La tragédie des Cathares3/3 Montségur, ses mystères et
ses trésors...
Rennes‑Le‑Château ou l'histoire d'un grand secret
Le Grand
Sud-Ouest français qui regroupe aujourd’hui l’Aquitaine
et l’Occitanie est une région extrêmement riche en
patrimoines et en Histoire. Des personnages très célèbres
ont forgé sa culture, son passé et ses traditions comme
Aliénor d’Aquitaine, duchesse
d’Aquitaine et comtesse de Poitiers, Reine de France et
d’Angleterre, Napoléon III et ses
constructions révolutionnaires à Saint-Jean-de-Luz,
Biarritz ou Pau, Henri IV, roi béarnais
de France et de Navarre, Henry Russel
et sa grotte du Vignemale, Riquet et
son exceptionnel Canal du Midi… Le Sud-Ouest possède
aussi des trésors comme la grotte de Lascaux, le gouffre
de Padirac, la cité médiévale de Carcassonne, le Gers
gallo-romain ou la Gascogne et son fameux garde d'Artagnan...
La liste est longue...
Mais le Sud-Ouest a aussi été marqué par des tragédies et
l’histoire des
Cathares et du catharisme en est une.
Entre le Xe et XIIe siècle, une mystérieuse « hérésie »
fait son apparition dans le Midi de la France. Son expansion et sa menace sont telles que l'Église
catholique est contrainte de mener une guerre pour
l'éradication de cette religion. Trois croisades seront
menées par le royaume de France, et il s'agit surtout pour
le Roi de dominer tout le Languedoc et
l'Aquitaine. La lutte contre les Cathares alias les
Albigeois s'achèvera officiellement par
la chute de la forteresse de Montségur en 1244,
mais elle se poursuivra jusqu'au XIVe siècle.
Qui
étaient les Cathares ? Pourquoi ont-ils été persécutés ? Pourquoi
cet épisode tragique de l'Histoire de France est-il
resté si méconnu ?
Quels sont les liens subtils avec l'affaire de
Rennes-le-Château ? Qu'en est-il de leur prétendu
trésor ? De leurs légendes ? Qui était vraiment
Déodat Roché ?
Les questions ne manquent pas autour de cette page
que l'Histoire tente d'oublier et qui demeure pour beaucoup
mal comprise.
D'autant que quelques historiens (1) réfutent
aujourd'hui l'existence même des Cathares, prétendant qu'il ne
s'agirait que d'un mythe construit sur une absence
totale de source historique. Mieux, la chasse à
l'hérétique aurait été organisée par le pouvoir royal
pour uniquement intervenir brutalement dans le Midi de la France,
un pays dissident. Or, il faut savoir que l'Église de
Rome a très largement encouragé le déclenchement de la
croisade albigeoise, une guerre cruelle qui se
termina par l'Inquisition jusqu'en 1321,
date à laquelle fut brûlé le dernier Cathare connu...
Assisterait-on aujourd'hui à une révision de l'Histoire occitane afin
d'adoucir quelques rugosités de la chrétienté
médiévale ? Voici quelques rappels historiques afin que
chacun puisse construire son propre jugement...
(1) Dans ce contexte,
l’Université Paul-Valéry de Montpellier a proposé via son
centre d’études médiévales et durant les années
2018-2019, l'exposition "Les Cathares : une idée
reçue" qui fut présentée dans plusieurs villes dont
Béziers.
La tragédie de Montségur
- Son histoire et ses mystères
La croisade albigeoise cruelle,
sanguinaire, injuste et intolérante devait finir par
trouver son symbole physique et spirituel. Ce fut fait
avec le château de Montségur, une
citadelle fortifiée à partir de 1204
par et pour les Cathares. Ce site perché tel un
nid d'aigle sur un pog de l'Ariège devint la capitale
de la liberté de conscience, face aux deux plus grandes
puissances de son temps, l'Église de Rome et le
Roi de France. La tragédie de Montségur se terminera
après un siège terrible et les irréductibles Cathares
finiront par se jeter dans un gigantesque bûcher le
16 mars 1244. Que
reste-t-il aujourd'hui ? Un immense message de tolérance
et de nombreux mystères...
Cette
étude ne se veut pas exhaustive. Si la vérité est
impossible à atteindre, l'analyse présentée ici se veut
autant que possible objective.
Merci à Michel Roquebert, journaliste à
Toulouse, qui consacra une partie de sa vie à nous
donner un éclairage précis sur cette page sombre
de notre
histoire...
Montségur et sa tragédie
De 1206 à 1244 - Le refuge de Montségur
La résistance
cathare n'est plus en sécurité dans les villes et pour
échapper à l'Inquisition, le clergé cathare se réfugie sur quelques châteaux pyrénéens, dont
celui de
Montségur et de Quéribus. En
avril 1243, le grand concile de Béziers veut en
finir avec cette hérésie qui n'en finit pas et décide la prise du
château de
Montségur,
symbole du refus de l'autorité royale et de l'hérésie.
La forteresse est impressionnante. Perchée sur un piton rocheux
(le pog) dominant de plus de 100 m les sommets voisins, elle
semble imprenable. 400 Cathares y ont trouvé refuge et
défient avec succès le roi et le pape.
Sur ordre de Blanche de Castille et de
Louis IX, le nouveau sénéchal de Carcassonne
Hugues des Arcis et l'archevêque de Narbonne,
Pierre Amiel, sont chargés d'assiéger
la forteresse. Toutefois, le siège ne se met pas en place
immédiatement. Dans les premiers jours du mois de mai 1243,
les guetteurs de Montségur voient s'approcher une
avant-garde de 10 000 hommes, et
lentement cette armée se met en place autour du piton en s'étirant sous la forme d'une ellipse.
Seul, le côté oriental marqué par une gorge profonde est
évité. Autour du château se dressent des palissades de
bois contournant les abîmes et les cabanes des parfaits
qui
se pressent contre les murailles. C'est là que se réfugient de
nombreux diacres cathares et une cinquantaine de
parfaites. Montségur ne peut compter désormais que sur
ses réserves. À ce moment, le castrum protège environ
200 parfaits et parfaites. Sept Cathares réussiront à
échapper au bûcher. Quant aux seigneurs, leurs parents
et leurs familles, et la garnison, on dénombre 140
personnes. La garnison est composée d'une quinzaine de
chevaliers avec leurs écuyers et d'une centaine de
sergents d'armes. D'autres personnes ont également
trouvé protection sur la montagne, soit pour des actions
d'attentat ou de rébellion, soit du fait de
l'Inquisition. En tout, environ 500 hommes, femmes et enfants se
trouvent sur ce nid d'aigle qu'est Montségur.
Un long siège du château
commence alors et il va durer dix mois, mais Montségur
n'est pas isolé. Tout au long du siège, on signale un
important va-et-vient entre la citadelle et l'extérieur,
et la nuit, des hommes armés conduits par des guides
réussissent à traverser les lignes par des sentiers
secrets. Il faut dire que les assiégés ont une parfaite
connaissance du terrain et il leur est facile de déjouer
la vigilance des sentinelles. C'est ainsi que des lettres venant du Languedoc
ou d'Italie peuvent parvenir à Montségur.
Mais ce siège relatif cache une brutalité certaine. Pas moins de
10 000 soldats vont faire pleuvoir des
boulets et des pierres sur les murailles. Les
remparts fortifiés tiennent bon, et malgré le froid, la faim et les combats meurtriers,
les assiégés résistent un an, soutenus par les
puissants seigneurs locaux de Foix et de Mirepoix. Compte
tenu du faible nombre de combattants à Montségur, leur
stratégie est de tenir à l'écart les assiégeants.
Le château de Montségur dans
l'Ariège, symbole de la fin du catharisme
Malgré l'écrasante supériorité numérique des
assaillants, la position de la citadelle interdit les
tentatives d'assauts, et seul un siège est envisageable.
Pourtant, au début de l'hiver 1243, un
fait nouveau va accélérer la chute de Montségur. Hugues
des Arcis sait que l'hiver arrivant, son armée va être
paralysée et qu'elle aura du mal a reprendre les combats
au printemps. Puisqu'une attaque directe du castrum
est exclue, il faut prendre pied sur la montagne au
point le plus accessible à l'est. Or, au sommet d'un pic
qui domine les gorges du Lasset, se trouve une tour bien
gardée. C'est le Roc de la Tour et il faut s'en emparer.
Devant ce terrain abrupt et tourmenté, les assiégeants
vont donc faire appel à un corps de montagnards, des
Gascons et des Pyrénéens. Le
pog de Montségur est un énorme bloc calcaire long
d'environ 1 km et d'une largeur variant de
3 à 500 m. Ce
bloc s'incline vers l'est formant un plateau couronnant
des falaises verticales. C'est là, à 150 m
en contrebas du château, que les volontaires experts
dans l'escalade vont se rendre maître de ce mont extrême
en l'escaladant la nuit. La garnison de la tour est
massacrée. Nous
sommes en novembre 1243. Un
trébuchet est rapidement installé et il commence à expédier
sans relâche des boulets de pierre sur la barbacane
orientale dite "Tour de l'est".
Des fouilles archéologiques récentes permettront
de retrouver pas moins de 244
boulets taillés dans la pierre, pesant chacun
entre 23 et 96 kg. C'est en 1958
que la Société spéléologique de l'Ariège
commença l'exploration du site. Et en
1964, le Spéléo-Club de l'Aude se
joignit à elle créant le G.R.A.M.E. Groupe de
Recherche Archéologique de Montségur et de ses
environs.
Plus d'un
millier d'objets ont été retrouvés, pointes de
flèche, fibules, ciseaux, silex, poinçons...
certains venant du néolithique, de l'époque
gallo-romaine et du temps mérovingien, prouvant
que le site fut occupé durant plus de
3000 ans...
Cette petite plate-forme se prolonge à l'est par une
crête entourée au Nord, et au Sud par des falaises
verticales de plus de 100 m. Autant dire que le siège peut durer
encore longtemps. Il faudra encore une fois le courage
de quelques volontaires pour escalader de nuit les
falaises méridionales sous la crête est. La trahison
est
la meilleure des armes puisqu'un paysan est parmi eux et
révèle l'emplacement d'un passage secret permettant
d'atteindre la crête qui mène à la forteresse. Les gardiens de la barbacane sont massacrés, et
les Gascons restés en attente s'élancent à leur tour.
Certaines sources indiquent qu'une tentative fut organisée par
Pierre-Roger de Mirepoix pour évacuer de l'or et de
l'argent de Montségur, mais on ignore si l'opération échoua. La
troupe d'élite cathare se serait-elle perdue dans la nuit au fond de la
gorge du Lasset ? A-t-elle pu cacher le dépôt non loin
de la citadelle ?
Durant deux mois encore, l'évêque d'Albi va continuer de marteler
avec sa pierrière le château. Il y a aussi la machine de
jet du Roi lançant des mitrailles de petits boulets et
des grosses pierres allant jusqu'à 90 kg. Un dernier assaut est lancé en février 1244 puis
repoussé, et les assiégés sont de plus en plus
affaiblis. De plus en plus de chevaliers sont blessés ou
morts et il ne reste que 60 combattants. Les vivres
deviennent rares et un rationnement est organisé par
Pierre-Roger de Mirepoix.
Le 1er mars, des
négociations s'engagent avec le seigneur de
Montségur Raymond de Péreille et
Pierre-Roger de Mirepoix, commandant
militaire. Elles mèneront à la
reddition. Fatigués par ce long siège si éprouvant, les
assiégeants finissent par accepter les conditions, mais
les parfaits et les parfaites connaissent par avance le
sort qui leur est réservé.
Montségur capitule et une trêve de 15 jours
est laissée aux
réfugiés pour
quitter le château selon les termes suivants :
La vie des laïcs et des soldats sera épargnée
Les parfaits qui renient leur foi auront la vie sauve
moyennant une confession sincère.
Une trêve de 15 jours est accordée pour les Cathares qui ne renieront pas leur foi hérétique
et ils seront
livrés au bûcher.
Trois otages seront désignés en échange de la trêve. Assiégé depuis presque dix mois au nom du roi de France
Louis IX par le sénéchal de
Carcassonne Hugues de Arcis et sous
l'autorité religieuse de l'archevêque de Narbonne
Pierre Amiel, le castrum rend les
armes. Des croyants et des croyantes qui avaient
participé à la défense du village reçoivent le
"consolamentum" juste avant la reddition. Des nobles, des soldats et des mercenaires
de la garnison sont libérés. La vie sauve est promise
aussi à ceux qui décident
d'abjurer leur foi cathare, mais 225 Bons
hommes et Bonnes femmes réfugiés dans la
citadelle refusent. Parmi eux se trouvent la femme de Raymond de Péreille
(Ramon de Perella), Corba de Perella, sa fille, la jeune
Esclarmonde de Perella, et sa grand-mère, Marquésia de
Lantar ; trois générations qui vécurent le début et la
fin d'une croisade absurde, cruelle et intolérante.
Pourquoi cette trêve de 15 jours ? Était-elle
nécessaire pour mettre à
l'abri un autre trésor cathare ? Nous verrons
que cette pause a son importance, ce qui montre
probablement que cette trêve a bien été négociée. Durant ces
15 jours, les Cathares se savent condamnés et se
préparent à mourir. Ils rangent leurs affaires, donnent
leurs biens et prennent les derniers repas avec leurs
familles. Des denrées alimentaires sont distribuées à
ceux qui ont la vie sauve. L'évêque
Bertrand Marty donne 50 pourpoints que les
parfaits ont confectionnés pour les soldats. Des
consolament sont donnés à ceux qui le désirent.
Un dernier épisode épique et mystérieux va alors se produire dans
la dernière nuit du 15 au 16 mars.
Quatre parfaits vont être cachés sous terre et vont fuir
Montségur. Quelle est leur mission ? Récupérer le trésor
caché dans une grotte ? Le mystère reste entier.
Nous sommes le
16 mars 1244 au matin. Une grande fosse
a été creusée au pied du château dans une zone
relativement plane et on la remplit de
bûches. La fosse est entourée d'une palissade, des
échelles sont posées sur l'enclos, et on
met le feu au bûcher. Durant la matinée du 16 mars, les condamnés cathares
finissent de distribuer tout ce
qu'ils possèdent à ceux qui ont la vie sauve, puis ils
sont conduits (1) au gigantesque bûcher avec
à leur tête l'évêque cathare
Bertrand Marty.
Le bûcher hors norme
de Montségur le 16 mars 1244
Les jeunes sont
dissuadés par leurs parents de se joindre à eux. L'un
après l'autre, les Cathares grimpent sur les échelles,
escaladent le mur de
planches et se jettent dans les flammes. Les
martyres sont brûlés vifs, les cris et les pleures se
font entendre dans toute la contrée et le feu acre durera
jusqu'à la nuit tombée. Les blessés sont jetés dans la
fournaise avec leur brancard.
L'histoire locale raconte que
certains se jetèrent dans les flammes en
chantant, et le drame fut tel que même des soldats
de la garnison se sacrifièrent en se jetant dans le
brasier pour ne pas abandonner les malheureux parfaits.
De nombreuses familles de nobles périrent dont Hunaud de Lanta et les
Péreille.
(1) Pour certains
historiens, le bûcher de Montségur est situé au pied du
château, au "Prat dels cramats" ce qui est aujourd'hui
largement admis. Pour d'autres, les
Cathares auraient été conduits à Bram pour être interrogés
par l'Inquisition puis livrés aux flammes, mais aucune
trace des interrogatoires n'a été retrouvée...
Grâce à l'historien Michel Roquebert, 64 d'entre eux ont
pu être identifiés. De plus, une chronique le l'abbaye
de Berdoues au diocèse d'Auch confirme bien le lieu du
suplice : "au pied de la montagne"
Raymond de Péreille et
Pierre-Roger de Mirepoix seront
interrogés par les Inquisiteurs et laissés en liberté ce
qui permettra de nous laisser de nombreux témoignages.
Une stèle marque aujourd'hui l'endroit du supplice situé
dans la prairie appelée "Prat
dels Cramats" au pied du pog. Elle fut
érigée par la Société contemporaine du souvenir et des
études cathares, avec l'inscription : "Als catars,
als martirs des pur amor crestian.
16 mars 1244"
Seuls, quatre
Cathares arriveront à s'échapper très mystérieusement
dans la nuit du 15 au 16 mars. Que voulaient-ils protéger ?
Ont-ils emmené avec eux un trésor de la communauté cathare ?
Une relique ?
Fallait-il mettre au secret des documents précieux ?
L'Histoire va retenir cette date comme le marqueur de la fin du catharisme, mais
en réalité, la religion dissidente perdurera jusqu'à
la fin du XIVe siècle.
La
stèle commémorative
au "Prat
dels Cramats"
Après la reddition
L'Inquisition ne perd pas de temps. Le 10 mars, six jours avant le
bûcher, les otages et un soldat, le sergent Pierre
Vignol, passent devant le tribunal. Deux inquisiteurs
sont chargés de mission : Ferrier, un moine catalan,
prieur du couvent des Dominicains de Carcassonne, et
Pierre Durand également dominicain. Mais ce n'est qu'un
début, car durant les jours qui suivent le bûcher, des
dizaines de personnes réfugiées à Montségur et qui ont eu
la vie sauve vont subir les interrogatoires et vont
avouer avoir été croyant cathare. Ils conserveront leur
liberté, mais leurs biens seront confisqués. Les
enquêtes continueront même en dehors du castrum
sur les habitants des villages voisins.
Le château
de Montségur sera ensuite confié à Guy II de Lévis,
seigneur de Mirepoix et ancien compagnon de
Simon de Montfort. Cet épisode dramatique va
désorganiser l'Église cathare et beaucoup de
parfaits
iront se réfugier en Lombardie, en Sicile et en
Catalogne. La chute cathare ne va d'ailleurs pas
s'arrêter là puisque les châteaux de Quéribus et de
Niort-de-Sault
seront pris à leur tour en 1255.
L'Inquisition restera active encore pendant trois quarts
de siècle jusqu'à ce que le catharisme soit complètement
éteint. Ainsi disparaît l'une des cultures médiévales les plus
raffinées de l'époque, une civilisation occitane
imprégnée des mythes chevaleresques, de l'amour courtois
et des chants des troubadours.
La citadelle de Montségur vue
sur sa face nord-ouest
La forteresse de
Montségur, un château particulier
Situé dans l'Ariège, le
château de Montségur
(en latin Mons Securus : "Le Mont Sûr") représente non seulement une mine
d'information pour les archéologues, mais aussi il exerce
une fascination de par sa situation, son
histoire et ses mystères. Le site a généré de nombreux
écrits au cours des siècles après la tragédie cathare,
et encore aujourd'hui, des études continuent d'alimenter
les auteurs et les historiens. Symbole du catharisme,
lieu de pèlerinage et de recueillement, forteresse liée
au trésor des Cathares, lieu de culte solaire, image de
constellation, recherche du Graal par les nazis, les sujets
et les légendes autour de Montségur ne
manquent pas...
Montségur est une commune française de
l'Ariège drainée par plusieurs cours d'eau qui fait
partie du pays d'Olmes aux paysages extrêmement variés.
Les premières traces d'occupation remontent à l'époque
de l'Homme de Néandertal, il y a environ 80 000 ans
comme en témoignent les grottes du Tuteil et de Caougno.
Les Romains y laissèrent aussi des traces puisque des
pièces de monnaie et des outils furent retrouvés aux
alentours.
Le village est surtout réputé pour son ancien château dit
"cathare", installé sur un nid d'aigle, le pog (podium
ou éminence), culminant à
1207 m d'altitude, et classé au titre des
Monuments historiques.
Vue aérienne du château de
Montségur sur son pog
GPS : 42° 52' 35" Nord 1° 49' 51" Est
Si le
château fort est aujourd'hui qualifié de "cathare", l'édifice
a connu en réalité trois époques distinctes. Une première
forteresse "Montségur I" est indiquée au XIIe siècle
et tout indique qu'elle était certainement plus
ancienne. Décrite en ruines en
1204, c'est vers 1206 que
Raymond de Péreille, seigneur cathare
de Montségur, se chargea de reconstruire le château "Montségur II" sur
l'emplacement de l'ancien castrum. Cette
reconstruction aurait été demandée par deux parfaits,
Raymond Blasco et Raymond de Mirepoix, pour pouvoir
accueillir l'Église cathare. Cette
reconstruction qui s'étala sur plusieurs années correspond à la seconde
époque, et il s'agissait de
sécuriser et de créer un lieu de séjour pour les Cathares et les
faydits. Cette nouvelle fortification et les aménagements
autour de la citadelle
vécurent jusqu'à sa reddition en 1244.
Le château fut ensuite partiellement restauré à une
troisième époque à la fin du XIIIe siècle,
"Montségur III", par la famille du
nouveau seigneur des lieux, Guy II de Lévis.
Jusqu'à la fin du XVe siècle, le site
n'est alors occupé que par une petite garnison et Montségur
devient une seigneurie pour les descendants des Levis,
mais aucun n'y réside. La forteresse restaurée ne jouera
plus aucun rôle, et le traité des Pyrénées au
XVIIe siècle lui fera perdre totalement son
intérêt stratégique. Le château sera signalé ruiné en
1673 et ce n'est qu'au début du
XIXe siècle que l'on s'intéressera à son passé
cathare et à ses mystères.
D'autre part, l'implantation de Montségur est stratégique. Alors
que le château de Roquefixade
surveillait la route de l'ouest, et
Bélesta celle de l'est, Montségur fermait la
route sud du pays d'Olmes.
Le château de
Montségur à l'époque cathare tel qu'on l'imagine
aujourd'hui
Vue côté nord - Reconstitution
Le castrum,
visible au centre de la reconstitution avec son donjon comprenait la
demeure du seigneur et de sa famille, Raymond de Péreille, son épouse
Corba et leurs enfants. Le village
est formé par une multitude de toits, des maisons et des
cabanes, et se tenait en dehors du
castrum, protégé par un second
rempart fortifié principalement installé sur le
flanc nord du pog. Ces habitations devaient pouvoir
contenir au moins 300 personnes, parfaits, parfaites,
membres de la garnison et pèlerins. Le castrum possédait
un four à pain, un moulin et des écuries. Le village et
ses murailles furent détruits après
1244 et il ne reste plus aucun vestige.
Le côté Est était protégé par un
épais mur servant de bouclier, résistant aux
jets de pierres depuis le sommet voisin. Une porte
donnant sur le castrum était protégée en avant par une barbacane
en arc de cercle s'ouvrant sur la
crête de la montagne. Un sentier en forte dénivellation
permettait d'atteindre à 800 mètres le
Roc de la Tour et un ouvrage défensif, une tour de guet surplombant une falaise de
80 m les gorges du Carroulet et en
aval la vallée du Lasset. C'est
cette tour qui fut prise par les assaillants basques une
nuit de décembre 1243.
À l'intérieur de
l'enceinte de la forteresse, quelques terrasses étaient
dressées côtoyant plusieurs habitations reliées
entres-elles par des escaliers et des passerelles en
bois. À l'extrême
nord-ouest, un silo et une citerne de 50 m3 permettaient
le stockage des denrées et l'alimentation en eau
potable.
Si Montségur bénéficie d'une situation géographique privilégiée,
l'édification des fortifications entreprises par Raymond
de Péreille contribua également à la réputation du
château qualifié d'imprenable. Pas moins de quatre
sièges furent entrepris par les croisés, et seul le
dernier eut raison du nid d'aigle...
1212 -
Premier siège et tentative de prise du château par
Guy
de Montfort 1213 - Second siège par Simon IV de
Montfort, son frère Juillet 1241 - Troisième siège ordonné
par Louis IX et mis en place par
Raymond VII de
Toulouse. Le siège sera levé sans donner un seul assaut. Mai 1243 - Quatrième et dernier siège
par Hugues des Arcis, sénéchal de Carcassonne qui amènera
la reddition.
"Reconstitution château 3D en ruine" par Laurent
Chanal
La vie à Montségur
Si Montségur
abritait une communauté importante de Cathares, la
forteresse était aussi une place forte solidement
gardée. Entre 1206 et 1244, la cité eut le temps de s'organiser et de développer
une véritable vie sociale mêlant spiritualité cathare
et système de défense. C'est une longue période de paix
où Raymond de Péreille et sa femme menèrent une vie
sédentaire et c'est là que leurs enfants naquirent.
En 1215, le
concile de Latran avait déjà considéré le lieu comme
hérétique, et en 1229 le château était
repéré comme un abri de
l'Église cathare prenant de plus en plus
d'importance. Montségur accueillait aussi des chevaliers faydits
dépossédés de leurs terres par le traité de Meaux en
1229. L'un d'eux se nomme
Pierre-Roger de Mirepoix, cousin
germain et
gendre de Raymond de Péreille, qui
deviendra maître militaire de
Montségur.
Il y avait aussi des visiteurs et des
pèlerins, car la société cathare était d'une extrême
mobilité. Ils vivaient dans des petites maisons dressées
en étage autour du château. À la veille du siège, la population se
répartissait à peu près de façon égale entre la
communauté religieuse (parfaits, parfaites, évêques et
diacres) et la communauté laïque (une quarantaine de
membres de la famille de Péreille et de son cousin
Pierre Roger de Mirepoix, des cavaliers proscrits,
des
faydits, les écuyers et la garnison formée par une
centaine d'hommes, des archers et des arbalétriers)
À
l'intérieur du castrum... Au fond la salle basse. Sur
les remparts, les trous
ayant servi aux poutres du
plancher du premier étage sont encore visibles.
C'est en
1232 que Montségur bascula
définitivement dans la dissidence. Guilhabert de
Castres qui avait quitté le Razès pour Fangeaux
mesura très vite la forte évolution de la pression de l'Église
catholique envers Raymond VII pour qu'il tienne ses
engagements de 1229. Il ne pouvait non
plus ignorer l'arrivée des nouvelles procédures contre
l'hérésie : l'Inquisition. Guilhabert
de Castres prit alors la décision de doter l'Église
cathare d'un sanctuaire imprenable, une capitale du
catharisme. Ce sera Montségur...
Il finira par convaincre Raymond de Péreille de prendre ce risque
et d'accueillir des compagnons parfaits et parfaites.
Parmi eux, Pierre-Roger de Mirepoix,
cousin germain de Raymond de Péreille, qui prendra la
destinée du castrum en tant que commandant militaire de
la place. La population était donc
devenue stable à partir de 1233,
partagée entre les religieux et les laïcs.
La vie quotidienne à Montségur possédait
tous les caractères d'une société médiévale, et les
parfaits et parfaites ne se consacraient pas uniquement à la méditation
ou aux exercices religieux. Les Cathares avaient aussi
des activités matérielles en complément de leur vie
pastorale et spirituelle. Ils confectionnaient des bijoux,
des bagues, des objets de toilette, des outils comme des
ciseaux ou des pinces à épiler, des pendentifs, des
croix pectorales et des méraux (broches ou médailles) de plomb facilitant la
reconnaissance des Cathares entre eux. Ils fabriquaient
aussi des vêtements de laine, de mouton, ou en peaux de
bêtes, des teintures et des pourpoints pour les soldats.
Il y avait aussi des métiers classiques comme barbier,
meunier et boulanger.
Contrairement à ce que l'on peut lire dans des chroniques récentes,
Montségur n'était pas un village de paysans et aucune
trace d'activité agricole n'a été retrouvée. Travailler
dans les champs au pied du pog était trop loin et bien
trop risqué. Le castrum était équipé de basses-cours et
de petits potagers en terrasses. Pour les croyants et la
garnison qui mangeaient de la viande, ils descendaient
pécher la truite ou le saumon dans les rivières proches.
Il y avait aussi des échanges commerciaux réguliers
jusqu'à l'été 1242, permettant
d'effectuer de nombreux achats alimentaires comme le
vin, l'huile, le pain, le blé, des denrées que l'on pouvait
trouver dans les villages alentour. Mais il ne faut
pas croire que la vie à Montségur était idyllique.
Certains hivers étaient très rudes et des famines
étaient fréquentes, notamment en janvier 1234
où toutes les semences furent gelées, comme le raconte
le chroniqueur Guillaume de Puylaurens.
Les découvertes archéologiques récentes ont permi de comprendre
comment les réfugiés se nourrissaient. Les Cathares
étaient surtout végétariens et leurs plats étaient en
grande partie à base de
céréales et de légumes. On retrouva également
des arêtes de poissons, des os de poulets,
d'oies, de moutons, de chevreuils, de sangliers et même
de boeufs, prouvant que les parfaits étaient
très bien intégrés dans une population variée.
La tolérance faisait partie de leur conduite religieuse.
Le château de Montségur,
un véritable nid d'aigle réputé imprenable
(ancienne carte postale)
Montségur et ses
mystères
Montségur
serait-il aussi un temple solaire ?
Montségur n'est
vraiment pas un
château comme les autres. Mis à part son histoire
tragique, il existe en effet des raisons
plus subtiles, plus occultes, plus intrigantes pour
considérer que la citadelle respecte des contraintes
très différentes d'une simple fortification. Certes, la situation
géographique très particulière du site, son histoire, la
détermination du pouvoir royal et du clergé à vaincre
cette place forte et la fin dramatique des parfaits,
montrent combien le château de Montségur était devenu en
1244 la capitale des Cathares en
Occitanie.
Or, il est relativement facile de constater que les ruines, telles
qu'elles nous apparaissent aujourd'hui, présentent des
propriétés jouant avec l'astre solaire.
Coîncidence architecturale, ou véritable culte du Soleil
mis en scène par les bâtisseurs cathares ? Difficile de
répondre, et les historiens sont très partagés, voire
embarrassés. Pour certains, il ne s'agit que de simples
élucubrations dérivant du mythe moderne cathare,
d'autant que ce
prétendu culte solaire ne repose sur aucune trace
historique. L'argument utilisé est que ces
déductions sont établies sur les ruines d'un château
restauré une troisième fois après 1244
(Montségur III). Or, les fouilles
archéologiques qui ont été conduites jusqu'aux fondations
de la grande muraille n'ont montré aucune fondation
antérieure, et c'est là qu'est le problème. Soit
l'enceinte actuelle a été construite sur des fondations
qui ont complètement disparu, soit elle correspond à
Montségur II et dans ce cas, son étude
face à un calendrier solaire a un sens.
Pourtant, c'est un fait. Chaque année, au solstice d'hiver,
très exactement le 21 décembre, le
premier rayon de Soleil à l'horizon traverse le château
dans toute sa longueur, et le Soleil s'aligne sur des
angles de construction clé.
Quant au solstice d'été, le 21 juin,
les premiers rayons de Soleil éclairent deux
meurtrières nord-est du donjon de la salle basse et viennent créer deux
traits de lumière en face, exactement sur le flanc intérieur de
deux autres
meurtrières situées au sud-ouest.
Nous ne sommes plus sur une simple coîncidence. L'architecte semble avoir décalé
exprès les deux archères (meurtrières) pour
que l'axe du solstice d'été traverse exactement les
ouvertures
et crée un jeu de lumière avec une précision
remarquable.
À noter que ce phénomène déplace aujourd'hui de
nombreux visiteurs tous les 21 juin
et passionne les adeptes du New Âge ainsi que les
adorateurs du Soleil.
Au premier rayon du solstice
d'été,
deux meurtrières reçoivent le rayon de Soleil des deux
autres...
Le premier Soleil du solstice
d'été traverse les deux meurtrières NE du donjon
et vient éclairer les deux autres meurtrières situées sur
l'autre côté de la salle
Le décalage architectural des meurtrières joue avec le
Soleil du solstice
Certes,
depuis très longtemps, les solstices et les équinoxes
ont fasciné les Hommes et ils étaient les seuls repaires fixent dans le
temps. Ce jeu d'architecture a été relevé dans de
nombreux sites anciens comme à Stonehenge
qui est synonyme de célébrations du solstice
d'été, le jour le plus long de l'année.
C'est pourquoi ces observations ont conduit quelques chercheurs comme
Fernand Niel
à étudier les alignements solaires de Montségur, des
alignements que l'on constate aussi à Quéribus.
Notons qu'une autre particularité topographique est
présente dans la citadelle :
l'orientation des murailles de la salle basse qui vise
exactement le château de Roquefixade
situé à proximité.
En résumé, l'enceinte du château et ses ouvertures semblent avoir
été dessinées et édifiées selon les axes solaires autour
du
21 de chaque mois comme le montre
l'étude de Fernand Niel ci-dessous. Ces axes
croisent des angles de construction, des portes, des
archères, et des points milieu. Attention : la date du
21 a été choisie pour l'étude. En
réalité, les solstices et les équinoxes peuvent varier
entre le 19 et le 21 de chaque mois ce
qui ne change pas grand-chose à l'analyse.
Selon le 21 de chaque
mois, le premier rayon de Soleil est aligné sur les points
suivants :
L'axe solaire A traverse
l'angle NE en (1) et l'ouverture murale en (4) L'axe solaire B traverse
l'angle NE en (1) et l'ouverture murale en (5) L'axe solaire C traverse
l'ouverture centrale du bouclier en (2) et l'angle SO en
(6) L'axe solaire D traverse
l'angle NE en (1) et l'entrée principale SO en (7) L'axe solaire E traverse
l'angle NE en (1) et l'angle Ouest en (8) L'axe solaire F traverse
l'angle SE en (3) et l'ouverture centrale du mur NO en
(9) L'axe solaire G traverse
l'angle SE en (3) et l'angle nord en (10)
(d'après les travaux de Fernand Niel)
Si l'on
admet ces propriétés solaires, il faut aussi admettre
que les architectes n'avaient pas pour seul objectif de
reconstruire un château imprenable, mais également un lieu
de culte, un monument spirituel qui suit certaines consignes religieuses
très anciennes. Cette idée de temple est
dérangeante puisque la croyance cathare impose, au contraire, l'absence
de matériel et donc d'église.
Or, il ne faut
pas oublier que le château fut reconstruit par
Raymond de Péreille en 1206 à
la demande des Cathares, notamment Raymond Blasco et
Raymond de Mirepoix. Et Montségur ne devint le siège de
l'Église cathare qu'en 1232,
quand Guilhabert de Castres obtint
l'accord des propriétaires du château, soit 26 ans après le début de la reconstruction. Cette reconstruction n'était donc pas
essentiellement orientée vers une
fortification.
Les Cathares adoraient-ils le Soleil ? Leur religion
était-elle imprégnée du culte solaire comme l'était la
civilisation de
l'ancienne Égypte ? La question se pose.
D'ailleurs, les pourparlers
après la capitulation
qui eurent lieu le 1er mars 1244 pour
accorder
un délai de 15 jours aux
Cathares n'avaient-ils pas pour but de se rapprocher
d'une date particulière ? Celle du 21 mars
et de l'équinoxe de printemps. Voulaient-ils
célébrer une dernière fois une fête manichéenne
le 15 mars ? Le Soleil jouait-il
un rôle très important, un symbole de lumière et de
renaissance tout comme Sirius dans l'Égypte ancienne ?
Solstice :
C'est l'époque de l'année où le
Soleil est le plus éloigné de l'équateur, ce qui
correspond à la durée maximale du jour. Le
solstice d'été se produit entre le 20 et le 22 juin
et marque le début de l'été. La durée minimale du jour
correspond au solstice d'hiver situé entre le 20 et le
22 décembre et qui marque le début de l'hiver.
Équinoxe :
C'est l'époque de l'année où le Soleil, dans son mouvement
apparent sur l'écliptique, traverse l'équateur céleste
et crée une durée égale entre le jour et la nuit. L'équinoxe de printemps ou vernal
correspond à l'équinoxe de
mars dans l'hémisphère nord (équinoxe de
septembre dans l'hémisphère sud). L'équinoxe de
septembre correspond à l'équinoxe d'automne dans
l'hémisphère nord.
L'équinoxe de mars peut se produire entre le 19
et le 21 mars. Le 19 mars est
tombé 15 fois dans la seconde moitié du
XVIIe siècle et 5 fois à la fin du
XVIIIe siècle (dernière occurence en
1796).
Durant l'Équinoxe de printemps, autour du 20
mars,
la durée du jour et de la nuit est dans un équilibre
parfait. La Terre bascule dans la période de l’année où
les jours rallongent, rappelant que, même après la nuit
la plus noire, le Soleil pointe à nouveau à l’horizon.
L’Équinoxe de Printemps représente donc la
Lumière nouvelle, les commencements, le réveil de la
Nature et de la vie, la résurrection... C'est une notion
parfaitement manichéenne dont est issu le catharisme et
qui a pour fondement la séparation du monde entre le
royaume de la Lumière et le royaume des Ténèbres, entre
le bien et le mal, entre le jour et la nuit...
Le château de Montségur - Vue
satellite Google Earth
Montségur...
Ombre portée d'une constellation ?
Les curiosités
solaires ne s'arrêtent pas là. Un autre sujet très
différent rend Montségur intrigant et encore plus
ésotérique. C'est celui des contours de la forteresse. En
effet, l'enceinte actuelle, qui est aussi comme nous
l'avons vu celle de
l'époque cathare puisque d'autres fondations importantes
n'ont pas été retrouvées, dessine une forme
particulière qui semble mal adaptée au
pog.
Pourquoi s'être donné tant de mal à étirer le
château sur sa longueur alors que les fondations de la
face Nord-ouest auraient pu être implantées plus loin.
Ceci aurait permis d'élargir la cour intérieure. De
plus, si l'objectif avait été de fortifier entièrement
les remparts, pourquoi ne pas avoir construit un angle
supplémentaire sur cette face nord-ouest de façon à
rendre l'édifice plus équilibré, plus géométrique, et
surtout moins vulnérable ? D'ailleurs, les habitations cathares
venues se coller sur les remparts extérieurs tout en y
ajoutant un second mur de défense prouvent que le
château aurait pu être plus large, épousant au
mieux le pog.
Vu de haut, le château de
Montségur possède une forme atypique
présentant des murailles longues et fragiles
La
reconstruction de Raymond de Péreille
a-t-elle respecté en partie les anciennes ruines et
donc les anciennes fondations ? Ou a-t-elle suivi des
recommandations cathares ? Nous n'en savons rien,
mais le fait est que cette forme
atypique fait écho a une constellation bien connu :
le Bouvier dans laquelle le donjon
de la salle basse jouerait le rôle de l'étoile la plus
brillante : Arcturus... Le château
serait alors comme une ombre portée de la constellation
du Bouvier...
La constellation du Bouvier
et son étoile Arcturus
Le Bouvier
est une constellation de l'hémisphère nord, et ses
étoiles principales dessinent dans le ciel un grand
cerf-volant. La constellation située entre la Vierge et
la Lyre renferme 85 étoiles visibles à l'oeil nu.
Plusieurs versions existent sur l'origine
du Bouvier, tantôt celle d'un laboureur conduisant
les sept boeufs de la constellation de la Grande
Ourse et les faisant tourner autour de l'étoile
Polaire, tantôt celle du vigneron Icariuis, tantôt
celle de l'inventeur de la charrue, Philomelos.
Le Bouvier dans l'Uranographia
de Johannes Hevelius.
La constellation du Bouvier a
aussi été appelée Atlas, et la
mythologie nous raconte qu'Atlas supportait l'axe
du monde. Or, autrefois la tête du Bouvier
était très rapprochée de l'étoile Polaire.
Autre remarque, Nigidius, l'un des plus grands savants romains, donnait à la constellation du Bouvier le
nom d'Horus, ou de nourricier d'Horus,
fils d'Osiris et de la Vierge
Isis.
Pour retrouver à l'oeil nu Arcturus,
l'étoile la plus brillante de la
constellation du Bouvier, il suffit de suivre le
prolongement de la queue de la Grande Ourse.
Le nom "Arcturus" signifie en grec «
gardien de l'ours(e) »
La constellation du Bouvier est
une constellation très ancienne qui était déjà connue du
temps des Sumériens, et c'est l'une des 48 constellations répertoriées par le grec Ptolémée au
IIe
siècle. Pour les Romains, le Bouvier était le pasteur
qui gardait le troupeau de sept boeufs (septem triones)
représentés par les sept étoiles les plus brillantes de
la Grande Ourse.
Le Bouvier dans
la mythologie grecque, ou la légende de Callisto et
d'Arcas, respectivement l'Ourse et le Bouvier
Dans la
mythologie grecque, le Bouvier est le
Gardien de l’Ourse qui s'appelait
Callisto, une nymphe chasseresse, compagne
d’Artemis. Callisto, ayant été piégée et violée par
Zeus, elle eut un fils de Zeus qu’elle appela
Arcas.
Malheureusement, Héra, l'épouse de Zeus, ayant eu
vent de cette naissance, décida de transformer la
jeune mère en ourse après la naissance de l'enfant.
Quelques années plus tard, alors qu'Arcas devenu
grand était en train de
chasser, il croisa sa mère, toujours changée en ourse ;
mais, ne réalisant pas qu'il s'agissait de Callisto, lui
lança une flèche. Zeus détourna sa flèche. Arcas
comprit alors qu'il s'agissait d'elle et se jeta dans
ses bras.
Dans
la version relatée par Ovide dans ses
Métamorphoses,
Arcas est tué par Lycaon qui le sert à manger à Zeus. Après avoir foudroyé les fils
de Lycaon et changé le roi lui-même en loup, Zeus ressuscite
Arcas pour le mettre sur le trône arcadien. Arcas épouse
Chrysopélie, dont il a deux fils, Élatos et Aphéidas.
Après sa mort, Arcas est placé dans le ciel par Zeus aux
côtés de sa mère et devient le Bouvier, gardien de
l'Ourse. Arcas(1) avait son tombeau, ses
temples et ses sacrifices
en Arcadie (Pausanias), ainsi que Callisto sa mère.
(1) Arcas, fils de Zeus et de Callisto, est aussi
roi éponyme de la province d'Arcadie. Son nom semble lié au
grec ancien arktos
signifiant
« ours »
L'un des restes
archéologiques retrouvés sur le site du château de
Montségur, une colombe de pierre...
Une signature cathare tout en
symbole, une colombe blanche, signe de paix et de
tolérance.
L'objet unique est aujourd'hui conservé dans une collection
privée à Toulouse.
Le chant du
Bouvier, un chant initiatique
Jusque là, nous pourrions affirmer que la ressemblance
du château de Montségur avec la
constellation du Bouvier est de
l'ordre de l'interprétation gratuite, sans aucun
fondement sérieux. D'ailleurs, et ce n'est pas une
surprise, la plupart des historiens réfutent toute
idée ésotérique rapportée au récit de Montségur et
des Cathares en général, jusqu'à douter de
l'existence même d'une Église cathare. Pourtant, un autre indice
vient s'ajouter au thème du Bouvier, celui d'un
chant cathare très ancien...
En effet, il existe un chant cathare, le seul parvenu jusqu'à nous,
et dont le titre est "Le cant del Boièr"...
Traduction : "Le chant du Bouvier"... Or, ce chant régional est très particulier puisqu'il
s'appuie sur un refrain constitué des cinq voyelles A.E.I.O.U.
Voici que le Bouvier s'invite
factuellement dans l'histoire des Cathares et leurs
chants identitaires...
Cette incantation occitane venue du fond des âges a en
effet la particularité de contenir dans son refrain un
chant de voyelles.
Ce chant mystérieux serait, selon la tradition, porteur d’un message codé,
mais quel est-il ? Qui est cette pauvre Jeanne
demandant à être enterrée dans une profonde cave située
sur le chemin des pèlerins, les pieds contre le
mur et la tête sous la cannelle ? Certains affirment que
Jeanne serait une allégorie de l'Église cathare, mais il
s'agit d'une simple interprétation. Ce chant porteur d'un rébus
énigmatique serait en tout cas issu des derniers jours de Montségur
et aurait réussi à traverser la terreur inquisitoriale pour
remonter jusqu'à nous. S'agit-il d'un héritage occulte
laissé par les malheureux cathares ?
Pour
montrer la portée allégorique utilisée, prenons
par exemple le mot "cannelle".
L’utilisation de la cannelle comme épice remonte
à 3000 av. J.-C. et l’arbre
tropical produit donc l’une des épices les plus
anciennes au monde. L’écorce du cannelier en Chine du sud
ou de Ceylan
au Sri Lanka est commercialisée depuis des
millénaires. Au temps de David et Salomon,
1600 av. J.-C. elle était
connue en Judée et on la faisait
brûler dans diverses cérémonies de culte. On
mentionne aussi la cannelle dans la Bible,
lorsque Moïse, sur l’ordre de Dieu, doit
utiliser l’épice pour fabriquer une huile
d’onction. Le célèbre médecin de la Rome
antique, Hippocrate, vantait les vertus
thérapeutiques de la cannelle...
Chaque année, au début du mois de septembre, la
tradition veut que des soirées musicales se déroulent
dans l’église de Roquefixade, là où un autre célèbre
château cathare domine le village. Ces
concerts
de musique ancienne nous emmènent à l’époque des
troubadours et à celle du baroque et s'accompagnent
impérativement d’une vieille complainte : Le Cant del
Boièr (Le Chant du Bouvier)
La piste du chant des
voyelles est en tout cas passionnante. Dans la tradition
pythagoricienne, le disciple grec mathématicien et
philosophe Nicomaque de Gérase (60-120)
donne cet enseignement :
« Les sons de chacune des sept
sphères produisent un certain bruit, la
première réalisant le premier son,
et à ces sons
l’on a donné les noms des voyelles. Ce sont là
des choses qualifiées d’inexprimables par
elles-mêmes chez les savants, ainsi que tout ce
qui est formé, attendu que le son, ici, a la
même valeur que l’unité en arithmétique, le
point en géométrie, la lettre en grammaire. Si
ces choses sont combinées avec des substances
matérielles, telles que les consonnes, de même
que l’âme est unie au corps et l’harmonie aux
cordes, elles réalisent des êtres animés,
celle-ci des tons et des chants, celle-là des
facultés actives et productrices des choses
divines. Voilà pourquoi les théurges, lorsqu’ils
adorent la divinité, l’invoquent symboliquement
avec des sifflements ou stridents ou roucoulés,
avec des sons inarticulés et sans consonnes. »
Le grec Nicomaque de Gérase était un
mathématicien et un philosophe néo-pythagoricien grec
très influencé par Aristote.
Musicologue et théoricien de la musique, il est resté
célèbre pour avoir défini les éléments harmoniques.
La notion de sons organisés uniquement autour des voyelles
AEIOU n'est donc pas réservée aux
Cathares, et ce concept est très ancien puisqu'on le
retrouve dans la Grèce antique.
Il faut noter que la langue grecque possède sept
voyelles alors que la langue d'Oc n'en possède que
cinq.
Platon et Nicomaque de Gérase
inventeurs de la musique
Un autre philosophe grec aborde aussi la
question. Il s'agit de Démétrios de Phalère
(IIIe siècle av. J.-C.) qui rapporte :
« Les prêtres égyptiens chantaient les
louanges des dieux en se servant des sept
voyelles qu’ils répétaient successivement, et
l’agréable euphonie du son de ces lettres peut
tenir de flûte et de cithare. »
Démétrios de Phalère
naquit vers360 av. J.-C. et disparut en
282 av. J.-C.
Orateur et homme d'État athénien, il était aussi
philosophe, aristotélicien, péripatéticien et
écrivain. Élève et disciple d'Aristote et de
Théophraste, il est l’un des fondateurs de la
bibliothèque d'Alexandrie.
À
l'origine, le chant initiatique des voyelles qui se
prononçait dans les anciens temples grecs était basé sur
7 voyelles,
alors que les Romains, du fait de l'alphabet latin,
n'utilisaient que les 5 voyelles
AEIOU.
Les sept voyelles grecques
antiques :
Majuscule
Minuscule
Nom
A
α
Alpha
E
ε
Epsilon
H
η
Eta
I
ι
Iota
O
ο
Omicron
Υ
υ
Upsilon
Ω
ω
Omega
Dans l'alphabet grec, les 5 voyelles de
base AEIOY sont des adaptations des consonnes sémitiques.
Deux autres voyelles ont été ajoutées. Dans les
dialectes grecs du groupe oriental qui n’utilisent pas
l’aspiration, la lettre « Η »
(Eta),
empruntée à la consonne sémitique « ח »
(het), a été utilisée pour noter la voyelle longue "E" (Epsilon).
La seconde voyelle, la lettre « Ω »
(Oméga), a été introduite pour le son.
En phonétique, on appelle
voyelle
un son du langage humain dont le mode de production est
caractérisé par le libre passage de l'air dans les
cavités situées au-dessus de la glotte, à savoir la
cavité buccale et/ou les fosses nasales.
Prononciation :
Les voyelles A E I O U sont chantées en
accentuant le H (Eta) de l’inspiration au début et
qui représente un son à part entière. Le U
final est prononcé "OU" en accentuantvers un
léger son AÏE qui représente une voyelle à part
entière. On retrouve ainsi les 7 voyelles
du son initiatique symbolisant le cycle de la vie, la
première voyelle H étant
l'inspiration,
la naissance, et la dernière Ω l'expiration, la mort.A E I O U
représente le temps d'une vie.
...............
H
(inspiration… La naissance) ...............
A E I O
U ......… Y [AÏE]
(expiration… La mort) En
reprenant AEIOU plusieurs fois en tant
que refrain, l'idée devient celle du cycle éternel de la
vie et de la mort, la naissance faisant suite à la mort. On retrouve
ainsi dans le chant du Bouvier le concept de la
Résurection, de la vie après la mort, de la
renaissance, une
croyance chère aux Cathares. La notion rejoint celle du
manichéisme, la lumière après les ténèbres... L'équinoxe
de Printemps... Notons
que l'on retrouve également une partie de cette notion dans la tradition chrétienne
puisqu'elle assimile Dieu à l’Alpha
et l’Oméga, le début et la fin
de toute chose...
AEIOU... Allons plus loin
Pour
les historiens, le monogramme A.E.I.O.U.
n'aurait existé qu'au travers du règne d'un empereur du
Saint-Empire, Frédéric III. En effet,
Frédéric III
adopta pour la maison de Habsbourg une
devise
utilisant le symbole A.E.I.O.U.
L'empereur ira même jusqu'à lui affecter une
traduction que l'on retrouva dans l'un de ses carnets
découverts en 1666 :
En latin : « Austriae
Est Imperare Orbi
Universo »
Et en allemand « Alles Erdreich
Ist Oesterreich
Untertan »
Ce qui signifie : « Il
appartient à l'Autriche de gouverner le monde »
Frédéric V
de Habsbourg
ou Frédéric
III
empereur romain germanique
Il naquit en
à Innsbruck en Tyrol et décéda en
à Linz en Autriche. Il fut prince de la
maison de Habsbourg, fils du duc Ernest d'Autriche. Il
hérita à la mort de son père en 1424
des domaines de l'Autriche intérieure (la Styrie, la
Carinthie et la Carniole) et succéda à
son cousin Ladislas le Posthume en tant qu'archiduc
d'Autriche en 1457. Élu roi des
Romains en 1440 et couronné empereur en
1452, il régna sur le Saint-Empire
pendant 53 ans jusqu'à sa mort.
Il fut
l'avant-dernier empereur romain germanique à être sacré
par le pape, et le dernier dont le couronnement eut lieu
à Rome. Frédéric III est l'arrière-grand-père de
l'empereur Charles Quint.
Frédéric III (1415-1493) Empereur du Saint Empire
(par Hans Burgkmair)
La maison souveraine des Habsbourg était d'une telle
puissance qu'elle alimenta tous les empereurs du Saint-Empire romain germanique.
Cette ancienne famille politique avait la main sur les
terres
d’Europe occidentale et centrale, le tout dirigé par un
souverain arborant le titre d'Empereur des Romains
entre 1452 et 1740.
Ci-contre le monogramme définit par Frédéric III. On
peut y voir clairement les voyelles A.E.I.O.U. (le U se prononce OU)
Amateur
d'ésotérisme, l'empereur Frédéric III
utilisa aussi la mystérieuse formule AEIOU pour signer sa
vaisselle de table, ses armoiries, et des châteaux tels
que le château de Wiener Neustadt et le château de Linz.
Ci-dessus l'inscription
AEIOU
au château de Graz, 1453
À
gauche, une enluminure d'un livre
de Frédéric III avec le monogramme AEIOU,
1446
Il faut aussi noter sur l'enluminure l'année
1226. Étrange, lorsque l'on sait qu'après qu'un concile
eut lieu à
Bourges le 29
novembre 1225 sur la question cathare, le
comte Raymond VII fut à nouveau
excommunié en janvier 1226 et flagellé
publiquement. 1226 est aussi l'année où
la seconde croisade albigeoise commença. Le château de
Montségur était alors à son apogée...
Ajoutons
que, selon la légende, Frédéric III et
les empereurs du Saint-Empire romain germanique
descendraient d'une lignée
mérovingienne. Voilà
de quoi alimenter tous les mystères. Quoi qu'il en soit,
si les récits officiels présentent le monogramme AEIOU
comme une création de Frédéric III, ceci est incohérent
avec le chant du Bouvier datant au moins
de 1244.
Or, le mystère s'épaissit puisque l'on retrouve une
trace de ce chant de voyelles dans "La Pistis Sophia"
(Foi et Sagesse), un texte copte très ancien dont l’original
fut retrouvé en Égypte au 18e siècle. La Pistis
Sophia prétend faire un compte rendu des échanges
que Jésus eut avec ses disciples durant les douze années
qui suivirent la Résurrection.
Le
manuscrit de 348 pages copié au VIIe ou VIIIe
siècle était dans la collection du docteur
Anthony Askew. Acheté dans les années 1760, le manuscrit
demeura dans l'ombre au British Museum pendant presque
un siècle. Il s'agit d'une Bible
gnostique qui renfermerait tous les Mystères sacrés de la
Gnose selon la Tradition Primordiale.
La rédaction en est attribuée à Valentin, un Égyptien
éduqué à Alexandrie, considéré comme hérétique, et qui partit enseigner
la Gnose chrétienne dans la Rome au IIe siècle.
Alors, Jésus se tint debout avec ses disciples sur la
montagne de l’Océan, il prononça cette prière, disant :
« Écoutemoi, ô mon père, père de toute paternité, Infini
de la lumière, AEIOU, iaô, aôi, ôïa, psinôther,
thernôps, nôpsiter, zagouri, pagouri, nethmomaôth,
nepsiomaôth, marakhakhtha, thôbarrabaôth tharnakhakhan,
Zorokothora, Ieou, Sabaôth !» Et pendant que Jésus
disait ces choses, Thomas, André, Jacques et Simon le
Chanaéen étaient à l’Occident, le visage tourné vers
l’Orient ; Philippe et Barthélemi étaient au Sud, le
visage tourné vers le Nord ; le reste des disciples avec
toutes les femmes disciples se tenaient derrière Jésus.
Et Jésus se tenait sur l’autel. Et Jésus s’écria en se
tournant vers les quatre angles du monde avec ses
disciples tous vêtus de vêtements de lin, disant : «
Iaô
Iaô ; et l’interprétation en est Iôta, car le Plérôme
est sorti : alpha, parce qu’ils se retourneront dedans ;
oméga, parce qu’il est la fin de toutes les fins. »
Extrait : "La Pistis Sophia" ('Foi et Sagesse')
Encore plus
étrange... Si l'on admet que la formule
A.E.I.O.U. est très antérieure à
Frédéric III, on peut aussi douter de sa
traduction donnée par l'empereur et consacrée à
l'Autriche. Car, il existe une autre traduction
plus ancienne... «
Austria » est une latinisation de
l'allemand "Österreich". En effet,
l'orthographe du nom "Austria" se
rapproche, au profit des locuteurs latins, de la
sonorité du nom allemand "Österreich". Cela a
conduit à beaucoup de confusion, car l'allemand
"Ost" signifie "Est", alors que le latin "auster"
signifie "sud". On peut donc
proposer une traduction plus proche de l'étymologie
latine...
Austriae Est Imperare
Orbi Universo " Le Sud doit gouverner le monde "
"Auster"
est dans la mythologie romaine le dieu des vents du sud,
ou plus exactement du midi, un vent du sud chaud, épais
et humide, annonciateur d'orages. Le nom "Australie"
(la 'terre du sud') dérive d'Auster.
De même, le mot "australis"
est originellement le génitif singulier d'un adjectif
latin signifiant : méridional, austral, du sud. Frédéric III
aurait-il orienté la traduction à des fins politiques ? S'agit-il
d'une rétroacronymie qui est le fait de donner un
nouveau sens à un acronyme ou à un sigle existant ?
Des
Cathares au carré
SATOR
Existerait-il
une relation entre les Bons hommes et Bonnes femmes, les
parfaits, leur croyance, et le
mystérieux
carré SATOR ? A priori, rien ne semble
les relier et pourtant... Commençons par le
carré SATOR...
Ci-dessus le carré SATOR
d'Oppède dans le Vaucluse (région PACA).
À noter, les S et le N inversés
Ci-contre, le carré SATOR de
l'ermitage Saint Antoine de Galamus à
Saint-Paul-de-Fenouillet dans l'Aude
Le carré Sator
est un carré magique contenant le palindrome latin :
SATOR AREPO
TENET OPERA ROTAS.
Chacun de ces cinq mots, inscrits dans un carré de
25
cases, peut être lu horizontalement ou
verticalement. Il faut d'ailleurs noter que le
changement de l'ordre de lecture n'altère en aucun cas
le sens de la phrase du point de vue de la grammaire
latine. En d'autres termes, si la place des mots est
modifiée, la signification reste identique.
Le carré SATOR a été trouvé dans de
nombreux lieux en Europe comme en Syrie, en Hongrie, au
Portugal ou en Angleterre. Le plus
ancien connu à ce jour est à Pompéi et sa date est donc
antérieure à l'an 79.
Le pays le plus riche en exemplaires reste la France avec une
préférence pour le Sud-Ouest.
S
A
T
O
R
A
R
E
P
O
T
E
N
E
T
O
P
E
R
A
R
O
T
A
S
L'énigme a
intrigué de nombreux savants et suscité diverses
hypothèses juives ou chrétiennes, privilégiant celles
concernant un signe de reconnaissance qui aurait été utilisé par les premiers
chrétiens. Toutefois, il n'existe aucune preuve de
cela. Mieux, aucune interprétation officielle
ou traduction n'ont pu être argumentées par les historiens et les
archéologues. La piste cathare offre pourtant une jolie
interprétation...
Venons-en à l'étude des mots et
leur traduction :
SATOR : laboureur, planteur, semeur ;
ou métaphoriquement créateur, père, auteur (au
nominatif : c'est donc le sujet) AREPO : signification inconnue en
latin, mais qui trouve toutefois en Celte une
traduction : « charrue » La langue gauloise fut utilisée
jusqu'au Ve siècle TENET : [il/elle] tient (du verbe tenere) ;
tient en son pouvoir, maintient (troisième
personne du présent) OPERA : œuvre, travail, soin ROTAS : roues, rotation, orbite,
révolution, cycle
Nous voici
donc en présence d'un
laboureur qui tient
sa charrue et qui
fait tourner son
oeuvre. Cela ne vous
rappelle-t-il rien ? S'agirait-il du Bouvier
(le laboureur) conduisant les sept boeufs, les sept
étoiles de la constellation de la Grande Ourse, tenant
sa charrue en faisant tourner son oeuvre autour de
l'étoile Polaire ? Ainsi, la traduction du carré SATOR
pourrait être :
Le Bouvier et sa charrue tiennent
son oeuvre en rotation
L'étoile Polaire
est de façon générale une étoile visible à l’œil nu se
trouvant approximativement dans l'alignement de l’axe de
rotation de la Terre. Notons que l'étoile Polaire est
située près d’un des pôles célestes.
La constellation du Bouvier
tournant autour de l'étoile polaire Polaris
Du fait de
son alignement avec l’axe de rotation de la Terre, l'étoile
Polaire est donc perçue comme immobile par un
observateur situé sur la planète, alors que les
autres étoiles visibles semblent décrire un mouvement
circulaire autour de l’étoile centrale.
La constellation du Bouvier (le laboureur) et la
Grande Ourse (la charrue) ainsi que
toutes les autres constellations, effectuent
des rotations autour de l'étoile Polaire. En accélérant
le temps, les étoiles finissent par décrire un immense
ballet circulaire...
Nos ancêtres avaient une parfaite connaissance de notre
ciel, des étoiles et des mouvements apparents des astres. Les
étoiles formant des cercles autour de l'étoile Polaire,
cette dernière devient un astre divin, le centre des
cercles. Le centre est vu comme l'origine, le centre est
Dieu...
Voir les bases de la
Géométrie sacrée...
Les astres dessinent des
cercles autour de l'étoile Polaire
Nous y sommes... En décrivant des cercles
autour d'une étoile centrale, le Bouvier
devient celui qui fait tourner le monde à l'aide de sa
charrue... Un monde qui tourne sur un axe... L'axe du
monde (Axis Mundi). Les Cathares avaient peut-être cette connaissance
du ciel, alors qu'à la même période, le long tunnel de
l'obscurantisme religieux continuait d'affirmer que la Terre
est immobile au milieu d'une voûte céleste en mouvement...
Le nom "Arcturus" signifie en grec «
gardien de l'ours(e) » Pour les Romains, le
Bouvier était le pasteur
qui gardait le troupeau de sept boeufs (septem triones)
représentés par les sept étoiles les plus brillantes de
la Grande Ourse.
Sur la Grande Ourse, une constellation formée par sept étoiles, se trouve
l'étoile double ALCOR, la deuxième étoile à partir de la
queue, compagne de Mizar.
Dans les
aventures d'Arsène Lupin "La comtesse de Cagliostro"
de Maurice Leblanc, ALCOR est l'acrostiche de :
"Ad Lapidem Currebat
Olim Regina" (Vers la
pierre courrait jadis la Reine).
De plus, toujours dans le roman, certaines
abbayes du pays de Caux reproduiraient au sol le tracé
de la Grande Ourse, et Alcor
indiquerait le lieu où serait enfoui un hypothétique
trésor des rois de France...
Le Bouvier (le laboureur) et
sa charrue
SATOR et AREPO
La désignation latine de la Grande Ourse
est "Septentrion" de "septem" (sept) et "triones"
(pluriel de trio) qui signifie "Boeuf de labour"
"Dans la figure de la Grande Ourse, les trois étoiles de
l’extrémité forment la queue, et les quatre en
quadrilatère se trouvent dans le corps. Dans le Chariot,
les quatre étoiles forment les roues, et les trois le
timon, les chevaux ou les bœufs […]
Les Latins donnaient aux bœufs de labour
le nom de
triones ; au lieu de
dire un chariot et trois bœufs, ils finirent par dire
les sept bœufs, septem triones.
C’est de là que dérive le mot septentrion
et il y a sans doute aujourd’hui peu de personnes qui en
écrivant ce mot savent qu’elles parlent de sept
bœufs..." Camille Flammarion
Le Bouvier (SATOR) et sa
charrue (AREPO) tient (TENERE) son oeuvre (OPERA) en
rotation (ROTAS)
En suivant la Grande Ourse, la constellation du
Bouvier est la dernière à disparaître dans le
jour naissant, tout en pivotant délicatement sur son
étoile majeure, Arcturus, soleil des
nuits d’été...
Montségur et son mythe
trésoraire
Commençons par des
faits historiques
De nombreuses
légendes de trésors animent Montségur et celles-ci sont
construites sur deux faits historiques. Le premier
fait nous est fourni par le sergent
Imbert de Salles dans une déclaration
faite devant l'Inquisiteur Ferrier le
19 mai 1244. D'après ses dires, après la prise du Roc de
la Tour à la Noël 1243, deux Bons
hommes auraient été chargés d'évacuer et de cacher un trésor
dans une grotte inconnue du Haut comté de Foix...
Les deux parfaits sont Mathieu et
Pierre Bonnet
diacre de Toulouse.
Tous deux vont traverser les lignes avec quelques
complicités et fuir à cheval, emportant avec eux de
l'or, de l'argent, et une quantité infinie de monnaie. Où
sont-ils allés ? Toujours d'après Imbert de Salles,
ils se seraient rendus dans une grotte fortifiée du
Sabarthès pour y cacher le trésor. Une autre hypothèse est que les fuyards seraient
parvenus en Italie à Crémone, un lieu où une autre
communauté cathare était installée. D'ailleurs, des correspondances
entre Montségur et Crémone ont été
retrouvées.
"Lorsque Matheus, hérétique, et Pierre
Bonnet, diacre des hérétiques de Toulouse,
sortirent du château de Montségur avec de l'or,
de l'argent et une grande quantité de monnaie
aurum, argentum et pecunia infinitam, ils
passèrent par le lieu où les hommes de Camon
étaient sentinelle, ceux-ci donnèrent toutes
facilités pour aller et venir à travers leurs
lignes. Pierre Bonnet et Matheus transportèrent
le trésor dans une spoulga du Sabarthes qui
appartenait à Pons Arnaud de Castelverdu."
Extrait de la
déclaration du soldat Imbert de Salles à
l'Inquisiteur Ferrier
On ne sait pas ce que devint le diacre Pierre Bonet.
Par contre on est sûr que Mathieu
revint à Montségur entre le 14 et le 21 février
1244. À noter que ce témoignage fut consigné sans torture, mais
que ce
soldat fut le seul a avoir donné cette information...
Le deuxième fait historique est plus étrange. Il se situe
plus tard, durant la trêve de mars 1244.
Dans la nuit du
15
au 16 mars 1244, l'évêque cathare
Bertrand Marty et Pierre-Roger de Mirepoix firent évader
quatre parfaits préalablement dissimulés dans un
souterrain du château. Cette galerie qui pourrait se
trouver sous le donjon primitif n'a pas été découverte à ce
jour.
Le moment venu, on les fit descendre
au moyen d'une
corde de plus de 200 mètres par le précipice situé le long de la grande paroi occidentale.
Les volontaires sont Amiel Aicard,
Hugon Poitevin, Laurent Peytavi et
Pierre Sabatier. On retrouvera ce dernier en
Lombardie (Italie). Leur objectif était très
probablement de récupérer le dépôt
numéraire caché dans une grotte de Sabarthès par Mathieu
et Pierre Bonet. Pour la rejoindre, ils passèrent en
toute discrétion le col de Pyere par la montagne de la
Frau.
L'historien Michel
Roquebert reconstitua même leur parcours :
Caussou,
Prades-d'Alion et Usson dans la très haute vallée de
l'Aude où ils retrouvèrent Mathieu qui
avait de nouveau quitté Montségur le 21 février. Amiel Aicard
aurait suivi
Mathieu qui
connaissait la route vers Usson. On retrouvera même Amiel
dans la communauté cathare de Crémone en Italie
après 1244. L’évêque de Crémone avait d'ailleurs demandé
à Bertrand Marty, évêque de Montségur, que deux
parfaits
lui soient envoyés. Laurent Peytavi sera également retrouvé en Lombardie. Soumis aux
questions de l'Inquisition, Arnaud-Roger de Mirepoix
avouera comme en témoigne le procès-verbal de sa
déposition : "Cela fut fait afin que l'Église ne pût
perdre son trésor qui était caché dans les bois"
Néanmoins cette évasion reste un mystère. Si la récupération du
trésor était nécessaire, que sont devenus les livres
sacrés, les parchemins, les exemplaires de l'Évangile
de Jean qui servaient au consolament ? Aucun document ne fut consigné
ou confisqué, aucun écrit,
aucun livre, aucun témoignage qui en parle... Et
pourtant, comment imaginer que la capitale du catharisme,
durant 40 ans, ait pu faire vivre sa
doctrine avec plus de 200
parfaits sans aucun manuscrit sacré, sans aucun
écrit ?
Les quatre fuyards étaient-ils
missionnés pour mettre à l'abri d'autres objets ? Des livres sacrés ?
Des documents
génants pour l'Église de Rome ? Des reliques ? De
l'or ou d'autres
richesses ? Si une partie trésoraire était à l'abri,
que sont devenus les supports spirituels ? La conclusion
semble évidente. Les quatre parfaits ont certainement
dû sauver des livres, des documents et peut-être plus
encore...
De ce supposé
trésor nous ne savons que peu de choses. Pour les
historiens, il aurait été uniquement constitué de
quelques documents hérétiques,
mais pourquoi fallait-il deux évasions et six parfaits pour
finalement ne transporter
que des textes ? Et pourquoi protéger des
documents religieux puisque l'Inquisition avait depuis
longtemps récupéré de nombreux écrits cathares ?
Un trésor d'or
et d'argent... Quelle origine ? Si l'on
suppose qu'un trésor de métaux précieux et de
monnaies a existé, quelle était sa réelle
origine ? Après tout, les Cathares détestaient le
matériel et tout ce qui a un rapport avec la vie
terrestre, d'autant que leur religion faisait profession
de pauvreté. Ce paradoxe peut s'expliquer. L'Église
cathare travaillait et recevait de nombreux legs.
Montségur avait de l'argent comme toutes les
communautés cathares, un trésor alimenté par des dons
que les croyants avaient coutume de faire avant leur
mort. L'Église
faisait même office de banque de temps à autre. Les
croyants confiaient leurs économies et elle
assurait leur sécurité avec des intérêts. Il y
avait aussi l'Inquisition et la terreur qu'elle semait.
Pour corrompre un agent domanial du Roi ou d'un
seigneur, acheter des informations ou de faux témoins,
soudoyer une décision du clergé, corrompre la justice, il fallait
de l'argent, beaucoup d'argent. Il y avait aussi
l'émigration des hérétiques vers la Lombardie ou la Sicile qui
nécessitait de payer les passeurs, les refuges, les
escortes et des
complices de toutes sortes. En outre, compte tenu de la
montée en puissance de l'armée royale, il fallut
fortifier le château, un projet lancé vers
1240. D'énormes capitaux furent
attribués à Montségur. En clair, de la monnaie et
de l'or a profusion
étaient indispensables. C'était une question de survie
pour la communauté cathare.
Enfin, si les historiens considèrent que la chute de Montségur en
1244 est une étape très importante
de la fin du catharisme, la religion dissidente survécut encore des années, au moins jusqu'en 1321,
date à laquelle le dernier parfait
connu, Guihem Bélibaste, fut brûlé vif
à Villerouge-Termenès. Des ressources
financières importantes devaient donc persister.
Rappelons que deux épisodes ont été consignés durant les
interrogatoires de Montségur. Selon des aveux, vers la Noël 1243,
un trésor est évacué et dans la nuit du 15 au
16 mars 1244, quatre parfaits auraient été chargés de le
récupérer dans une cache provisoire. Cette cache décidée en
1243 serait une grotteet la région ne manque
ni de cavernes ni d'infractuosités...
La vallée de l'Ariège est née d'une faille qui a généré
des grottes extraordinaires et de longs réseaux souterrains. Les plus célèbres
cavernes sont les "spoulgas", des
grottes fortifiées de l'époque médiévale dont on peut
voir encore leurs enceintes imposantes faites de pierres
meulières. Dans la grotte des Deux Églises,
vaste comme une immense cathédrale, des conduits sont
aujourd'hui obstrués par les éboulis et pourraient
conserver quelques secrets...
Spoulgas de Bouan (Ariège)
L'entrée principale de la
grotte des Églises dans l'Ariège
La
grotte des Églises
est située sur le territoire de la commune d'Ornolac-Ussat-les-Bains dans la haute vallée de l'Ariège
(pays du Sarbathès), en France. En
fait, il s'agit d'un ensemble de cavités dont celle
nommée "Les Églises Inférieures"
d'une superficie de 46 500 m2 est la plus vaste. Trois
entrées y donnent accès avec notamment l'entrée nord présentant une
fortification défensive de type spoulga. La galerie
pariétale est fermée à la visite.
Découverte en 1921, le site archéologique se
trouve dans une galerie ornée de peintures à l'ocre et
des gravures représentant des chevaux et des bouquetins.
L'occupation humaine s'étend de la fin du paléolithique
à l'âge de Bronze moyen, et au XIIIe siècle
par les Cathares
persécutés. Elle fut fouillée au XIXe siècle par Félix
Garrigou, et à partir de 1964 jusqu'en
1977 par Jean Clottes.
Non loin
de là, à
2,75 km, se trouve une autre grotte, celle de
Fontanet, située sur la même commune. En face,
sur l'autre rive de l'Ariège, se trouve la grotte de Lombrives,
et près de la D123, à Ussat-les-Bains, à environ 500 m
de la grotte des Églises, la
grotte de
l'Ermite.
La grotte de Lombrives, lieu
de légendes (Ariège)
La
grotte de Lombrives est la plus mythique. Elle
s'ouvre à une centaine de mètres au-dessus du niveau du
fond de la vallée de l'Ariège, dans le massif du Cap de
la Lesse (1189 m).
Ce massif renferme aussi les grottes de Niaux et de
Sabart. L’ensemble des trois grottes constitue un réseau
de galeries qui se développent sur 14 kilomètres. La
grotte est caractérisée par des galeries et des salles
de très grandes dimensions, ouvrant sur des paysages souterrains
variés et un riche passé : préhistorique,
protohistorique et historique.
Lombrives servit de refuge pendant des centaines,
voire des milliers
d'années. Des hommes préhistoriques du Néolithique, des
proscrits, des hérétiques et des Cathares,
des persécutés, des brigands, des ermites, des lépreux,
de simples bergers ainsi que des faux-monnayeurs s'y
sont abrités. La grotte aurait aussi servi de refuge au
parfait Amiel Aicard après la chute du château
de Montségur en 1244. Elle abrita aussi
des prêtres et des nobles pendant la Révolution
française puis des Républicains pendant le Premier
Empire.
En 1328, plus de 500 Cathares
persécutés durant la Croisade des albigeois par la
Sainte Inquisition et le roi Louis IX,
s’y sont réfugiés. Le cardinal et l'inquisiteur
Jacques Fournier (futur pape Benoît XII)
les fit emmurer vivants et la légende raconte qu'un
trésor cathare aurait été caché dans la grotte en
1244 par les quatre fuyards de
l'Inquisition.
De Montségur au Graal...
Toutes ces traces
historiques ont permis d'alimenter au fil des années des récits
merveilleux et des légendes. Montségur aurait abrité le
riche trésor des Cathares, mais ce n'est pas tout. Dès
1820, des archéologues commencent à
fouiller le site, l'objectif étant de retrouver des traces
du site antique, mais les milieux érudits connaissent
les liens du pog avec les dissidents médiévaux.
En
1870, la publication de "L'histoire
des Albigeois" par le pasteur Napoléon Peyrat
créera la mythologie de Montségur. Le site devient "la forteresse du Paraclet" et des nécropoles ainsi que des
salles souterraines seraient cachées sous les ruines. Un
vandalisme va alors se mettre en place à la fin du
XIXe siècle, à coup de
dynamite, mais sans découvertes probantes.
Dans les années 1930, des recherches sont
menées pour retrouver les magasins et les cryptes
albigeoises. Quant au fabuleux trésor, il fait rêver le
grand public et les auteurs. Les fébriles
Occitans s'emparent du symbole, et Montségur devient la
représentation concrète de la résistance du peuple
occitan contre la royauté du Nord. Montségur est aussi
repris par les néo-gnostiques comme
Jules Doinel. On va même faire de
Montségur la cache du Graal, la célèbre
coupe dans laquelle Joseph
d'Arimathie aurait recueilli le sang du Christ
sur le mont Golgotha...
Le Graal
est un objet mythique de la légende arthurienne et qui
occupa la quête des chevaliers de la Table ronde. À
partir du XIIIe siècle,
le Graal est assimilé au Saint Calice,
la coupe utilisée par Jésus-Christ et ses douze
disciples au cours de la Cène. Elle est aussi celle qui recueillit le sang
du Christ, devenant le Saint Graal.
La nature du Graal a donné lieu à de nombreuses
interprétations symboliques et ésotériques, ainsi qu'à
de multiples illustrations artistiques.
Pour Joséphin Pélandan,
fondateur de l'Ordre des Rose-Croix chrétien, Montségur
devient le château de Montsalvat
impliqué dans la légende arthurienne. Ce foisonnement de
récits légendaires va attirer des courants
ésotériques, des écrivains et des poètes comme Maurice Magre ou
Lévis-Mirepoix.
Jules Doinel Archiviste et
occultiste français, fondateur en 1890 de l'Église
gnostique de France.
Il entre
au petit séminaire des jésuites vers 1860
et publie aussi différents ouvrages sur l'histoire
médiévale, notamment sur Jeanne d'Arc,
Blanche de Castille, Hugues Le
Bouteiller et les Croisades. Il a notamment été
archiviste du Cantal (1871), du Loiret (1875), et de l'Aude
(1900).
Franc-maçon, Doinel est reçu apprenti dans la loge orléanaise
Les émules de Montyon,
du Grand-Orient de France, le
en 1884, et sera reçu maître en ,
puis orateur en 1886. La loge, sous son
impulsion, changera de titre : Les Adeptes d'Isis - Montyon.
Jules Doinel vers 1890
(1842-1902)
Le ,
il est élu archiviste du Grand-Orient de France. En
1892, il devient vénérable maître de sa
loge, et entre 1890 et 1893, il est
membre du conseil de l'Ordre du Grand-Orient de France.
Le ,
il est reçu membre du chapitre Rose-croix L'étoile Polaire
de Paris, et le
il est exclu de sa loge pour avoir versé dans
l'occultisme et les pratiques mystiques. Il est aussi
membre de l'Ordre Martiniste.
Sceau épiscopal de l'église gnostique
de Jules Doinel
Fasciné par
les Cathares et leur martyre, il étudie les Bogomiles,
les Pauliciens, les Manichéens et les Gnostiques. Une
nuit de 1888, une vision le charge de
fonder une nouvelle église, et en 1890,
l'Église gnostique de France est créée. Il
décrète également l'an 1 de la Restauration de la Gnose.
Doinel publie
Lucifer démasqué en 1895, dirigé contre les
occultistes et certains francs-maçons. Plus tard en
1896, Jules Doinel
réintègre l'Église gnostique en tant qu'évêque d'Alet
et de
Mirepoix, après avoir déménagé à
Carcassonne où il est nommé bibliothécaire. À la fin du
XIXe siècle,
des sièges de l'Église gnostique sont présents dans 16
villes de
France, dont Paris, mais aussi en
Pologne,
en
Belgique, en
Bohème et en
Italie. Des occultistes connus adhèrent à l'Église
gnostique comme
Papus,
Sédir,
Lucien Chamuel,
Louis-Sophrone Fugairon,
Jean Bricaud,
Déodat Roché et
René Guénon.
À
noter que le sceau épiscopal
de l'église gnostique de Jules Doinel
est inspiré des armoiries du Costa Rica visibles sur le
drapeau national...
Cette piste fera l'objet
d'une autre étude...
Doinel publie aussi ses vues sur la franc-maçonnerie et signe XXX
son ouvrage La loque
noire. Il rejoint dès lors les milieux
anti-maçonniques au côté de
Léo Taxil et fonde la ligue de Laboarum. À la demande de ses
anciens frères, il est muté en 1900 dans l'Aude,
loin de sa famille, et prend sa retraite chez les
bénédictins. Sa
conversion au catholicisme n'est pas attestée, mais ses
derniers poèmes dédiés au curé de
la Chapelle-Biche démontrent ses idées à la fin de sa
vie.
Doinel meurt subitement dans la nuit du 16 au
.
L'évacuation d'un trésor constitué d'or, d'argent et de
monnaie est aujourd'hui largement admise, mais d'autres
hypothèses viennent compléter le mystère. La présence de
documents sacrés primitifs ou de textes liturgiques
dualistes dans l'enceinte de Montségur est envisagée avec
sérieux. Comment imaginer que cet important
rassemblement cathare luttant pour la survie de ses
croyances n'avait pas
pris la précaution de protéger ses biens spirituels les
plus précieux. Et si ces textes étaient d'une valeur
inestimable ? Et si ces documents représentaient pour l'Église
de Rome un danger ? Une vérité inavouable ? Et si les
Cathares disposaient d'une relique unique et
essentielle ? Un objet spirituel qu'il fallait à tout
prix cacher et mettre à l'abri ? Un Graal ?
Comment ne pas penser à ces quatre fuyards qui acceptèrent
d'abandonner leurs compagnons et de
ne pas mourir dans les flammes avec les martyres de
Montségur ? Comment peut-on croire que ces quatre
Cathares abandonnèrent leur foi et
leur honneur pour un simple magot constitué d'or et de
monnaie,
même important ? Et surtout, pourquoi avoir
planifié la sortie du trésor en deux étapes, augmentant
ainsi les risques ?
En réalité, cette échappée de la
dernière nuit pourrait dissimuler bien autre chose. S'agissait-il de
documents sacrés ? D'un héritage ancestral ? D'une pierre
sacrée comme une météorite ? Ou d'une
relique qui ne devait pas tomber dans les mains des
assiégeants. Tout a été imaginé, mais une chose est
certaine : il fallait impérativement mettre à
l'abri ce trésor pour qu'il soit hors de portée du Roi
et du Pape...
Nous sommes donc en présence de plusieurs questions
essentielles restées sans réponse malgré l'Inquisition
et les innombrables recherches historiques :
Quelle était l'origine exacte de la
fortune cathare ?
Quelle était la composition de
leur trésor ?
Les Cathares étaient-ils les héritiers d'une
connaissance occulte et sacrée ?
Pour ajouter aux mystères,
une croyance de l’époque soutenait que seuls les
Cathares détenaient les Saints sacrements du Christ.
Du Graal aux S.S.
Un tournant va toutefois s'engager un peu avant la
Seconde guerre mondiale avec un écrivain historien allemand,
Otto
Rhan, un nom qui fait aujourd'hui partie de la
mythologie de Rennes-le-Château et qui va contribuer aux
légendes du Graal et de Montségur. Ce dernier va en effet publier en
1933 un livre
"Croisade contre le Graal"
suite aux rencontres qu'il va faire dans le sud de la
France. La thèse d'Otto Rahn consiste pour l'essentiel à
assimiler le château de Montségur à
Montsalvage, le légendaire château du Graal.
Montsalvat ou Montsalvage est
le lieu mythique du château du Graal de la légende
arthurienne où Perceval assiste à la procession de la
Sainte Lance dont le sang fut recueilli dans la coupe
sacrée. C'est dans l'œuvre du poète épique bavarois
Wolfram von Eschenbach, Parzival,
composée entre 1195 et 1215
d'après le Perceval de
Chrétien de Troyes, qu'est fait mention pour la
première fois du château de Montsalvage. Bâtie par le
roi Titurel (qui fait également l'objet d'un autre poème
de Wolfram), chef des Templeisen et fondateur de la
dynastie du Graal, la forteresse de Montsalvage est
située sur une haute colline de la Terre de Salväsch (ou
Sauveterre), entourée d'une muraille. À ses pieds se
trouve un lac.
Représentation légendaire du
Montsalvat ou Montsalvage
En parallèle, et
pour servir l'idéologie nazie, l'Ahnenerbe,
un groupe de recherches mystiques et ésotériques nazi
est créé par Himmler. Sa définition exacte est
« Société pour la recherche et l'enseignement sur
l'héritage ancestral » un institut de recherches
pluridisciplinaire
nazi créé en juillet 1935 et intégré
aux S.S. en janvier 1939.
Fortement influencé par les théories d'Otto
Rahn sur le
Graal, son existence et son pouvoir, Himmler
aurait ordonné
le lancement d'expéditions de recherches dans le
Languedoc et plus spécifiquement à Montségur. En effet, aux yeux d'Himmler, le Graal
donne au christianisme une dimension
nordique indiscutable. Otto Rahn et
Antonin Gadal (1877-1962) un
instituteur à la retraite qui aménagea la célèbre grotte
de Lombrives, vont
ainsi
déterminer que la plus célèbre relique se trouverait dans
les vestiges du pog de Montségur, et que les Cathares
auraient été les gardiens. Ils
mettront en place des fouilles minutieuses dans le
château de Montségur et dans la plupart
des grottes de Sabarthès. Toutefois, leur théorie ne pourra
jamais être prouvée ni ettayée.
C'est donc en 1931 qu'un jeune homme habillé en
montagnard va se diriger vers le château de Montségur.
Que vient faire Otto Rahn dans cette ruine dévastée ? Ce
dernier remarque très vite des anomalies sur le terrain. Les murailles
de la forteresse épaisses de 2 m sont
dépourvues de crénelage, excepté le mur oriental. Les
tours d'angle sont absentes, et la forme de construction
pentagonale accolée à un donjon rectangulaire est
étrange. L'édifice semble ne pas avoir été construit
selon des contraintes défensives, mais plutôt selon une
architecture atypique, voire sacrée. Montségur serait devenu le
mont Thabor des Cathares. Otto Rahn
passera trois mois à étudier le site avant de revenir en
1937. Était-il missionné par Alfred Rosenberg
pour retrouver le Saint Graal ? ou bien s'agissait-il
d'une simple visite des lieux animée par un passionné de
la période cathare ? Il semble que son départ soit
plus dû à une absence de financement plutôt qu'à une fin
de mission officielle. N'oublions pas non plus que
le catharisme s'étendait jusqu'en Allemagne, d'où ces
thèses très prises au sérieux par le IIIe Reich.
Après 1937, Otto Rahn repartit pour
l'Allemagne et ne remit plus les pieds dans le
Languedoc. Il disparaîtra dans des conditions
mystérieuses.
Otto Rahn
(1904-1939), est un écrivain et archéologue autodidacte
allemand, officier de la S.S. Il est l'auteur de deux
ouvrages consacrés à la légende du Graal et à la
croisade contre les Albigeois, Croisade contre le Graal
(1933) et La Cour de
Lucifer (1937).
Les
circonstances de son œuvre comme de sa mort font l'objet
de plusieurs controverses transformant la vie d'Otto Rahn en un mythe
contemporain.
Otto Rhan (1904-1939)
Otto Rahn se passionne très vite
pour les mythes et les épopées germaniques, comme celle de
Siegfried « le tueur de dragons ». Il s'éloigne
également du christianisme dans lequel il est élevé, et
se rapproche des traditions païennes. Il affirmera plus
tard : « Mes ancêtres étaient
païens et mes aïeux hérétiques ». Il poursuit ses
études à Giessen et y décroche le baccalauréat allemand
en 1922. C'est là que naît, sous la conduite de Freiherr
von Gall, son professeur de religion, sa fascination
pour les Cathares. Dans les années
1930, Otto Rahn effectue de longs voyages à travers
l'Europe qu'il consigne dans son livre "La cour de
Lucifer". Ses voyages
vont l'amenerdans le sud de la France
et notamment en
Ariège où il veut prouver la véracité historique
de la légende de Parzival de
Wolfram von Eschenbach. Sa thèse essentielle et sa quête
ont pour objectif de retrouver le Graal dans les
vestiges du pog de Montségur qu'il
croie être un symbole païen et le
Montsalvat de la légende. Il y rencontre entre autres
Antonin Gadal,
Maurice Magre,
Déodat Roché et la
comtesse de Pujol-Murat. C'est à
Ussat les Bains
qu'Otto Rahn lie une forte amitié avec Antonin Gadal qui
lui présente ses travaux archéologiques. Son premier livre
"Croisade
contre le Graal"
naîtra de cette rencontre.
Son premier ouvrage
est un échec, mais il attire
l'attention de Heinrich Himmler,
au point que ce dernier
offre "La Cour de Lucifer" à
Hitler pour son anniversaire, le
. Il aborde dans
ce livre des thématiques typiquement nordiques, se
détachant de la recherche du Graal en se
référant à l'Edda et en citant les noms de divinités de
la mythologie scandinave comme Odin,
Balder,
Thor,
Hel et
Widar.
Otto Rahn entre dans la
Schutzstaffel (S.S.) comme archéologue en 1935 pour
pouvoir effectuer ses recherches sur le
catharisme. Incorporé à l'État-major de Himmler, il y rencontre
Karl Wolff et entretient des relations avec le
mystérieux
Karl Maria Wiligut, surnommé « le Raspoutine de Himmler ». Sa progression rapide dans
la hiérarchie
S.S. l'amène au grade de
Obersturmführer.
Sa mort reste mystérieuse.
Ainsi, Gérard de Sède dans son livre
"Le trésor Cathare"
diffuse des rumeurs sur sa décapitation dans un camp de
concentration, alors que Saint-Loup (nom de plume du Waffen SS français Marc
Augier), dans son roman "Nouveaux cathares pour
Montségur", explore une autre hypothèse à la suite
d'une enquête effectuée auprès des autorités de la
République fédérale de Bonn grâce à laquelle des papiers
laissés par
Alfred Rosenberg indiquent une autre explication :
"Otto Rahn se serait donné
la mort en absorbant une dose de cyanure au sommet d'une
montagne de Kufstein pour des raisons
politico-mystiques et intimes non précisées". Son corps
aurait été retrouvé congelé, le , sur le glacier du
massif de l'Empereur. Saint-Loup a supposé qu'Otto
Rahn, pacifiste, ne pouvait pas soutenir les
ambitions guerrières du
IIIe
Reich. Il aurait alors suivi la coutume cathare de l'Endura,
le suicide rituel.
Une découverte cathare et une piste wisigothe ?
Il faut
reconnaître que jusque là, les différentes recherches
étaient basées sur des hypothèses peu crédibles, mais un
fait historique issu des recherches passionnantes de
l'auteur Emmanuel de Careil va relancer le mythe. Le hasard a voulu
en effet que durant l'année 1943, en pleine
Seconde guerre mondiale, la Gestapo arrête en Belgique
un résistant du nom d'Alfred Lardinois
(1900-1966).
Le malheureux est torturé durant plusieurs jours, et
pour arrêter son supplice et négocier sa liberté, il
finit par livrer à ses bourreaux une information plutôt
surprenante. Voici son récit...
Passionné par l'histoire des Cathares, des Templiers et des
Wisigoths dans le sud de la France, c'est en tant que
fantassin belge du 10ème régiment de ligne qu'Alfred
Lardinois va vivre une étrange aventure. Alors
que son régiment est posté dans le Languedoc,
il va profiter de ses permissions pour assouvir sa
passion et visiter notamment le château de Montségur.
Alfred Lardinois suit en effet les traces d'Otto
Rahn et celles de ses études sur la citadelle
du Graal parues en 1933 et 1937.
Ayant une bonne connaissance du terrain à travers les différents
écrits de l'époque, le passionné se met a fouiller
méticuleusement les alentours du château et finit par
découvrir dans une infractuosité remplie de végétation
un énorme coffre en bois. Nous sommes en 1939.
La malle contient des
pièces de monnaie, des objets en or, une énorme émeraude
et un calice serti de pierres précieuses. Surtout, et
c'est là où le fait devient intérressant, la description
qu'il fait de certains bijoux dont des bracelets et des colliers
rappelle très précisement le style et l'art wisigoth.
Afin de protéger sa découverte et de pouvoir récupérer
le magot à la fin de la guerre, Alfred déplace la malle
et la cache dans un endroit éloigné du site.
Affecté comme
agent de renseignement et d'action belge le 1er
septembre 1942 en tant qu'adjudant, il
est malheureusement arrêté en 1943 par
les Allemands. Remis à la Gestapo, il est torturé
plusieurs jours et finira par parler de sa découverte
cathare afin de négocier sa liberté.
Les détails fournis sont tels que son témoignage a de quoi
surprendre. Les Allemands récupèrent la malle sur son
aide et celle-ci est déplacée au château de Wewelsburg.
Quant à Alfred Lardinois, il est envoyé à Dachau. Sauvé
par les Américains, il décédera en Belgique en 1966.
Alfred Lardinois ayant réellement existé, on peut évidemment douter
de son récit. Cette malle a-t-elle vraimment existé et
si oui, appartenait-elle
aux Cathares de Montségur ? L'hypothèse selon laquelle
ces derniers auraient puisé dans une cache wisigothe
située dans le Razès deviendrait alors réaliste. Une cache
wisigothe ? Ceci entre en parfaite résonnance avec
l'énigme trésoraire de Rennes-le-Château. Or, il faut
noter que l'information donnée par Alfred
Lardinois est datée de 1943,
soit 13 ans avant la publication de
l'affaire des deux Rennes en 1956...
Exit donc une quelconque influence de l'affaire de
Rennes.
Qu'est devenue
cette malle ? Le coffre
aurait voyagé courant
1943
jusqu'au château de Wewelsburg, le temple de la
SchutzStaffel en Westphalie, d'où l'on pense qu'il
aurait été déménagé à la fin de la guerre pour être
caché en Autriche.
Le château de Wewelsburg,
temple occulte et maudit du 3ème Reich
Conçu pour être le centre idéologique nazi, il accueillit
des cérémonies païennes
Le château aurait aussi conservé de nombreuses œuvres d'art
dérobées durant la Seconde guerre mondiale
C'est en 1945, une fois démobilisé,
qu'Alfred Lardinois recevra la distinction de
« Chevalier de l'ordre de Léopold II » avec palme, la
« croix de guerre » de 1939-45 (avec palme) ainsi que la
« médaille commémorative » de 1939-45 à deux éclairs
entrecroisés, pour services rendus à son gouvernement
dans le cadre de ses fonctions.
La redécouverte des
Cathares
C'est en 1577 que l'on retrouve encore
une trace de la famille de Lévis en
lien avec Montségur. Il s'agit de Jean VI
vicomte de Montségur. Son frère
Antoine-Guillaume qui le succédera en 1603
ne relèvera pas le titre. Alors que le dernier document
qui mentionne le château date de 1510,
la citadelle des martyres tombe dans l'oubli à partir du
XVIe siècle.
Le réveil se déroulera en 1862 où les
vestiges seront classés monument historique. Il faudra
encore attendre 10 ans pour qu'un pasteur protestant
ariégeois, Napoléon Peyrat (1809-1881)
publie en 1870 un premier livre culte "Histoire
des albigeois". Il est le premier à identifier
Montségur à un sanctuaire majeur le la religion cathare
et son travail historique sera dans l'air du temps,
imprégné de romantisme et de fantastique. Le mythe
cathare est né, mais c'est aussi une porte qui s'ouvre
vers toutes les dérives. Le mysticisme et l'ésotérisme
se développent rapidement sans support historique au
cours du XIXe siècle. Tout est mélangé
entre druidisme celtique, culte solaire, tradition
hindoue, gnose wisigothique. Joséphin Péladan
identifie Montségur au Montsalvat de Lohengrin
et de Parzival. On comprend alors pourquoi,
l'histoire de Montségur franchit si facilement le Rhin
avec un certain Otto Rhan qui viendra fouler les terres
d'Oc.
C'est au début du XXe
siècle qu'un autre personnage va émerger et laisser
durablement son empreinte dans l'Aude : Déodat
Roché.
Déodat Roché (1877-1978) Magistrat, philosophe,
anthroposophe, franc-maçon et grand spécialiste
historien du catharisme
Né en 1877 à Arques (Aude) il
s'intéresse très vite à l'occultisme, à la spiritualité
et à la tragédie cathare. Ordonné diacre en 1903
sous le nom de Théodotos, évêque gnostique de
Carcassonne, il fonde la revue : "Le réveil des
Albigeois" qui devient : "La Gnose Moderne".
Licencié en droit, il fait des études de philosophie,
puis devient avocat.
Franc-maçon au Grand-Orient de France, il occupe des
fonctions supérieures, mais sa carrière de magistrat
prend fin avec le gouvernement de Vichy en 1941.
Radié du barreau, il va alors se consacrer entièrement à
sa première passion, le catharisme.
Maire d'Arques en 1935, Conseiller du
Canton de Couiza, il fonde en 1948
la "Société du Souvenir et des Etudes Cathares"
avec Lucienne Julien qui sera secrétaire puis
présidente. Déodat Roché sera à l'origine de la stèle de
commémoration au pied du pog de Montségur en
1960.
Il décédera dans sa maison natale à Arques en 1978
et cette dernière deviendra un musée sur le catharisme.
Déodat Roché au pied de sa
stèle à Montségur
Puis arrive l'année
1966
dans laquelle le public français découvre dans une
émission de télévision la violence de la croisade
albigeoise. Stupeur... Car jusque là, le mythe était
surtout teinté de mystère et de romantisme. Cette
émission s'appelait "La
caméra explore le temps"
et le choix audacieux qui fut fait était de présenter
les Cathares sous un format plus proche de l'Histoire.
Il fallut alors évoquer la rébellion d'un peuple et son
anti-chrétienté face à une cruauté papale et royale sans
limite. Un schisme naîtra à l'ORTF et un bras de fer
s'engagera entre le Général de Gaule, la direction et
les réalisateurs de la nouvelle vague. Il y a des sujets
qui fâchent... On trouvera très vite à la place, pour
les fans de l'Histoire de France, Thierry la Fronde et
Jacquou le Croquant...
Aujourd'hui,
le tourisme a pris le flambeau et même si cela irrite
quelques irréductibles, il a l'avantage de raviver la
mémoire. Le meilleur exemple est celui du sentier
cathare, un itinéraire reliant les célèbres « citadelles
du vertige ». Long de 250 km, il
traverse l'Aude et l'Ariège avec des sites
incontournables comme Aguilar, Quéribus,
Peyrepertuse, Puilaurens, Puivert, Montségur,
Roquefixade et Foix.
Le sentier cathare sur 250 km et les
châteaux du vertige dits "cathares"
Un héritage et une
mémoire...
Comment résumer cette période noire du catharisme, cette
parenthèse de l'Histoire méconnue et peu enseignée ? Il
faudrait tout d'abord évoquer une religion chrétienne
dualiste et plus proche des Hommes qui se répandit un peu partout en
Europe, en Flandre, dans la vallée du Rhin, en
Champagne, en Italie, et dans le sud de la France où un
puissant comte de Toulouse gouvernait entre le Rhône et la
Dordogne. Ce monde semble harmonieux, rythmé par les
traditions raffinées, l'amour courtois et la belle
philosophie chevaleresque chantés en langue d'Oc.
C'était sans compter sur l'esprit d'intolérance
religieuse de l'Église de Rome et la soif d'un pouvoir royal qui s'acharna
sur un peuple. Trois croisades successives furent
nécessaires pour éradiquer le mal hérétique, celle de
Simon de Montfort en 1209,
celle d'Amaury de Montfort en
1219 et celle du roi de France
Louis VIII en 1226. Tout
ne fut que désolation, massacres d'hommes, de femmes et
d'enfants, pillages, bûchers, tortures, délations,
destructions, emprisonnements, sièges, famines... Le résultat
peu glorieux sera la disparition du catharisme, la dissolution du
comté de Toulouse et la création de la très Sainte
Inquisition qui finira le travail dans la terreur.
Comment
peut-on après ceci affirmer que l'existence des Cathares
serait un mythe ? Une légende destinée à satisfaire de
nos jours les productions artisanales et les circuits
touristiques ? Comment tirer un trait sur tant de
souffrance ? Tant de cruauté ? Comment effacer 300 ans
de catharisme ? Comment peut-on
aujourd'hui accepter que certains historiens
déconstruisent l'hérésie cathare et les cruautés,
les bûchers infligés à un peuple ?
Dans une revue récente "Historia", on pouvait lire un
entretien d'un directeur de recherche du CNRS en poste
au Centre d'études européennes de Sciences Po affirmant
ceci : "Le Pays cathare, un monde imaginaire à but
commercial". L'argumentation est facile. La région
du Languedoc a utilisé son patrimoine historique à
outrance pour se développer. Comment accepter
qu'une université entre dans le jeu de cette
déconstruction en organisant une exposition au titre
provocateur "Les Cathares ont-ils vraiment existé ?".
Serait-ce les prémices d'une lame de fond qui a pour but
de modifier les regards de notre société sur notre
Histoire ? Un courant que l'on commence à nommer
timidement "Wokisme" et qui permet à des
minorités d'affirmer leur vérité tout en déboulonnant des
statues de personnage célèbres ?
Le chanoine Delaruelle en 1967 affirmait dans la
revue Archéologia "Il n'y a jamais eu de
bûcher à Montségur". L'Église
éprouverait-elle aussi le besoin de retrouver une
certaine sérénité ? En résumé, deux camps
d'historiens s'affrontent : l'un posté sur une lecture
traditionnelle, le second critiquant les sources, et le
sujet principal de discorde porte sur le mot "cathare"
que l'on trouve rarement dans les archives. A croire que
l'absence de cette appellation permettrait de réfuter la
présence d'une hérésie et de ses cruautés dans le Midi.
Et effectivement, les sources médiévales du Midi
désignent les Cathares par ces mots : "Albigeois, Bons
hommes", "manichéens", "ariens", "vaudois", "patarins",
"hérétiques". Nous y voilà, quatre siècles de souffrance
sont remis en cause pour un problème de vocabulaire !
Car, il ne faut pas se tromper : clamer au grand public
que les Cathares n'auraient jamais existé revient à un
dénie de l'Histoire.
Pourtant les sources disent le
contraire, et le remarquable travail de l'historien
journaliste Michel Roquebert a permis
de retrouver les noms de 200 réfugiés
et victimes du bûcher de Montségur. Les archives ne
manquent pas... Celles de Guillaume de Puylaurens, de
l'abbaye de Berdoues, de Guillaume Pelhisson, de
l'abbaye de Saint-Paul de Narbonne, de l'Inquisition,
toutes témoignent de cette même tragédie effroyable qui répandit le
sang et les larmes sur les terres du Languedoc.
Sur quoi s'appuient les détracteurs ? Des documents qui ne sont que
partiels ou perdus, des preuves absentes, une
chronologie complexe et confuse, des témoignages qui ne
viendraient que de l'Église et de l'Inquisition,
et surtout un nom qui mit en lumière Montségur tout en
lui ajoutant le romantisme de son époque,
Napoléon Peyrat (1809-1881). L'Ariégeois,
pasteur protestant, consacra en effet sa vie aux
Cathares et écrivit son célèbre livre "Histoire des
Albigeois" (1870) en idéalisant une société
médiévale entre fantastique et Histoire. Formidable
travail qui permit d'éveiller les consciences au
19e siècle, mais qui malheureusement jettera le
discrédit sur Montségur. Il n'en fallait pas plus à
quelques historiens pour démonter le catharisme et
réécrire cette période trouble. La crise albigeoise ne
serait finalement que le résultat d'une dissidence
banale entre un pouvoir royal et religieux, et quelques
hérétiques, des Bons hommes et des Bonnes
femmes n'ayant pas suivi la foi officielle de Rome. Plus d'Église
cathare, plus de cérémonie et le consolament est une
invention, pas de
prêtres, d'évêques, exit tout aspect ésotérique ou spirituel.
Mieux, le catharisme ne serait finalement qu'une
affaire de tourisme créée de toute pièce, et amplifiée par le moteur
économique de toute une région. Le révisionnisme est en
marche, et il est clair que certains passages de notre
Histoire dérangent. N'oublions jamais que notre histoire
médiévale s'est forgée par les guerres de religion les
plus effroyables, et il faut sans cesse se battre contre
l'oubli.
La colombe de lumière à Minerve
est heureusement là pour témoigner de la barbarie
infligée à une communauté au nom d'une
religion et d'une royauté. Véritable symbole de la
tolérance entre les peuples, le catharisme prend
aujourd'hui tout son sens et toute sa force. Quatre
siècles de souffrance n'auraient donc pas suffi à nous
rendre plus clairvoyants et plus sages ?
N'oublions jamais que plus de deux cents hommes et
femmes périrent volontairement sur le bûcher de
Montségur tout en nous laissant un message d'amour et de
paix... N'oublions jamais Montségur !
La colombe de lumière à
Minerve
« Al cap dels sèt cent ans, verdejera lo
laurel »
Au bout de 700 ans reverdira le laurier…
Selon la légende, cette
prédiction aurait été formulée par Guilhem Bélibaste, l'un des derniers cathares mis
au bûcher en 1321...
Chronologie de la
croisade
IIIe siècle
Le prophète Manès
fonde la doctrine manichéenne du bien et du mal.
950
Apparition en Bulgarie d'une
religion européenne évangélique hostile à l'Église de
Rome sous
le nom de bogomilisme du nom d'un prêtre, Bogomile.
1022
Adémar de Chabannes, chroniqueur, alerte sur des
condamnations à Toulouse de
"manichéens" envoyés au bûcher.
1025
Des accusés à Arras avouent
travailler de leurs mains, faire voeu de chasteté, être
contre le baptême et toute forme de sacrement afin de
devenir de "Purs chrétiens".
1028
Le duc d'Aquitaine
Guillaume V
réunit un concile en 1028 à Charroux
afin de combattre les hérétiques.
1049
Un concile à Reims signale que
des hérétiques surgissent dans toutes les parties de la
Gaule.
1056
À Toulouse, des hérétiques
sont condamnés
1119
Le concile de Toulouse dénonce
les hérétiques
1139
Second
concile de
Latran
1140
Pierre de Bruis
très actif dans le Languedoc termine sur le bûcher à
Saint Gilles
1145
Mission de
Bernard de Clairvaux
dans le comté de Toulouse pour s'opposer aux discours
non chrétiens
1147
Des moines cisterciens sont
envoyés pour tenter de redonner la raison aux Albigeois,
mais tous échouent
1163
Le moine
Eckbert de Schönau
écrit "Liber contra hereses katharorum"
et utilise le nom
"cathare"
1165
Assemblée de Lombers et
condamnation d'hérétiques locaux
1167
Assemblée cathare à
Saint-Félix-de-Caraman sous la direction de l'évêque
Nicétas de Constantinople
1177
Le comte Raymond
V de Toulouse demande à l'abbaye de Cîteaux une
aide pour combattre l'hérésie
1178
Mission d'Henri de Marsiac dans
le Midi
1179
Le concile œcuménique de
Latran III indique que l'hérésie
progresse
1199
L'hérésie gagne la Dalmatie
et la Bosnie où le bogomilisme est religion d'État
25 mars 1199
L'Inquisition est annoncée par
la bulle papale Inocent III "Vergentis in senium"
1206
L'évêque castillan
Diego d'Osma et son chanoine
Dominique de Guzman tentent de convaincre les
hérétiques et fonde le monastère de Prouilhe près de
Limoux.
1207
Miracle de Fanjeaux
et joute oratoire entre Saint Dominique
et un évêque cathare
15 janv 1208
Chargé de combattre l'hérésie
cathare, le légat du pape Pierre de Castelnau est assassiné
1209
Première croisade albigeoise.
Arnaud
Amaury et Guy des Vaux de Cernay parcourent
alors le royaume de France afin d'inciter les barons à
prendre part à la croisade. Simon de Montfort
est choisi par quatre barons pour diriger la croisade albigeoise.
22 juillet 1209
L'armée des croisés menée par
le représentant du pape Arnaud Amaury et Simon de
Monfort, est chargée par le pape Innocent III de mettre
un terme à la religion cathare. C'est le massacre de
Béziers.
15 août 1209
Le vicomte
Raimond-Roger
Trencavel essuie une défaite cuisante à Carcassonne
devant les croisés commandés par Simon de Montfort.
Carcassonne capitule.
10 nov 1209
Le vicomte
Raimond-Roger
Trencavel
meurt dans la prison de la cité de Carcassonne.
22 juillet 1210
La
ville de Minerve capitule devant les
croisés
3 mai 1211
La
ville de Lavaur tombe.
La soeur d'Aimery, dame Guiraude est
jetée au fond d'un puits et lapidée. Pas moins de 400 parfaits sont brûlés vifs.
1212
Le
Nord de l'Albigeois (territoires du Tarn) et
l'Agenais sont envahis par une nouvelle
arrivée de croisés.
12 sept 1213
Simon de
Montfort et les croisés atteignent
Muret. C'est la bataille de Muret.
Après le sac de Béziers et la prise de Carcassonne,
l'armée vainc Pierre II roi d'Aragon
et meurt
Juin 1215
Croisade des
Albigeois à Toulouse. Les croisés
de Simon de Montfort entrent à Toulouse,
tandis que Raymond VI fuit en Angleterre.
30 nov 1215
Quatrième concile de
Latran. Le pape
Innocent III et le concile œcuménique prennent des
décisions radicales. Les
religions cathares et vaudoises sont condamnées.
La discrimination du peuple juif est approuvée. Une nouvelle croisade est
décidée. Simon de Montfort se fait
attribuer les terres de ses ennemis
25 juin 1218
Toulouse se révolte
contre Simon de Montfort et le pousse hors des murs.
La ville
est assiégée, mais une lourde pierre s'abat sur sa
tempe et le tue sur le coup. Son fils, Amaury,
reprend le combat, mais il sera écrasé par Raymond VII qui récupérera ses terres.
1219
Seconde croisade albigeoise
Son fils, Amaury VI de Montfort,
reprend le combat mais il sera écrasé par Raymond VII qui récupérera ses terres.
14 juillet 1223
Le roi
Philippe Auguste meurt et la paix
est remise en cause
30 janv 1226
Troisième
croisade albigeoise
Tout est prêt pour une nouvelle croisade contre les
Cathares et elle est conduite par
Louis VIII, le père du futur
Saint Louis.
12 avril 1229
La régente Blanche de
Castille, mère de Louis IX, obtient la
signature du traité de Paris avec le comte de
Toulouse Raymond VII qui met fin à la
croisade albigeoise. Le comte est contraint d'abandonner une
partie de ses terres au profit du Roi.
À la mort du
comte, la couronne récupérera l'ensemble des
territoires.
Février 1231
Le pape Grégoire IX
pose les bases de l'Inquisition en France
20 avril 1233
Le pape
Grégoire IX
lance l'Inquisition en France et la chasse aux
hérétiques est confiée aux Dominicains, l'Ordre des
Frères prêcheurs fondé par Dominique de Guzman.
1234
Canonisation de Dominique de Guzman
par l'Église.
13 mai 1239
Robert le Bougre
jette dans les flammes 183 personnes en
Champagne. C'est le bûcher du Mont-Aimé
Juillet 1241
Le château de Montségur est assiégé par
Raymond Trencavel comte de Toulouse
28 mai 1242
Des Inquisiteurs sont assassinés à
Avignonet-Lauragais par des chevaliers cathares
Noël 1243
Prise du Roc de la Tour au château de Montségur
16 mars 1244
Le château de
Montségur capitule et
225 Cathares
sont brûlés vifs au pied des remparts, au "Prat
des cramats"
27 sept 1249
Raymond VII,
comte de Toulouse, principal défenseur des
Cathares, meurt et laisse ses terres à son gendre
héritier, Alphonse de Poitiers. À la mort de ce
dernier, en 1271, le comté de
Toulouse reviendra à la Couronne de
France.
80 croyants Cathares sont brûlés à Agen.
1252
Une bulle papale
d'Innocent IV
décide de légitimer
la torture.
1255
Chabert de Baibaire rend Queribus qui est la
dernière place forte cathare.
1270
Mort de Louis IX (Saint Louis) lors de la huitième
croisade, devant Tunis.
13 fév 1278
À Vérone,
200 Cathares sont
brûlés vivants dans l'un des pires épisodes de
l'Inquisition qui est alors à son apogée.
1303
Geoffroy d’Ablis est nommé inquisiteur à Carcassonne
1309
Jacques et Guilhem Authié, Arnaud Marty, Prades
Tavernier, Amiel de Perles, Philippe d’Alairac et
Raymond Fabre sont capturés et mis au bûcher.
Guilhem Bélibaste s’enfuit de l’autre côté des
Pyrénées.
24 août 1321
Le dernier "parfait"
cathare occitan connu, Guilhem Bélibaste,
meurt sur le bûcher au pied du château de
Villerouge-Termenès. C'est la fin officielle du
catharisme
24 août 1324
L’Inquisiteur dominicain Bernard Gui
rédige son célèbre ouvrage "Pratica
Inquisitionis"
("la pratique de l’Inquisition")
1325
Bûcher d'une croyante
cathare à Carcassonne
1328
Jacques Fournier, évêque de Pamiers
en Ariège et futur pape Benoît XII, décide d'emmurer
vivant 510 Cathares dans la grotte
de Lombrives
9 sept
1329
Dernier bûcher connu de trois Cathares à Carcassonne