Le Méridien de Paris 2/3 - Rennes-le-Château Archive
Le
Méridien de Paris 2/3 Suivons la méridienne verte
Rennes‑Le‑Château ou l'histoire d'un grand
secret
Parmi
toutes les études réalisées autour des
méridiens, celle concernant
le
Méridien de Paris
est essentielle à connaître.
Véritable colonne vertébrale qui permit de cartographier la
France,
le Méridien 0 fascine pour de
multiples raisons.
Son histoire étalée sur plusieurs siècles, sa participation
au rayonnement de la France, ses racines occultes, ses liens
avec une topographie secrète et sacrée, sa célébration en
l'an 2000, et ses ramifications dans
l'affaire de Rennes
en font un sujet inépuisable
et passionnant...
D'autant qu'une étude débutée en
2010 dans le Haut‑Razès nous a permis de révéler une affaire
inédite et intrigante,
celle des bornes méridiennes...
Le Méridien de Paris
Nous l'avons vu
dans les pages concernant les méridiens, le sujet est
inépuisable. Ces études puisent dans des disciplines
très riches, aussi bien historiques que techniques comme la géométrie, la géodésie,
la cartographie, ou
la topographie. Les méridiens drainent aussi son lot de
mystère et de questions qui restent désespérément sans
réponse. Pourtant, il est indéniable qu'une cohérence
générale existe. Les méridiens, et plus généralement les
axes et les cercles, s'articulent selon une
logique sublimée par le terrain et par des monuments
pérennes servant de repère. Un travail de recherche très
important reste à faire, et devant un tel
chantier, la seule analyse
crédible doit être avant tout descriptive.
Toute autre tentative de compréhension basée sur des
hypothèses gratuites ou non est vouée à l'échec.
Dans ce contexte, on pourrait penser qu'il suffit
de construire ce descriptif à partir du
Méridien de Paris,
véritable colonne vertébrale du système. Seulement voilà, il
existe dans l'affaire de ce méridien une autre affaire, une
énigme dans l'énigme, des anomalies, des curiosités, et
surtout uneaffaire... L'affaire
des bornes méridiennes du Haut‑Razès... De quoi s'agit‑il ? Pour
comprendre, revenons sur le Méridien de Paris et sur les bornes méridiennes...
En novembre1998 Paul Chemetov annonçait « Célébrer le siècle et le millénaire, c’est affirmer que nous avons
habité le temps et que nous allons continuer à le faire par‑delà la finitude de chaque destin individuel. »
C'est donc dans l'année
2000 que l'idée d'une méridienne verte basée sur le
méridien de Paris fut proposée par
Paul Chematov à qui
l'on doit les Halles et la galerie du Muséum de Paris.
Ce projet considérable consiste à la plantation d'une ligne
d'arbres traversant toute la France suivant le fameux Méridien
0 :
"Nous
allons planter des arbres pour symboliser le tracé de la
Méridienne de Paris. Ces arbres vont traverser en France
336 communes, 20 départements et 8 régions. Et le long
de la méridienne, nous aurons le 14 juillet,
l'incroyable pique‑nique et plus tard un chemin de
grande randonnée qui permettra à pied d'aller de
Dunkerque à Prats de Molo dans les Pyrénées Orientales
en passant par Bourges et le Subdray..."
D'où est venu ce besoin soudain d'immortaliser une ligne
imaginaire littéralement
tombée dans l'oubli des Français ? Pourquoi la mélanger avec la fête révolutionnaire du 14 juillet ? Ce projet grandiose a peut‑être
pour objectif de réveiller en nous la nostalgie d'une époque où la France rayonnait au travers de ce référentiel mondial... Nous
verrons que l'affaire du Méridien cache bien d'autres secrets... Le projet sera en tout cas nommé : "la
méridienne
verte"
Nous ne verrons jamais
les arbres excepté quelques-uns... des chênes. Mais en guise de
compensation, des bornes méridiennes disposées au bord
des routes signalent aujourd'hui la célèbre coulée
verte. On note d'ailleurs dans ce discours une
méconnaissance du tracé, puisque le Méridien de Paris ne passe
pas par Bourges, mais à 4 km à l'Ouest de la ville... Il passe par contre très près de Rennes‑les‑Bains, à 250 m du
Tombeau des Pontils...
Nous allons voir surtout que ces bornes
méridiennes possèdent de curieuses propriétés autour du
Haut‑Razès...
La méridienne verte
Quelle est la réelle longitude du Méridien
de Paris ?
L'étude du
Méridien de Paris
commence par la constatation d'une première curiosité
autour de ses coordonnées longitudinales.
En effet, la
longitude astronomique de
l'Observatoire
de Paris
qui définit
le méridien de Paris
est
officiellement de
0h 9min 20,921s,
soit
2° 20' 13,82".
Or, l'IGN a
adopté une
autre valeur conventionnelle,
légèrement différente
de la précédente,
de
0h
9min
20,935s
soit
2° 20' 14,025".
Elle
prend en compte les différentes observations
astronomiques qui ont
concouru à la réalisation du système NTF
(Nouvelle Triangulation de la France), un système qui a
comme point de référence la croix du dôme du Panthéon
à Paris.
Le problème est que la longitude officielle et celle de l'IGN ne
correspondent pas à la valeur que l'on peut lire aussi
bien sur
Google Earth que sur
Géoportail
et qui a été définie par
Claude Perrault,
Cassini et
l'Observatoire de Paris.
Cette valeur qui est de 2°
20' 11,38" E est
facile à déterminer puisqu'il suffit de se rendre soit
sur place à l'Observatoire muni d'un GPS, soit sur
Google Earth, soit sur Géoportail, et de pointer le
centre longitudinal de l'édifice. Ces trois valeurs
créent une
certaine confusion et beaucoup d'erreurs de terrain
parmi les chercheurs...
On pourrait évidemment supposer que ces écarts de
l'ordre de 2 à 3 secondes sont négligeables sur le
terrain ou sur une carte géographique. En réalité,
ces
coordonnées officielles représentent tout de même une
distance de 46 à 55 mètres avec le Méridien de Paris tel
qu'il a été défini par Claude Perrault à l'origine.
Le Méridien de Paris traverse
par définition
le centre de l'Observatoire de Paris à 2° 20' 11.38" Or la longitude officielle et
la valeur de l'IGN ne correspondent pas
(image et relevés Google Earth)
Suivons le Méridien de Paris vers le Sud
Les anomalies et les curiosités autour du Méridien ne manquent pas. S'agit‑il de simples
coïncidences ? Est‑on en présence de
petits cailloux
blancs semés à l'intention de quelques curieux qui sauront
réagir ? Serait‑ce une manipulation de l'esprit
bien orchestré ?
Ou bien faut‑il y voir les traces d'un repérage
extrêmement ancien ? Comme dans le cas du
Cercle des églises
dans le Haut‑Razès, les réponses restent éminemment
difficiles. Voici quelques exemples de coïncidences qui
posent question.
Un lieu‑dit
aux accents présidentiels
La coïncidence prête à sourire, et pourtant il s'agit bien
d'un lieu‑dit répondant au nom de "Mitterand".
Cette toponymie pourrait presque passer inaperçue, excepté que
ce hameau touche
le Méridien de Paris, une ligne mise en
scène par la pyramide du Louvre et par
la Méridienne verte, deux
projets mitterrandiens.
S'agit‑il d'un pur hasard ? D'une célébration à
posteriori ? Ce lieu‑dit aurait‑il pu changer de nom à l'occasion de la
Méridienne verte ? Pas si simple, car seul le service du
cadastre, ou plus récemment la commune peuvent prendre une
telle décision de baptême...
Selon les
dispositions de l'article 33 du décret du 30 avril 1955,
le service du cadastre est habilité à constater
d'office, pour la tenue des documents dont il a la
charge, les changements de toute nature n'affectant pas
la situation juridique des immeubles, ce qui inclut la
prise en compte d'un changement d'usage avéré dans la
dénomination d'un lieu‑dit. En d'autres termes, seules
les hautes instances peuvent décider de modifier un nom,
à condition qu'une situation juridique importante
l'exige.
Plus récemment, le Conseil d’État, dans une décision du
26 mars 2012, juge que l’article L.2121‑29 du Code
général des collectivités territoriales donne compétence
à une commune, dans le cas où un intérêt public local le
justifie, pour modifier le nom d'un lieu‑dit.
Serait‑on en présence
ici d'un intérêt public ?
Le Méridien de Paris longe un
lieu‑dit au nom très symbolique : "Mitterand"
(image Google Earth)
Nous sommes donc
en face d'une curiosité, une parmi tant d'autres dans
l'affaire de Rennes. Implanté près de
la commune Allogny, le lieu‑dit "Mitterand" est
situé dans le
département du Cher. Un panneau routier témoigne de ce
hameau mitterrandien posé au bord du Méridien de Paris.
Coordonnées GPS : 47° 15' 34.80" N
2° 20' 5.80" E
Le lieu‑dit Mitterand au bord
du Méridien de Paris
Le village de Saint‑Antoine
de Tau
Autre curiosité, autre
exemple : le
Méridien de Paris coupe littéralement un petit village
pas ordinaire, car il ne s’agit pas de n’importe lequel.
Son nom évoque l’affaire des deux Rennes :
Saint‑Antoine.
Cette petite commune de plus d’une centaine d’âmes
serait‑elle si importante et si différente des autres
villages Saint‑Antoine de France ? Oui, car ce bourg
auvergnat qui fait partie d'une région « La Châtaigneraie » au Sud‑Ouest du Cantal, fournit une autre
coïncidence : Saint‑Antoine était une
commanderie
templière. L'Auvergne porte d’ailleurs des vestiges
importants ayant appartenu aux Hospitaliers, à l’Ordre de Malte et au
Temple.
Un autre fait historique et
religieux existe à Saint‑Antoine. C’était un haut lieu
de pèlerinage entre le XIIe et le XIIIe siècle, les
fidèles y allant vénérer les reliques d’un saint
homme célèbre :
Antoine le Grand, dit Antoine l’Égyptien, ou
Saint Antoine de
Tau. Le petit village posé sur le méridien de Paris
est donc le
VRAI
village de Saint‑Antoine traversé par le Méridien...
Le Méridien de Paris traverse
le petit village de Saint‑Antoine
(image Google Earth)
Sur une colonne de
l'église, un Tau taillé dans la pierre prouve
l'importance du lieu. C'est la signature de
Saint‑Antoine.
N'oublions pas que
Saint‑Antoine de Tau alias Antoine le
Grand, né un
17 janvier, est aussi
représenté dans le fameux tableau de
ND de Marceille
à Limoux, une
peinture limouxine
qui possède de nombreux mystères...
Une pierre taillée est signée d'un Tau
prouvant le
lieu de Saint‑Antoine
Montredon‑Labessonnié
Il existe dans
le Sud‑Ouest, sur le Méridien de Paris,
un petit village répondant au nom de Montredon‑Labessonnié.
Je devine évidemment les passionnés réagir sur ces
deux noms reliés par un trait d’union et qui résonnent
phonétiquement si bien…
Bien sûr, il ne
peut s’agir que d’une belle coïncidence, mais avouez que
la Langue des Oiseaux fait parfois bien les choses en
rapprochant un certain Mont Redon avec
une phonétique
amusante "l’abbé Saunière"...
La commune est située dans le Tarn en région
Midi‑Pyrénées, à l'extrémité Nord‑ouest du Parc
Naturel Régional du Haut Languedoc. Son histoire est
très ancienne et le patrimoine rural y est riche,
composé de chapelles et de temples introduits dès le
XVIe siècle par une forte présence
protestante. Depuis la plus haute Antiquité,
Montredon était considéré comme une montagne
sainte et ses crêtes étaient des lieux sacrés hantés de
dieux et de génies. À la poursuite d'un lieutenant de
Vercingétorix, Jules César y aurait
séjourné. Certains cours d'eau étaient aurifères et les
Gaulois lavaient les sables de l'Agout et du Dadou pour
en recueillir des pépites d'or...
Montredon-Labessonnié est
posé sur le Méridien de Paris
Plus tard, une forteresse prit forme, suivie d’une
église dédiée à Saint Jean‑Baptiste. À l'origine sous
domination des comtes de Toulouse, la Seigneurie de
Montredon
passa en 1209
aux Monfort pour revenir aux
Toulouse‑Lautrec qui la conservèrent jusqu'en
1431.
Suite aux alliances et aux mariages,
plusieurs dynasties se succédèrent.
Intéressons‑nous à la première partie du nom « Montredon ».
Les esprits attentifs auront réagi puisqu’il faut lire
« Mont Redon », Redon se rapprochant de Redone.
Nous sommes presque chez Boudet, en pleine culture bretonne. Les
Redones
étaient un peuple celte du Nord‑ouest de la Gaule, et
leur territoire se situait dans l'actuel département
d’Ille‑et‑Vilaine, donnant leur nom à la ville de Rennes.
Aleth
fut même un temps la capitale. La Bretagne, lieu
légendaire du Graal et des Chevaliers de la Table ronde,
se comporte comme un miroir du Haut‑Razès où la
toponymie audoise semble s’y refléter. Malgré l’absence
totale d’excursion en dehors de son pays languedocien,
Boudet était sacrément bien renseigné. Son livre codé
« La Vraie Langue Celtique »
abonde de références à la Bretagne celte, aux Redones,
et il suffit de compter. L’auteur utilise 41 fois le nom « Redone »
dans un livre qui compte 310 pages.
Autant dire que le sujet lui tenait à cœur. Il est aussi
amusant de comparer les versions étymologiques.
Officiellement, « Redones »
procède d'une racine celtique red (redo
en gaulois ou riad
en irlandais) signifiant « aller à cheval » ou « aller
en char ». On rejoint ainsi LesRedones
« cavaliers » ou « conducteurs de char » d’où Rhedae
(Rennes‑le‑Château), la cité des chariots.
Les Redones
formaient la tribu religieuse, savante,
possédant le secret de l'élévation des monuments
mégalithiques disséminés dans toute la Gaule ;
c'était la tribu des pierres savantes,– read
(red)
savant,– hone,
pierre taillée. – L'étude et la science étaient
indispensables pour connaître le but de
l'érection des mégalithes, et ceux‑là seuls en
possédaient l'intelligence et le sens qui
l'avaient appris de la bouche même des Druides.
Il est utile de remarquer que
le département d'Ille‑et‑Vilaine comprend la
plus grande partie du territoire des anciens
Redones ; il
reçoit son nom des deux rivières l'Ille et la
Vilaine qui y prennent leurs sources. Ille,
hill,
signifie colline ; Vilaine – towill
(ouill),
vouloir, – tohem,
entourer –, se rattache aux pierres levées
placées sur les collines et entourant la tribu
des Redones
Extrait
« La Vraie Langue Celtique » Henri Boudet
Montredon‑Labessonnié
est entouré de plusieurs curiosités, dont le château
d’Arifat et ses cascades. À côté, un domaine privé
abrite le premier Observatoire de
France créé au
XVIe siècle par un certain Guillaume de Nautonier de
Castelfranc (1560‑1620).
Guillaume de Nautonier de Castelfranc dit Le
Nautonier naquit au château de Lourmarié dans la
commune de Vénès, le
au château de
Castelfranc le
à 60 ans.
La piste devient intéressante puisque ce personnage
n’est autre qu’un pasteur français, géographe,
savant, passionné de mathématiques et d’astronomie, qui
recherchait le moyen de mesurer précisément les
longitudes à l’aide d’une boussole aimantée...
Guillaume de Nautonier de
Castelfranc (1560‑1620)
Le château privé de
Castelfranc à Montredon‑Labessonnié
ancienne propriété de Guillaume de Nautonier de
Castelfranc
Le château de Castelfranc date du
XVIe siècle et a appartenu au géographe du roi
Henri IV, Guillaume de Nautonier. De cette époque, il ne subsiste que le Belvédère construit en
1610. C'est une construction comportant
un bâtiment rectangulaire (les écuries) et une tour
carrée (l'observatoire). Il sera ensuite transmis par
héritage à la famille de Pierre de Bernis et remanié par
la famille de Solages en 1835. Étant
une propriété privée, le site ne peut être visité que de
l’extérieur.
Voici qu'une petite commune posée sur le Méridien de Paris accueillit un érudit qui travaillait sur le calcul des
méridiens.
Qui était ce Nautonier (guide), également
géographe et astronome du roi Henry IV, qui se mit à construire sur le point le plus
élevé de Castelfranc une tour observatoire, le tout
premier observatoire de France, et qui se mit en tête de
déduire une longitude à l'aide d'une boussole aimantée ?
Sur le point le plus élevé de
Castelfranc, la tour carrée de l'observatoire
le
premier observatoire de France...
(édifice inscrit au titre des monuments historiques
depuis le 1er décembre 1993.
Guillaume de Nautonier était un érudit et un
étonnant inventeur. Seigneur de profession protestante,
il fit construire tout près de sa demeure un
observatoire à usage privé indispensable à un géographe
passionné d’astronomie. Il fut ordonné géographe
ordinaire du roi par Henri IV en
1609.
Le Nautonier (il était appelé ainsi)est aussi l’auteur d’un ouvrage très remarqué à son époque :
« Mécométrie de
l'aimant, c'est‑à‑dire, la manière de mesurer les
longitudes, de l'invention de Guillaume de Nautonier de
Castelfranc »
édité en plusieurs langues...
Illustration issue de son ouvrage
Et il y a mieux ; la
première partie est dédiée au roi Henri IV,
la seconde à James Ier
roi d'Angleterre, et la troisième à Maximilien de Béthune,
Chevalier, Baron de Rosny, Grand maître de l'artillerie,
surintendant des fortifications de France. Or c’est ce
même Maximilien de Béthune qui en
1606 est nommé duc
et pair de Sully et acquiert le château de Montrond
pour le rénover et en faire la plus forte place du
Berry. En résumé, voici un scientifique érudit,
précurseur dans le calcul des méridiens, auteur d’un
ouvrage dédié non seulement à Henry IV,
mais aussi au propriétaire du château de Montrond, là où
quelques siècles plus tard une superbe pyramide, soeur
de la pyramide du Louvre, sera
érigée sur le méridien secret. Avouez qu’il y a de quoi
être étonné...
À noter que l'on retrouve le terme de
Nautonier dans la seconde strophe de l'opuscule
Le Serpent Rouge :
Cet Ami, comment vous le présenter ? Son nom
demeura un mystère, mais son nombre est celui
d'un sceau célèbre. Comment vous le décrire ?
Peut‑être comme le
nautonier de l'arche impérissable,
impassible comme une colonne sur son roc blanc,
scrutant vers le midi, au‑delà du roc noir.
Il est
d'ailleurs intrigant de lire dans cette strophe une
allusion à un personnage, le nautonier, observant
l'horizon du Nord au Sud (vers le midi)... C'est à dire
une longitude ou un méridien comme l'on voudra...
Un détail atypique
et très symbolique
Il est toujours très enrichissant de rester attentif aux détails
surtout lorsque l'architecture offre des symboles
extrêmement évocateurs.
Les fenêtres du château de Castelfranc servent de support à des
croix sculptées dont voici un exemple. Une femme ailée
est posée sur une croix chrétienne remplaçant le Christ.
Son ventre rond suggère la maternité, et son pagne porte
un noeud isiaque. Les jambes sont entrelacées rappelant
les serpents du caducée. Au‑dessus un vase d'abondance
symbolise la richesse du corps et de l'esprit. Rappelons
que Guillaume de Castelfranc était de confession
protestante...
Détail du château de Castelfranc
Détail d'une fenêtre du
château de Castelfranc
Une femme ailée portant un noeud isiaque prend la pose
du Christ
son ventre est symbole de maternité, et ses jambes
entrelacées sont
symbole des
serpents du caducée
La sculpture
rappelle le caducée dont
un exemple célèbre se trouve à Versailles. Il est l'un des
attributs du dieu Hermès dans la
mythologie grecque, représenté par un bâton ailé et entouré
de deux serpents entrelacés.
Confondu à tort avec l'emblème du corps médical (le bâton
d'Asclépios ou bâton d'Esculape et la coupe d'Hygie), le
caducée est retrouvé dans plusieurs civilisations
antiques notamment égyptienne et sumérienne.
La symbolique de Castelfranc est d'autant plus remarquable qu'elle
ajoute une dimension féminine rappelant le mythe
d'Isis, la déesse ailée, magicienne, donnant la vie à
Horus...
Le caducée
Le caducée sur un portail
à Paris
Vase sumérien de Goudéha
On voit nettement les deux serpents
entrelacés et de chaque côté un serpent ailé
(2100 av. J.‑C.)
Le caducée fut donné à Mercure (Hermès
pour les Grecs) par Apollon en échange de sa lyre à sept
cordes.
Le mot « caducée » vient du latin caduceus signifiant
bâton de pèlerin, symbole de voyageur universel, mais
aussi symbole de tuteur.
Le caducée est aussi l'emblème de la divination et de la
paix portée par le roi. Enfin, le reptile
enlacé ou non avec sa femelle, évoque la mystique
sexuelle, l'union androgyne, celle du couple divin,
rejoignant encore une fois le mythe d'Isis Osiris...
"La paix" par
Jean‑Baptiste Tuby
à Versailles
L'église de
Montredon‑Labessonnié
Sur le parvis de
la petite église, à droite, discrètement enfouies sous
un arbre et envahies par un vieux lierre, deux grottes
artificielles ont été aménagées. L’hommage à ND de
Lourdes rappelle Saunière ainsi que les fausses grottes
d’Espéraza construites par l'abbé Rivière.
Une belle curiosité se situe à l’intérieur de l’église. Tout autour
du chœur, une fresque monumentale
décore la nef façon bande dessinée, un décor composé de
personnages historiques qui se mêlent dans un parfait
anachronisme.
Les fausses grottes hommage à ND de Lourdes
La scène
varie allant de Paris à Jérusalem, et tous viennent se
recueillir devant le Christ sur sa croix. Au premier
regard, la frise impressionne et semble n’être qu’une
représentation naïve de la passion de Jésus emportant
les peuples et les civilisations à travers les siècles. Il faut une
seconde lecture pour s’apercevoir que certaines
allusions ne cadrent ni avec les lieux ni avec les
Évangiles...
Détail de la fresque dans
l'église de Montredon‑Labessonnié
Difficile d’explorer tous les détails. Il y a
d’abord ce prêtre entouré d’enfants du monde ouvrier et dont la soutane
du 19e siècle n’est pas sans rappeler celle d’un autre
prêtre, un certain abbé Saunière.
La suite est surprenante puisque l'on découvre des
personnages de culture et de civilisation très différentes.
En portant le regard sur la droite, certains épisodes
historiques sont clairement cités et ne manquent pas de
saveur... La fresque a été peinte en 1942
en pleine seconde Guerre mondiale.
Sur un cheval blanc, voici Saint‑Louis
brandissant la Couronne d’épines du Christ. Debout à ses
côtés, Saint Dominique continue ses
prédications. Viennent ensuite un pèlerin de
Saint-Jacques-de-Compostelle, puis les croisés et les
pauvres Chevaliers du Christ. Sans heurt nous
sommes passés du
19e siècle au XIIIe siècle
en pleine croisade. La danse continue puisque l’on
trouve ensuite Clovis
et ses lieutenants
mérovingiens s’entretenant avec Saint Rémi.
À ses côtés, la reine Clotilde
observe la scène.
Détail de la fresque dans
l'église de Montredon‑Labessonnié
De gauche à droite, Saint Dominique, Saint‑Louis sur son
cheval brandissant
la couronne d’épine du Christ, quelques croisés, Clovis
et des Mérovingiens,
Saint Rémi et Clotilde
Pour continuer à
découvrir la fresque, il faut se glisser derrière
l’autel. Un autre personnage couronné guide la
farandole. Il s’agit du célèbre empereur romain Constantin Ier
(272‑337) qui favorisa l’essor du Christianisme.
Il marquera l’Histoire le 28 octobre 312,
date à laquelle il vit avec son armée une croix de
lumière dans les cieux.
L’épisode sera retenu par les chrétiens avec cette
formule : « In hoc signo vinces »
(Par ce signe du vaincra) une sentence très
intelligemment utilisée sur le
bénitier dans
l’église de Saunière, par les les quatre anges et
Asmodée.
L’empereur romain Constantin
Ier
Derrière l’autel, la
fresque décrit la Crucifixion. Les trois Marie pleurent
Jésus et un personnage rarement représenté au pied de la
croix est
à genoux : Saint‑Pierre reconnaissable avec ses clés déposées devant lui.
Détail de la fresque dans
l'église de Montredon‑Labessonnié
Aux pieds du Christ, Saint Pierre déposant les clés, à
droite les trois Marie
Saint Pierre est souvent représenté portant deux clés.
Elles renvoient à l'épisode de l'Évangile selon
Matthieu où Jésus remet à Pierre les clés du Royaume des
Cieux :
l'une en or, céleste, l'autre en argent, terrestre. Il a
ainsi la capacité d'ouvrir et de fermer les portes du
Paradis. Un homologue
païen romain est le dieu
Janus, porteur de clés lui aussi, mais qui sont
celles du passé et de l'avenir. Symboles du
pouvoir spirituel conféré par Jésus à l'Église
catholique, les
clés de saint Pierre figurent sur les armoiries du
Saint‑Siège.
Le clin d'oeil de Gérard de Sède Il est toujours
important de revenir aux sources. C'est en 1975
que Gérard de Sède publie un petit
livre aux accents provocateurs "Le vrai dossier de
l'énigme de Rennes". Faut-il y voir dans le titre
une allusion à "La Vraie Langue Celtique" de
Boudet ? Le fait
est que ce court manuscrit renferme plusieurs perles
dont l'une est étrangement reliée à
Montredon-Labessonié... Mais le propos est avant
tout une réponse savoureuse et cinglante à
M. Descadeillas, alors Secrétaire Générale de la
Société des Arts et des Sciences de Carcassonne, faisant
suite à la sortie de son livre "Mythologie du trésor
de Rennes" paru en 1974.
Il faut
dire que l'ouvrage de l'historien qui est aussi
conservateur de la bibliothèque municipale comporte une
multitude d'erreurs, d'omissions, de manipulations, de
fausses informations et d'hypothèses non fondées. L'objectif est clairement de
contredire et de réfuter le récit Best-sellers de Gérard de Sède publié
en 1967 "L'Or de Rennes", et tous les coups sont permis. C'est donc avec minutie
et humour incisif que Gérard de Sède démonte
point par point les arguments et les affirmations de M.
Descadeillas, mettant ainsi en exergue sa mauvaise foi
flagrante et son manque de discernement. Surtout, Gérard de Sède profite de ce
réquisitoire pour amener d'autres documents. Or, parmi
ceux-ci, deux détails font curieusement écho à la
commune qui nous occupe...
En page 62, une carte de France présente le
méridien de Paris
traversant Paris et Arques avec la
mention "Les
Bergers d'Arcadie". Sur ce méridien est indiqué
Montredon-Labessonnié. La carte sert
aussi de support à un autre repérage topographique
important : le triangle rectangle Stenay /
Clisson / Arques
Le vrai dossier de l'énigme
de Rennes par Gérard de Sède Montredon-Labessonié
est indiqué sur le méridien de Paris
Carte extraite de la page 62
Or, ce n'est pas tout. La réponse de Gérard de
Sède se termine en page 41 par une signature
très évocatrice :
"Montredon-Labessonnié"
suivi d'une date :
"17 janvier 1975"...
Avouez que le clin d'oeil est plutôt appuyé...
Extrait "Le vrai dossier
de l'énigme de Rennes" par Gérard de Sède
Pour quelle
raison l'auteur a-t-il voulu souligner cette commune ? Poursuivait-il
à cette époque des
recherches autour de cet endroit précis du
méridien du Paris ? Possédait-il des documents
faisant déjà apparaître la commune ? Avait-il déjà remarqué la présence de
l'astronome atypique du roi Henri IV ?
Etait-il interpellé par la toponymie du bourg ?
Nous ne le saurons sans doute jamais. L'indication du
17 janvier 1975 montre en tout cas que
Gérard de Sède
jouait aussi à sa manière avec les codes de Rennes en
laissant dans son écriture quelques cailloux blancs, des
cailloux qui ne seront remarqués que des dizaines
d'années plus tard...
Suivons aussi les bornes méridiennes
Qu'appelle‑t‑on une borne méridienne ?
Les médaillons Arago disposés à Paris ne sont pas les seules
signatures servant à matérialiser le Méridien de Paris.
D'autres repères ont été érigés en l'an 2000 pour signaler la présence de la
fameuse
ligne Nord‑sud, une ligne allant bien au-delà de la capitale
puisqu'elle est repérée de Dunkerque à Barcelone. Ces repères
sont tantôt de simples panneaux "Méridienne verte",
tantôt des balises bétonnées d'un autre type que l'on appelle
aussi "borne
méridienne".
En effet, pour commémorer le Méridien de Paris, des
bornes très différentes des
médaillons Arago ont été disposées sur la ligne
imaginaire. Le principe consistait à
marquer les routes nationnales ou départementales traversées par le Méridien.
La borne peut prendre plusieurs formes comme un cylindre de béton, un
parapet, un garde-corps, ou une simple pierre naturelle, le tout
surmonté d'une large médaille de bronze solidement
scellée.
Borne méridienne située près de
la grille d'entrée vers
la fontaine du
square Marco Polo à Paris
Sur la
médaille, une gravure donne l'indication "an
2000 la méridienne verte". Une ligne faite
de points représente le Méridien allant de
Dunkerque à Barcelone. La
médaille fixée sur la borne est orientée Nord‑sud, une
précision importante pour repérer la ligne virtuelle.
Une borne méridienne et sa
médaille "an 2000 La méridienne verte"
La médaille est posée de façon à ce que la ligne de point symbolisant le Méridien
soit orientée
Nord‑Sud
À
côté des médaillons parisiens Arago, des bornes méridiennes
rappellent ainsi qu'une ligne virtuelle géodésique et
historique traverse la France.
La borne méridienne située au 31 bd Jourdan le long de la cité universitaire
La borne méridienne située de l'autre côté
du bd Jourdan
La borne mystère de Pont Vert près de Bourges
Le principe général voudrait qu'une borne méridienne
soit placée par la commune concernée sur le Méridien de Paris, à
l'endroit où une route croise ce même Méridien. C'est ainsi que, par exemple, on trouve à
la Chapelle St Ursin plusieurs bornes :
Au
kilomètre 10,67 : borne méridienne à 2° 33671 E, 47° 06273 N chemin des
Fruscades
Au
kilomètre 12,25 : borne méridienne à 2° 33701 E, 47° 06663 N chemin de la
Grange Miton
Au
kilomètre 12,56 : borne méridienne à 2° 3367 E, 47° 06849 N chemin des
Pressoirs de Paille
Or, il existe une autre borne étrange, celle de Pont Vert près de
Bourges. Alors qu'elle devrait être posée sur
le Méridien de Paris, celle‑ci est située à 1,75 km à l'Ouest, une erreur qui ne peut être due à
une imprécision de localisation, la distance étant trop
importante. Signalée par des randonneurs curieux, la
borne est devenue une anomalie célèbre, mais aucune
correction n'a pour le moment été menée. Quelle est donc la raison de cette
anomalie ? Nous verrons que des erreurs tout aussi
flagrantes existent dans le Haut‑Razès, des anomalies
qui respectent en réalité
une logique occulte...
L' anomalie de Pont Vert : la borne méridienne qui
devrait être sur
le Méridien de Paris est en fait située à Pont
Vert à 1,75 km à l'Ouest
La borne méridienne anormale
de Pont Vert près de Bourges
Que signifie une telle erreur ?
D'autres types de
bornes
Dans cet
exemple, une balustrade en béton sert de support à la
médaille méridienne.
Celle‑ci est
située à gauche du bâtiment du sénat à Paris, sur la
balustrade nord. L'image montre
parfaitement l'alignement Nord‑Sud de la médaille. L'axe
repéré par les points représente le Méridien qui longe le
sénat par l'Ouest.
Il faut savoir que toutes les médailles sont en principe très précisément
orientées Nord‑Sud afin de respecter l'axe géodésique.
Les médailles sont un mémorial et il est logique qu'elle
montre le Méridien...
Cette consigne a été donnée pour chaque borne lors de leur mise
en place, une remarque très importante à retenir
pour la suite de l'étude.
La borne méridienne
près du
bâtiment du sénat
À
l'extrémité Nord du Méridien de Paris, une borne
spécifique rend hommage à la ligne géodésique.
Située à la station
astronomique de Rosendaël, elle commémore les travaux
titanesques qui ont été nécessaires pour son tracé.
Clin
d'oeil... La borne est datée de l'année 1886...
Une année symbolique dans l'énigme des deux de Rennes
puisqu'il s'agit de la date de parution du livre culte d'Henri Boudet :
La borne méridienne
de Rosendaël au nord de la France
Au Sud de la France, à Perpignan, une
autre base repère et commémore les mesures faites par
Delambre en 1788.
Le point
géodésique fut aussi vérifié à nouveau par le service
géographique des armées en 1891.
Un clin d'oeil a
aussi été donné par
Jules Verne. N'oublions pas que Perpignan est la
ville d'où est originaire Clovis Dardentor,
le héros du roman codé, une manière de poser son récit
sur le Méridien de Paris... Jules Verne publia
l'aventure "Clovis Dardentor"
en 1896.
La base méridienne
de Perpignan
Des bornes méridiennes plus anciennes
Existe‑t‑il
d'autres types de bornes méridiennes ? La réponse est
oui et voici deux exemples. Ces bornes sont situées à
Carcassonne et leur aspect est très différent.
Sur l'une d'elles, une inscription claire montre le chemin de la
ligne. Une
flèche verticale donne en effet la direction et pointe un titre
"MERIDIEN DE PARIS". La méridienne verte n'était pas
encore née...
Une ancienne borne méridienne à Carcassonne
Une autre très ancienne borne
méridienne à Carcassonne
Il est
amusant de faire un parallèle entre ces anciennes bornes
méridiennes affichant une flèche verticale qui symbolise le
Méridien de Paris, et la double flèche de la
dalle de Blanchefort ou les flèches de la
pierre tombale de la
famille Boudet à
Rennes‑les‑Bains.
Il n'est pas difficile de voir un
point commun : une fine flèche verticale
traversant le milieu de la pierre. La dalle de
Blanchefort et la stèle Boudet se seraient‑elles inspirées
d'une ancienne représentation du Méridien ?
La stèle de la famille Boudet
à Rennes‑les‑Bains et
les deux flèches verticales
La dalle de Blanchefort (Pierre tombale horizontale) version "L'or de Rennes" publié par Gérard de Sède en 1967
Après avoir présenté les bornes
méridiennes et leur apparence classique, dirigeons-nous plus au
Sud, vers Rennes‑le‑Château. Nous allons voir que subitement,
les bornes ne suivent plus la même logique. Des anomalies sont
flagrantes et un travail de recherche va alors nous occuper
durant plusieurs années...