Poussin dans "Les Bergers d'Arcadie II" et que l'on retrouve aussi dans "La Vraie Langue Celtique". Henri Boudet utilise en effet le personnage d'Hercule pour nous attirer à mots couverts vers le tableau des Bergers d'Arcadie. À ses côtés sont présentés de gauche à droite, le dieu du Danube, le dieu du Nil et Minerve. Au-dessous, un ouroboros encadré de deux têtes d'aigle signe le bas‑relief.

À propos du dieu du Danube...

   Il faut noter qu'une part importante de l’histoire des Celtes et de leurs migrations tourne autour du Danube. Des populations celtes ont en effet émigré vers l'Ouest en provenance du continent asiatique, en direction du continent européen. Elles ont ensuite remonté les vallées des grands fleuves comme le Danube puis peuplé une grande partie de l'Europe. La majorité de ce continent aurait ainsi été conquise d'abord par des tributs celtiques eurasiennes durant la préhistoire, une invasion qui se poursuivit sur l’ensemble du Danube durant plusieurs millénaires avant celle de Rome sous la forme d’un empire unifié.
Et Hérodote d'affirmer : « Le Danube prend sa source au pays des Celtes »

 


Le fronton "Victoire et Abondance" dans l'aile Lemercier ‑ Cour carrée du Louvre
De gauche à droite, Hercule, le dieu du Danube, du Nil, et Minerve.
Au centre l'Ouroboros, un serpent se mordant la queue, symbolise le cycle éternel.
(oeuvre de Philippe Laurent Rolant)

 

    Le second fronton est beaucoup plus étonnant. Baptisé "La Loi", il se situe dans l'aile Lemercier de la Cour Carrée. Sont représentés de gauche à droite : Moïse tenant les Tables de la Loi, le premier prophète du judaïsme, Isis reine mythique de l'ancienne Égypte, Manco‑Capac, ancêtre semi‑légendaire des Incas et premier empereur à Cuzco, et Numa Pompilius, second roi légendaire des sept rois de la monarchie romaine (règne de 715 à 673 av J.‑C.)

   Ces quatre personnages représentent la naissance de quatre grandes civilisations antiques : la civilisation hébraïque, égyptienne, inca et romaine.

 


Le fronton "La Loi" dans l'aile Lemercier ‑ Cour carrée du Louvre
De gauche à droite, Moïse, Isis, Manco‑Capac, et Numa Pompilius.
(oeuvre de Jean‑Guillaume Moitte 1746‑1810)

 

   On peut bien sûr s'interroger sur le choix de ces quatre civilisations réunies sur un même fronton alors qu'il existe bien d'autres peuples fondamentaux qui ont impacté nos cultures et nos religions occidentales. On peut citer notamment les Étrusques, les Grecs, les Celtes, les Babyloniens, les Minoens, les Assyriens, et même les Sumériens...

Isis

Incas (Manco‑Capac)

 

   Alors, pourquoi ce choix plutôt déconcertant et arbitraire ? Pourquoi avoir sélectionné un indien inca et ne pas avoir introduit un personnage légendaire grec ? Il faut dire que la juxtaposition d'Isis, reine et déesse de l'ancienne Égypte, et de Manco‑Capac, indien légendaire inca, tous deux encadrés par Moïse, premier prophète du judaïsme, et Numa, monarque légendaire romain, ne manque pas de sel...

   Serions nous en présence d'un clin d'oeil lié à la configuration du Bézis près d'Arques, non loin de Rennes‑le‑Château ? Il est vrai que le rapprochement d'Isis avec l'Indien inca rappelle étrangement la configuration isiaque de la vallée sacrée avec la Tête de l'Indien et l'Aiguille plantée au centre d'un V signe de féminité et donc symbole Isis‑Osiris. Vue de l'esprit ? Divagation de chercheur ? N'oublions pas que le Méridien de Paris passe à 500 m de l'Aiguille... 

 


La vallée du Bézis avec à gauche la Tête de l'Indien et au centre l'Aiguille
plantée au centre d'un V formé par l'entrée des gorges

 

Mais qui est l'artiste de ce fronton étonnant ?


   L'oeuvre est signée Jean‑Guillaume Moitte (1746‑1810), un sculpteur français réputé. Or, deux autres créations de l'artiste montrent son attachement à certaines pages historiques liées à l'affaire des deux Rennes. Deux réalisations en terre cuite montrent en effet des scènes reproduites de l'Arc de Titus à Rome et qui concernent le pillage du Temple de Jérusalem en l'an 70...

 


Le retour triomphant de l'empereur Titus
après le pillage de Jérusalem
en l'an 70 ap. J.‑C. 

Prisonniers juifs portant la Menorah,
la table des pains de proposition et les trompettes du Temple de Jérusalem
Oeuvres en terre cuite réalisée vers 1791, par Jean Moitte
d'après le bas‑relief de l'arc de Titus (musée d'art du comté de Los Angeles)

 

   Le siège de Jérusalem en l'an 70 est l'événement décisif de la Première Guerre judéo‑romaine. La chute de Massada en l'an 73 y mettra un terme. Menée par le  futur empereur Titus qui est secondé par Tibère Alexandre, l'armée romaine assiège et conquiert la ville de Jérusalem qui était tenue par ses défenseurs juifs depuis l'an 66. La ville est mise à sac et le second Temple de Jérusalem est détruit. Tous les trésors sacrés sont emportés. Seul le mur d'enceinte occidental subsiste. Cet événement a été conté en détail par le dirigeant juif Flavius Josèphe passé au service des Romains, puis devenu historien.

    D’octobre 70 à juin 71, lorsqu'il revient à Rome retrouver son père, Titus célèbre sa victoire de Judée par la célébration d'un triomphe dans Rome. Il distribue de l’argent au peuple en son nom et celui de son père. L’arc commémoratif érigé par Domitien (arc de triomphe de Titus) représente son char tiré par un quadrige. Il représente aussi le cortège avec le butin pillé au second Temple de Jérusalem, dont la Ménorah, le chandelier à sept branches, la table des pains de proposition et les trompettes sacrées. 

 

Le petit canon du Palais Royal
   
   Une autre particularité se trouve dans les jardins du Palais Royal. Non loin du Méridien, un petit canon qui détonne tous les jours à midi.
Situé aujourd'hui au milieu du jardin du Palais, le canon était jusqu'en 1799 exactement posé sur le Méridien de Paris. Un mécanisme muni d'une loupe permet d'allumer la mèche lorsque le Soleil est au zénith, produisant une détonation
à midi pile...

Une célébration quotidienne
du Méridien de Paris et de midi...
Rappelons l'importance de midi dans l'énigme...

BERGÈRE PAS DE TENTATION
QUE POUSSIN TENIERS GARDENT LA CLEF PAX DCLXXXI
PAR LA CROIX ET CE CHEVAL DE DIEU
J'ACHÈVE CE DAEMON DE GARDIEN À MIDI
POMMES BLEUES

 


Le petit canon posé près du Méridien célèbre midi
tous les jours devant le Palais Royal

 

La mire nord de Paris

   La mesure de la longueur de l'arc du méridien de Paris de l'extrémité nord à l'extrémité sud de la France fut un travail énorme, et c'est l'abbé Jean Picard qui fut chargé de faire les mesures de Paris à Amiens.
   Le 14 août 1675, il pose un repère, un simple poteau près du moulin Blute‑Fin à Montmartre, et il s'aligne à l'axe méridien de l'Observatoire. Ce poteau deviendra la mire nord. Les travaux de mesure de la longueur de l'arc se poursuivront avec la famille Cassini. En 1736, Jacques Cassini remplace le poteau par un monument de trois mètres de haut composé d'un parallélépipède surmonté d'une pyramide quadrangulaire portant à son sommet une fleur de lys, et il y fait placer l'inscription :


  
« L'an MDCCXXXVI cet obélisque a été élevé par ordre du Roy pour servir d'alignement à la méridienne de Paris du côté nord. Son axe est à 2 931 toises deux pieds de la face méridionale de l'Observatoire. »

   Sous la Révolution, une boule remplacera la fleur de lys au sommet de la pyramide, puis en 1830 la boule deviendra une pique en fer.

   La mire nord se retrouve aujourd'hui dans le jardin privé du moulin de la galette et sa longitude donnée par la carte IGN est de 2° 20' 11,5" E à ± 0,05" près (± 1 m) 

 


La mire au nord de Paris en 1900

La mire nord aujourd'hui

 

La mire sud de Paris

   Au sud de Paris, le Méridien traverse le parc Montsouris et une seconde mire matérialise son emplacement. Or, cette mire n'est pas exactement sur la ligne puisqu'elle est à 70 m à l'Est.
    La raison est qu'elle ne servait pas à matérialiser précisément le méridien de Paris, mais à calibrer l'alignement Nord‑sud d'instruments de mesure, ces derniers étant installés dans l'aile Est de l'Observatoire de Paris. La mire sud a donc été installée dans le parc en tenant compte de ce décalage.

  
Construite en 1806 par Vaudoyer dans le jardin de l’Observatoire, la borne géodésique haute de 4 m fut déplacée par la suite dans le Parc Montsouris. Elle est classée Monument historique depuis 1928.


   Sur la stèle, on peut lire l’inscription :
« Du règne de … [le nom de Napoléon a été effacé] mire de l’observatoire MDCCCVI »
 
La mire au sud de Paris
Parc de Montsouris

 

 

Après avoir visité le Méridien dans Paris, dirigeons-nous vers le Sud.
Des curiosités attendent, surtout lorsque l'on se rapproche du Haut‑Razès...
 

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