Que l'abbaye de
Port‑Royal des
Champs devait être belle du temps de sa splendeur ! Située au sud‑ouest de Paris, elle reste peu connue, même des Parisiens.
Pourtant ce monastère fondé en
1204 fut le creuset où se mélangèrent de façon intense, vie religieuse, vie politique et vie
intellectuelle.
De célèbres érudits y résidèrent, un enseignement innovant y fut créé et des ouvrages
philosophiques et théologiques y furent écrits. Cet épisode des lumières est encore évoqué aujourd'hui comme une référence. Mais les
historiens abordent peu la destinée de ce lieu tant son histoire est complexe, tumultueuse et violente en cette période centrale du
XVIIe siècle. Des débats théologiques controversés s'invitèrent dans la politique royale et s'opposèrent à Rome, provoquant
des tensions extrêmes jusqu'au désastre de
1609.
Mais surtout des connexions flagrantes existent avec l'affaire des deux Rennes.
Ce cœur janséniste fut évidemment en relation avec le célèbre prélat d'Alet,
Nicolas Pavillon, et certaines relations entre la
Cour et le Razès deviennent troublantes, voire évidentes. Déclarée comme hérétique, l'abbaye sera finalement rasée par
Louis XIV
en 1710. Décidément, après
l'affaire Fouquet
déjà liée à l'énigme, voici que la malédiction du Razès rattrape le Roi‑Soleil avec les jansénistes de
Port‑Royal...
Située au cœur de
la vallée de Chevreuse, au Sud‑ouest de Paris, dans la
commune de Magny‑les‑Hameaux (Yvelines), l’abbaye de Port‑Royal témoigne d'une histoire passionnée, violente et cruelle, elle témoigne
de l'intolérance et de la difficulté à faire progresser une société, elle témoigne aussi de l'incompréhension des hommes face à des
idées trop en avance sur leur temps... |
L'abbaye de Port‑Royal des Champs au XVIe siècle (plan) |
La piste janséniste a été ouverte avec Nicolas Pavillon,
prélat indépendant hors norme et
que nous savons impliqué dans l'énigme de Rennes. Cette
piste nous conduit bien sûr
à l'abbaye de Port‑Royal, creuset janséniste,
à Blaise
Pascal, Philippe de Champaigne
et Nicolas Poussin,
mais aussi à la duchesse de Longueville,
au prince de Conti, à Jean Loret et bien d'autres...
Je veux remercier ici Franck Daffos qui a tant œuvré dans ses recherches autour
du XVIIe siècle, et qui a su donner cette impulsion pour que
l'énigme de Rennes poursuive sa quête de la vérité...
|
Au préalable
simple monastère cistercien, Port‑Royal devient au XVIIe siècle
l'un des hauts lieux de la réforme catholique et de la
contestation politique et religieuse. Face aux condamnations
incessantes du roi et du pape, le lieu attire de nombreux
érudits qui trouvent là l'occasion d'exprimer une autre pensée.
Alors que la
marquise de Sévigné qualifiait l'abbaye de Port‑Royal
"d'affreux désert", il est étonnant d'observer le nombre de
personnalités religieuses, intellectuelles et du monde de l'art,
qui vinrent chercher la plénitude et l'isolement dans l'enceinte
du monastère.
Le Siècle des lumières fut l'occasion d'une réelle
effervescence à Port‑Royal avec la prestigieuse
famille Arnaud
et ses abbesses dont Mère Angélique, ses maîtres spirituels
comme l'abbé de Saint‑Cyran et
de Sacy, les maîtres des Petites
Ecoles dont Pierre Nicole. Il faut aussi y ajouter la centaine
de Solitaires dont Arnauld d'Andilly et
Mme de Sévigné, Mme de Lafayette ou la duchesse de Longueville,
La
Rochefoucauld, Boileau,
Perrault, etc...
Mais surtout dans
cette longue liste, on trouve 3 personnages qui vont
définitivement permettre à Port‑Royal de devenir un cas unique,
chacun maître dans sa discipline. En effet,
sciences, lettres et arts vont s'y réunir et
s'incarner sous les noms prestigieux de Jean Racine, Blaise
Pascal et Philippe de Champaigne. |
"Il
y avait un homme qui, à douze ans, avec des barres et des ronds,
avait créé les mathématiques; qui, à seize, avait fait le plus
savant traité des coniques qu'on eût vu depuis l'antiquité; qui,
à dix‑neuf, réduisit en machine une science qui existe tout
entière dans l'entendement; qui à vingt‑trois, démontra les
phénomènes de la pesanteur de l'air, et détruisit une des
grandes erreurs de l'ancienne physique; qui, à cet âge où les
autres commencent à peine à naître, ayant achevé de parcourir le
cercle des sciences humaines, s'aperçut de leur néant et tourna
ses pensées vers la religion; qui, depuis ce moment jusqu'à sa
mort, arrivé dans sa trente‑neuvième année, toujours infirme et
souffrant, fixa la langue que parlèrent Bossuet et Racine, donna
le modèle de la plus parfaite plaisanterie, comme du
raisonnement le plus fort; enfin qui, dans les courts intervalles
de ses maux, résolut, par distraction, un des plus hauts
problèmes de la géométrie, et jeta sur le papier des pensées qui
tiennent autant du Dieu que de l'homme. Cet effrayant génie se
nommait Blaise Pascal.
"
René de
Chateaubriand |
Quand les
sciences, les lettres et l'art se croisent à Port‑Royal |
Trois érudits
et une abbaye, Pascal, Racine et Champaigne
Qui aurait
pu imaginer une telle rencontre dans un lieu tel qu'une abbaye ?
Et qui connaît aujourd'hui le parcourt étonnant de ces trois
personnages qui excellaient dans leurs disciplines ? Comment le
Roi‑Soleil, que l'on admire tant aujourd'hui, a‑t‑il pu avoir si
peu de considération pour ces intellectuels, jusqu'à violer les
sépultures des religieuses et des Solitaires ? |
Blaise PASCAL (1623
‑ 1662)
Il fut un enfant
prodige et un scientifique hors norme. A l'origine de nombreuses
découvertes, son génie déconcerta les plus grands savants de son
temps et même aujourd'hui, il est cité comme une référence dans
de nombreux domaines
scientifiques et littéraires.
Paradoxalement, il
est plus connu pour ses écrits et notamment pour
ses pensées...
Attaché à Port
Royal, il est aussi mystérieusement impliqué dans
l'affaire de Rennes... |
|
1623 ‑ Enfant prodige
Blaise Pascal
naquit le
19
juin 1623 à Clairmont (Clermont‑Ferrand) en Auvergne. Son
père, Etienne Pascal (1588‑1651) était président à la
Cour des Aides et se passionnait pour les sciences et les
mathématiques. Sa mère, Antoinette Begon disparut alors que
Blaise n'avait que 3 ans. Blaise avait aussi deux sœurs,
Jacqueline née en 1625
et Gilberte née en
1620.
Enfant prodige, Blaise fit preuve d’une vivacité
d’esprit étonnante. Très vite détecté par son père, ce dernier
emmena ses enfants à Paris et entreprit lui‑même de donner son
éducation. A 11 ans Blaise écrivit un traité des sons et à 12
ans il retrouva seul les 32 premières propositions d'Euclide en
démontrant la dernière
(la somme des angles d'un triangle est égale à deux angles
droits). Stupéfié, son père l'emmena à l'Académie des sciences
fondée par le philosophe Marin Mersenne. Ils se réunirent au
couvent des minimes place Royale, aujourd'hui place des Vosges à
Paris. La famille s'installa alors dans l'aristocratique
Faubourg Saint Germain près du Luxembourg.
Mais son père,
désorienté par tant de facilité pour les sciences, préféra
l'orienter en priorité vers le latin et le grec, de peur
qu'il ne délaisse les langues au profit des sciences...
A 16 ans il composa un Traité des Sections Coniques qui
conduit à son théorème de Pascal. Une anecdote raconte que
Descartes, voyant le manuscrit, crut qu’il était de son père.
En 1638, son père
Étienne Pascal, opposé aux dispositions fiscales
de Richelieu, quitta Paris avec sa famille pour échapper
à la Bastille. Mais heureusement, en
1639 sa fille
Jacqueline fit preuve
de diplomatie envers le cardinal. Elle
eut l'honneur d'interpréter une comédie devant lui.
La pièce et sa prestation ayant eu du succès, elle en profita
pour implorer la grâce de son père qui lui fut accordée. Ceci permit à la famille de s'installer à
Rouen
et Étienne Pascal devint commissaire délégué par le Roi
pour l’impôt et la levée des tailles.
En janvier
1640, le Chevalier Séguier, Étienne Pascal et l'intendant de
Normandie furent à la tête d'une répression qui devint
sanglante. Cette répression commença suite une émeute à Rouen
provoquée par la misère et les impôts élevés. Cette même année
parue la première œuvre de Blaise Pascal, "Essai pour
les coniques" qu'il confectionna en s'inspirant des idées de
Desargues. Il découvrit ainsi le
théorème de l'hexagramme
mystique... qui
conduira aux fameuses géométries projectives (théorie de la 3D
moderne) |
En 1642, Pascal
qui a 19 ans eut une idée géniale.
Son père, surintendant de la généralité de Rouen, passait
beaucoup de temps aux calculs comptables (les comptes se
faisaient manuellement avec des jetons). Blaise Pascal qui l’aidait
dans ses travaux eut alors l’idée d’une machine pour faciliter
et fiabiliser ces opérations répétitives. Il construisit alors
une machine arithmétique, l’ancêtre de nos calculettes actuelles. |
Machine
arithmétique de Pascal à six chiffres : la Pascaline
(Source : Conservatoire des Arts et Métiers à Paris) |
En 1639, Pascal
révolutionne l’arithmétique puisqu’il démontre la possible
automatisation des additions et des soustractions par un système
mécanique. Cette machine qui est en réalité un automate réalise
en plus les reports des retenues à l’aide de roues dentées. On
l’appellera la Pascaline. Fabriquée dans de nombreux
modèles et dans différents matériaux (cuivre, ébène, ivoire),
se sera toutefois un échec commercial du fait de son coût élevé
(100 livres).
Jusqu'en 1652, Pascal se livra à
de nombreux travaux sur la pression atmosphérique et sur les lois
des liquides. Le 19 septembre 1648, Pascal entreprit avec
son beau‑frère, Florian Périer, l'expérience du Puy de Dôme
démontrant de manière irréfutable l'existence du vide et de la
pesanteur de l'air. Son amour des sciences lui permit d’aborder
des travaux très variés : Il inventa notamment la presse
hydraulique et un véhicule pour le transport des tonneaux. Il
étudia le triangle arithmétique et la théorie de la cycloïde. Il
travailla aussi avec Fermat et créa une nouvelle science, celle
des probabilités. |
Le traité du Triangle arithmétique rédigé
en 1653
et qui sera
publié à titre posthume |
Tout le prédisposait à devenir un scientifique de premier plan,
mais sa santé fragile l’empêchait de mener à bien ses expériences
complexes.
Un évènement va pourtant orienter
Pascal et sa sœur vers un autre destin.
|
En janvier 1646,
son père tombe sur une plaque verglacée et se démet la cuisse.
Il est alors soigné par deux gentilshommes, les frères
Deschamps, qui lui prêtent des ouvrages jansénistes.
Blaise et sa sœur Jacqueline auront ainsi de fréquentes
conversations et seront ébranlés par les idées de
ces Messieurs de Port Royal. La famille Pascal lira ensuite
Le Discours de la réformation de
l'homme intérieur écrit en 1628 par Cornelius Jansen et L'Augustinus.
Les
expériences vont continuer et avec son père il refait le test de
Torricelli sur le vide remettant en cause le concept d'Aristote
selon lequel "la nature a horreur du vide", une
révolution scientifique pour l'époque. |
Blaise Pascal jeune
(portrait non confirmé)
musée de Port‑Royal |
Pascal était aussi un très mauvais malade. Du fait de sa
santé précaire, Il rejetait systématiquement les ordonnances de
ses médecins en déclarant « La maladie est l'état naturel du
chrétien ».
Son état n’ira qu’en empirant.
En réalité, Pascal souffre d'un
mal nerveux et douloureux qui le laisse chaque jour plus épuisé. On lui
recommande le repos mais le mal est profond. Il a des maux
de tête, des
maux de ventre et des problèmes de circulation. On lui imbibe ses bas dans de l’eau‑de‑vie
pour le réchauffer et il est sujet à
une profonde hypocondrie qui affecte son caractère. Il devint irritable et
coléreux.
Après la mort de son père, Pascal changea d’environnement et
durant 3 ans, de 1651 à 1654, il préféra fréquenter les salons parisiens
comme celui de Mme de Sablé.
Riche et célèbre, il mena alors une
vie mondaine avec notamment le chevalier de Méré et
Damien Mitton. Il acheta une maison somptueusement meublée et se
faisait conduire dans Paris avec une
voiture tirée par quatre ou six chevaux. Il passait son temps en
compagnie de femmes et de joueurs qui lui
rappelaient ses recherches sur les probabilités.
C'est durant cette période qu'il côtoya La
Rochefoucauld et les libertins.
En
1652 Blaise Pascal se
rapprocha de Port‑Royal, influencé par l'une de ses sœurs,
Jacqueline Marie Pascal, devenue religieuse auprès de
Mère Angélique.
La nuit du 23 novembre 1654 sera pour Blaise une nuit
d'extase mystique.
Pascal connaît en
effet une illumination qui va bouleverser son existence. Il
écrit immédiatement pour lui‑même une note brève appelée
le Mémorial et qu'il coud soigneusement dans son
manteau. Il la portera sur lui cachée jusqu'à la fin de sa vie.
C'est un serviteur qui la découvrira par hasard après sa mort.
|
Jacqueline Pascal
(1625‑1661)
Sœur de Blaise
Pascal, elle pratiqua très jeune la poésie. Un poème sur la
grossesse de la Reine lui vaudra d'être reçu à la cour. Elle
composa ensuite une pièce qu'elle jouera devant Richelieu et
obtiendra ainsi la grâce de son père. Elle poursuivra son
travail littéraire avec Corneille et, sous l'influence de
l'abbé de Saint‑Cyran, la famille Pascal se rapprochera de
Port‑Royal en 1646. De retour à Paris avec Blaise ils
fréquentèrent les jansénistes ce qui orientera Jacqueline vers
les
religieuses de Port‑Royal. Elle y entrera le
4 janvier 1652
sous
le nom de Jacqueline de Saint‑Euphémie. |
|
Son frère Blaise, influencé par
sa sœur, se rapprochera des jansénistes sous la direction
spirituelle d'Antoine Singlin. Lors de la répression
exigeant des religieuses la signature du Formulaire d'Alexandre
VII en
1661, elle refusa de transiger. On lui doit à cette
occasion une célèbre citation qu'elle écrira à
Antoine Arnauld :
« Puisque les évêques ont des courages de filles, les filles
doivent avoir des courages d’évêques
» Elle signe finalement
sous la contrainte et décède peu après, en
octobre 1661. |
Pascal en contact avec le
Razès et Nicolas Pavillon
En
janvier 1656, Pascal est sollicité par ses amis jansénistes
pour intervenir dans
le conflit qui les oppose aux jésuites et à
la Sorbonne. Il fait alors un séjour à Port‑Royal où il rencontre
Antoine Arnauld. Cette
prise de position donnera lieu à une publication célèbre
"Les Provinciales".
L'ouvrage est en réalité composé de
18
lettres.
A ce moment les jansénistes reconnaissent
comme hérétiques les «Cinq Propositions» mais nient qu'elles figurent
réellement dans l'ouvrage de Jansénius.
Blaise Pascal intervient
alors en
publiant "Les Provinciales",
un chef‑d'œuvre pamphlétaire dans lequel
il attaque la morale laxiste des jésuites et défend la rigueur des « solitaires » de Port‑Royal...
Pour
la première fois un problème
philosophique éternel est posé : la destinée
face à la vie morale...
Une première lettre parait le
23 janvier et son titre est plutôt déconcertant :
Les Provinciales, ou Lettres
escrites par Louis de Montalte
à un provincial de ses amis...
17 lettres
suivront et seront publiées une par une anonymement,
sous le pseudonyme de Louis de Montalte...Très
riches sur le plan littéraire, les 3 premières lettres défendent
Arnauld, et les suivantes attaquent directement la "morale" de la
Compagnie de Jésus, autrement dit les jésuites. |
|
Les Provinciales,
ou Lettres escrites par Louis de Montalte à un provincial de ses amis et aux RR. PP.
Jésuites sur le sujet de la morale et de la politique
de ces Pères
L'ouvrage se compose d'un ensemble de
18 lettres anonymes vendues à Paris clandestinement, puis publiées sous le pseudonyme de Louis de Montalte de janvier 1656
à mai 1657. |
Le
24 mars
1657 la 18ème et dernière
lettre Provinciale est publiée (Une 19ème lettre dont on n’a qu’une ébauche est
souvent incluse avec les autres).
Mais en réalité, ces lettres fictives sont adressées à un ami
provincial janséniste qui n'est autre que Nicolas Pavillon, évêque d'Alet. Le
18 octobre, les Provinciales sont
condamnées par le pape et mises à l'index.
L'ouvrage crée vite des
remous et la querelle
janséniste durera plus de 10 ans.
En 1660, Les
Provinciales sont brûlées par le roi et en
1661, sur le point de
mourir, Mazarin recommande au jeune
Louis XIV de
détruire la «secte» janséniste, dangereuse pour la paix
religieuse et également pour la paix politique...
|
Un portrait peu
connu et particulièrement étrange
Parmi les
quelques portraits classiques de Blaise Pascal, celui‑ci est
particulièrement déroutant et énigmatique. |
Portrait de Blaise Pascal par un
artiste anonyme Evêché de Toulouse |
On y voit
Blaise Pascal
en habit
religieux et en arrière plan, au travers d'une
ouverture
triangulaire (et non derrière un pan de rideau), l'abbaye de Port‑Royal.
Une croix celtique
enflammée fait office de soleil (à ne pas confondre avec la croix
latine rouge sur le scapulaire blanc des religieuses).
Cette croix est placée au sommet du triangle...
Ses mains tiennent plusieurs feuillets évoquant sans
doute les 18 lettres
Provinciales...
Cette toile non signée
proviendrait de l'évêché de Toulouse... |
La croix celtique enflammée pourrait être une allusion au Roi‑Soleil vu comme un ennemi par les jansénistes, mais ce symbole
est semble‑t‑il inconnu des documents et de l'iconographie
répertoriée à Port‑Royal...
Quant à
l'ouverture en triangle, elle représente un indice très
important mais qui sera traité dans un autre sujet tant la
coïncidence mérite d'être développée. En réalité cet indice
indiquerait un lieu très précis (*)...
Voici donc un
portrait unique qui prouverait les activités secrètes que Pascal
entretenait avec le très respecté évêque d'Alet,
Nicolas Pavillon... |
Une croix celtique enflammée placée
au sommet
d'une ouverture triangulaire
© Rennes‑le‑Château‑Archive |
(*) Cette piste sera révélée dans les
mois qui viennent. Elle constitue sans aucun doute un élément
très important mais aussi complexe de l'énigme et qu'il faut
traiter de façon entière et sérieuse tant ses implications sont
à la fois précises et déroutantes... |
Pascal et ses
dernières années
En
1659, Pascal tomba sérieusement malade.
Puis en 1661, alors que
Louis XIV interdisait le
mouvement janséniste à Port‑Royal, Pascal recommanda instamment
aux jansénistes de ne pas signer le Formulaire. Le décès de
sa sœur Jacqueline en 1661 lui fera prendre du recul sur le
combat janséniste et il retournera à ses activités scientifiques.
Il participa notamment à l'assèchement des marais poitevins, à
la demande du Duc de Rouannez.
En
1662, la maladie de Pascal
devint plus violente.
Le 29 juin,
il est amené chez sa sœur Gilberte Perier au faubourg Saint
Marcel, dans sa paroisse de Saint Etienne au Mont.
Conscient du fait qu'il lui reste peu de temps à vivre, il songe
à trouver un hôpital pour les maladies incurables, mais ses
médecins le déclarent intransportable. Le
17 août 1662 à
Paris,
Pascal a des convulsions et reçoit l’extrême onction.
Il meurt
alors dans d'atroces souffrances le matin du 19 août au n°8 de la rue
Neuve‑Saint‑Étienne‑du‑Mont (devenue le n°2 de la rue Rollin).
Ses derniers mots furent « Puisse Dieu ne jamais
m'abandonner ».
A la fin de
sa vie Pascal avait le projet d'écrire à l'intention des Mondains une Apologie de la religion chrétienne.
Après une publication partielle en
1670 ses notes seront triées par
le chanoine Louis Perier et déposées à l'Abbaye de
Saint‑Germain‑des‑Prés. Reliées 20 ans plus tard, ces liasses
formeront le fameux manuscrit des
Pensées de Pascal
qui sont aujourd'hui le plus bel exemple de littérature
classique du XVIIe siècle.
|
Beaucoup de spéculations eurent lieu
à propos de son état de santé chancelante. Cancer de l'estomac
ou tuberculose avait été envisagé à son époque. Mais
l'autopsie révéla de graves problèmes stomacaux et abdominaux
accompagnés d'une lésion cérébrale expliquant peut‑être ses maux
de tête chroniques. L'autopsie révéla même que : « le crâne ne
comportait aucune trace de suture autre que la lambdoïde… avec
une abondance de cervelle, dont la substance était si solide et
si condensée… »
Des
recherches en 1970 montreraient plutôt une insuffisance rénale
chronique et une possible maladie génétique.
Blaise Pascal est aujourd'hui enterré dans
l'église
Saint‑Etienne‑du‑Mont à Paris. Il avait 39 ans.
|
Le masque mortuaire
de Blaise Pascal |
Le chainon manquant,
Pascal ‑ Poussin
L'une des questions fondamentales que l'on se pose après avoir
compris l'implication de Pascal dans le jansénisme et donc
l'importance de ses relations avec
Nicolas Pavillon,
est la suivante : Blaise Pascal et
Nicolas Poussin se sont‑ils rencontrés ? Ont‑ils eu des
échanges directs ou indirects ? La question est fondamentale
puisque l'éventualité d'une telle rencontre ouvre une piste
passionnante sur l'élaboration et la codification des
Bergers d'Arcadie II.
Ce chainon
manquant se concrétise en la personne de
la reine
Christine de Suède,
véritable trait d'union entre plusieurs cercles d'érudits et de
religieux qui échangèrent au milieu du XVIIe siècle entre les
pays nordiques, la France, et l'Italie...
Christine de Suède échangea
notamment par courrier avec Pascal. Elle finira par
s'installer à Rome et créera ce qui deviendra à sa mort l'Académie
d'Arcadie... |
Christine de Suède et sa cour dans la bibliothèque de son Palais
en Suède
(la reine est à la table de gauche
en robe sombre)
Tableau exécuté par Dumesnil Louis Michel (1680‑1746)
au début du 18e siècle
et exposé à Versailles.
A droite, la reine Christine de Suède (robe sombre) avec Descartes
qui donne une leçon de géométrie.
A ses côtés, la princesse Palatine et le prince de
Condé,
à gauche, le père Marin Mersenne
|
A propos de la
béatification de Blaise Pascal
Voici une
annonce peu connue qui eut lieu en juillet 2017 : le
Pape François s’est dit favorable à la
béatification de Blaise Pascal. C’est
lors d’une conversation avec un grand journaliste
italien du quotidien "La Repubblica" que le souverain
pontife évoqua le célèbre philosophe et mathématicien du
XVIIe siècle : « Je pense qu’il mériterait la
béatification [...] J’envisage de demander la procédure
nécessaire et l’avis des organes du Vatican chargés de
ces questions, en faisant part de ma conviction
personnelle positive… » La Congrégation pour la
cause des saints, l’organe au Vatican qui s’occupe de
ces questions, a donc ouvert un dossier « Pascal ».
Voilà donc un
curieux souhait venant de la haute autorité pontificale.
Petit rappel… Blaise Pascal naquit en 1623. Enfant
prodige, il était un philosophe et un savant
exceptionnel. Son apport à la science est immense, et il
est à l’origine de nombreuses inventions comme la
machine à calculer ou la presse hydraulique. Auteur de
plusieurs théorèmes conduisant aux fameuses géométries
projectives de la 3D moderne, il est aujourd’hui une
référence incontestée dans le monde scientifique et
littéraire.
Or, comme
nous l'avons vu, Blaise Pascal était une figure du
jansénisme au XVIIème siècle et l’un des plus grands
détracteurs de la compagnie de Jésus. Pourquoi alors un
pontife jésuite, le Pape François, fait tout à coup le
choix de béatifier Blaise Pascal ? Qu’a donc entrepris
Pascal de si important envers l’Eglise chrétienne pour
qu’un pape ouvre une telle démarche honorifique ?
Bien sûr, pour justifier ce choix, le Pape insiste sur
le rôle de fervent chrétien du théologien, ainsi que sur
son rôle auprès des pauvres, mais il n’est certainement
pas le seul personnage dans l’Histoire. Alors pourquoi ?
Les spécialistes eux‑mêmes conviennent que cette
décision est plutôt inattendue, voire surprenante.
Quelle serait
la vraie raison ? Pour aller plus loin, il faut sans
doute chercher du côté de l’énigme des deux Rennes au
XVIIe siècle. A paris, les jansénistes et les jésuites
s’affrontent dans une guerre théologique sans fin. En
1655, Pascal se retire à l’abbaye
de Port‑Royal et écrit 18 lettres « Les
Provinciales » qu’il destine anonymement à l’un de
ses amis, un janséniste résidant en province. Les
lettres sont féroces envers les jésuites et ses
Provinciales seront mises à l’index par la papauté.
Blaise Pascal est même considéré comme un hérétique.
Quel est donc ce mystérieux destinataire provincial,
janséniste, suffisamment influent pour adhérer à ces
écrits ? Il s’agit bien sûr de
Nicolas Pavillon,
le célèbre évêque d’Alet, près de Rennes‑le‑Château,
adversaire virulent de Louis XIV. On le
sait aujourd’hui, Nicolas Pavillon est
largement impliqué dans le secret de Rennes, mais ce
n’est pas tout. Pascal rencontra aussi à Port‑Royal le
peintre Philippe de Champaigne, un ami intime de
Nicolas Poussin. Voilà, le
lien est établi. Pascal, érudit dans les mathématiques
et dans la géométrie projective ne manqua pas de poser
les bases d’un tableau célèbre : « Les
Bergers d’Arcadie II » que Poussin débutera
certainement vers 1656. Cette même
année, une lettre mystérieuse envoyée de Rome et rédigée
par Louis Fouquet pour son frère
Nicolas Fouquet, évoque un
projet avec Nicolas Poussin « … et
que même les rois n’y pourront rien… ». L’épisode
janséniste finira dans l’horreur puisque
Louis XIV, jésuite et fou de rage contre les
jansénistes, finira par raser Port‑Royal, détruire tous
leurs symboles, et ce jusqu’à profaner les tombes et
déterrer les dépouilles. Pour de tels honneurs
chrétiens, Blaise Pascal a donc
participé à une œuvre unique… Cela ne fait aucun doute…
|
Jean RACINE (1623
‑ 1662)
Il fut un homme de
lettre d'une grande érudition. Enfant
de Port‑Royal, éduqué par les maîtres des Petites Ecoles, il sut
profiter de cet enseignement unique à son époque pour devenir un
dramaturge reconnu et célèbre.
Auteur de nombreuses
pièces, Membre de l'Académie Française, Trésorier de France, il
fut aussi historiographe du Roi Louis XIV
Il est l'exemple de
ce que Port‑Royal pouvait donner de mieux à quelques enfants
privilégiés qui eurent la chance de connaître l'abbaye et son
enseignement innovant. |
|
Jean Racine
naquit dans une famille d’écrivains et de notables. Son père
greffier à Paris, décéda en 1643 et sa mère en
1641.
Orphelin à 3 ans, il fut donc recueilli par ses grands parents
et resta chez eux jusqu’à la mort de son grand‑père en
1649.
Sa grand‑mère entra alors à l’abbaye de Port‑Royal et
Racine la rejoindra. Il reçut donc une solide éducation
janséniste aux Petites Ecoles. On lui enseigne la littérature
et surtout l'apprentissage du grec et du latin. Ses maîtres
furent Claude Lancelot,
Pierre Nicole,
Antoine
Le Maistre, ainsi que
Jean Hamon. Cependant, le
théâtre y est très peu présent car les jansénistes le
méprisaient.
A 18 ans, cultivé mais
pauvre, il étudia la philosophie au collège d’Harcourt et
utilisa le réseau janséniste. Il découvrit la vie mondaine
grâce à un cousin et écrivit ses premiers poèmes. Tentant de
concilier ses aspirations littéraires avec la carrière
ecclésiastique, c’est un échec et il choisit de se consacrer
entièrement à la littérature.
En
1660, il reçut
une pension du roi grâce à des odes « la Convalescence du
Roi », « la Renommée aux Muses » et « la Nymphe de la
Seine » et en
1664, il fut introduit à la cour, grâce
à un poème à l'éloge de Louis XIV. Molière joua une de ses
pièces, la Thébaïde, la même année.
En
1665, son
premier succès fut Alexandre le Grand et la pièce plaît
au roi car elle est à son honneur. Mais elle fut retirée à
Molière pour être jouée par une troupe de comédiens plus
prestigieux à l'Hôtel de Bourgogne, ce qui entraînera une
brouille définitive entre Molière et lui. Racine publia ensuite
deux pamphlets contre Port Royal et ses anciens maîtres qui
désapprouvent fortement sa carrière théâtrale. Il se brouilla
alors avec Port Royal.
Il enchaina ensuite de
grands succès au théâtre comme la tragédie
Andromaque, la
comédie les Plaideurs,
Britannicus en
1669,
Bérénice en
1670,
Bajazet en
1672,
Mithridate en
1673,
Iphigénie en
1674
et Phèdre en
1677.
Mais ébranlé par les
critiques et les cabales, Racine renonça au théâtre malgré le
succès populaire de son chef‑d'œuvre
Phèdre. Membre de
l'Académie française depuis 1673, Racine fut également
trésorier de France, ce qui lui assura un revenu. Enfin il fut
historiographe du roi en 1677 en même temps que
Boileau.
Il épousa en
1677
Catherine de Romanet qui lui donnera sept enfants, mais c’est
un mariage d'intérêt. À la demande
de Madame de Maintenon, il écrivit encore deux tragédies
bibliques, Esther en
1689 et
Athalie en
1691 pour un pensionnat pour jeunes filles à Saint‑Cyr.
Racine qui était très
critiqué depuis 1666 sur ses mœurs légères et son théâtre
par Pierre Nicole, changea toutefois ses positions avec
les persécutions dont fit l’objet les jansénistes. Finalement il
se réconcilia avec eux et les soutint notamment dans leurs
démêlés avec le pouvoir royal. Sa présence aux funérailles d’Antoine
Arnauld en
1694 démontra son profond attachement à
Port‑Royal et à ses anciens maîtres. Il écrivit un
Abrégé de
l'Histoire de Port‑Royal paru après sa mort. En
1696,
il fut nommé conseiller‑secrétaire du roi, auquel il fit très
souvent la lecture. |
Jean Racine
disparut rue des Marais‑Saint‑Germain à Paris (Paroisse
Saint‑Sulpice) le 21 avril 1699 à l'âge de
59 ans,
des suites d'un abcès ou d'une tumeur au foie.
Par testament il
demanda à être enterré au cimetière des Champs au pied de la
tombe de M. Hamon.
Louis
XIV accéda à la demande qu'il avait formulée d'être inhumé à
Port‑Royal, auprès de la tombe de son ancien maître Jean Hamon.
Sa stèle est encore visible à Port‑Royal des Champs...
La stèle de Jean
Racine à l'abbaye de Port‑Royal des Champs |
|
« Je désire qu'après ma mort mon
corps soit porté à Port‑Royal‑des‑Champs, et qu'il y soit inhumé
dans le cimetière, aux pieds de la fosse de M. Hamon. Je supplie
très humblement la Mère abbesse et les religieuses de vouloir
bien m'accorder cet honneur, quoique je m'en reconnaisse très
indigne, et par les scandales de ma vie passée, et par le peu
d'usage que j'ai fait de l'excellente éducation que j'ai reçue
autrefois dans cette maison, et des grands exemples de piété et
de pénitence que j'y ai vus et dont je n'ai été qu'un stérile
admirateur. Mais plus j'ai offensé Dieu, plus j'ai besoin des
prières d'une si sainte communauté pour attirer sa miséricorde
sur moi. »
Jean Racine |
Après la destruction
de Port Royal par Louis XIV en
1710, Le transfert
du corps eut lieu furtivement, durant la nuit. Ses restes furent
exhumés de nuit le 2 décembre 1711 et réinhumés à
l'église Saint‑Etienne‑du‑Mont à Paris.
Le même exemple
se retrouve pour la famille Arnauld. Pour que la profanation
soit évitée, les corps des Arnauld furent exhumés et
transportés, par les soins d'Arnaud de Pomponne, dans la crypte
de l'église Saint‑Martin de Palaiseau, qui fut jusqu'à la
Révolution un lieu de pèlerinage janséniste. |
Deux
inséparables Pascal et Racine...
Rappelez‑vous... l'époque
de nos nouveaux Francs... deux personnages nous étaient
familiers... tellement familiers que l'on y prêtait plus
attention...
Et pourtant ils symbolisent
Port‑Royal...
Nous avions
chaque jour sous nos yeux Pascal et Racine, en d'autres
termes, deux personnages représentatifs de Port‑Royal sans que
nous le sachions vraiment... Sauf pour certains...
Le Pascal,
billet de 500 Francs avait comme image de fond
l'abbaye
de Port‑Royal. Son filigrane était le masque mortuaire de
Blaise Pascal. |
Mais nous avions aussi
dans nos porte‑monnaie le Racine, billet de 50 Francs
avec aussi comme image de fond
Port‑Royal des Champs... |
On pourrait
en rester là sur cette coïncidence qui n'en est pas une. Ce
binôme historique serait‑il tant lié que même leur tombeau
auraient été réunis ? C'est par un pur hasard que je visitais
une église parisienne où je devais rencontrer une nouvelle fois
les inséparables de Port‑Royal... |
Blaise Pascal
(basilique Sainte Geneviève à Paris) |
Jean Racine
(basilique Sainte Geneviève à Paris) |
Les corps de
Blaise
Pascal et Jean Racine sont aujourd'hui inhumés dans la
basilique Saint Geneviève à Paris (église Saint Etienne du Mont).
Leur buste se font face et sur chaque pilier du cœur une plaque
rappelle qu'ici s'est terminé le parcours de deux hommes
exceptionnels que l'on a fini par réunir dans cette basilique
dans la plus grande discrétion... |
Philippe de CHAMPAIGNE
(1602‑1674)
Philippe de Champaigne fut, avec son contemporain Nicolas
Poussin, un grand maître de la peinture française. Sa renommée
dépassa les frontières de son vivant et son œuvre participa de
façon très importante au développement du classicisme français
au 17e siècle.
Mais surtout il
était ami avec Nicolas Poussin. De Champaigne à Paris et Poussin
à Rome, nul doute qu'ils se voyaient et s'appréciaient... |
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Philippe
de Champaigne
naquit le 26 mai 1602 à Bruxelles d’une famille pauvre.
Jeune, il refusa de rejoindre l’atelier de Rubens à
Anvers et préféra devenir l’élève de Jacques Fouquières,
un peintre paysagiste de Bruxelles. Attiré par Rome, il préféra
pourtant s’arrêter à Paris en 1621 et s’installa au
quartier latin. C’est là qu’il rencontrera Nicolas Poussin avec
lequel il se liera d’amitié. Il travailla alors pour Georges
Lallemand et Nicolas Duschesne dont il épousera sa
fille en 1628.
En 1625 il quitta l’atelier de Lallemand pour
commencer à travailler seul et un an plus tard il fut contacté
par Claude Maugis, intendant des bâtiments de Marie de Médicis
pour participer à la décoration du palais du Luxembourg.
Il réalisa plusieurs fresques des plafonds.
Après la mort de son protecteur Nicolas Duchesne, il
travailla pour la reine mère, Marie de Médicis, ainsi que
pour Richelieu. Il sera d’ailleurs le seul autorisé à
peindre le cardinal en habit. Il le peindra 11 fois...
Durant cette période il est alors avec Simon Vouet le
peintre le plus réputé du royaume. Il décore le Palais‑Cardinal,
le dôme de la chapelle de la Sorbonne et d'autres bâtiments à
Paris, dont l’église Saint‑Germain‑l’Auxerrois. Il fait
plusieurs tableaux pour la cathédrale ND de Paris dont son
vœu de Louis XIII, en 1638. Il y dessine également
plusieurs cartons pour des tapisseries et devient ainsi premier
peintre de la reine avec une pension de 1200 livres.
En 1648 il devint membre fondateur de l’Académie
royale de peinture et de sculpture.
À partir de 1648 il se rapprocha des milieux jansénistes
et devint le peintre de Port‑Royal à Paris puis de Port‑Royal
des Champs. Après que sa fille paralysée fut miraculeusement
soignée au couvent de Port‑Royal, il peignit le célèbre et
atypique Ex‑voto en 1662. Ce tableau, maintenant au musée
du Louvre, représente sa fille avec la mère supérieure
Catherine‑Agnès Arnauld.
Après 1654 un concurrent arriva pourtant, Charles
Le Brun mais sa notoriété est déjà installée. Il décore
l'appartement d'Anne d’Autriche au Val‑de‑Grâce ainsi que le
réfectoire de l’hôpital.
En 1655 Il fut nommé professeur et en 1657 il peignit une
série de 3 grands tableaux pour l’église
Saint‑Gervais‑Saint‑Protais de Paris. À partir de 1654,
il participa à la décoration des Tuileries, sous la direction de
Charles Le Brun.
Il consacra la fin de sa vie à la pédagogie et participa à
plusieurs conférences. Il y commente plusieurs œuvres dont
celles du Titien.
Il meurt le 12 août 1674 à Paris
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Saint Augustin par Philippe de Champaigne |
L'annonciation par Philippe de Champaigne |
Marie Madeleine pénitente par Champaigne |
Mansart et Claude Perault 1656 par
Champaigne |
Paysagiste et portraitiste accompli, Philippe de Champaigne est
avant tout un peintre du sacré. Son style classique, influencé
au départ par Rubens, devint au fil du temps de plus en plus
austère et inclassable. Son œuvre est immense et méconnue car il
reçut de nombreuses commandes privées et publiques
répondant à des congrégations et des églises françaises. A la
Révolution, beaucoup de toiles furent heureusement protégées
dans les musées. Quant aux nombreux portraits, ils furent
souvent intégrés dans les collections de leurs descendants,
rendant la diffusion de son œuvre confidentielle et difficile à
quantifier..
Inspirée d’une pensée visuelle faite pour transmettre un message
spirituel, Philippe de Champaigne contribua, tout autant que
Nicolas Poussin, à l’élaboration des grands chefs d’œuvre du
XVIIe
siècle. |
Incontestablement, le trio
Pascal, Racine et Champaigne issa Port‑Royal
au‑delà d'une simple abbaye janséniste. Le niveau d'érudition
illumina la France entière en plein XVIIe siècle et nous
héritons encore aujourd'hui de
cet immense travail intellectuel, scientifique et artistique...
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