Ou l'histoire d'un grand Secret...

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Les Mérovingiens - Rennes-le-Château Archive

Les Mérovingiens
et les mystères de leur lignée

Rennes‑Le‑Château ou l'histoire d'un grand secret

 

 

   Inévitablement, lorsque l'on entre dans les mystères de Rennes‑le‑Château et que l'on étudie ses racines historiques, on est confronté à la dynastie des Mérovingiens. Ce sujet est incontournable, et pour comprendre les liens complexes qui unissent, Prieuré de Sion, descendance mérovingienne, lignée christique, et Rennes‑le‑Château, il est important de rappeler cette page de notre histoire de France et les légendes qui l'entourent...

 

La dynastie des Mérovingiens était‑elle porteuse d'un secret merveilleux ?

 

La lignée des rois mérovingiens
est disponible ci‑contre

 

Qui étaient les Mérovingiens ?

Quelques caractéristiques

 

    Les Mérovingiens régnèrent de 447 à 750 ap. J.‑C. sur un royaume qui s'étendait de part et d'autre du Rhin et donc sur des terres de la France et de l'Allemagne actuelle. Ils sont issus de peuples barbares venus de Germanie et s'installèrent aux frontières de l'Empire romain. Ce sont les Francs et les Goths. Ces nouveaux arrivants s'intégrèrent très facilement avec les Gaulois et participèrent à l'offensive pour repousser les Huns d'Attila.

 

   Le règne des Mérovingiens est aussi associé à de nombreuses légendes qui trouvent leurs racines dans des récits fantastiques comme le Roi Arthur, les Chevaliers de la Table ronde, ou le Graal.

 

   La dynastie trouve l'origine de son nom dans Mérovée qui, d'après la légende, naquit de deux pères : le roi Clodion et une créature "La bête de Neptune".

 

   Mérovée hérita de nombreux pouvoirs magiques et surnaturels qu'il transmit ensuite à ses descendants. C'est ainsi que les Mérovingiens se croyaient investis de pouvoirs surnaturels. Ils guérissaient avec les mains et parlaient avec la nature. Comme pour tracer la lignée, les nouveau‑nés étaient marqués d'une croix rouge sur le cœur ou sur le dos, symbole que l'on retrouvera plus tard chez les Templiers. Les pièces de monnaie sont gravées avec la croix des croisés de Jérusalem.


Mérovée

   Mérovée est considéré comme le premier roi des Francs. Ce personnage mal connu est le fils présumé de Chlodion le Chevelu et semble reprendre la succession du pacte effectué avec les Romains par Clodion. Le 20 septembre 451, il participa avec le général romain Aetius à la bataille des champs Catalauniques contre Attila. Il donna son nom à la première dynastie des rois de France (son nom Mérowig, signifie éminent guerrier). Il épousa Chlodeswinthe vers 446 (?) et eut un fils Childéric Ier.

 

   De la même façon que les Romains, les Mérovingiens se dotèrent d'une loi : la loi salique (du nom des francs saliens, peuple de Clovis). Cette loi, qui est une des bases de la monarchie, oblige la transmission du pouvoir royal par les fils exclusivement. Cette loi qui causera leur perte est à l'origine du partage du royaume entre les héritiers à de nombreuses occasions. En trois siècles, le territoire de Clovis se trouvera découpé maintes fois de façon désordonnée.
 

   C'est à l'âge de 12 ans que le futur souverain obtient le titre de roi. Il devient alors un symbole et l'important est de paraître et non de diriger. Le pouvoir monarchique est relayé par le "maire du palais" qui gouverne directement la région qui lui est attribuée.

 

   Les rois mérovingiens sont polygames et possèdent des harems. L'objectif est de préserver le sang royal et donc ne pas le mélanger à d'autres lignées pour des raisons politiques ou pécuniaires. La vertu mérovingienne vient du sang et la sauvegarde de la race en dépend.

 

   Les rois mérovingiens sont également appelés "Les rois aux cheveux longs", car leur chevelure était un symbole de pouvoir magique. La pire condamnation pour un Mérovingien était d'être tondu, ce qui était souvent pratiqué.

 

   Le crâne des rois défunts était trépané pour permettre à l'âme de quitter le corps. L'incision est très visible sur le crâne de Dagobert II. C'est cette coutume qui permit par exemple de supposer que la sculpture du "Cap de l'Hom" sauvegardée par Boudet était d'origine mérovingienne. Un trou est en effet visible au sommet du crâne. Les rois mérovingiens sont réputés pour leur cruauté et leur fourberie. Ils n'hésitaient pas à trahir leurs proches ou leur famille et à les assassiner.

 

     La jalousie et la soif de pouvoir engendraient les conspirations et les complots. Les reines n'étaient d'ailleurs pas épargnées :

 

   La Reine Frédégonde est restée célèbre pour sa cruauté et sa brutalité envers ses proches. Elle n'hésitait pas à utiliser l'arme blanche ou le poison pour arriver à ses fins. Une anecdote est celle de sa fille Rigonthe qui lui réclamait les trésors de Chilpéric. Frédégonde accepta, mais alors que Rigonthe puisait dans le coffre, sa mère abattit le couvercle sur la tête de sa fille et pesa de toutes ses forces. Une servante qui passait par là appela au secours et l’on vint juste à temps pour sauver Rigonthe de son supplice…


Le supplice de Brunehaut, enluminure issue des Grandes Chroniques de France, XIV°
Bibliothèque Nationale


Le supplice de Brunehaut
par François Guizot 1875

   Un autre fait célèbre qui marque la brutalité de l'époque est celui de la mort de Brunehaut en 613.

 

   Reine et régente d’Austrasie, fille du roi wisigoth Athanagild, Brunehaut épousa en 567, le roi franc d’Austrasie Sigebert 1er, mort assassiné.

 

   En 597, Brunehaut voulut unifier le monde franc, mais elle se heurta à l’aristocratie austrasienne. Les leudes ne virent pas d’un bon œil le fait que Brunehaut prenne le pouvoir et un parti se forma contre elle. Les leudes austrasiens préférèrent offrir les royaumes d’Austrasie et de Bourgogne à Clotaire II plutôt que d’obéir à Brunehaut.

 

  

   En 613, Clotaire II envahit l’Austrasie. Brunehaut préféra fuir jusque dans les montagnes du Jura. Mais elle fut faite prisonnière et livrée au roi de Neustrie. La vieille reine comparut devant le tribunal de son neveu, Clotaire II, qui n’eut aucune pitié pour elle. Brunehaut fut accusée d’un demi‑siècle de crimes, dont la plupart avaient été commis par la reine Frédégonde. Brunehaut fut torturée 3 jours durant, puis le roi ordonna qu’elle soit liée par les cheveux à la queue d’un cheval indompté. La malheureuse fut mise en pièces par l’animal... Son cadavre fut brûlé.

 

   La dynastie royale comprend 40 souverains, et leur généalogie est complexe du fait de la polygamie et de plusieurs mariages entre Mérovingiens.

 

   Il est d'ailleurs intéressant de remarquer que le site de l'église Saint‑Sulpice et de l'abbaye de Saint Germain des prés à Paris représentaient un lieu mérovingien très important. Des fouilles archéologiques effectuées en 1919 mirent en lumière de nombreux vestiges, dont le célèbre tombeau de la reine sorcière Frédégonde. Pierre Plantard fut d'ailleurs le premier chercheur de Rennes à s'intéresser d'aussi près à cette dynastie surprenante.

 

La liste des Rois mérovingiens précédés de leur date de règne

 

428 à 447  CLODION le chevelu (Roi des Francs Saliens)
447 à 457  MEROVEE (Roi des Francs)
457 à 481  CHILDERIC 1er (Roi des Francs Saliens)
481 à 511  CLOVIS 1er (Roi des Francs)
511 à 524  CLODOMIR (Roi d'Orléans)
511 à 558  CHILDEBERT 1er (Roi de Paris)
511 à 534  THIERRY 1er (Reims et Metz)
511 à 561  CLOTHAIRE 1er le Vieux (Soissons)
534 à 548  THIBERT 1er (Metz, Austrasie)
548 à 555  THIBAUD (Metz)
558 à 561  CLOTHAIRE 1er le Vieux (Roi des Francs)
561 à 568  CARIBERT 1er (Roi de Paris)
561 à 575  SIGEBERT 1er (Metz, Austrasie)
561 à 584  CHILPERIC 1er (Soissons, Neustrie)
561 à 593  GONTRAND (Roi d'Orléans, Bourgogne)
568 à 584  CHILPERIC 1er (Roi de Paris, Soissons, Neustrie)
584 à 592  GONTRAND (Roi de Paris)
584 à 629  CLOTHAIRE II le Jeune (Roi de Neustrie)
586 à 612  THIBERT II (Roi d'Austrasie)

592 à 595  CHILDEBERT II (Paris, Austrasie, Bourgogne)
595 à 613  THIERRY II (Bourgogne, Roi de Paris, Austrasie)
613 à 629  CLOTHAIRE II le Jeune (Roi des Francs)
629 à 639  DAGOBERT 1er (Roi des Francs, Austrasie)
634 à 656  ST SIGEBERT III (Roi d'Austrasie)
635 à 657  CLOVIS II (Roi de Neustrie, Paris, Bourgogne)
656 à 675  CHILDERIC II (Roi d'Austrasie)
657 à 673  CLOVIS II (Roi des Francs)
657 à 673  CLOTHAIRE III (Roi des Francs, Neustrie, Bourgogne)
673 à 675  CHILDERIC II (Roi des Francs)
673 à 691  THIERRY III (Neustrie, Roi des Francs, Bourgogne)
675 à 676  CLOVIS III (Roi d'Austrasie)
676 à 678  ST DAGOBERT II (Roi d'Austrasie)
687 à 691  THIERRY III (Roi des Francs)
691 à 695  CLOVIS IV (Roi des Francs et Austrasie)
695 à 711  CHILDEBERT III (Roi des Francs, Neustrie,Bourgogne)
711 à 715  DAGOBERT III (Roi des Francs, Neustrie)
715 à 721  CHILPERIC II (Roi des Francs et Neustrie)
716 à 719  CLOTHAIRE IV (Roi de Neustrie)
720 à 737  THIERRY IV de CHELLES (Roi des Francs)
737 à 743  (inter règne)
743 à 751  CHILDERIC III le Fainéant (Roi des Francs et Neustrie)

 

Les débuts de la dynastie

 

   La lignée mérovingienne démarra par Mérovée, chef franc en 417, puis par son fils Mérovée le Jeune, roi des francs de 448 à 458.

 

   Vint ensuite sur le trône Childéric Ier de 458 à 496. À cette époque, le royaume est prospère et aussi bien le commerce que l'agriculture se développent rapidement. Les souverains étaient d'ailleurs très riches. Une importante fabrique royale se trouvait à SION en Suisse.

 

   La tombe de Childéric Ier fut découverte le 27 mai 1653 à Tournai, à quelques kilomètres de la frontière française. Celle‑ci était entourée de fosses rayonnantes, à une vingtaine de mètres de distance de la sépulture, renfermant plusieurs dizaines d'étalons sacrifiés lors des funérailles. On retrouva dans le tombeau 300 abeilles en or, l'abeille étant un symbole sacré mérovingien. Elles furent confiées à Léopold Guillaume de Habsbourg, et récupérées par Napoléon qui en fit le principal ornement de ses habits. Outre les abeilles d'or que Bonaparte s'appropria, Childéric Ier portait au doigt un anneau sigillaire représentant sa tête coiffée d'une longue chevelure tressée.

 

Clovis, un règne charnière

 

   En 481, l'année fut cruciale pour la dynastie mérovingienne. Clovis devint le premier roi franc de la lignée et étendit son royaume du nord de la Gaule jusqu'à la Loire. Il se maria à Clotilde, fervente catholique romaine. Ceci le décida à se convertir au catholicisme. Ce fut fait à Reims en l'an 496.

   Pour Rome et le pape, ce pacte assurait l'implantation de l'Église en Occident. En échange, il obtint l'autorisation de régner sur l'ancien Empire romain sans durée limitée.

     C'est le pacte de Clovis et son héritage qui sera transmis à la descendance mérovingienne. Le roi franc Clovis étendit son domaine par de multiples conquêtes et construisit son royaume sur les frontières de l’actuelle France et du catholicisme. La dynastie des Mérovingiens pouvait commencer.


Le baptême de Clovis à Reims
Peinture de St Gilles

 


L'Europe en l'an 600 ‑ Ce qui deviendra la France est morcelé en plusieurs royaumes
Les Wisigoths occupent l'Espagne, les Pyrénées et la côte narbonnaise


Carte extraite de l'Atlas historique périodique de l'Europe

© 2003, Christos Nüssli, Euratlas ‑ www.euratlas.com

 

   Clovis fit imposer par tous les moyens la foi catholique et étendit son royaume vers l'Est et le sud de la Gaule. Il fit de Paris la capitale. Il repoussa également ses ennemis jurés, les Wisigoths, en 507, hors d'Aquitaine. Les Wisigoths se retranchèrent alors à Carcassonne, puis à Rhedae (Rennes‑le‑Château) où ils firent leur capitale. Clovis est un personnage historique essentiel, car il traça les premières frontières d’un royaume qui deviendra l’actuelle France et imposa le Christianisme comme religion officielle dans cette partie de l’Europe.

 

   Mais à sa mort en 511, son pouvoir se divisa parmi ces 4 fils, ce qui provoqua des rivalités et le chaos. Le royaume fut partagé progressivement en 3 régions : Neustrie (la Normandie), Austrasie (la Lorraine) et Burgonde (la Bourgogne).

   C'est à partir de cette époque que le pouvoir des Mérovingiens devint confus, naviguant entre l'autorité d'un roi et la souveraineté des maires du palais qui gouvernaient les régions. Les rivalités et les affrontements devinrent alors nombreux.

   À partir de 639, le pouvoir des Mérovingiens s'affaiblit et les maires de palais prirent le dessus. Les rois sont alors nommés "Rois fainéants". Régnèrent ensuite dans l'ordre: Chilpéric Ier, Clotaire II, Dagobert Ier, et Sigisbert III.

 

   Sigisbert III fut assassiné en 676 sur ordre du maire du palais Grimoald qui veut installer sur le trône d'Austrasie son fils Childebert.

 

   Il faut alors attendre Dagobert II, fils unique de Sigisbert III pour que la dynastie mérovingienne connaisse un nouveau rebondissement.


Le gisant de Clovis à
la basilique Saint Denis (Paris)

 

Dagobert II ou la connexion avec Rennes‑le‑Château

Dagobert II est né en 652
de Sigisbert III et d'Immachilde

 

Il est le petit‑fils de Dagobert Ier

 

Il devient roi à 24 ans de 676 à 679

Il épouse Mathilde en 666,
puis Gisèle de Razès en 671,
princesse wisigothe

 

on lui prête au total 6 enfants

 

Il meurt assassiné à 27 ans, le 23 décembre 679
à Stenay
et son règne ne dura que 3 ans...


Dagobert II (652‑679)


Dagobert II ‑ Détail d'un vitrail à l'église de Mouzay près de Stenay

 

Son histoire

 

   Né en 652, fils unique de Sigisbert III et d'Immachilde, il est le petit‑fils de Dagobert Ier. Avant que naisse Dagobert II, le maire du palais Grimoald adopta son propre fils Childebert qu'il voulait faire roi. Et à la mort de Sigisbert III en 656, il confia à Grimoald son fils Dagobert II. Mais le maire du palais, voyant en lui un futur roi potentiel, l'écarta du trône. Pour cela, il le fit tondre (ce qui symboliquement enlève tous ses droits) et le confia à l'évêque de Poitiers Didon qui l'exila en Irlande avec sa mère au monastère de Slane situé au nord d'une cité, l'actuel Dublin. Dagobert II avait alors 4 ans et cette opération le raya littéralement de la dynastie. Childebert prit ainsi sa place et devint Childebert III l'adopté.

 

   Ce fait provoqua la révolte des Grands d'Austrasie, et Childebert III, livré aux Neustriens, fut mis à mort ainsi que son père Grimoald. Les Neustriens imposèrent alors sur le trône d'Austrasie Childéric II. Mais à la mort de Clotaire III en 673, le maire du palais de Neustrie, Ébroïn, choisit Thierry III comme successeur.

 

    Les Grands d'Austrasie se révoltèrent et réclamèrent Childéric II comme roi. Et pour marquer sa prise de pouvoir, ce dernier fit tondre Ébroïn et Thierry III, puis il les enferma dans un monastère. C'était sans compter sur les amis d'Ébroïn qui l'assassinèrent avec sa femme enceinte.

 

   Pendant ce temps‑là, Dagobert II fut recueilli par Saint Wilfrid, le futur évêque d'York qui le protègera en Angleterre durant 15 ans. Wilfrid remarqua le jeune Dagobert et comprit vite qu'il était le successeur légitime du trône d'Austrasie. Il s'occupa alors de lui assurer son éducation en tant que conseiller pour faciliter son retour en France. En 666, Dagobert II épousa une princesse celte, Mathilde, en Irlande et ils s'installèrent à York en Angleterre. Ils auraient eu 3 enfants.

 

   Selon la légende, Mathilde mourut en 670, et Wilfrid orchestra un nouveau mariage en 671 (Dagobert avait alors 21 ans) avec Gisèle de Rhedae, fille de Béra II, comte de Razès de sang wisigoth, et de sa mère Gislica de Wisigothie. Toujours selon la légende, Dagobert II quitta l'Angleterre pour la Septimanie dans le Languedoc où il se cacha. La région était sous domination wisigothe et le mariage eut lieu à Rhedae. L'histoire est souvent faite de contradiction. Voici qu'un Mérovingien, dont la tradition est de préserver le sang de sa race, se marie à une Wisigothe, peuple ennemi juré de Clovis. De ce mariage serait né Sigisbert IV (Le rejeton ardent) en 676. Ce fait, comme nous le verrons par la suite, est contesté, car il ne repose sur aucune preuve historique.

 

   Après l'assassinat de Childéric II, les Grands d'Austrasie eurent alors un seul objectif : remettre Dagobert II sur le trône. Wulfoad, le maire du palais d'Austrasie et successeur de Grimoald organisa alors son retour dans les Ardennes. Dagobert fut proclamé Roi d'Austrasie en 674 avec la complicité de Wilfrid et de l'évêque de SION en Suisse.

 

   Devenu roi, Dagobert II s'imposa très vite en supprimant l'anarchie. Il fut accepté par de nombreuses provinces, mais pas par la Neustrie. Il reconquit l'Aquitaine en 679 grâce à l'appui financier de Rhedae.

 

   Dagobert II possédait une forte personnalité, et il voulut rapidement restaurer l'autorité mérovingienne en s'opposant violemment contre les Maires et notamment Pépin de Herstal (635‑714), maire carolingien d'Austrasie à qui il supprima le droit de gouverner à sa place.

   Dagobert II mit aussi un frein à l'expansion de l'Église de Rome et s'opposa aux nobles désireux d'indépendances.

 

    Il s'attacha aussi à combattre le pouvoir de ceux qui assassinèrent son prédécesseur Childéric II, un Mérovingien. Il implanta également la capitale mérovingienne à Stenay.

 

   Ces prises de position dure signèrent sa perte, et un complot organisé par Pépin de Herstal (sur ordre de Ébroïn pour certains historiens), fut monté avec la complicité du pape.


Dagobert II

 

Son assassinat en 679

 

   Nous sommes le 23 décembre 679. Alors que Dagobert II chasse dans la forêt de Woëvre près de Stenay (au nord de Verdun près de la frontière), il s'arrête près d'une fontaine pour se détendre et s'endort. Mais sa garde s'est imprudemment éloignée sur son ordre. Isolé, Dagobert II est alors assassiné par l'un de ses serviteurs. Il est tué d'un coup de lance dans l'œil et on le retrouve cloué à un arbre. Il avait 27 ans.

   Son escorte ramena son corps à Charmoy et il fut enterré dans la basilique Saint Rémi de Stenay. Jouissant d'une renommée très populaire, Dagobert II fut proclamé saint et martyr. 


L'assassinat de Dagobert II
dans la forêt de Woëvre près de Stenay

 


Stenay, capitale des Mérovingiens, Charmois, et la forêt de Woevre

 

   Le 10 septembre 872, on retrouva par hasard, sous le chœur de la basilique, le tombeau de Dagobert II.

 

    Le Roi Charles II le Chauve exhuma le corps et le transporta à Douzy où il fut mystérieusement canonisé le 10 septembre 872 par le concile métropolitain.

 

   Charles II fit construire une plus grande église à Stenay, la basilique Saint Dagobert. Une châsse d'or et d'argent fut construite pour l'occasion. On y conservera les reliques dont une partie alla à l'abbaye de Juvigny.

 

   L'église Saint Dagobert devint la propriété d'un seigneur de la région.



Dagobert II mort assassiné

   Plus tard, en 1093, un certain Godefroi de Bouillon, descendant mérovingien, siégea Stenay pour récupérer le sanctuaire. En 1789, la Révolution détruisit l'église et les reliques furent dispersées. Seul, son crâne fut récupéré par les sœurs noires de Mons en Belgique.


Sarcophages mérovingiens

 

Après la mort de Dagobert II

 

   Après la mort de Dagobert II, et n'ayant pas de descendance, le Maire du Palais Ébroïn, proposa de placer Thierry III sur le trône d'Austrasie. Pépin de Herstal refusa et l'Austrasie resta sans roi, laissant ainsi le pouvoir au maire pour gouverner la province. C'est la période des "rois fainéants" durant laquelle les souverains trop jeunes furent écrasés par le pouvoir des maires.

 

   Pépin de Herstal dit Pépin le Jeune, devint roi des francs de Neustrie et d'Austrasie. Il mourut le 16 décembre 714, et ce fut son fils unique illégitime qui lui succéda : Charles Martel. Il a tout juste 26 ans.

 

   Célèbre pour avoir arrêté l'invasion arabe en 732 à Poitiers, Charles Martel dut se battre pour régner sur le royaume franc, la noblesse neustrienne voulant se soulever.

Il dut combattre la monarchie mérovingienne et prit peu à peu du pouvoir.


Le gisant de Charles Martel à la Basilique Saint Denis (Paris)

 


Charles Martel à Poitiers en 732 et repoussant l'invasion arabe

 

   Charles Martel mourut le 22 octobre 741, et malgré le fait qu'il ne fut jamais roi des francs, on l'inhuma à la basilique Saint Denis avec les autres rois, une distinction exceptionnelle. La succession fut assurée par ses deux fils, Carloman et Pépin le Bref, le père de Charlemagne.

   Un fait peu connu est celui‑ci : Pépin le Bref usurpa le trône avec l'accord du pape Zacharie en destituant Childéric III, le neveu de Dagobert II et le dernier Mérovingien connu. Pour ajouter à l'humiliation, Pépin le Bref le fit tondre.

 

   Ayant alors la voie libre, Pépin le Bref put être sacré roi des Francs le 27 juillet 754 à la place de Childéric III. La dynastie des Carolingiens pouvait alors commencer, remplaçant celle des Mérovingiens.

 

   En résumé, l'assassinat de Dagobert II, dernier roi mérovingien se prétendant d'ascendance davidique, fut l'évènement qui permit l'usurpation du trône du royaume des francs par Pépin le Bref de dynastie carolingienne.


Pépin le Bref (751‑768)


L'éviction du dernier roi mérovingien Childéric III qui fut tondu

 

La fontaine Saint Dagobert

  La fontaine Saint Dagobert ou "la fontaine d'Arphays" est l'une des deux sources de la forêt de Woëvre. Il s'agit de l'endroit exact où fut assassiné Dagobert II en 679 alors qu'il était roi mérovingien.

 

   L'histoire raconte que c'est au cours d'une partie de chasse à cheval, qu'il fut mortellement frappé en traître sur ordre de Ebroin, le maire du palais de Neustrie et de Burgonde (Bourgogne actuelle)


La fontaine Saint Dagobert ou d'Arphays
dans les Ardennes,
là où fut assassiné Dagobert II

 

   Mais pourquoi ce fait historique est‑il aussi important ? Simplement parce que cet assassinat marque la fin de la dynastie mérovingienne. En effet, Dagobert II n'ayant officiellement aucune descendance, la lignée mérovingienne s'éteignit définitivement. Compte tenu de la très haute importance que cette lignée représentait à leurs yeux, cet évènement fut sans aucun doute ressenti comme la fin d'un règne de plus de trois siècles.

 

   La fontaine Saint Dagobert est devenue aujourd'hui un lieu de pèlerinage initiatique. De nombreux visiteurs tentent par la randonnée pédestre (6 km à partir du château de Charmois) de retrouver la trace de Dagobert II il y a 1500 ans, de même que l'atmosphère oppressante du lieu. Des reliques du Roi y sont même présentées à cette occasion. Il faut souligner que la forêt de Woëvre a conservé son aspect de l'époque, verdoyante et épaisse dans les belles saisons, froide et neigeuse en hiver, ce qui ajoute certainement à la lourdeur et à l'ambiance de ce lieu chargé d'Histoire.


"La Fontaine de Fortune" par René d'Anjou (1457)

 

   C'est aussi cet assassinat historique que l'on retrouve suggéré dans une enluminure célèbre et étrange de René d'Anjou "La Fontaine de Fortune" et qui cache certainement un secret dans sa composition. On y voit deux personnages, un chevalier et son écuyer particulièrement attristés. Le chevalier est intrigué devant une stèle en forme de fontaine. On peut aussi remarquer une lance, allusion sans doute à celle qui servit à assassiner Dagobert II. Il faut aussi noter le casque ailé du chevalier que ce dernier a ôté avant de se recueillir devant la fontaine. Des erreurs grossières dans la projection des ombres sont également à signaler...

 

La légende de Sigisbert IV, fils de Dagobert II

   Ce sont les mystères de Rennes‑le‑Château et la Dalle des Chevaliers trouvée par Bérenger Saunière qui firent remonter à la lumière une certaine lecture de la descendance mérovingienne. Dagobert II aurait eu selon la légende un fils, Sigisbert IV en 676 avec Gisèle de Rhedae († 678). Pour certains, il serait mort avec lui dans la forêt de Woëvre, pour d'autres il aurait survécu, puis aurait été caché afin qu'il ne subisse pas le même sort que son père.

 

   L'histoire officielle nous dit que Dagobert II n'eut pas de fils, et en effet aucun élément ne permet d'affirmer le contraire. On ne peut donc procéder que par faisceaux de présomption, telle une enquête policière.

 

La légende du Rejeton Ardent

 

      Après l'assassinat de Dagobert II par le maire du Palais, Ebroin, ce dernier aurait voulu également en finir avec le fils Sigisbert IV, roi potentiel. Il déploya alors tous les moyens pour parvenir à ses fins. Consciente du danger, Gisèle de Rhedae, la mère du jeune futur roi, décida de le protéger et de le cacher en l'éloignant de la région de Stenay. Il fallait non seulement le faire disparaître discrètement aux yeux des auteurs du complot, mais aussi le mettre à l'abri dans un lieu sûr et distant. Ebroin chercha alors Sigisbert IV dans toute la région, en vain.

 

   Gisèle, aidée d'hommes dévoués à sa cause, organisa le voyage de son fils. Ce fut alors un véritable tour de passe‑passe pour déjouer la surveillance des révoltés et brouiller les pistes. Sigisbert IV fut envoyé à un endroit diamétralement opposé à Stenay, dans le Comté du Razès, province du sud de la Gaule... à Rhedae (Rennes‑le‑Château).

 

   À cette époque, Rennes‑le‑Château était une place forte wisigothe. La citadelle de la cité située au sommet d'une colline et qui est le seul témoignage visible aujourd'hui, était réputée imprenable. Du sommet, la vue permet de surveiller toute la vallée de l'Aude et de la Sals. Les historiens semblent d'accord sur un point : Rhedae était certainement aussi importante que Carcassonne et Narbonne. Dans ce contexte, il est évident que Sigisbert IV, mis au secret, aurait pu avoir une descendance.

 

   Ainsi, le fils de Dagobert II, dit le Rejeton Ardent, aurait permis d'assurer cette précieuse lignée mérovingienne à Rennes‑Le‑Château. C'est en tout cas ce que nous rapporte la légende et l'une des thèses. Bien sûr, il n'existe aujourd'hui aucune preuve historique de ceci.

 

Résumons la généalogie de Dagobert II

 

Dagobert II (652‑ 679) se maria en 666 et eut 3 enfants de sa première épouse Mathilde († 670) :

   Sigebert († 678), décédé un an avant l'assassinat de son père et qu'il ne faut pas confondre avec Sigisbert IV le Rejeton Ardent

   Rotilde qui fut sourde et muette. Elle aurait été guérie par saint Florent

 

   Ragnetrude († 678) dont on ignore tout. Elle est aussi connue sous le nom de Ragentrude de Bavière ou Regintrude

Dagobert II se maria une seconde fois en 671 avec Gisèle de Razès (653‑678) fille de Berae II comte de Razès, et eut officiellement 2 filles :

   Sainte Irmine († 726) qui fut la première abbesse du monastère  d'Oeren en 708 qu'elle fonda près de Trèves (Allemagne).

 

   Sainte Adèle (675‑735) qui fonda l'abbaye de Pfalzel dans le diocèse de Trèves. Elle fut mariée à Aberic et mère d’un fils. Lorsqu’elle devint veuve, elle fut sollicitée par de nombreux prétendants, mais elle préféra entrer en religion. Elle devint alors disciple de Saint‑Boniface et fonda le monastère Palatiole (aujourd’hui Pfalzel), non loin de Trèves (Allemagne), dont elle devint une abbesse réputée et respectée. Elle est aussi la grand‑mère de Saint Grégoire d’Utrecht qui fut l'un des plus dynamiques disciples de saint Boniface, l'évangélisateur de la Germanie.

 

Des éléments qui confirmeraient la légende

 

   Plusieurs éléments convergents tendraient à montrer que cette légende est la mémoire d'un fait historique bien réel :

 

   A cette époque, l'espérance de vie d'un homme était d'environ 30 ans et Dagobert II, bien qu'assassiné à l'âge de 27 ans, avait presque atteint ce seuil. Il est donc tout à fait imaginable que Dagobert II soit le père d'un fils. Autre élément, en ce temps on se mariait à l'âge de 7 ans et les jeunes filles devenaient mères vers 14 ans. Il existe d'ailleurs une étrange affaire : l'existence d'un parchemin de la main de la fille de Dagobert II et de Gisèle : Saint Irmine, abbesse d'Oeren en 708
 

  Il est impensable de croire que Dagobert II n'ait pas tenu à avoir un fils. La descendance mérovingienne en dépendait et il est du devoir d'un roi d'assurer sa lignée, surtout mérovingienne.

 

  Dagobert II se maria pour la seconde fois en 671 à 21 ans avec Gisèle de Razès. Si l'on prend l'hypothèse qu'ils eurent un fils Sigisbert IV en 676 (d'après le Prieuré de SION), ce dernier devait avoir presque 4 ans lors de l'assassinat du père en 679. Sigisbert était donc trop jeune pour prendre des initiatives et trop âgé pour ne pas laisser une trace historique. Cet âge pourrait correspondre.

 

Les éléments à décharge

 

   Il est clair que du point de vue historique, il n'existe aucune preuve ni aucune trace d'un fils roi exilé à Rhedae. Pour les historiens qui admettent son existence, il aurait été assassiné avec son père durant la partie de chasse.

 

   Si l'on suppose que Sigisbert IV a été assassiné dans la forêt de Woëvre, pourquoi n'a‑t‑on aucun écrit, aucune allusion d'un fait aussi important pour l'époque. La mort de Dagobert II est connue avec précision, pourquoi pas celle de son fils ? Comment peut‑on imaginer que l'on n'est aucune trace de la sépulture de Sigisbert IV alors que la dépouille du roi fut transférée dans une basilique pour être transformée en relique. Soit il s'agit d'un mythe, soit ce fils roi a été mis au secret.

 

Que peut‑on en conclure ?

 

   Si l'on admet que Dagobert II n'eut jamais de fils ou qu'il fut assassiné avec son père, le problème de descendance est évident. Et la lignée mérovingienne s'étant éteinte, le pouvoir royal ne pouvait que changer de sang.

 

   À l'inverse, si l'on considère que Sigisbert IV a existé et qu'il a été mis au secret, il y a usurpation du pouvoir royal. La descendance mérovingienne devient alors légitime et tous les mystères entourant cette page de notre Histoire sont compréhensibles. Cette légitimité remettrait donc  en cause les descendances royales suivantes et donc d'une manière plus générale, la lignée complète des rois de France.

 

   C'est sur cette dernière hypothèse qu'est bâti l'arbre généalogique des comtes de Rhedae. L'arbre diffère bien sûr de celui que l'on peut trouver dans les livres d'histoire officiels.

 

   Enfin, c'est sur cette généalogie que Pierre Plantard et son complice Philippe de Cherisey s'appuyaient pour confirmer la thèse d'une descendance mérovingienne dans la famille Plantard. Il est vrai que Sigisbert IV, dit le Rejeton Ardent, se dit en vieux français: PLANT‑ARD

 

Manipulation sur la Dalle des chevaliers

 

   Il existe dans les révélations de Pierre Plantard des exemples de manipulation flagrante. L'une d'elles concerne la Dalle des Chevaliers. Il faut néanmoins considérer que ces manipulations restent anecdotiques si on les compare à tous les éléments amenés par Plantard et qui sont aujourd'hui vérifiés et confirmés par l'Histoire.

   La Dalle des Chevaliers fut découverte par Bérenger Saunière dans son église et servit de preuve pendant quelque temps pour confirmer l'existence du Rejeton Ardent. Cette dalle longtemps présentée d'époque wisigothe ou mérovingienne présenterait sur le tableau droit un chevalier portant un jeune enfant pouvant être Sigisbert IV.

 

    La dalle pourrait alors faire référence au long voyage de ce roi perdu depuis Stenay jusqu'à Rennes‑le‑Château...


Relevé de la dalle des chevaliers
par Stublein

On voit nettement le bouclier à droite qui a été redessiné pour faire
croire à un enfant

   En fait, nous savons aujourd'hui que cette dalle est d'époque carolingienne (vers l'an 771). Le chevalier à droite monte un cheval avec étriers et selle. Il brandit une épée et un petit bouclier rond en usage à cette époque : le bocle.


La Dalle des Chevaliers exposée actuellement au musée
de Rhedae à Rennes‑le‑Château

 

Que serait devenu le roi perdu Sigisbert IV ?

 

   Officiellement, le mystère est complet, car aucune piste n'existe. Il est probable que Sigisbert IV s'il eut existé, serait mort jeune, compte tenu de l'espérance de vie extrêmement basse à cette époque. Néanmoins, le Prieuré de SION apporte des réponses qu'il faut bien sûr interpréter avec prudence et que l'on ne peut ignorer en toute objectivité.

 

   On peut aussi imaginer que la Dalle des Chevaliers trouvée par Saunière et préalablement placée par Antoine Bigou devant l'autel cacherait l'entrée de la crypte sous l'église Marie‑Madeleine et des sépultures importantes, dont celle de Sigisbert IV

 

Le crâne de Dagobert II

   200 ans après la mort de Dagobert II, sa sépulture fut retrouvée par hasard sous le chœur de la basilique Saint‑Rémy de Stenay où il avait été enterré. Le roi Charles II le Chauve fit alors exhumer le corps et le transféra à Douzy pour le canoniser. Ce sera fait le 10 septembre 872 par un concile métropolitain d'évêques. Dagobert II devint alors pour l'église saint et martyr. Charles II fit ensuite construire une plus grande église à Stenay, la basilique Saint Dagobert. Une châsse d'or et d'argent fut construite pour y conserver les reliques dont une partie alla à l'abbaye de Juvigny.

    En 1069, le Duc de Lorraine, qui était le grand‑père de Godefroi de Bouillon, comprit l'importance spirituelle de la sépulture et fit retourner la dépouille de Dagobert II à l'église Saint Dagobert à Stenay.

 

   La basilique Saint‑Rémy de Stenay fait aujourd'hui l'objet d'une fête annuelle le 23 décembre, rendant hommage au roi perdu.


Le crâne de Dagobert II

 

   Mais lors de l'attaque des huguenots à Stenay en 1591, les reliques furent dispersées. Toutes ? Non, car seul le crâne supposé de Dagobert II fut mis à l'abri à Orval.

 

   C'est à la Révolution que le crâne changea encore de propriétaire. Il fut récupéré par le couvent des Sœurs Noires à Mons en Belgique et préservé dans la chapelle Sainte Madeleine. Il faut remarquer sur la photo une curieuse blessure au sommet du crâne. Elle est sans doute due à la coutume mérovingienne de la trépanation.

 

   À la fin du XVe siècle, plusieurs béguines reçurent de l'évêque de Cambrai, Mgr Henri de Berghes, l'autorisation de prononcer les trois vœux et d'entrer en religion. Les sœurs vivaient déjà en communauté depuis une vingtaine d'années et avaient choisi de suivre la règle de saint Augustin. Ce sont les Augustines auxquelles l'évêque impose de porter le scapulaire noir. Ce vêtement leur vaudra le surnom de "Sœurs Noires". En 1485, le Pape leur envoya une bulle d'approbation.

   Au cours des siècles, les Sœurs Noires accumulèrent un important patrimoine souvent désigné "Trésor des Sœurs Noires". Ce patrimoine fut accumulé par la tradition qu'avaient les familles aisées d'offrir au couvent une œuvre d'art lorsqu'une de leurs filles entrait dans la communauté.

 

   En 1910, Mgr Mangin, curé de Stenay, prit conscience de l'importance de la relique et promit à ses fidèles de ramener le crâne à Stenay. C'était sans compter sur l'intransigeance des sœurs de Mons qui se réfugièrent derrière leur hiérarchie et refusèrent de livrer la précieuse relique. Mgr Mangin mourut le 9 septembre 1914 sans aboutir. Le flambeau fut repris en 1962 par l'abbé Vigneron, curé de Stenay.

 

La légende continue

 

   Poursuivant ses recherches, l'abbé Vigneron  tomba sur un courrier de Mgr Mangin faisant état d'un curieux manuscrit. Mgr Mangin aurait appris l'existence d'un parchemin qui appartenait aux moines d'Orval avant la Révolution et qui se serait trouvé avec le reliquaire avant d'être transféré à Mons. Que dit ce parchemin ?

 

   L'écrit signé de Sainte Irmine, abbesse d'Oeren en 708, fille de Dagobert II, raconte l'assassinat de son père, le refuge de son frère Sigisbert IV au monastère d'Oeren, puis le 17 janvier 681 à Rhedae, capitale du Razès. Voici donc apparaître à nouveau la date fétiche de Rennes‑le‑Château : "17 janvier" et le fameux nombre 681, que l'on retrouve aussi sur les pierres tombales de Blanchefort et dans la phrase découverte sur le Grand parchemin :

 

BERGERE PAS DE TENTATION
QUE POUSSIN TENIERS GARDENT LA CLEF PAX 681
PAR LA CROIX ET CE CHEVAL DE DIEU

J'ACHEVE CE DAEMON DE GARDIEN A MIDI POMMES BLEUES

 

   Enfin, notons que Gisèle de Razès, la seconde femme de Dagobert II, était la nièce d'un roi wisigoth et originaire du Razès. Voici une autre belle coïncidence...

 

Les Mérovingiens et Rennes‑le‑Château

Quels sont les liens qui unissent les Mérovingiens à Rennes‑le‑Château et à son énigme ?

 

   Le petit parchemin

   Suite à l'analyse du petit parchemin supposé découvert par Saunière, une phrase énigmatique cite explicitement Dagobert II :

 

A DAGOBERT II ROI ET A SION EST CE TRESOR
ET IL EST LA MORT

 

   On voit ici que le mot SION peut prendre plusieurs sens : s'agit‑il du Prieuré de SION ? De l'évêque de SION qui aida Dagobert II ? De la fabrique royale de SION en Suisse ? Notons que Plantard et de Cherisey sont soupçonnés d'avoir introduit cette phrase dans le parchemin, une supposition qui n'a jamais été prouvée.

   La Dalle des Chevaliers

   La Dalle des Chevaliers découverte par Saunière serait d'époque mérovingienne ou wisigothe et le chevalier semble porter un enfant qui conforte la thèse de Sigisbert IV. En fait, on sait aujourd'hui qu'il s'agit d'une dalle carolingienne et l'enfant serait plutôt un bouclier.

  Le mariage de Dagobert II avec Gisèle de Razès, fille d'un comte de Rhedae wisigoth

   Il est clair que ce mariage est un lien fort qui unit la destinée mérovingienne avec les Wisigoths implantés à Rhedae qui n'est autre que Rennes‑le‑Château.

   Une date clé, le 17 janvier 681

   Cette date qui marquerait l'arrivée supposée de Sigisbert IV à Rennes‑le‑Château est reprise dans plusieurs indices. On trouve le 17 janvier sur la stèle de Blanchefort dans la date de décès de la Marquise de Blanchefort, ou sur la stèle de l'abbé Jean VIE dans l'église de Rennes‑les‑Bains. On trouve 681 sur la dalle horizontale ou dans le grand parchemin avec la phrase BERGERE PAS DE TENTATION QUE POUSSIN TENIERS GARDENT LA CLEF PAX 681 ...

   L'église Saint‑Sulpice de Paris

   Cette église est un élément clé du mystère des deux Rennes. Elle est notamment citée dans le Serpent Rouge. Elle est aussi associée à l'église de Saint Germain des Prés et fut un lieu de culte mérovingien. Plantard ne manqua pas d'y d'approfondir son étude que l'on peut découvrir dans les dossiers Lobineau.

   Boudet et les Mérovingiens

   Il est étonnant de voir en prenant un peu de recul comment l'affaire de Rennes‑le‑Château conserve une cohérence. Se pourrait‑il qu'il y ait un lien entre Henri Boudet, curé de Rennes‑les‑Bains et les Mérovingiens ? Oui, tout simplement dans son fameux livre "La Vrai Langue Celtique ou le Cromleck de Rennes‑les‑Bains".

 

En page 208, Boudet ouvre un chapitre sur les rois francs :

LES PREMIERS ROIS FRANKS

 

... Clodion le Chevelu pénétra fort avant dans la Belgique; sa tête était ornée de la longue chevelure, signe distinctif de l'autorité royale chez les Francks, ‑ load (lôd), charge, ‑ high (haï), il‑lustre, élevé, ‑ to own (ôn), posséder ‑.

L'héritier royal était seul admis à porter les cheveux longs, et ce fait, bien reconnu et certain d'ailleurs, devient encore plus manifeste par la composition du nom de Mérovée, Merowig, le vainqueur d'Attila, ‑mère (mire) seul, ‑ to owe (ô), être obligé de, ‑ wig, chevelure ‑
Lorsque Mérovée mourut, jeune encore, les possessions des Francks s'étendaient jusqu'à la Seine.

Childéric n'était qu'un enfant, lorsqu'il fut appelé, par la mort de son père, au commandement de la nation Franke, ‑ child (tchaïld), enfant, ‑ heir (ér) héritier, ‑ wig (ouigue), chevelure ‑.
Il perdit l'affection et l'estime de son peuple par des fautes si graves, qu'il fut contraint de s'exiler...

 

   Il faut remarquer comment Boudet explique les racines des noms Clodion, Mérovée, et Childéric en utilisant la langue celte. Mais son écrit reste hermétique et seul un lecteur affûté dans l'histoire des Mérovingiens peut s'y retrouver. Le plus curieux est que Boudet ne fait aucune allusion à Dagobert II comme s'il procédait par omission pour attirer l'attention... Une technique déjà éprouvée sur d'autres sujets comme la Pierre dressée des Pontils qui n'est jamais citée dans son inventaire...

 

Les Mérovingiens et le Prieuré de SION

   Immanquablement, l'affaire de Rennes‑le‑Château ramène aux Mérovingiens puis au Prieuré de SION. D'où vient ce lien? La question reste posée. Il est en tout cas indéniable que le Prieuré de SION a joué un rôle dans la communication de certains éléments vrai ou faux qui doivent être versés au dossier. Voici donc quelques éléments de réponse :

 

L'origine des Mérovingiens

 

   D'après certains documents du Prieuré, l'origine des Mérovingiens remonterait à une tribu qui aurait vécu en Arcadie située dans une région de la Grèce (L'Arcadie existe encore aujourd'hui). Ce peuple serait venu s'installer dans l'Allemagne occidentale en donnant les Sicambres, ancêtres des Mérovingiens.  L'intégration des Sicambres dans la société romaine ne posa aucun problème, et lorsque l'Empire romain s'effondra, ils n'eurent aucune peine à récupérer le pouvoir.

 

Le pouvoir usurpé

 

   Le Prieuré de SION n'admet qu'une seule noblesse pouvant assurer la lignée monarchique, celle issue d'une descendance wisigothe ou mérovingienne, sans doute du fait de Sigisbert IV originaire de ces deux sangs. Les Carolingiens et toutes les lignées royales seraient donc montés sur le trône de façon illégitime. De plus, l'Église qui a plusieurs fois trahi le pacte de Clovis s'est rendue coupable et complice de cette usurpation.

 

La descendance mérovingienne

 

   Le Prieuré de SION fournit dans ses documents de nombreuses indications sur la suite à donner au fils de Dagobert II

 

   Sauvé par sa sœur, Sigisbert IV aurait été conduit en secret sur les terres de sa mère dans le Razès en 681 et aurait pris le surnom de "Plant‑Ard" qui est une allusion au "Rejeton Ardent" de la lignée mérovingienne. Il serait devenu ensuite Duc de Razès et Comte de Rhedae puis aurait perpétué la lignée.

 

   La lignée se poursuivit donc avec Sigisbert V de 759 à 758. Le Razès était alors en pleine expansion. Puis vint Bera III de 758 à 770, Guillaume, et Bera IV jusqu'en 813 qui fonda l'abbaye d'Alet‑les‑Bains. Les comtes de Rhedae continuèrent à se succéder avec Argila de 813 à 836, Bera V de 836 à 860, Hildéric I de 860 à 867, et Sigisbert VI dit le prince Ursus de 867 à 885.

 

   La dynastie fait apparaître d'autres noms comme  Bernard Plantavelu, Comte de Limoux et père du futur Duc d'Aquitaine, Guillem de Gellone en 790, Comte de Razès qui conquit Barcelone en 803.

 

   Voulant retrouver son trône, le prince Ursus se souleva contre Louis II en 881, mais il fut battu à Poitiers et s'exila avec sa famille en Bretagne. Ainsi la lignée mérovingienne se poursuivit parmi les ducs de Bretagne et d'Aquitaine durant le IXsiècle. Il perdit ses terres, mais garda pour l'honneur les titres de Duc de Razès et Comte de Rhedae.

 

   Si le Prieuré de SION nous donne une version exacte, on peut affirmer que Sigisbert IV a redonné un nouvel essor à la dynastie mérovingienne, celle des rois perdus. Il faut également remarquer que ce n'est qu'en 1655 que Dagobert II fut autorisé à apparaître comme roi de France de façon officielle.

 

   Mais pourquoi tant de mystères? Que cache cette lignée qui a suscité tant de complots et qu'il fallait à tout prix faire disparaître?

 

   Toujours selon le Prieuré de SION, la race mérovingienne a survécu jusqu'à nos jours et s'est poursuivie par le jeu des alliances dynastiques et des mariages. C'est ainsi que l'on retrouve dans cette descendance des grandes familles nobles ou royales, anciennes ou modernes comme :

 

Blanchefort, Gisors, Saint‑Clair ou Sinclair, Montesquiou, Montpezat, Poher, Lusignan, Plantard, Habsbourg‑Lorraine

 

Lohengrin ou la légende de Bouillon

   La légende de Lohengrin que l'on appelle aussi le Chevalier au cygne conte l'histoire d'un descendant de la mystérieuse famille du Graal. Cette légende a été d'ailleurs reprise par Richard Wagner dans un opéra en 3 actes.

 

   Il était une fois dans le château de Graal, un temple sacré situé à Munsalvaesche, une chapelle et une cloche. Un jour, Lohengrin entend sonner cette cloche, mais celle‑ci est agitée sans l'aide d'aucune main humaine: Une personne de par le monde appelle à l'aide. Une damoiselle en détresse, la Duchesse de Brabaut pour certains, la Duchesse de Bouillon pour d'autres, réclame désespérément de l'aide. Le chevalier Lohengrin s'élance alors à son secours dans une barque tirée par des cygnes. Il réussit à vaincre les agresseurs de la belle duchesse et l'épouse. Mais le jour de leurs noces, il exige d'elle un serment : celui de ne jamais l'interroger ni sur ses origines ni sur son passé. Pendant 7 ans, la duchesse respecta son serment, mais un jour, rongée par la curiosité, elle finit par poser la question interdite à Lohengrin. Ce dernier la quitte aussitôt et repart dans sa barque menée par les cygnes puis disparaît dans le soleil couchant. Il laisse cependant derrière lui un enfant qui, selon la légende, serait le père ou le grand‑père de Godefroi de Bouillon.

   Cette légende permit à Godefroi Comte de Bouillon (1061‑1100) de bénéficier d'une extrême popularité jusqu'au XVIIe siècle. N'oublions pas que cette figure médiévale fut le chef de la première croisade et prit Jérusalem en 1099.

 

   Or, le plus intéressant est que d'après le Prieuré de SION, Godefroi de Bouillon descendrait des mérovingiens. Ceci implique, toujours selon cette thèse, qu'il serait un descendant direct de Dagobert II.


The Knight of the holy grail (1912)
de Frederick Judd Waugh

   On pourrait donc supposer que Godefroi de Bouillon, à la recherche d'un royaume perdu, préféra se tourner vers le royaume divin, la Terre sainte, Jérusalem. Etant le premier croisé à prendre Jérusalem, sa vengeance était donc complète puisque 400 ans plus tard, il récupéra le lieu Saint tant convoité par ceux qui trahirent les Mérovingiens et Dagobert II, les Carolingiens, les Capétiens, et l'Église...

 

  

 

   Ainsi, la lignée mérovingienne serait un des fils conducteurs reliant Rennes‑le‑Château, certaines grandes familles, le Prieuré de SION, et les croisades. Que cache cette mystérieuse dynastie qui a obsédé
certains peintres de la Renaissance ?

 

Quand on sait que Gisors, qui est l'une des grandes familles mérovingiennes est aussi un château, chef‑lieu des Templiers rempli de mystères, il devient très difficile d'occulter la piste mérovingienne de l'énigme des deux Rennes...