Ou l'histoire d'un grand Secret...

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Versailles et les Salles des Croisades - Rennes-le-Château Archive

Les salles des Croisades              1/8      
Un lieu occulté... Au coeur de Versailles

Rennes‑Le‑Château ou l'histoire d'un grand secret

 

 

 

    Serait‑il possible qu'un lieu hautement historique, situé dans le plus célèbre château du monde, soit habituellement interdit au public ? Peut‑on imaginer un espace extraordinaire difficilement accessible et qui concerne les pages les plus passionnantes et les plus occultes de notre Histoire ? Plus incroyable encore, serait‑il envisageable que ce lieu concerne également l'énigme des deux Rennes ?

    La réponse est oui, car ce lieu existe et sa réputation est planétaire puisqu'il s'agit du Château de Versailles. Quant à l'endroit précis, il concerne une salle ; en fait 5 salles offrant un véritable trésor du passé. Mais il est inutile de se précipiter dans le château musée, vous trouverez certainement porte close... Ces salles sont en effet protégées, réservées, plus exactement dérobées au regard du public, et cela depuis plusieurs décennies... Elles furent malgré tout ouvertes durant la dernière exposition consacrée à Louis‑Philippe fin 2018. Difficile en effet d'occulter ce joyau qui fut tant choyé par le monarque...

    Alors que le public découvre certains pans occultes de notre Histoire suite au désastre de ND de Paris, les Salles des Croisades permettent de se replonger sur deux siècles tourmentés. Huit croisades vont effet se succéder entre 1096 et 1270 et marqueront l’Histoire de France et de l’Europe, des faits d’armes particulièrement violents qui sont aussi le symbole de l’intolérance religieuse et conquérante. Elles participèrent néanmoins à stabiliser le royaume de France en focalisant l’attention du peuple vers une quête lointaine et spirituelle. Elles contribuèrent aussi à développer les échanges entre l’Orient et l’Occident, apportant richesse et progrès.

    Quant à l'énigme de Rennes, il est maintenant sûr que les Croisades sont un axe de recherche majeur avec les Wisigoths et les Celtes. L'épisode des Chevaliers autour de Hugues de Payens entre 1102 et 1125 et surtout la chute de Saint‑Jean‑d'Acre sont autant d'évènements historiques qui trouvent parfaitement leur place dans la grande fresque des deux Rennes...

   Les Salles des Croisades furent exceptionnellement ouvertes à l'occasion
de l'exposition "Louis‑Philippe et Versailles" qui s'est tenue au musée
entre le 6 octobre 2018 et le 3 février 2019

 


Le Château de Versailles recèle un trésor historique méconnu :
"Les Salles des Croisades"

 

 

 

 

Où sont situées les Salles des Croisades ?

 

    Si d'aventure vous décidiez de visiter ou de revisiter Versailles, vous seriez sans aucun doute tenté de situer les Salles des Croisades. Car il faut savoir qu'il n'existe sur place aucune indication, aucun fléchage, aucune légende permettant de soupçonner leur existence. Ces pièces sulfureuses ont été littéralement effacées du circuit touristique classique, et les surveillants chargés d'orienter le public, bien souvent des licenciés en Histoire, ne vous fourniront que des réponses lapidaires : "Vous devez vous tromper de musée...", ou bien encore : "Effectivement ces salles existent, mais elles sont momentanément condamnées pour des raisons de travaux... Aucune date ne nous a été fournie pour leur réouverture...", etc...

   À croire que des consignes particulières ont été données pour éviter l'excès de curiosité. Pourtant, elles sont au coeur de Versailles, non loin de la Chapelle royale.

 


 


Le vestibule donnant vers l'entrée des Salles des Croisades...
Un lieu protégé et très discret

 

    Ce fut après un long entretien avec l'un des guides que je pus enfin mesurer l'ampleur de la censure. Ces salles existent bel et bien et elles ne sont ni en cours de restauration ni en travaux. D'ailleurs leur état de conservation à de quoi étonner, et quant à leur réouverture, il faudrait avant tout parler simplement d'ouverture. En fait, ces salles représentent un véritable joyau jalousement préservé par les hautes autorités et par les initiés.

Il faut dire que la splendeur de ces salles émerveille au plus haut point...

 


L'entrée des Salles des Croisades réserve bien des surprises...

 


L'une des salles précieusement conservées au Château de Versailles
Un lieu d'ordinaire fermé au public...

 

Leur histoire

 

    D'où est venue cette curieuse idée de créer un musée des Croisades au Château de Versailles ? Pour comprendre, il faut s'immerger dans le contexte historique du XVIIIe siècle. C'est une période où l'on commence à s'intéresser au Moyen Âge, une longue exploration qui se prolongea jusqu'au XIXe siècle avec le romantisme triomphant. Cet intérêt commence avant la Révolution française de 1789 pour ne cesser de s’amplifier ensuite. C'est le temps de l'inauguration du musée des Monuments français en 1794. C'est le temps où le Louvre acquiert d'importantes collections médiévales (celle d’Edmé‑Antoine Durand en 1825 et celle de Pierre Révoil en 1828). C'est le temps où Viollet‑le‑Duc restaure les sites médiévaux majeurs pendant le Second Empire. C'est le temps de l'inauguration du musée de Cluny en 1844. La mode est aussi au grand roman moyenâgeux comme celui de Victor Hugo "Notre‑Dame de Paris" en 1831 ou celui de Walter Scott "Ivanhoé" en 1819. Plus qu'une mode, il s'agit d'un besoin de réinventer un patrimoine, une histoire commune que les élites et les érudits vont construire peu à peu pour ressouder un peuple. C'est ainsi que l'Histoire et l'archéologie permettront d'apporter le meilleur des ciments à notre civilisation.

    Dans cet environnement où l'on cherche à retrouver des racines perdues, le roi Louis‑Philippe prend en 1834 une décision : créer à Versailles un espace dédié aux Croisades. L'endroit choisi se trouve au premier étage, derrière le salon d'Hercule. Or, s'agit‑il d'une erreur d'appréciation ? Car le volume est bien trop petit pour accueillir le musée. On décide alors d'un autre emplacement, celui du rez‑de‑chaussée de l'aile du Nord. Le projet se révèle vite grandiose et Louis‑Philippe commande 150 tableaux et plus de 300 figures. La motivation est telle que l'on ramène même depuis Rhodes les portes de l’hôpital construit par les Chevaliers de Saint‑Jean‑de‑Jérusalem. Elles seront intégrées dans un décor néogothique flamboyant en plein coeur de Versailles. Finalement, les cinq salles seront ouvertes au public en 1843 et l'inauguration représentera un évènement historique. Pour la première fois, les Croisades sont vues comme une page majeure de l'Histoire de France et non plus comme un épisode centré autour de quelques personnages glorifiés.

    Louis‑Philippe vient de parachever un travail colossal qui a démarré bien avant avec la création du musée de l'Histoire de France du Château de Versailles, et dédié à toutes les Gloires de la France. Le musée sera inauguré officiellement le 10 juin 1837 avec la galerie des Batailles, et devant le succès du musée, Victor Hugo écrira :

« Ce que le roi Louis‑Philippe a fait à Versailles est bien. Avoir accompli cette œuvre, c'est avoir été grand comme roi et impartial comme philosophe ; c'est avoir fait un monument national d'un monument monarchique ; c'est avoir mis une idée immense dans un immense édifice ; c'est avoir installé le présent dans le passé, 1789 vis‑à‑vis de 1688, l'empereur chez le roi, Napoléon chez Louis XIV ; en un mot, c'est avoir donné à ce livre magnifique qu'on appelle l'histoire de France cette magnifique reliure qu'on appelle Versailles. »

   Finalement, les Galeries historiques de Versailles comprenant les Salles des Croisades sont le projet emblématique du roi Louis‑Philippe.

 

    Aîné de la famille d’Orléans à la fin de l’Ancien Régime, premier prince du sang, Louis‑Philippe, duc de Valois, de Chartres, puis d’Orléans, succéda sur le trône de France à son cousin Charles X, dernier souverain régnant de la branche aînée des Bourbons.

 Convaincu d'avoir un rôle politique à jouer pour la France, il mit en œuvre ses projets après la chute de ses cousins en juillet 1830, quand la révolution le porta au trône sous le nom de Louis‑Philippe Ier. Il promit alors un nouveau régime et une monarchie parlementaire sur le modèle britannique.

Louis Philippe Ier d'Orléans
roi des Français (1773 ‑ 1850)
    Mais aux prises avec une agitation politique constante, enfermé dans ses certitudes et sourd aux attentes des Français, il fut renversé par une nouvelle révolution en février 1848. Il s'enfuira en Angleterre et la II° République sera proclamée. Ce fut le dernier roi de France.
Il faut noter qu'il est le fils de Louis Philippe Joseph d'Orléans, duc de Chartres (1747‑1793), connu plus tard sous le nom de « Philippe Égalité ». Louis Philippe Ier était donc fils d'une famille de franc‑maçon.

 

Louis Philippe, la famille royale et le roi Léopold Ier, visitant la grande salle des Croisades du château de Versailles en juillet 1844
par Prosper Lafaye (1806‑1883)

 

Faux et usage de faux

   Lors de l'élaboration et de l'inventaire des sources destinées à enrichir les Salles des Croisades, un travail important de recherche fut entrepris pour lister les familles françaises impliquées dans les Croisades. Un expert désigné par le pouvoir royal, Léon Lacabane, fut d'ailleurs mandaté pour contrôler les informations historiques. Il était en effet demandé aux familles de fournir des actes prouvant la participation de leurs ancêtres en Terres saintes. L'occasion était trop belle pour les faussaires qui virent là un moyen de monnayer les précieux documents en échange de quelques noms savamment modifiés. De faux actes furent ainsi achetés à l'officine Courtois, un habile faussaire qui utilisait d'authentiques documents et des sceaux médiévaux en les grattant et en y ajoutant les noms désirés. C'est ainsi que la création des Salles des Croisades donna naissance à l'une des entreprises de faux documents du Moyen Âge les plus importantes de l'Histoire française.

 


Quelques volumes des armoiries des Croisés signés Louis Philippe

 

   L'épisode ne manque pas de piment, et dans son ouvrage intitulé "La noblesse" Philippe du Puy de Clinchamps écrit : « [Louis‑Philippe] ouvrit, en 1839‑1840, une salle des Croisades au palais de Versailles où, pour flatter la vieille noblesse légitimiste, figuraient les armoiries des familles des chevaliers Croisés (ce fut, aux yeux de la critique historique, une immense tromperie montée par un certain Courtois, assisté d'un disciple qui devait devenir un maître faussaire, Denis Vrain‑Lucas). »

   Il faudra attendre 1956 pour que Robert‑Henri Bautier mette au jour le mécanisme de ces falsifications.

   Régulièrement, les historiens apportent de nouveaux éclairages tendant à modérer le jugement qui classe toutes les chartes Courtois parmi les faux retentissants. L'état actuel des recherches tendrait à nuancer les résultats obtenus par R.H. Bautier, montrant que dans les chartes Courtois figureraient des documents parfaitement authentiques. En fait, plus les recherches actuelles avancent et plus la liste des armoiries se confirme et s'authentifie. Si l'entreprise de falsification existait bel et bien, les contrôles d'authenticité fonctionnaient aussi très bien.    

 

 

Louis Philippe, la famille royale et le roi Léopold Ier, visitant la grande salle
des Croisades du Château de Versailles en juillet 1844
par Prosper Lafaye (1806‑1883) ‑ détail du tableau

 

Cinq salles affectées aux Croisades

   Après l'ouverture en 1839 de la première salle consacrée à reproduire l'Histoire des Croisades, le roi comprit très vite que l'espace était insuffisant. Quatre autres salles furent alors réservées pour accueillir l'ensemble des décorations, des boiseries et des peintures ; des salles qui avaient une histoire :

Salle 1 : La première salle formait un appartement occupé sous Louis XIV par le maréchal d'Estrées, puis sous Louis XV d'abord par madame de Confians gouvernante des enfants de la maison d'Orléans, puis par la duchesse de Lauraguais, dame d'autour de la dauphine.

Salle 2 : Elle fut habitée sous Louis XV par la maréchale d'Estrées, puis par Madame de Goesbriant, dame de compagnie.

Salle 3 : Elle formait l'appartement occupé sous Louis XV par M. de Clennont, premier écuyer du duc d'Orléans, puis par la princesse de Carignan.

Salle 4 : Elle fut habitée sous Louis XV par la princesse d'Egmont, puis par la duchesse de Boufflers, dame du palais de la reine.

Salle 5 : Elle s'étend dans toute la largeur du pavillon de Noailles et formait deux appartements occupés sous Louis XV en 1735 par l'abbé de Pomponne et la marquise de Mailly, dame du palais de la reine, et en 1755 par le prince Constantin, premier aumônier du roi, et par le duc de Luxembourg, capitaine des gardes.

 


      Les salles des Croisades sont situées dans l'aile du Nord au rez‑de‑jardin
      entre la chapelle royale et l'opéra

      B1 : salle 1    B3 : salle 3    B5 : salle 5 (ou grande salle)
      B2 : salle 2    B4 : salle 4    B6 : vestibule

 

 

Louis Philippe, la famille royale et le roi Léopold Ier, visitant la grande salle
des Croisades du Château de Versailles en juillet 1844
par Prosper Lafaye (1806‑1883) ‑ détail du tableau

 

Que contiennent les salles ?

 

   Créées par Louis‑Philippe en 1843, les Salles des Croisades présentent entre autres les armoiries et les noms des principaux chefs Croisés. Si nous savons aujourd'hui que la constitution de cette liste fut à l'époque très critiquée par les historiens, ce n'est plus le cas aujourd'hui. De plus, cet inventaire représente une très belle source d'information sur les Croisades et les Chevaliers du Temple. Il faut dire qu'actuellement peu d'historiens contestent l'authenticité de ces blasons et leur appartenance aux Croisades, les études historiques ayant sans doute fait leur chemin depuis...

   Lorsqu'en 1839, le roi consacra une salle particulière du palais de Versailles à reproduire les faits de l'histoire des Croisades les plus glorieux pour la France, il jugea que la décoration la mieux appropriée pour orner la frise et les piliers de cette salle était une série d'écussons se succédant par ordre chronologique, et portant les armoiries et les noms des principaux chevaliers de la vieille monarchie qui prirent part aux guerres saintes. Par la suite, pour agrandir l'espace d'exposition dans les galeries, quatre nouvelles salles furent ajoutées en 1842. Un système de décoration uniforme était nécessaire à l'ensemble, et il fallut demander à l'ancien blason de France une autre série d'écussons, tous authentiquement reconnus pour avoir été portés jadis sur les champs de bataille de la Palestine. Ce sont ceux qui se trouvent recueillis et gravés dans cette seconde partie. En effet, pour faire droit aux réclamations de familles ayant eu un passé avec les Croisades, dont le nombre ne tarda pas à égaler celui des admissions déjà faites, il fallut disposer d'autres emplacements pour recevoir une troisième série d'écussons. Ainsi, les frises et les plafonds des quatre petites salles qui ne devaient d'abord contenir que des tableaux furent réservés aux inscriptions nouvelles. On ferma la galerie, et les travaux recommencés en 1841 ne furent terminés qu'au mois de juin 1843.

   Les sources utilisées pour former la seconde liste d'armoiries sont les mêmes que celles qui ont fourni les éléments de la première. Les pages des chroniqueurs firent l'objet d'une nouvelle et scrupuleuse investigation ; toutes les chartes originales, qu'elles soient imprimées ou conservées en manuscrit furent exploitées pour en extraire les noms. Toutes ces ressources furent complétées par un dépôt particulier demeuré inconnu et dont l'authenticité est irrécusable. Léon Lacabane, président de la société de l'école des chartes et premier employé au cabinet des manuscrits à la Bibliothèque Royale, eut entre les mains plus de 200 titres sur parchemin des XIIe et XIIIe siècles, constatant presque tous des emprunts faits en Terre sainte par des chevaliers Croisés à des marchands de Messine, de Sienne, de Pise et surtout de Gênes.

 


Les blasons des Croisés ornent entièrement les cinq salles de Versailles

 

    Hormis la présence des blasons, un autre constat étonnant  porte sur la richesse et la qualité exceptionnelle des toiles. Plus de 350 tableaux sont en effet affichés à la gloire des Chevaliers lors cet épisode historique qui dura plus de deux siècles.
   La collection est si importante et si prestigieuse que la plupart des illustrations que l'on trouve dans les revues, les chroniques, les manuels scolaires, ou les articles historiques proviennent de ces salles très réservées. Mais attention, seules certaines toiles sont destinées à la publication et bien souvent avec une qualité de reproduction très médiocre. D'ailleurs, il n'existe aucun inventaire complet rendu public et officiel.
   Il faut aussi noter la présence de grandes signatures comme dans la grande salle qui conserve des peintures de Delacroix et d'Émile Signol, tous deux impliqués dans les fresques de l'église Saint‑Sulpice et dans l'affaire des deux Rennes.

   Il reste que l'examen des oeuvres et des blasons est prétexte à un superbe voyage dans le passé, au pays des Templiers et des Ordres chevaleresques, une fresque épique contant l'aventure des Croisés et leurs actes d'héroïsme.

 


Les Salles des Croisades sont somptueuses et la collection de tableaux est unique.
A droite, les portes de
l’hôpital construites par les Chevaliers de Saint Jean de Jérusalem, et ramenées de Rhodes

 


Salle 1 ‑ Prise de Jérusalem, par Émile Signol en 1847

 

Un peu d'Histoire et chronologie des Croisades

 

    Les chroniqueurs ont souvent l'habitude de qualifier les Croisades d'épisodes chevaleresques de l'Histoire, mais c'est en examinant la longue liste des évènements chronologiques que l'on se rend compte de l'immense épopée qui fit baigner dans le sang et les larmes les peuples entre l'an 1096 et l'an 1244. Massacres, pillages, sièges, assauts, batailles, révoltes, conquêtes, débarquements, prises de cités, sans compter les maladies et les famines, ponctuèrent la vie des Croisés durant près de deux siècles.

 

La 1ère Croisade (1095‑1100)

    En 1095, l'empereur byzantin sollicite l'aide militaire de mercenaires occidentaux contre les Turcs et au même moment, des récits de mauvais traitements qu'auraient subis les pèlerins en route vers Jérusalem se répandent. Au concile de Clermont, le pape Urbain II (1042‑1099) décide alors de prêcher la Croisade, promettant la remise de pénitence à tous ceux qui endosseront la "croix" du Christ pour reprendre le Saint‑Sépulcre aux musulmans.
   Cet appel remporte immédiatement un très grand succès, autant auprès des chevaliers que des classes populaires, galvanisées par des prédicateurs comme Pierre l'Ermite (1050‑1115).
Certains de ces groupes s'en prennent aux communautés juives des villes qu'ils traversent, mais plusieurs seront dispersés en route. Seules les armées constituées arrivent à Constantinople en 1096, et l’année suivante vers la Syrie. La Croisade se transforme alors en une véritable entreprise de conquête.

   Dès mars 1098 sont fondés le comté d'Édesse et la principauté d'Antioche. Puis les Croisés s’emparent de Jérusalem qu’ils mettent à sac l’année suivante. Ils conquièrent l’ensemble du pays et des ports du littoral.
Godefroy de Bouillon (1061‑1100) prend la tête du royaume de Jérusalem, Raymond de Saint‑Gilles (1042‑1105) celle du comté de Tripoli.

   Constamment menacés par les Turcs, les quatre États latins résistent victorieusement au cours des décennies suivantes. Mais les exactions commises par les Croisés émeuvent les musulmans et l’islam se mobilise, stimulé par la menace chrétienne. En outre, les États latins occupent le littoral méditerranéen et gênent la Syrie dans ses relations économiques. L’émir Zengî (1084‑1146) reprend la lutte et prône le rassemblement des musulmans pour défendre l’islam : c’est l’appel au djihad. Il s'empare d'Édesse en 1145.

Ce revers important conduit quelques mois plus tard à une deuxième Croisade.

 

1095 27 novembre Urbain II prêche la première Croisade lors du concile de Clermont
1096 8 mars Départ d’une « armée de pèlerins », conduite par Pierre l’Ermite.
  12 avril Pierre l’Ermite est à Cologne.
  20 mai  Massacre de Juifs à Mayence par l’armée de pèlerins.
  6 juillet Concile de Nîmes confiant au comte de Toulouse la tête d’une expédition en Terre sainte.
    Prise et massacre de Sembin (Hongrie) par l’armée de pèlerins.
    Prise et pillage de Belgrade par l’armée de pèlerins.
  1 août Pierre l’Ermite et l'armée de pèlerins à Constantinople.
  2‑6 août Pillages des alentours de Constantinople par l’armée de pèlerins.
  7 août Les Byzantins font passer le Bosphore à l’armée de pèlerins.
  10 août L’armée « populaire » est anéantie par les Turcs près de Nicée.
  15 août Départ des armées de Godefroy de Bouillon pour la première Croisade.
    3000 survivants de l’armée de pèlerins se barricadent près de Civitot.
  Septembre Les armées de Godefroy de Bouillon pillent Selymbria.
  29 septembre  Défaite des survivants de l’armée de pèlerins près de Civitot.
  Octobre Les armées de Bohémond (Normand) quittent Bari (Italie) pour la première Croisade.
  25 octobre Rencontre à Lucques entre Robert de Normandie, Robert de Flandre et Urbain II.
  23 décembre Arrivée de Godefroy de Bouillon à la tête des armées croisées à Constantinople.
1097 18 février Victoire de Bohémond (Normand) contre les impériaux et Byzantins à Vardar.
  1 avril Arrivée de Bohémond et ses armées à Constantinople
  5 avril Arrivée de Robert de Flandre et Étienne de Blois à Brindisi.
  12 avril Prise de Roussa (Byzantine) par Raymond de Saint‑Gilles.
  21 avril  Arrivée de Raymond de Saint‑Gilles à Constantinople.
  26 avril Arrivée de Robert de Normandie à Constantinople.
  30 avril L’ensemble des barons a prêté serment à Alexis Ier
  6 mai Arrivée des premiers Croisés devant Nicée.
  Mai Prise de Tyr par les Fatimides.
  26 mai‑26 juin Les Croisés assiègent Nicée.
  19 juin Victoire des armées croisées sur l’armée turque envoyée à Nicée.
  26 juin Reddition de Nicée aux Byzantins.
  1 juillet Victoire des Croisés à Dorylée contre les Turcs.
  13 juillet Division des armées Croisées.
  Septembre Prise de Loadicée par Guynemer de Boulogne.
  Sept‑octobre Affrontements entre Baudoin et Tancrède à Adana
  13 octobre Jonction des armées croisées près d’Antioche
  20 octobre Arrivée des armées croisées devant Antioche.
  21 octobre Début du siège d’Antioche.
  Novembre Bohémond s’empare de la forteresse de Harim
    Baudoin rejoint l’armée de Godefroy de Bouillon.
  15 novembre Baudoin quitte l’armée croisée en direction de l’Arménie.
  31 décembre Victoire de Robert de Flandre contre les Turcs à Al‑Bara.
1098 9 février Victoire de Bohémond contre les Turcs.
    Prise de Laodicée par des corsaires anglais pour les Byzantins.
  10 mars Prise d’Édesse par Baudouin de Boulogne.
  19 mars Construction du fort « Château‑Raymond » pour assiéger Antioche.
  5 avril Prise d’une citadelle au sud d’Antioche par Tancrède.
  4‑26 mai   Échecs des tentatives de prise d’Édesse aux Croisés par les Turcs de Kurbuqa.
  29 mai Les barons assiégeant Antioche se rangent sous les ordres de Bohémond.
  3 juin Les Croisés s’emparent d’Antioche.
  4 juin Victoire turque contre les Croisés près d’Antioche.
   Juin   Robert de Flandre abandonne la forteresse de la Mahomerie aux Turcs.
    Bohémond abandonne la forteresse de Malregard face aux Turcs.
  7 juin Les Croisés sont assiégés dans Antioche par les armées turques de Kurbuqa.
  14 juin Découverte de la « Sainte Lance » à Antioche par Pierre Barthélémy.
  28 juin Victoire de Kerbogah permettant la libération des troupes assiégées dans Antioche.
  3 juillet Échec du conseil des barons sur la question du contrôle d’Antioche.
  26 août Les Fatimides s’emparent de Jérusalem.
  25 septembre Prise de la ville d'Al‑Bara dans la province d'Antioche par les Croisés.
  8 novembre Désaccord entre Bohémond et Raymond de Saint‑Gilles sur le contrôle d’Antioche.
  12 décembre Prise de Ma’arrat par les Croisés.
  décembre Révoltes anti‑Francs violemment réprimées par Baudouin en Arménie.
1099 13 janvier Départ des armées du comte de Toulouse de Ma’arrat en direction de Jérusalem.
  23 janvier Prise de la forteresse de Kalaatel‑Hosu (Kral) par les Croisés.
  17 février Prise de Tortose par des vassaux du comte de Toulouse.
  1 mars   Bohémond délivre Guynemer de Boulogne capturé à Laodicée.
  14 mars Godefroy de Bouillon et Robert de Flandre rejoignent Raymond de Saint‑Gilles assiégeant Arqua.
  10 avril Premier « conseil des barons » sur la conduite des opérations sur Jérusalem.
  13 mai Raymond de Saint‑Gilles lève le siège d’Arqua.
  6 juin   Les armées croisées s’emparent de Bethléem.
  7 juin   Les armées croisées arrivent devant Jérusalem.
  8 juillet Procession autour de Jérusalem
  14 juillet Échec du premier assaut contre Jérusalem.
  15 juillet   Prise de Jérusalem par les Croisés qui vont se livrer au pillage et au massacre de la population.
  17 juillet Conseil de barons pour organiser l’élection d’un patriarche ou d’un roi.
  22 juillet Godefroy de Bouillon est élu souverain de Jérusalem.
  1 août    Arnould Malcorne est élu patriarche de Jérusalem
  4 août   Débarquement des Fatimides à Ascalon.
  12 août Victoire des armées croisées à Ascalon contre les armées égyptiennes.
  21 décembre Pèlerinage de Bohémond et Baudoin à Jérusalem.
  26 décembre Arnould Malcorne, patriarche de Jérusalem est déposé.
  31 décembre Daimbert est élu patriarche de Jérusalem.
1100 28 avril Bulle du pape Pascal II appelant à la poursuite de la Croisade
  Mai Campagne de Godefroy de Bouillon et Tancrède à l’est de Tibériade.
  10 juin Arrivée de la flotte vénitienne à Jaffa.
  18 juillet Mort de Godefroy de Bouillon, avoué du Saint‑Sépulcre à Jérusalem, son frère Baudouin lui succède.
  15 août Bohémond de Tarente est fait prisonnier par les Turcs seldoukjides.
  20 août Tancrède s’empare de Caïffa (Haïfa).
  Septembre  Départ d’une armée lombarde pour la Croisade.
  10‑12 nov Arrivée de Baudouin de Boulogne à Jérusalem.
  Nov‑décembre Campagne de Baudouin au‑delà de la mer Morte.
  25 décembre  Baudouin est couronné roi.
    Prise d’Antioche par les Turcs.
1101 Février Départ de Guillaume II comte de Nevers pour la Croisade.
  Mars Départ de Guillaume II d’Aquitaine pour la Croisade.
  Avril Prise d’Arsûf par les armées croisées.
  17 mai  Prise de Césarée.
  Juin Arrivée de Guillaume II d’Aquitaine à Constantinople.
  23 juin Prise d’Ankara par les armées croisées.
  Août Défaite de Guillaume de Nevers à Eregli.
  5 août   Défaite des armées croisées à Amasia.
  5 septembre Défaite de Guillaume d’Aquitaine à Eregli.
  7 septembre Victoire des armées franques de Jérusalem contre les Égyptiens
1102 Février Prise de Tortose par Raymond de Saint‑Gilles avec l’aide des Vénitiens.
     Prise de Loadicée par les Normands aux Byzantins.
  17 mai Défaite de Baudouin face aux armées égyptiennes près de de Ramlah.
  18 mai Mort d’Étienne de Blois lors de la prise de Ramlah par les Égyptiens.
  27 mai   Victoire de Baudouin à Jaffa.
1104   Baudoin, roi de Jérusalem invite les Vénitiens en Terre sainte
  28 avril Raymond de Saint‑Gilles s’empare de Giblet avec l’aide des Génois.
  26 mai   Prise de la ville d’Acre par Baudouin avec l’aide des Génois.
  7 mai Défaite et capture de Baudouin de Boulogne et Baudouin du Bourcq sont fait prisonniers par les Turcs à Harran.
1105    Défaite des armées croisées près de Harran contre les Turcs.
  28 février  Mort du comte de Toulouse devant Tripoli.
  27 août Victoire des Francs contre les Égyptiens à Ramlah.
1109   Prise de Tripoli par Guillaume Jourdain par les Croisés.
    Prise de Beyrouth par les Croisés.
1110 19 octobre Sidon est assiégée par les Croisés aidé par les flottes norvégienne et vénitienne.
  4 décembre Prise de Sidon par les armées Croisés.
1113   Fondation de l’Ordre des Hospitaliers de Saint‑Jean‑de‑Jérusalem par Gérard Tenque.
1115   Défaite de l’atabeg de Mossoul face à Roger d’Antioche à Tell Danîth.
1118   Fondation de l’Ordre du Temple par des chevaliers français à Jérusalem.
1119 28 juin Défaite et destruction de l’armée d’Antioche face aux Turcomans lors de la bataille de l'Ager Sanguinis.
1123 30 mai Victoire navale vénitienne contre les Égyptiens à Ascalon.
1124 7 juillet   Prise de Tyr par les Croisés.
1128 14 janvier Concile de Troyes sur la création de l’ordre des Chevaliers du Temple.
1137   Reddition de Mont‑Ferrand face à Zengi, atabeg de Mossoul.
1144  31 décembre Les troupes de l’émir de Mossoul s’emparent d’Édesse.
1145  1 décembre Bulle « Quantum Predecessores » d’Eugène III appelant à la seconde Croisade.

 

La 2ème Croisade (1147‑1149)
   La deuxième Croisade commence en 1147 après avoir été lancée en décembre 1145 par le pape Eugène III suite à la chute d'Édesse en 1144. En mai 1148, les armées de l'empereur Conrad III et du roi de France Louis VII atteignent Jérusalem. Les Croisés décident alors d'attaquer Damas, mais y essuient une sévère défaite le 27 juillet 1149.
   La Croisade s'achève peu après par un échec total pour les Croisés, qui rentrent en Europe sans avoir remporté de victoire militaire en Orient. Le comté d'Édesse est définitivement perdu en 1151.
   Chargé du gouvernement de l'Égypte et de la Syrie à partir de 1175, l'émir Saladin (1138‑1193) se fait le champion de la guerre sainte. Il multiplie à partir de 1181 les raids destructeurs puis écrase l'armée chrétienne en 1187 à Hattin. Peu après, Jérusalem est à nouveau aux mains des musulmans.

1146 1 mars Nouvelle promulgation d’une bulle appelant à la Croisade.
  31 mars Saint Bernard prêche la deuxième Croisade à Vezelay.
    Les armées de Jocelin II reprennent Édesse.
  26 décembre Prise d’Édesse par Zenghî, atabeg de Mossoul.
  27 décembre Conrad III décide de participer à la seconde Croisade.
1147 Avril Départ des armées germaniques de Nuremberg.
  Mai L’armée germanique quitte Ratisbonne en direction de Constantinople.
  Juin Départ de Louis VII en Croisade depuis Metz.
  4 octobre Arrivée des armées croisées françaises à Constantinople.
  Novembre Défaite des armées croisées germaniques à Dorylée.
1148 6 janvier Défaite des armées croisées françaises à Pisidie.
    Visite de Conrad III, empereur du Saint‑Empire germanique à Constantinople.
  Avril   Arrivée des armées croisées à Antioche.
  Mai   Arrivée des armées croisées à Jérusalem.
  Juin Le conseil des Barons réuni à Âcre décide d’attaquer Damas.
  28 juillet    Les armées croisées lèvent le siège de Damas.
1149   Louis VII lève le siège de Damas marquant la fin de la seconde Croisade.
1153   Prise d’Ascalon par les Francs.
1158   Prise de Harim par Baudoin III et Thierry de Flandre.
1173   Traité entre Saladin et Pise.
1175   Saladin devient gouverneur d’Égypte et de Syrie.
1178   Victoire de Saladin contre les Francs à Harim.
1180   Trêve entre les Francs et Saladin.
1181   Traité entre Saladin et Byzance.
1182   Renaud de Chatillon attaque en Arabie une caravane se rendant à La Mecque.
1183 Juin Saladin s’empare d’Alep.
1185   Renouvellement de la trêve avec Saladin.
1186   Prise de Mossoul par les armées de Saladin.
1187   Renaud de Châtillon rompt la trêve et capture une caravane de Saladin.
  31 mai Défaite d’un détachement de Templiers contre Saladin.
  3 juillet Une armée franque marche sur Tibériade assiégée par Saladin.
  4 juillet Premiers accrochages entre les Francs et Saladin.
  5 juillet Saladin écrase les armées chrétiennes à Hattin ; Guy de Lusignan, Renaud de Châtillon sont fait prisonniers.
    Saladin fait exécuter Renaud de Châtillon ainsi que les membres des ordres militaires.
  2 octobre Capitulation et prise de Jérusalem par les armées de Saladin.
    Appel à la Croisade pour aider les états latins d’orient.

 

La 3ème Croisade (1189‑1192)

    La troisième Croisade qui débuta en 1189 et s'acheva en 1192 est une série d’expéditions menées par Frédéric Barberousse, empereur germanique, Philippe Auguste, roi de France, et Richard Cœur de Lion, roi d'Angleterre, dans le but de reprendre Jérusalem et la Terre sainte à Saladin.
   Cette Croisade a permis la reprise d’un certain nombre de ports de Terre sainte, mais n’a pas permis la reconquête de la Palestine ni la reprise de Jérusalem. Cependant, la libre circulation à Jérusalem fut autorisée aux pèlerins et marchands chrétiens.
   La troisième Croisade empêche l'effondrement total de la Syrie "franque", m
ais la plus grande partie des territoires conquis un siècle plus tôt est perdue. 


1189   Début de la troisième Croisade.
    Départ de Frédéric II Barberousse pour la Croisade de Ratisbonne.
1190 17 mai  Victoire de Frédéric II Barberousse contre les Turcs à Konya (Iconium).
  10 juin Noyade de Frédéric II Barberousse en Cilicie.
  4 juillet Départ de Philippe Auguste pour la troisième Croisade.
1191 Mai  Richard Cœur de Lion s’empare de Chypre alors sous contrôle Byzantin.
  20 avril Arrivée de Philippe Auguste devant Saint‑Jean d’Âcre.
  8 juin Arrivée de Richard Cœur de Lion devant Saint‑Jean d’Âcre.
  10 juin Prise de Saint‑Jean d’Acre par Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion.
  12 juillet Capitulation de Saint‑Jean‑d’Âcre.
  7 septembre Victoire des armées croisées à Arsouf contre les Turcs.
    Reprise de Saint‑Jean d’Acre par les Croisés.
1192 Août Victoire de Richard Cœur de Lion contre les troupes de Saladin à Jaffa.
  2 septembre Traité entre Saladin et Richard Cœur de Lion instaurant une trêve.
1193 Février Henri VI, empereur allemand capture de Richard Cœur de Lion lors de son retour de Croisade.
  Mars Libération de Richard Cœur de Lion.
1198 Août Le pape Innocent III appelle à délivrer Jérusalem.
1199 Novembre Thibaud de Champagne prend la tête d’une prochaine Croisade.

 

La 4ème Croisade (1202‑1204)

    Le pape Innocent III (1160‑1216) ordonne la prédication d'une quatrième Croisade dès 1198 suite à l'échec de la précédente. Cette Croisade était l'occasion d'exploiter la mort de Saladin et les guerres fratricides entre ses 17 enfants. Elle avait pour objectif la prise de l'Égypte, centre de la puissance de Saladin et de ses héritiers. Mais elle est détournée de son objectif au profit des marchands Vénitiens.
   L’expédition se termine par la prise de Constantinople, mise à sac par les Croisés en 1204, alors que Jérusalem reste aux mains des musulmans. Elle aboutit à la fondation de l'Empire latin d'Occident en 1204.


1201 Avril Accord de Venise avec les Croisés en vue de la quatrième Croisade.
1202 Juin Arrivée des troupes croisées à Venise.
  25 août Venise participe officiellement à la Croisade.
    Début de la quatrième Croisade (jusqu’en 1204).
    Le doge de Venise demande aux Croisés de l’aider à reprendre Zara.
  1 octobre Départ des armées croisées de Venise.
  Oct‑novembre  Soumission des villes de Trieste et Pula devant les armées croisées.
  10 novembre Les armées croisées débarquent devant Zara.
  24 novembre Prise et pillage de Zara (hongroise) par les Croisés.
    Le pape excommunie les Vénitiens pour la prise de Zara.
    Alexis IV demande de l’aide aux Croisés pour récupérer le trône de Constantinople.
1203   Prise de Corfou par les armées croisées.
  24 juin Arrivée des armées croisées devant Byzance.
  6 juillet Prise de Galata (Byzantine) par les Croisés.
  17 juillet Prise de Byzance par les Croisés.
  Juillet Fuite d’Alexis III, Isaac II récupère son trône.
  1 août Alexis Ange fils d’Isaac II est couronné Basileus associé à Sainte‑Sophie.
    Les Croisés demandent à Alexis IV d’honorer le paiement promis.
1204 Janvier Alexis Murzuphle fait assassiner Isaac II et son fils et s’empare du trône.
    Alexis V rejette l’ultimatum croisé, concernant leur promesse de rétribution.
  Mars Traité entre E. Dandolo et les barons Croisés sur le partage de l’empire byzantin.
  9 avril Premier assaut des Croisés contre Constantinople.
  12 avril Nouvel assaut des Croisés contre Constantinople.
  13 avril Fuite d’Alexis III en Thrace.
    Prise et pillage de Constantinople par les Croisés marquant la fin de la quatrième Croisade.
1210   Construction par al‑Adil d’une forteresse à Thabor (plaine d’Acre).

La Croisade des enfants (1212)

    La Croisade des enfants est une expédition des Croisades populaires menée par des gens du peuple voulant partir en Terre sainte pour délivrer Jérusalem, à l'image des Croisades de chevaliers. Elle se situe en 1212 entre la quatrième et la cinquième Croisade et se compose de deux cortèges qui partent simultanément d’Allemagne et de France. Ces entreprises impressionnent par leur mobilisation et leur rayonnement spirituel, mais ne rencontrent pas le succès : le cortège germanique se disperse à Gênes en Italie ; quant au cortège français, on en perd la trace après une entrevue avec Philippe II Auguste à Paris. La « Croisade des enfants » prend son nom du latin pueri qui peut aussi signifier « les enfants de Dieu » ou « des hommes se trouvant en état de pauvreté » les participants à cette Croisade étant plus des paysans pauvres que des enfants.  


1212 Mars‑juin Des milliers de pèlerins se rassemblent autour de Nicolas près de Cologne.
  Juin Le berger Étienne part remettre une lettre du Christ à Philippe Auguste.
    Étienne et ses pèlerins arrivent à Saint‑Denis où Philippe Auguste demande leur dispersion.
  20 août Les Croisés allemands arrivent à Plaisance.
  25 août Arrivés à Gênes, une partie des Croisés se disperse.
    Arrivés à Brindisi, l’Église interdit l’embarquement des Croisés.
    Les Croisés ayant réussi à s’embarquer sont capturés par des pirates.
1213   Appel du pape Innocent III à une nouvelle Croisade en terre sainte.

 

La 5ème Croisade (1217‑1221)

    La cinquième Croisade est une campagne militaire dont le but était d’envahir et de conquérir une partie du sultanat d’Égypte afin de pouvoir échanger les territoires conquis contre les anciens territoires du royaume de Jérusalem se trouvant sous contrôle des musulmans.

   Malgré la prise de Damiette (Égypte), cette Croisade est un échec à cause de l’intransigeance du légat pontifical Pélage et de sa méconnaissance de la politique locale, ce qui le conduisit à refuser les négociations au bon moment.
   En 1221, les Croisés sont vaincus devant
Le Caire et doivent restituer Damiette et se rembarquer piteusement pour l'Europe.
La Croisade est un nouveau fiasco.


1215   Concile de Latran appelant à la cinquième Croisade (jusqu’en 1221).
1217   Expédition des rois de Chypre et de Hongrie contre le Mont‑Thabor.
1218 24 août Débarquement et siège de Damiette.
1219   Prise de Jérusalem par Jean de Brienne.
  5 novembre Prise de Damiette par les Croisés.
1221 12 septembre Défaite des Croisés à Mansourah.
  Septembre Évacuation de Damiette par les armées croisées.
1227 29 septembre Excommunication de Frédéric II suite au non‑respect de ses promesses de Croisades.

 

La 6ème Croisade (1228‑1229)

   La sixième Croisade est une expédition organisée par l'empereur romain germanique Frédéric II pour reconquérir les territoires du royaume de Jérusalem perdus depuis la conquête par Saladin, ainsi que sa capitale.
   Elle a été un succès pour les Croisés, mais ses objectifs sont atteints par la
diplomatie d’un empereur excommunié plutôt que par les combats, au grand scandale de la chrétienté.
Cette méthode a créé un précédent qui influence la stratégie des Croisades suivantes.
   L’intervention de Frédéric II a également été désastreuse pour les institutions du royaume de Jérusalem qui, se retrouvant sans roi, manque désormais d’un pouvoir central et se retrouve en proie à l’anarchie, les différentes factions (les barons, les Ordres de chevalerie, les compagnies maritimes commerciales) ayant chacun leur propre politique sans qu’un souverain puisse arbitrer leurs querelles.


1228 Juin Frédéric II prend la mer marquant le début de la sixième Croisade jusqu’en 1229.
  7 septembre Arrivée de Frédéric II à Âcre.
1229 11 février Traité de Jaffa, Frédéric II récupère Jérusalem, Bethléem et Nazareth.
  17 mars  Frédéric II reçoit la couronne du royaume de Jérusalem.
1239    « Croisades des barons » qui récupère une partie du royaume de Jérusalem.
1244   Le Sultan d’Égypte s’empare de Jérusalem.
  17 octobre Défaite des armées franco‑damastiques à La Forbie contre les armées du sultan d’Égypte.
1245 Juin Le concile de Lyon prêche pour la septième Croisade.
1247   Les Turcs s’emparent d’Ascalon.

 

La 7ème Croisade (1248‑1254)

   La septième Croisade est la première des deux Croisades entreprises sous la direction du roi Louis IX de France, appelé plus tard Saint‑Louis.
   Décidée par le roi en 1244, elle quitte le royaume de France le 28 août 1248 d'
Aigues‑Mortes et aborde l’Égypte en 1249. Le 6 juin 1249, les Croisés prennent Damiette.
   Mais au début de 1250, lors de la bataille de
Mansourah, de nombreux Croisés paient de leur vie une charge folle dans les rues de la ville égyptienne.

   Vaincue par de graves épidémies, l’armée doit se rendre. La rançon de Louis IX s'élèvera à 400 000 livres. Le roi de France reste néanmoins quatre années de plus en Terre Sainte afin de mettre le royaume de Jérusalem en état de se défendre contre les mamelouks. La Croisade prend fin en 1254 avec le retour de Louis IX en France.


1248 12 juin Départ de Saint‑Louis pour la septième Croisade.
  28 août Saint‑Louis quitte Aigues‑Mortes pour Chypre.
1249 5 juin Débarquement des armées de Saint‑Louis devant Damiette.
  6 juin Les armées de Saint‑Louis entrent dans Damiette que les armées du sultan ont évacué dans la nuit.
1250 8 février Défaite de La Mansourah, Saint‑Louis échappe de justesse aux Mamelouks, et son frère meurt au combat.
  6 avril Saint‑Louis et son armée sont capturés et fait prisonniers.
  2 mai Le sultan est reversé par les Mamelouks, une rançon est exigée pour la libération de Saint‑Louis.
  6 mai Saint‑Louis et les survivants de son armée rejoignent Saint‑Jean d’Acre.

 

La Croisade des Pastoureaux (1251)

    La Croisade des pastoureaux de 1251 est une insurrection ou une Croisade populaire engagée sans l'appui des puissants et même contre eux. Un évènement similaire se déroule en 1320. Le terme « pastoureaux » désigne les bergers. Lors de la septième Croisade, Louis IX (Saint‑Louis) prend Damiette. Mais son armée, victime d'une épidémie de peste ou, selon les dernières recherches, de dysenterie, de typhus et de scorbut, s'y trouve prise au piège. Saint‑Louis est fait prisonnier avec deux de ses frères en 1250. Cette nouvelle provoque en Occident incrédulité et révolte. Comment un roi très pieux a‑t‑il pu être abandonné de Dieu ?
   La réponse vient de prédicateurs populaires, en particulier un certain Job, moine hongrois de l'Ordre de Cîteaux. Ce moine charismatique, nommé le « maître de Hongrie », prétend avoir reçu de la Vierge Marie une lettre affirmant que les puissants, les riches et les orgueilleux ne pourront jamais reprendre Jérusalem, mais que seuls y parviendront les pauvres, les humbles, les bergers, dont il doit être le guide. L’orgueil de la chevalerie, dit la lettre, a déplu à Dieu.


1251   Joseph, moine cistercien, appelle à la Croisade pour libérer Saint‑Louis.
  11 juin Défaite des Pastoureaux à Villeneuve‑sur‑Cher.
1254 25 avril Saint‑Louis quitte Saint‑Jean d’Acre pour la France.
1260   Le sultan Baïbar s’empare de la Syrie.
1263   Appel d’Urbain IV à la 8ème Croisade.
1265   Prise de Césarée par le sultan.
1266    Prise de la forteresse des Templiers à Safet par les armées du sultan.
1267  25 mai Saint‑Louis décide de repartir en Croisade.
1268   Prise de Jaffa et de Beaufort par les armées du sultan.

 

La 8ème Croisade (1270‑1310)

    La huitième Croisade est une seconde campagne militaire lancée par le roi Louis IX  en 1270 à la suite des menaces que le sultan mamelouk Baybars fait peser sur les États latins d’Orient.
   Mais le 25 août 1270, le roi
Saint‑Louis meurt de maladie sous les remparts de Tunis. Après la mort de Louis IX, le prince Édouard d’Angleterre décide de se rendre en Terre Sainte avec un millier d’hommes, mais il arrive trop tard pour participer à la Croisade de Saint‑Louis à Tunis. Il est bientôt rejoint par son frère et divers renforts. Mais Édouard rembarque à Acre en direction de l’Europe le 22 septembre 1272 pour prendre la succession de son père Henri III et devenir quelques mois plus tard le roi d'Angleterre.
   L’expédition du
prince Édouard fait partie des Croisades les plus sagement et intelligemment organisées, mais son manque de moyens et de troupes a réduit a néant tous ces efforts.
   Elle a eu cependant le mérite d’accorder dix ans de paix et presque vingt ans de survie au royaume qui se réduit aux environs de
Saint‑Jean‑d’Âcre. Les expéditions suivantes n’ont rien apporté aux restes des états latins d’Orient, et en 1291 les Mamelouks finissent par conquérir l'ensemble des territoires syriens qui appartiennent encore aux chrétiens.


1270 16 mars Départ de Saint‑Louis pour la huitième Croisade.
  1 juillet Saint‑Louis quitte Aigues‑Mortes en direction de Tunis.
  17 juillet les armées de Saint‑Louis atteignent La Goulette.
  3 août Mort de Jean‑Tristan comte de Nevers, fils du roi de la dysenterie à Tunis.
  25 août Mort de Saint‑Louis à Tunis. Son fils Philippe III le Hardi lui succède.
  4 septembre Victoire des Croisés contre les armées musulmanes.
  20 octobre Victoire des Croisés contre les armées musulmanes.
  5 novembre Traité de paix avec les Hafsides mettant fin à la 8eme Croisade.
1271   Prise du Crac des Chevaliers Hospitaliers par le sultan Baïbar.
1287   Prise de Marqab aux Hospitaliers par le sultan Kalaoûn.
    Prise de Lattakié aux Hospitaliers par le sultan Kalaoûn.
1289   Avril Qalaoun (Mamelouk) s’empare de Tripoli.
1291 18 mai Chute de Saint‑Jean d'Acre. Les Mamelouks s’emparent de Saint‑Jean‑d’Âcre marquant la fin de l’Empire latin.
  28 mai Prise de la citadelle du mont Thabor par les troupes du sultan.
1310   Prise de Rhodes que l’on confie aux Hospitaliers.

 



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