Le premier parchemin appelé
"petit parchemin" est
intimement lié au second nommé le grand parchemin. Beaucoup de points communs
existent entre‑eux, mais contrairement au grand document,
celui‑ci
cache encore son secret.
De nombreuses études ont été effectuées, notamment
sur son authenticité et sa géométrie, car il est clair qu'il possède des propriétés
indéniables. Il manque simplement son mode d'emploi.
Protège‑t‑il une phrase clé comme dans le second parchemin ?
Faut‑il utiliser sa géométrie pour ouvrir une piste
topographique ? Beaucoup de travail reste encore à
accomplir...
Le sujet des
parchemins a toujours été une source de polémiques, surtout
depuis que
Philippe de Cherisey prétendit à un moment qu'il en était
l'auteur. Seulement voilà, il fut bien incapable d'apporter
la moindre explication sur le procédé
de codage, et en mélangeant la méthode du saut du cavalier avec le
procédé
Vigenère il se
discrédita irrémédiablement. En fait, il disposait au
travers de Pierre Plantard
de quelques éléments de décodage, mais pas de la méthode
complète qu'un auteur doit obligatoirement fournir pour
confirmer sa signature.
C'est la preuve évidente qu'il n'est pas l'auteur des
parchemins. D'ailleurs, comment peut‑on imaginer qu'il ait
dissimulé la phrase clé "BERGERE PAS DE
TENTATION..." sans en connaître la portée
historique et artistique ni le tableau de
Téniers
concerné.
Loin de cette polémique,
les deux parchemins sont plus que jamais fondateurs, et
lorsque l'on prend la peine d'analyser les textes, une
évidence s'impose : nous sommes très loin d'une
manipulation faite par un amateur en mal de
reconnaissance. Bien au contraire, il s'agit d'un travail d'érudit...
|
Depuis des temps très anciens, la géométrie
exerça sur les hommes une fascination sans limites et il est
difficile aujourd'hui de s'imaginer à quel point elle
influençait la vie de nos ancêtres. Cette science était
certainement un moyen très efficace pour situer l'Homme et
son esprit dans l'espace, de décrire ses limites, de
poser des règles immuables et surtout d'établir une
communication avec le divin.
Si nous voulons répondre à la
question : qui sommes‑nous ? il faut d'abord répondre à la
question : où sommes‑nous ? C'est ainsi que des
mathématiciens, des philosophes, et des artistes tels qu'Euclide, Pythagore,
Platon, Léonard de Vinci se succédèrent
pour énoncer des lois géométriques et pour nous faire entrevoir
la beauté divine au travers de formules mathématiques. Il
était alors naturel d'utiliser la géométrie pour y
transmettre des secrets...
Le petit parchemin offre un bel
exemple de l'art géométrique euclidien appliqué à la
transmission secrète d'un message. Mais comme dans toute
cette affaire, si on croit un instant détenir une piste
sérieuse, on est souvent déçu par les conclusions, car elles
sont souvent inexistantes.
Les études présentées ci‑dessous
sont une synthèse de ce que l'on admet aujourd'hui comme
remarquable et certaines sont issues de
recherches personnelles. Toutes ces démarches, préalablement vérifiées, sont
reproductibles très simplement. Il suffit d'imprimer
le petit parchemin et de se
munir d'un crayon, d'une règle, d'un compas et d'un
rapporteur.
|
Etude I ‑
Le triangle d'Henry Lincoln
|
Étape 1
C'est Henry Lincoln le premier
qui découvrit l'importance de la géométrie dans ce
parchemin. Après avoir remarqué une similitude entre
l'idéogramme en haut et à gauche du document et le
dessin reproduit sur la
pierre Coume Sourde, il eut l'idée
de tenter la reconstruction de cette figure dans le parchemin.
|
La pierre de Coume Sourde d'après Gérard de
Sède
|
La forme géométrique
la plus apparente sur la pierre Coume Sourde
est constituée par 2 triangles isocèles dont la base est
commune. Il est donc naturel de rechercher sur le
parchemin un ou deux triangles équivalents.
Sa première démarche
fut de
rejoindre les croix des lignes
4 et
10 |
On peut alors observer un fait
intéressant : la droite traverse les lettres
SION. Ceci montre que la démarche est la bonne.
Il est à noter que le milieu du segment
AB tombe sur le centre du
O. Du plus la droite passe par l'extrémité du
jambage droite du N, une façon de rendre le trait
plus précis.
Étape 2
Pour tenter de retrouver le
triangle principal de Coume Sourde, Lincoln traça les segments
AC et BC, C étant le sommet de
l'idéogramme.
|
Il est surprenant de voir que les directions
des 2 droites coïncident avec 2 côtés de l'alpha en haut à
gauche.
La piste serait donc prometteuse, mais le
triangle obtenu n'est pas isocèle comme celui de
Coume
Sourde. Les angles en
A,B,C
sont respectivement 69°,
61°, et
50° . Après vérification l'angle
en B fait effectivement
61° et non 60° comme l'indiquent la plupart des
auteurs. Ce détail va s'avérer important par la suite.
Étape 3
Continuant dans la même idée pour trouver les
triangles de
Coume Sourde, Lincoln traça le segment AD, D
étant milieu de
BC, ainsi que la droite passant par
B et la croix de la ligne 7.
|
Un autre fait remarquable est que le
triangle AEB est isocèle
(distance
AE =
distance EB). Les positions des croix ne relèvent
donc pas du hasard, et le parchemin doit effectivement
cacher des propriétés géométriques particulières.
Étape 4
Si l'on trace un cercle de
centre D milieu de
BC et de diamètre
BC
le cercle passe par la croix de la ligne 10.
|
Il est à noter que contrairement à ce
que pensait Lincoln le cercle ne passe pas par la croix de
la ligne 7. A cette étape il faut
malheureusement reconnaître que Lincoln n'a pas réussi à
retrouver les mêmes triangles que ceux de la
pierre Coume Sourde. Le triangle devrait
être symétrique et aligné sur un axe délimité par 2 croix.
Or ce triangle ABC n'est pas isocèle.
|
Étude II ‑
Les triangles isocèles
|
Le triangle 1
L'étape 4 précédente, bien que déjà très
satisfaisante, fait apparaître un détail qui n'est pas
encore exploité. L'alpha
α
en haut et à droite du parchemin montre que
l'un des 3 traits n'est pas utilisé. L'idée des auteurs
Richard Andrews et Paul Schellenberger est alors d'utiliser
l'extrémité de ce trait comme repère. La méthode aboutirait
à un triangle isocèle. Mais je dois
avouer qu'après vérification, le triangle obtenu par cette
construction n'a pas cette propriété.
En fait les erreurs viennent
des imprécisions apportées par les mesures d'une
simple règle alors que le compas est le premier outil du
géomètre. Il fournit une précision inégalée dans la
construction d'un ensemble géométrique complexe.
Voici donc le repère que je
préconise : le M oncial qui surplombe l'alpha.
L'idée est alors de tracer une nouvelle
droite AG qui affleure ce M (oméga inversé).
|
On peut ainsi refaire l'exercice pour retrouver un
triangle aux propriétés intéressantes. Ceci
donne un nouveau triangle ABG. |
Une surprise est alors sous nos
yeux : le triangle ABG
est isocèle, mais ce n'est pas tout :
La bissectrice en
G du nouveau triangle (trait rouge) passe par
E ce qui est un fait remarquable, car les triangles
ABC et
ABG n'ont à priori aucun rapport.
Elle traverse le
O puisqu'il est milieu de
AB.
Les segments EF et
EF' ont la même longueur. Nous savons déjà que
le triangle ABE est isocèle (confirmé par le fait que
la bissectrice en G passe par
E). Les triangles AEF et
BEF' sont donc identiques et isocèles. En
effet, EF = EF', AE = EB, et les angles
AEF et BEF' sont égaux.
Il en découle que AF = BF'
Du fait de la propriété précédente,
les segments
FG et
F'G ont la même longueur. On a
donc un autre triangle isocèle
FGF'
Lincoln avait vu juste. Une forme
semblable à la
pierre Coume Sourde se
cache effectivement dans le parchemin. Seule ombre sur le
tableau, la présence des 2 croix pâtés que l'on ne retrouve pas
dans cette étude. |
Curiosité
Si l'on trace un cercle de centre
A passant par les points F et
E, on constate que le cercle affleure la signature
PS en bas à droite et un M oncial en bas à gauche du
parchemin. Ce cercle est bien sûr de même rayon que le
précédent. |
Le triangle 2
1ère
propriété
Une autre piste est d'utiliser les croix des
lignes 7 et 10. Si l'on trace une droite passant par ces croix,
on observe un second triangle isocèle: le triangle
AGG' |
À ce stade il faut remarquer un détail qui va
s'avérer important pour la suite: La droite affleure le bas du
C à l'extrême gauche et affleure le haut du S
à l'extrême droite. Cette technique qui va être confirmée
plus loin s'avère très utile pour cacher des repères nettement
moins apparents qu'une croix.
2ème
propriété
Si l'on trace un cercle de centre
G' passant par G, le cercle obtenu affleure
la signature PS en bas à droite. |
3ème
propriété
Si l'on trace une droite passant par les points
G et H (milieu de
AB) on obtient le triangle isocèle AGH et
donc AG = AH. |
Étude III ‑
Parallèles et sécantes |
Étape 1 ‑ quelques repères
L'étape précédente a montré qu'il faut
probablement se servir des lettres ou des signes comme repère.
En observant le parchemin, certaines "coïncidences" sont
intéressantes à exploiter : le M (oméga inversé) surmontant un
I, tel que présenté dans le graphisme en haut et à gauche,
apparaît 2 fois dans le texte et avec une orientation
identique. De même, 2 signes inexpliqués vont être utilisés: le
O surmonté d'un accent et le a oncial surmonté d'une
flèche. |
Étape 2 ‑ Les parallèles
La construction des parallèles est réalisée comme
le montre la figure ci‑dessous, en reliant tout d'abord les 2 "MI"
situés à gauche, ce qui donne la droite D. La droite
D'
traverse avec la même orientation le
MI de droite. Cette démarche est confirmée par
l'affleurement des droites sur certaines lettres régulièrement
utilisées à cet effet (N, S, O, I, R, E). La droite D est
effectivement appuyée sur les jambages gauches des 3
N puis du I, d'un E, et enfin d'un
N. La droite D'
s'appuie sur un N, un R, un
S. |
Étape 3 ‑ Les sécantes
La construction des sécantes est réalisée comme
le montre la figure ci‑dessous, en reliant tout d'abord les
croix des lignes 4 et 7, ce qui donne la droite A. La
droite B est tracée en utilisant comme repère l'accent du
O et le signe au‑dessus du A. Un fait remarquable est
alors que la droite C,
affleurant la signature PS, un
O, un S et un E coupe les droites
A et B en leur point d'intersection. |
Étape 4 ‑ Une carte ?
Quelques auteurs ne
manquèrent pas
d'essayer d'établir une correspondance avec la carte de la
région de Rennes‑le‑Château. Il faut reconnaître que
l'expérience est troublante. En superposant le graphisme
obtenu et la carte, des coïncidences avec des lieux
symboliques apparaissent.
Les marques jaunes signalent ces lieux
d'intersection.
Les parallèles semblent croiser les
églises de
Luc‑sur‑Aude,
Rennes‑le‑Château,
Sougraigne, et
le château d'Arques. Les sécantes semblent croiser les églises d'Antugnac,
Coustaussa,
Luc‑sur‑Aude,
Serres.
|
Comme nous le verrons par la suite, la région
de Rennes‑le‑Château détient un grand secret topographique. La
juxtaposition du petit parchemin avec une carte n'est pas dû au
hasard et Henry Lincoln a été le premier à nous montrer cette
piste.. |
Étude IV ‑
Le triangle équilatéral |
Cette étude personnelle est inspirée
d'une recherche détaillée de Richard Andrews et Paul Shellenberger sur la construction d'un triangle équilatéral.
En effet, leur construction est basée sur l'angle en B
qui fait
60° et donc que la droite
CB est un côté du triangle. Or, comme nous
l'avons vu précédemment, l'angle vaut en réalité 61°. La
meilleure preuve est que si l'on applique leur méthode de
construction, le triangle obtenu n'est pas rigoureusement
parfait. |
Voici la méthode:
1) Tracer la droite passant par les croix des lignes 4 et 10,
et placer un point C sur cette droite tel que B
soit le milieu de
AC, comme le montre la figure ci‑dessous.
2) Puis à l'aide d'un compas, tracer un arc de cercle de centre
A et de rayon AC
sur l'alpha du parchemin.
3) Faire de même avec C pour centre.
Les arcs de cercle se croisent en un point
D qui est obligatoirement le sommet du triangle
équilatéral. |
Une première observation est que le sommet
D
n'est pas situé sur la prolongation d'un des côtés de
l'alpha, comme le prétendent certains auteurs, mais à la
base du I
sous le M. Notons également que l'un des arcs
effleure le M et le I.
On peut donc à ce stade tracer le
triangle équilatéral. Plusieurs détails viennent alors
confirmer l'exactitude du tracé :
la droite
AD effleure le
Thêta
θ et le
O. La droite
CD effleure
cinq
O. La bissectrice en
A
coupe exactement le côté CD entre un
O et son accent. La bissectrice en
D effleure la signature
PS.
Cela fait beaucoup pour une seule figure... et il ne peut
plus s'agir de hasard.
|
Une droite étonnante, la droite de
SION
Une droite particulière est celle qui
passe par le centre du triangle équilatéral et qui est
alignée au mot vertical
SION en bas du parchemin. Cette droite, du haut
vers le bas, affleure un
M, traverse, en suivant le jambage, le milieu
d'un second M, affleure les lettres p, E,
traverse en son milieu un autre M, affleure un C,
un R en respectant la direction du jambage, un
M en son milieu, puis affleure les lettres E,
S, O,
N.
Compte tenu du nombre de lettres alignées,
cette droite a certainement une importance dans la suite
d'une construction, mais laquelle ?
|
Les incrédules penseront que tout ceci
n'est que pure construction de l'esprit. Faites l'expérience, prenez un
texte quelconque, de préférence manuscrit, et tentez de
rechercher des propriétés équivalentes. Vous constaterez
rapidement que le nombre de coïncidences s'arrête à 2, voire 3 si vous
avez de la chance, mais certainement pas 12 comme dans le
cas de la droite de
SION.
Ces études montrent que le sujet n'est
certainement pas épuisé, car elles n'expliquent pas toutes
les anomalies du parchemin. De plus, il manque toujours un
fil conducteur fédérateur, une méthode de construction qui
unifierait les différentes propriétés et aboutirait à un
objectif clair, précis, et sans contestation.
|
La suite page suivante |
|
|