Ou l'histoire d'un grand Secret...

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Cartes postales Saunière - Rennes-le-Château Archive

Les 33 cartes postales
de Bérenger Saunière

RennesLeChâteau ou l'histoire d'un grand secret

 

 

 

   À partir de 1890, Bérenger Saunière se mit à collectionner des cartes postales qu'il aimait trier et ranger, et cette activité le poursuivit jusqu'à la fin de sa vie. Réfugié dans sa bibliothèque au rez‑de‑chaussée de la Tour Magdala, il agissait en parfait collectionneur, classant et archivant les nombreuses images. Pour enrichir sa collection, il n'hésitait pas à demander à ce qu'on lui envoie des cartes usagées ou non. Pour cela, il publiait une petite annonce diffusée dans des magazines comme « La semaine de Suzette ».

 

   Les grands travaux de Saunière et les nouveaux aménagements de son Domaine offrirent évidemment de nombreux sujets inédits et propices à la carte postale. Cette passion de l'image aurait donc tout naturellement conduit le prêtre à posséder sa propre collection, un ensemble de 33 photographies qu'il aurait produit lui‑même et qu'il commercialisa sur place ou par correspondance. Il écrivit même dans une lettre à l'un de ses amis :

 

   "Les cartes postales sont des vues de Rennes‑le‑Château, il y en a 33 à 0,10 c l'une. Tous les baigneurs prennent la collection complète. Ces cartes ont un tel succès que je puis à peine leur en fournir. Ces cartes sont neuves et ma propriété."    Bérenger Saunière

 

   La collection du prêtre aurait eu, semble‑t‑il, un franc succès auprès des curistes de Rennes‑les‑Bains. Les images offrent non seulement un souvenir de RennesleChâteau et de la région, mais elles ont aussi une portée religieuse et répondent sans aucun doute à une demande de l'époque.

 

   À cela il faut ajouter l'existence d'une série supplémentaire de deux petits livrets de cartes détachables qui auraient été imprimés à la même époque en plus des 33 cartes, des cahiers très rares et pour le moment inédits.

 

   Longtemps mélangées avec d'autres photos de l'époque, il est très intéressant de réunir les 33 photographies et de les présenter à part. Elles permettent de lister les lieux d'intérêts qu'affectionnait Saunière dans son Domaine et aux alentours. Surtout, cette collection offre l'avantage d'être un témoignage qui n'a subi aucune manipulation postérieure à 1917 et donc de présenter une source de recherche authentique. L'observation du Domaine fraîchement terminé ainsi que l'église et les jardins permet d'affirmer que les scènes ont certainement été prises entre 1904 et 1907.

 

   Le thème général est bien sûr religieux. Rien d'étonnant pour une collection éditée et commercialisée par un prêtre désireux de promouvoir ses restaurations du culte. On y trouve l'église Marie‑Madeleine ou plutôt son porche et le tympan, quelques statuaires comme Saint‑Antoine de Padoue, Saint Jean le Baptiste, ou  le diable accablé par le bénitier et ses 4 anges. Il y a aussi la fresque haut‑relief et la Montagne Fleurie ainsi que le confessionnal. À l'extérieur, dans le jardin de l'église, d'autres aménagements religieux font aussi partie de la sélection comme le calvaire, les grottes artificielles, ou ND de Lourdes et son pilier inversé.

   Plus éloigné du culte, le Domaine est aussi largement présenté avec la Villa Béthanie et son potager, le belvédère, la Tour Magdala et son Parc, la Tour de l'Orangeraie. Sur certaines photographies Saunière pose seul ou avec Marie Dénarnaud, parfois avec un parapluie blanc.

 

   Le périmètre augmente encore avec le château d'Hautpoul évoqué par ses deux tours. Enfin il reste une série d'images difficiles a intégrer dans la logique de la collection. Il y a les Rochers de la Rouïre plus connus sous le nom des Roco‑bert, les cascades de Saoutadou, et enfin deux vues d'un moulin et de ses annexes... Étrange assemblage, à vrai dire...

 

   Pour les chercheurs, l'intérêt principal de ces cartes est évident. Élaborées sans aucun doute après 1904, date de la fin de construction du Domaine, elles permettent d'avoir une vision précise sur l'apparence des jardins et de ses aménagements, de l'église Marie‑Madeleine, ou du château d'Hautpoul. Elles ont représenté une aide essentielle à la reconstitution du plan du Domaine dans son exacte proportion, un travail publié sur le site et qui permit de mettre en valeur sa géométrie sacrée.

 

   Certaines photos sont célèbres et ont fait le tour des auteurs. D'autres restent parfaitement méconnues et n'ont eu visiblement aucun succès. Il faut dire que pour certaines d'entre‑elles, non seulement le lien avec les deux Rennes est loin d'être évident, mais leur esthétique et leur intérêt paraissent discutables. Et c'est là où justement le sujet devient intéressant...

   Pourquoi diable, Saunière a‑t‑il choisi de présenter certaines vues avec un si faible intérêt pour les paroissiens, les curistes et les visiteurs ? Les sujets ne manquent pourtant pas autour de Rennes... Saunière aurait pu choisir l'autel et l'étonnant bas‑relief MarieMadeleine, ou la superbe vue du Bal des Couleurs depuis le belvédère, ou bien encore d'autres statuaires, ou bien les ruines de Coustaussa et le Cardou. Il aurait même pu réserver une carte montrant la Sals ou les thermes de Rennes‑les‑Bains. Et s'il fallait montrer une montagne caractéristique, pourquoi ne pas avoir mis un cliché du Bugarach plutôt que la petite chaîne dentelée de la Rouïre peu connue ?

 

   Comme beaucoup d'indices dans l'affaire, tout semble  à première vue normal, mais à y regarder de plus près, des curiosités apparaissent. En réalité, l'incohérence de cette sélection montre toute sa pertinence et les auteurs qui ont depuis longtemps présenté cette collection comme parfaitement anodine pourraient avoir des surprises. Il faut dire que même Saunière la qualifie d'images banales montrant des vues de Rennes‑le‑Château, ce qui est manifestement faux. L'une d'elles affiche les Roches et les Cascades de Saoutadou à l'ouest de Brenac et donc à plus de 12 km de Rennes‑le‑Château. Le secteur est en tout cas intéressant et surtout dangereux puisqu'il réserve aux imprudents des avens dont certains sont répertoriés. Le site est aussi connu en tant que lieu mortuaire datant du néolithique. Saunière avait‑il eu l'idée de nous amener par cette image à réfléchir sur l'extrême richesse historique du Razès ?

 

   La rareté de ces cartes postales est aussi un élément à prendre en compte. Comme l'affirme Saunière, le jeu se vendait bien. Il est donc naturel de supposer qu'avec le temps certaines photographies auraient dû se retrouver sur le marché de la carte d'occasion, affranchies d'un timbre de l'époque, ou parmi les collectionneurs d'images anciennes. Or rien. Tout se passe comme si les acquéreurs avaient précieusement conservé ces cartes pour leur archive personnelle. La question rejoint donc celle de Boudet à propos de la diffusion de son livre codé "La Vraie Langue Celtique". Les ventes auraient‑elles ciblé des personnalités influentes, des érudits ou des notables ?  

   Autre interrogation : ces cartes postales ont‑elles vraiment été produites par Bérenger Saunière ? La question mérite d'être posée. Dans un contexte où tous les codages du Domaine furent mis en place par une autorité lazariste ayant guidée le prêtre, l'hypothèse d'une production différente de Saunière est loin d'être absurde.

 

   L'une des pistes consiste à rechercher l'auteur et le dépositaire des droits d'images de ces cartes. Il s'agit de Michel Jordy, un photographe archéologue et amateur d'art. Connu dans le milieu de la carte postale, on trouve son nom sur certaine photo ancienne comme ici, sur une vue de Carcassonne.

Ancienne carte postale du même éditeur M. Jordy

 

MICHEL JORDY (1863‑1945)

ARCHÉOLOGUE ET PHOTOGRAPHE

 

   Amateur d'art, historien et archéologue, fondateur en 1911 de l'Hôtel de la cité, Michel Jordy se livra pendant plus d'un demisiècle à des recherches dans le monument dont il entendait prouver l'origine romaine. Il est l'auteur d'une "Histoire de la cité de Carcassonne" restée inédite. Il s'en fit aussi le photographe, lui consacrant sa vie et œuvrant pour son rayonnement. Ses clichés surprennent par leur abondance et par la répétition des angles de vue. Pour Michel Jordy, il s'agit de capter "la parole des pierres", de rendre compte des variations qui, dans les jeux de lumière et les changements de saisons, affectent de façon plus ou moins perceptible le monument...

Passionné par Carcassonne, il aimait aussi photographier des sites archéologiques de l'Aude comme ici, le château de Thermes...

 

Le château de Termes, situé en territoire Narbonnais, à cinq lieues de Carcassonne, était d'une force étonnante et incroyable.
Il semblait humainement tout à fait imprenable.


Pierre des Vaux de Cernay, vers 121

 

Le château de Termes (Aude) ‑ Edition M. Jordy

 

   Saunière a‑t‑il demandé les services de M. Jordy pour éditer ses 33 cartes postales ? Qui décida des sujets à photographier ? Un rapide calcul permet d'observer que M. Jordy avait environ 41 ans lorsqu'il édita les photographies de Saunière entre 1904 et 1906. Était‑il aussi le photographe ?

 

   Un dernier point reste à être évoqué et pas des moindres. Michel Jordy était également franc‑maçon à l'Orient de Carcassonne "Les Vrais Amis réunis", dans la même loge qu'un personnage très célèbre : Déodat Rochet (1877‑1978), maire d'Arques, magistrat, philosophe, anthroposophe, et historien du catharisme. Il faut dire que l'énigme draine autour d'elle quelques personnages connus pour leur affiliation à la franc‑maçonnerie comme Ernest Cros, Dujardin‑Beaumetz, Jules Doinel, Chefdebien, et plus récemment François Mitterrand...

 

   Est‑il besoin d'ajouter à ceci que le nombre 33 est un symbole essentiel pour les francs‑maçons. Il correspond aux 33 degrés que l'on doit gravir pour atteindre la perfection suprême... Troublante coïncidence... De là à imaginer que ces 33 cartes postales sont porteuses d'un message...

 

  

 

 


 

 

Les 33 cartes postales de Bérenger Saunière

 

L'intérieur de l'église Marie‑Madeleine

1 ‑ Fonts baptismaux ‑ Le baptême de Jésus par Saint Jean Baptiste

2 ‑ Socle et statue de Saint Antoine de Padoue 

 

3 ‑ Le bénitier avec le diable Asmodée et les quatre anges.

‑ La fresque de la Montagne Fleurie "Venez tous à moi" et le confessionnal.

 

Le jardin de l'église Marie‑Madeleine

5 ‑ Parterre de ND de Lourdes et son pilier inversé qui appartenait à l'autel.

6 ‑ ND de Lourdes et Bérenger Saunière en habit de messe

 

 

7 ‑ Le calvaire et sa croix de Mission.

 

8 ‑ L'entrée et le tympan de l'église Marie‑Madeleine.

 

 

9 ‑ Les grottes artificielles du petit jardin de l'église. La grotte visible aujourd'hui a été restaurée, excepté le banc. 

 

 

Le Domaine de l'abbé

10 ‑ La Tour Magdala et Saunière posant en haut, tel le gardien d'un phare...

 

11 ‑ La Tour Magdala, la terrasse et la partie ouest du parc. On devine les chemins dans le jardin et autour du belvédère.

 

12 ‑ La Tour Magdala et la partie ouest du parc. On devine le dessin des chemins dans le parc et le belvédère. Saunière pose pour la photo au pied de la tour.

 

13 ‑ La Tour de l'Orangeraie (vérandha) et les jardins du parc. Sur la droite un autre potager et derrière le petit cimetière de l'église.

 

 

14 ‑ Le potager vu plein sud. Bérenger Saunière pose avec Marie Dénarnaud.

15 ‑ Les jardins potagers et derrière l'école communale.

 

16 ‑ La Villa Béthanie fraîchement terminée. Un personnage énigmatique en habit lazariste frappe à la porte. Serait‑ce Jean Jourde ? 

17 ‑ La Villa Béthanie et devant le potager. Béranger Saunière pose avec un parapluie blanc devant le bassin circulaire. À droite, l'église.

 

18 ‑ Vue générale avec la Villa Béthanie. A gauche l'église et le presbytère. À droite le potager.

 

19 Le double escalier menant à la terrasse et son petit bassin. La promenade offre une vue incomparable sur le Bal des Couleurs et toute la vallée.

 

20 ‑ Vue d'ensemble de l'église, du cimetière et de la Villa Béthanie.

21 ‑ Les deux tours et le belvédère vus depuis l'extérieur du Domaine.

 

Le château d'Hautpoul

22 ‑ Le château d'Hautpoul et sa tour ronde. La façade sud.

23 ‑ Le château d'Hautpoul (vue ouest) et devant le jardin du calvaire.

 

24 ‑ Le château d'Hautpoul, côté nord.

 

25 ‑ Le château d'Hautpoul et ses deux tours.

 

26 ‑ Façade sud du château d'Hautpoul.

27 ‑ Le château d'Hautpoul. Vue nord‑ouest

 

Les alentours de Rennes‑le‑Château

28 ‑ Vue du moulin et de ses dépendances

29 ‑ Le Moulin et ses dépendances.

 

30 ‑ Les Rochers de "La Rouïre" dits "Roco‑bert" 

31 ‑ Les Rochers de "La Rouïre" dits "Roco‑bert" 

 

32 ‑ Rochers et cascades du "Saoutadou"

 

33 ‑ Une vue générale nord‑ouest de Rennes‑le‑Château