Ou l'histoire d'un grand Secret...

News
Livres
Chroniques
Liens
Forum
Ouvrir
Fermer
Focus
Copyright © ‑ Tous droits réservés ‑ Jean‑Pierre Garcia ‑ http://www.rennes‑le‑chateau‑archive.com
Christine de Suède 2 - Rennes-le-Château Archive

Christine de Suède                     2/2
Descartes, Pascal, Poussin et Arcadie...

Rennes‑Le‑Château ou l'histoire d'un grand secret

 

 

La reine Christine de Suède
(1626‑1689)

 

Inconnue dans l'Histoire de France,
ce personnage exceptionnel du XVIIe siècle facilita pourtant l'échange entre des artistes,
des intellectuels et des religieux de toute l'Europe, en créant de réels forums de discussion et en développant une vraie
culture scientifique et littéraire
qui dépasse les frontières.

 

Elle fut un trait d'union très important entre
les scientifiques et les érudits des pays
nordiques, la France et l'Italie. A ce titre,
elle eut des échanges étroits avec
Descartes, Pascal.

 

Installée à Rome à la fin de sa vie, la ville de Nicolas Poussin, elle rencontre les plus grands artistes de son temps. Elle est aussi l'initiatrice d'une Académie qui deviendra à son décès l'Académie d'Arcadie...


 

Christine de Suède (1626‑1689)

surnommée la reine Christine
une femme libre,
en avance sur son temps,

passionnée des arts et des sciences

 

   Christine de Suède est un personnage très peu étudié par les historiens et rares sont les romanciers qui s'aventurèrent à dépeindre sa vie étonnante. Même au cinéma un seul film de 1933 lui est consacré, Greta Garbo y incarne la souveraine.

 

   Ce désintérêt vient sans doute de son caractère insaisissable et de sa pensée en complet décalage avec son époque. Ses agissements dérangent et s'apprécient difficilement dans une Europe en pleine dualité où riches et pauvres, catholiques et protestants, scientifiques et religieux, s'opposent. Cette reine qui refusa le pouvoir, le mariage et l'attachement à un seul pays, la rendent marginale et incomprise. Car admettre sa personnalité complexe c'est aussi intégrer tout ce que le XVIIe siècle représente de progrès, d'injustice et de misère. Cette souveraine d'un autre temps militait pour la paix, la tolérance, la liberté féminine et la culture universelle, une réelle gageure...

 

   Avons‑nous exploré toutes les facettes de sa personnalité ? Certainement pas. La fascination de Christine de Suède vient aussi certainement de certains côtés obscurs du personnage, engendrant mystères et intrigues. Ses activités alchimiques, son rapprochement tragique avec Descartes, cet étrange lien avec l'Arcadie chère à Nicolas Poussin et sa relation étonnante avec le Vatican en font un personnage hors du commun et que l'énigme de Rennes‑le‑Château met en lumière... 

 

 

Sommaire

 

   Sa vie, le règne d'une femme libre passionnée

   Ses intrigues et ses mystères, Descartes, Pascal, Poussin, l'Arcadie

 

La reine Christine et Descartes

   Passionnée par les arts et les sciences, elle utilisa dès 1648 son palais comme forum de discussion et d'échange entre les plus grands savants et les philosophes d'Europe. Sa motivation : profiter de ces salons pour enrichir son savoir et échapper à la vie politique du royaume qui l'ennuie profondément.

 

   Cette assemblée d'érudits, de théologiens et de scientifiques est une occasion unique de débattre des sujets de sociétés et des dernières recherches scientifiques en dehors de toute pression politique et religieuse. La reine ne se contente d'ailleurs pas d'inviter, mais aussi de converser par courrier, ce qu'elle fera notamment avec Blaise Pascal et bien d'autres...

 

   C'est dans ce contexte que Descartes fut invité par la Reine en 1649 dans son Palais. Elle lui demandera même des leçons régulières de philosophie et de géométrie. Les cours ont lieu à 5h du matin dans sa bibliothèque glaciale. Malheureusement, ces rendez‑vous matinaux finiront tragiquement puisque Descartes tombera mortellement malade. Une pneumonie l'emportera le 11 février 1650.

   Du moins, c'est la thèse officiellement déclarée à l'époque et admise par les historiens. Car, nous le verrons plus loin, un réel mystère entoure sa mort, un mystère impliquant la cour de la reine et peut‑être même un religieux...

 


Christine de Suède et sa cour dans la bibliothèque de son Palais en Suède
(la reine est à la table de gauche en robe sombre)


Tableau exécuté par Dumesnil Louis Michel (1680‑1746)
au début du 18e siècle et exposé à Versailles

 

A droite, la reine Christine de Suède (robe sombre) avec Descartes
qui donne une leçon de géométrie,
A ses côtés, la princesse Palatine et le prince de Condé,
à gauche, le père Marin Mersenne

 

René Descartes
(1596‑1650)

 

Descartes est, avec Pascal, parmi les savants les plus reconnus de leurs temps. Philosophe, mathématicien, scientifique, auteur de nombreux traités, il est à l'origine de découvertes essentielles guidées par une méthodologie qu'il inventa et qui reste aujourd'hui
une référence.

 

Le savant rencontra non seulement Pascal, mais aussi Christine de Suède. Il s'éteindra de façon mystérieuse à Stockholm,
le 11 février 1650 à 53 ans.


René Descartes (1596‑1650)

   René Descartes naquit le 31 mars 1596 à la Haye en Touraine. Issu d'une famille de petite noblesse, son père était conseiller au parlement de Bretagne. Jusqu’à l'âge de 16 ans, il fit ses études au collège des Jésuites de la Flèche et continua en étudiant le droit à l'université de Poitiers. Très vite, il se passionna pour les mathématiques et les sciences, mais son esprit ouvert lui apportera aussi du scepticisme sur l’état des connaissances de son époque. Il va alors chercher des réponses dans la philosophie et dans sa ferveur religieuse.

 

   En 1618, il s’engagea en Hollande dans les troupes de Maurice de Nassau, prince d'Orange. C’est à cette période qu’il rencontra un jeune savant, Beeckman, pour qui il écrivit deux mémoires de physique sur la pression de l'eau dans un vase et sur la chute d'une pierre dans le vide, ainsi qu'un Abrégé de musique. Descartes travaillait aussi sur la géométrie, l’algèbre et la mécanique, son objectif étant de trouver des lois communes et des méthodes universelles.

 

   En 1619, il quitta la Hollande pour le Danemark puis l'Allemagne. Après le couronnement de l'Empereur Ferdinand à Francfort, il s'engagea dans l'armée du duc Maximilien de Bavière. Une anecdote raconte que ce fut dans une chambre chauffée par un poêle, en Bavière, qu’il élabora sa méthode qui le rendra célèbre. C’est une révolution scientifique qui se prépare. Son idée : fusionner différents procédés issus de la logique, de la géométrie et de l'algèbre pour créer une nouvelle mathématique. Son ambition est de rénover la science et la philosophie, rien que çà...

 

1619 ‑ Mysticisme et Rose‑Croix...

 

   Descartes est connu pour son esprit cartésien et scientifique, mais le personnage cache aussi des mystères. Comme Blaise Pascal, ce fut au cours d’une nuit qu’il eut une révélation mystique qui changera sa vie. Le 10 novembre 1619, une illumination se révèle à lui. Il fait trois rêves successifs qu'il interprète comme un encouragement divin à se consacrer à sa mission philosophique. Selon ses propres mots : « Le 10 novembre 1619, rempli d'enthousiasme je trouvai le fondement d'une science admirable… ». Son ami et premier biographe Adrien Baillet en fit le récit dont voici un extrait :

   [...] La recherche qu'il voulut faire de ces moyens, jeta son esprit dans de violentes agitations, qui augmentèrent de plus en plus par une contention continuelle où il le tenait, sans souffrir que la promenade ni les compagnies y fissent diversion. Il le fatigua de telle sorte que le feu lui prît au cerveau, et qu'il tomba dans une espèce d'enthousiasme, qui disposa de telle manière son esprit déjà abattu, qu'il le mit en état de recevoir les impressions des songes et des visions.

 

   Il nous apprend que le dixième de novembre mille six cent dix‑neuf, s'étant couché tout rempli de son enthousiasme, et tout occupé de la pensée d'avoir trouvé ce jour‑là les fondements de la science admirable, il eut trois songes consécutifs en une seule nuit, qu'il s'imagina ne pouvoir être venus que d'en haut.

 

   Il raconte alors comment il s'enferme dans son poêle (sa chambre) et conçoit sa méthode. La légende raconte qu'alité, il regarde le plafond au plâtre fissuré et imagine un système de coordonnées, permettant de décrire lignes, courbes et figures géométriques par des couples de nombres arithmétiques, dont il ne reste qu'à analyser les propriétés. C’est ainsi qu’est née la géométrie analytique.

Il fait alors vœu d'un pèlerinage à Notre‑Dame de Lorette à Loreto (accompli finalement en 1623) [...]

 

   Le mystère s'épaissit lorsque l'on sait que Descartes travailla avec Johan Faulhabert (1580‑1635) un mathématicien algébriste allemand particulièrement brillant, très orienté vers la cabale, l'astrologie et l'alchimie. Egalement dans la même période, Descartes eut des échanges avec Isaac Beeckman (1588‑1637) un autre mathématicien, médecin et physicien néerlandais, ami de Marin Mersenne et Pierre Gassendi.

 

    Ce fut sans doute grâce à ces deux connaissances que Descartes décida de quitter son destin militaire pour choisir la voie des sciences. Mais c'est aussi par ces deux noms qu'il s'intéressa à un Ordre hermétiste du XVIIe siècle, la Rose‑Croix...


Le Temple de Rose‑Croix daté de 1618
par Teophilus Schweighardt Constantiens

   La Rose‑Croix est un Ordre hermétiste chrétien qui trouverait ses origines au début du XVIIe siècle en Allemagne. Son fondateur est supposé être Christian Rosenkreutz et ses membres, les rosicruciens, se définissaient comme détenteurs d'une perfection morale et spirituelle. Dans la littérature, la société secrète est souvent présentée comme la succession du Graal et des Templiers. Dans leurs recherches, les rosicruciens recouraient à la cabale et à la numérologie ; ils professaient le luthéranisme et étaient hostiles au Pape...

 

   La coïncidence troublante est que les trois songes de Descartes se réalisèrent un an après la naissance supposée de cet Ordre mystérieux. Eut‑il des contacts avec les membres ? A‑t‑il reçu une initiation qui facilita cette révélation de l'esprit et cette extase ? Difficile de répondre, mais un constat a été fait par plusieurs biographes. Le récit de ces rêves trouve une résonance particulièrement étonnante dans le manifeste de Rose‑Croix : "Les Noces Chimiques de Christian Rosenkreutz" publié en 1616, un ouvrage d'alchimie et d'hermétisme écrit par J.V. Andreae, pasteur luthérien (1586‑1654). Si cela est exact, nous aurions là l'indication d'une certaine influence de Descartes par l'Ordre secret.

D'ailleurs on retrouve dans les écrits d'Adrien Baillet :

   « Si les Rose‑Croix étaient des imposteurs, il n’est pas juste de les laisser jouir d’une réputation mal acquise aux dépens de la bonne foi des peuples ; s’ils appartoient quelque chose de nouveau dans le monde, qui valût la pleine d’être su, il auroit été malhonnête à luy, de vouloir mépriser toutes les sciences, parmi lesquelles il s’en pourrait trouver une, dont il aurait ignoré les fondements. »

   En guise de dédicace d'un traité de mathématique, Polybii Cosmopolitani Thesaurus mathématicus (Trésor mathématique de Polybe le cosmopolite) (1619), on peut lire la ligne suivante : « Totius orbis eruditis et specialiter celeberrimis in G F.R.C. denuo oblatus » (aux savants du monde entier et particulièrement aux F(rères) R.C. (Rose‑Croix) très celèbres en G(ermanie) »). Ce texte ne fut jamais publié. Cosmopolite est le pseudonyme d’Alexandre Sethon, un alchimiste écossais...

 

   Descartes qui séjournait en Hollande et en Allemagne de 1618 à 1622 au plus fort de l'affaire des Rose‑Croix, aurait donc été marqué par ce courant influent. Il n'est donc pas extravagant de supposer que l'imaginaire du savant aurait été inspiré par les textes rosicruciens qu'il devait lire. Les théories sur sa méthode, l'observation et le doute qu'il écrira plus tard pourraient alors trouver leur origine d'une initiation rosicrucienne, cet Ordre alchimique revendiquant un raisonnement équivalent...

 

   De 1620 à 1628, après avoir renoncé à une carrière militaire, Descartes voyagea à travers l'Europe et visita Rome en 1624. Il mit alors à profit durant cette période sa méthode. Les multiples expériences qu’il entreprit lui permirent de s’affranchir de ses préjugés. En 1626 il publia la loi de la réfraction des rayons lumineux. C'est aussi à cette époque qu'il rédigea les "Règles pour la direction de l'esprit", un ouvrage inachevé qui expose l'essentiel de sa méthode. 

 

   En 1628, il se consacra à la philosophie et s’installa en Hollande. C’est à cette occasion qu’il publia un traité de métaphysique tourné vers la religion et les fondements de la physique.

 

   Un autre traité viendra compléter ses études, celui débuté en 1629 sur "le Monde et la lumière" et qu'il achèvera en 1633.

 

   Apprenant la condamnation de Galilée pour avoir soutenu le mouvement de la Terre autour du soleil, thèse qu’il défend aussi, il renonça temporairement à publier son dernier traité, considérant que le conflit entre science et religion est un malentendu. Il publia malgré tout des essais de sa physique, précédés d'une préface. C'est le fameux "Discours de la méthode", suivi de "La Dioptrique, des Météores et de La Géométrie" qui sont des applications de sa méthode.

 

   En 1637, ses idées sont reconnues et respectées. Elles vont le conduire à livrer sa philosophie complète qu’il publiera en 1641 sous le titre « les Méditations sur la philosophie première ». Les grands penseurs de son temps, Mersenne, Gassendi, Arnauld, Hobbes, ne manqueront pas de réagir favorablement, mais aussi avec de nombreuses objections qui alimenteront débats et discussions. En 1644, il continua en publiant les Principes de philosophie.

 

   En 1643, il rencontra Elisabeth de Bohème, la fille de l'électeur Palatin, détrôné en exil en Hollande. La princesse le prend pour directeur de conscience, d'où une abondante série de lettres où Descartes approfondit sa morale ainsi que ses vues politiques et qui conduit en 1649 à la publication du traité des passions de l'âme.

 

   Entre 1644 et 1648, il fit trois séjours en France  où il rencontra Pascal et lui suggèrera les expériences du Puy de Dôme sur la pression atmosphérique.

   Sa renommée devint telle que la reine Christine de Suède l'invita en février 1649 pour qu'il lui enseigne sa doctrine. Descartes, réticent, part tout de même. Mais le dépaysement, la rigueur de l'hiver, la jalousie des doctes contrarièrent son séjour. La reine le convia à son Palais chaque matin à 5h pour y recevoir ses leçons. Mais il prit froid et disparu d'une pneumonie à Stockholm le 11 février 1650 à l'âge de 53 ans.

 

   René Descartes repose en la Chapelle de la petite Église de Saint‑Germain‑des‑Prés, tout à côté de l'église Saint‑Sulpice de Paris

 

 

   Inventeur de la géométrie analytique (alliance de la géométrie et de l'algèbre), Descartes est non seulement un mathématicien mais aussi un philosophe : "Le philosophe de la raison". Il fut rapidement célèbre pour des thèses comme celle des animaux machines, pour son doute méthodique incluant une morale provisoire, pour son hypothèse du Malin génie qui le mènera à la véracité divine, pour le Cogito ergo sum, et pour l'analyse du morceau de cire. C'est l'inventeur de la méthode, où thèse s'oppose à antithèse, obligeant le scientifique à se remettre perpétuellement en question. Einstein écrira que Descartes n'avait pas si tort de refuser la réalité du vide...


Etudes de la vision stéréoscopique par Descartes, qui influenceront ensuite
la peinture et l'architecture

Il est le premier savant a avoir compris le principe de la vision en relief

 

Le mystère de la mort de Descartes

 

   Le 19 février 1650, l’Ambassadeur de France à Stockholm, Pierre Chanut, écrivait à la princesse Elisabeth de Bohème et lui annonçait la mort de René Descartes, alors que 8 jours auparavant il était semble‑t‑il victime d’une pneumonie. Cette annonce officielle fut adoptée par les historiens jusqu'à récemment où un universitaire allemand, sans doute plus curieux, émit une hypothèse qui semble beaucoup plus coller avec les faits archivés.

 

   Car il s'agit encore d'une affaire dans l'affaire telle que les méandres de l'énigme de Rennes savent si bien nous les cacher. La reine Christine de Suède qui avait invité à sa cour le célèbre philosophe français, l’obligeait à lui donner des leçons de géométrie à 5h du matin dans une pièce glaciale. Le père de la nouvelle philosophie, fondateur du cartésianisme, aurait alors pris froid en développant une pneumonie.

   Or c'est en épluchant les archives de l'époque à la recherche d'informations sur les derniers jours du philosophe que des symptômes étranges sont apparus.  Vertiges, maux d'estomac, saignements dans les urines ne sont absolument pas les signes d'une pneumonie, mais plutôt ceux d'un empoisonnement. Ces révélations proviennent d'extrait de la correspondance de la reine de Suède et de l'ambassadeur de France à Stockholm. Christine de Suède envoya au chevet du philosophe le médecin Van Wullen qui nota les symptômes suivants dans son compte‑rendu : coliques, frissons, vomissements, sang dans l'urine. Descartes se fit préparer un vomitif à base de vin et de tabac, ce qui laisse penser qu'il suspectait lui‑même l'empoisonnement. D'autre part ces documents montrent clairement que l'on a cherché à étouffer l'affaire. Un élément troublant s'ajoute à cela : François Viogué aurait refusé l'extrême onction à Descartes mourant…

 

 Descartes aurait alors été empoisonné ! mais pourquoi et par qui ?

 

   Nous voici donc en plein mystère et ce n'est pas tout... Descartes aurait été assassiné par un prêtre à l'aide d'une hostie contenant une dose mortelle d'arsenic. Un véritable scénario digne d'Agatha Christie...

 

   Bien sûr, cette révélation qui dérange est controversée, surtout par le fait que les historiens n'ont aucune piste pour expliquer un tel geste. Les rumeurs vont malgré tout bon train et une explication rapide vient à l'esprit. Descartes aurait été assassiné par un missionnaire catholique français à l’ambassade même, en voyant chez l’auteur des Méditations métaphysiques, un empêcheur de «missionner» en paix. En clair, la rencontre entre la métaphysique et l'esprit cartésien qu'amenait Descartes plus quelques esprits fortement religieux auraient déclenchés une solution fatale.

 

   Toujours d'après cet universitaire, le missionnaire assassin serait François Viogué, un missionnaire apostolique pour les pays du Nord. En 1648, il aurait informé ses supérieurs au Vatican que la reine Christine de Suède, protestante, était susceptible de se convertir au catholicisme. Or, les idées de Descartes ne s'accordent pas avec les dogmes catholiques. La transsubstantiation, principe catholique selon lequel le corps du Christ se trouverait réellement dans les hosties consommées par les fidèles lors de la communion, serait incompatible avec la pensée du philosophe. François Viogué aurait donc vu en Descartes un obstacle à la conversion de la reine et aurait alors décidé de l'assassiner le 2 février 1650. Neuf jours plus tard, Descartes rendit l'âme. En 1654, la reine Christine abandonne sa couronne et se convertit au catholicisme.

 

   Cette affaire vient s'ajouter à la biographie déjà bien troublante de cette reine qui navigue littéralement dans un cercle d'érudits et de religieux plus ou moins liés avec l'affaire de Rennes. Car n'oublions pas que 1650 est une date très particulière pour l'énigme.

 

   Un fait est sûr, la reine Christine abdiqua 4 ans plus tard et débarqua à Rome, la ville de Nicolas Poussin, puis se convertit au catholicisme, alors que la Suède est pleinement protestante... Les historiens ont encore du pain sur la planche pour amener des explications cohérentes...

 

Hypothèse publiée par l'universitaire allemand Theodor Ebert dans son ouvrage, Der rätselhafte Tod des René Descartes (La mort mystérieuse de René Descartes)

 

   Dans un esprit parfaitement objectif, je ne peux m'empêcher de publier ici les réactions de nos chers érudits historiens français, toujours très ouverts à ce style de recherche. On peut tout de même se demander si ces historiens ont accès aux mêmes documents... Alors que cette nouvelle lecture des archives de l'époque permet une révélation étonnante et l'approbation de chercheurs allemands, quelques historiens français réagissent... Je vous laisse juge :

   Les avis sur cette théorie sont mitigés. Jugée crédible par plusieurs universitaires allemands, elle ne séduit pas tous du tout les spécialistes français du philosophe. Pour l'académicien Jean‑Luc Marion, «la question, purement anecdotique, n'a aucun intérêt». Michel Fichant, qui dirige avec lui le Centre d'études cartésiennes, va plus loin : « le journalisme à sensation de M. Ebert ne touche à rien d'essentiel ni même de simplement intéressant ». Pour lui, rien ne justifie de « monter de toutes pièces une histoire d'assassinat jésuitique à l'hostie, dont il n'y a pas l'ombre d'un commencement d'une preuve ». Les spéculations sur l'assassinat de Descartes ne datent pas d'hier : au lendemain de sa mort, cette hypothèse avait déjà été évoquée. Depuis, plusieurs ouvrages ont fait référence à un assassinat de Descartes par des catholiques… ou des protestants. Mais les preuves formelles qui accusent Viogué sont minces. Cette controverse fait plutôt sourire Xavier Kieft, doctorant en philosophie et très bon connaisseur de Descartes : « Il faut aimer les reconstitutions posthumes. Toute cette affaire est finalement assez drôle ».

 

Descartes et Poussin, un parallèle étonnant

 

Qu'on le veuille ou non, il existe entre Descartes et Poussin une étrange convergence dans leur pensée et leur biographie. Descartes naquit en 1596 et le maître des Andelys en 1594. Ils sont à 2 ans près du même âge et ils vécurent le changement de siècle.

    Ils arrivèrent tous les deux à Rome en 1624. Descartes est à Rome dans le cadre d'un voyage à travers l'Europe. Poussin est à Rome pour s'y installer définitivement après avoir eu un coup de foudre. On ne sait s'ils se rencontrèrent entre 1624 et 1625.


René Descartes (1596‑1650)


Autoportrait de Poussin seconde version 1650

 

   Poussin découvre l'art romain. Il se perfectionne dans l'anatomie, suit des dissections, travaille l'optique, la géométrie et les sciences en général. En dehors de la peinture, il passe son temps à lire et à apprendre.

   Descartes suit le même procédé. Le philosophe va visiter les plus beaux vestiges archéologiques et les chefs d'œuvre de la Renaissance. Il travaille sa géométrie et les mathématiques. Il deviendra un expert dans la perspective, un sujet très prisé par les artistes de son temps. La lecture lui prend aussi beaucoup de temps et découvre les travaux de Galilée et de Copernic.

 

   Les deux hommes se suivent sans que l'on sache s'il se croisèrent. Leur soif d'apprendre est la même et les sujets qu'ils abordent sont étonnement similaires...

 

   En 1629 Descartes s'installe aux Pays‑Bas et Poussin reste à Rome. Ces deux érudits choisir donc de s'exiler hors de France pour mieux conserver leur liberté intellectuelle at affirmer leur indépendance. Tous deux, au travers de leur art, perfectionnent les règles et leur outils. Poussin perfectionne sa manière de peindre en travaillant l'harmonie et les cènes. Descartes invente une méthode scientifique et la complète par la philosophie.

 

   Alors que Poussin est invité par Louis XIII en 1640 pour mettre son art au service des bâtiments du roi, Descartes est invité par la reine Christine de Suède en 1649 pour lui prodiguer des leçons et amener son savoir. Tous deux refusent les fonctions officielles et aspirent seulement à se consacrer à leur passion.  

 

   Leurs démarches sont similaires. Ils suivent une méthode dictée par la logique et la clarté. De nombreux critiques constateront d'ailleurs que la manière de peindre de Poussin suit les mêmes règles que Descartes : méthode et logique. Ils cherchent l'ordre et détestent la confusion.

 

   Ils sont tous les deux passionnés par la poésie, la mythologie et les références antiques. Ils sont également attirés par l'archéologie et l'art en général.

 

   Descartes meurt à Stocklom en 1650 et Poussin meurt 15 ans plus tard en 1665 à Rome en dehors de France.

 

La reine Christine de Suède initie une Académie arcadienne

L'Académie d'Arcadie

 

    Initialisée en 1674 par la reine Christine de Suède, son Académie devint à sa mort et en son hommage, arcadienne et littéraire en 1690

   Elle était composée d'érudits et de poètes provenant surtout de son entourage.


L'emblème des bergers arcadiens

   Chaque membre était inscrit sous un pseudonyme "pastoral", le but étant de se rapprocher de la tradition grecque et de son supposé paradis arcadien. Les flûtes du dieu Pan en devinrent même le symbole. Ils siégeaient masqués, sous le costume des bergers d'Arcadie. Les armes de l'Académie étaient une syrinx ou flûte pastorale, couronnée de pin et de laurier.

 

   Le terme Arcadie provient d'une région grecque du Péloponnèse, mais il fait aussi référence à un roman pastoral en prose et en vers de Jacopo Sannazaro "L'Arcadia" (1501). L'Arcadie était associée à cette époque à une image idyllique et rurale du monde poétique partagé entre les traditions grecques et latines.

 

   L'Académie d'Arcadie a comme fondateurs Giovani Mario Crescimbeni et le jurisconsulte Gravina qui rédigea le règlement dans la langue et dans le style des tables de la loi et des 12 commandements.  


Giovanni Mario Crescimbeni
par Louis Legoux



 

   Giovanni Mario Crescimbeni naquit à Macerata en 1663 et disparut à Rome en 1728. Il était homme de lettres italien, à la fois poète et critique littéraire. Il fonda en 1690, à la mort de Christine de Suède, l’Académie d'Arcadie. Il fut apprécié de Clément XI et Benoît XII qui lui accordèrent des bénéfices lucratifs. Il prit sur la fin de sa vie l’habit jésuite.  

   Les armes de l'Académie d'Arcadie étaient composées de branches de lauriers, d'un chien et d'un bâton de berger, le berger gardien (CUSTODIA) étant Giovani Mario Crescimbeni.

 

   Les Arcadiens se voulaient indépendants et sans hiérarchie. Seul l'enfant Jésus était proclamé leur seul protecteur puisque c'était de simples bergers de Bethléem qui avaient été les premiers à apprendre la nouvelle de la naissance du Sauveur.


Armes des gardiens de l'Académie d'Arcadie

 

  Les réunions se tenaient sept fois par an dans un jardin. Elles étaient autant d'occasions de créer de nouvelles œuvres pastorales, poétiques, dramatiques et musicales.

   Dès l’année 1726, l’Académie tenait séance tous les jeudis d'été sur le mont Janicule dans un bois de lauriers et de myrtes, appelé bois de Parrhasius.

   En hiver, c'est dans la salle des archives et des portraits des membres les plus illustres, le Serbatajo, que la société savante travaillait.

 

   10 ans plus tard, le nombre des membres s'élevait à plus de  600 membres... Les séances solennelles avaient lieu au Capitole et parmi les modifications apportées aux règlements primitifs, l'une d'elles prévoyait l’élection d’un président renouvelé tous les quatre ans. Les Arcadiens se sont également exportés en France, mais le régime royal étant plus strict, ils furent plus discrets.

   l'Orto Botanico est depuis 1883 le Jardin botanique de l’Université Sapienza à Rome. Il abritait les pentes du Janicule qui depuis l’Antiquité étaient composées de somptueux jardins, tels ceux de César.

 

   A la Renaissance, le cardinal Riario, puis les Corsini reprirent la tradition. C’est sur ce territoire que se trouvait le célèbre Bosco Parrasio, siège de l’Académie d’Arcadie, et qui rassemblait les meilleurs poètes, les bergers arcadiens...

 

   Le Bosco Parrasio était sensé représenter le jardin sacré d'Apollon situé sur le mont Lycaeus de la région d'Arcadie dans l'ancienne Grèce.

 

Le Bosco Parrasio


Le Bosco Parrasio en pleine réunion arcadienne en 1788
(Institut Tessin, Paris)

 

   L'Académie d'Arcadie (AA) existe toujours aujourd'hui en tant qu'académie littéraire. La porte principale encore présente du Bosco Parrasio protège cet ancien paradis gréco‑romain.


La porte principale du Bosco Parrasio à Rome... L'Académie d'Arcadie...

 

   Au fil du temps l'Académie devint réputée et parmi les bergers arcadiens on trouve des noms célèbres comme le Cardinal Pietro Ottoboni, l'architecte Filippo Juvarra, le poète Pietro Metastasio, le compositeur Alessandro Scarlatti, mais aussi le poète Labouisse‑Rochefort de Castelnaudary qui écrivit cet étrange ouvrage :
"Un voyage à Rennes les Bains"
.

 

   Un autre membre de ce cercle fut le pape Léon XIII connu pour son blason que l'on peut admirer sur le fronton de l'église de Rennes‑Le‑Château.  

   Juste au dessus de la porte et sous l’inscription "Terribilis est locus iste" (Ce lieu est terrible), nous trouvons les armes du pape Léon XIII (1810‑1903) suivies de sa devise tirée des maximes prophétiques de Malachie liées à chaque pape :

"LUMEN IN COELO"

 

   Ce qui signifie « La lumière dans le ciel », ou si l'on adopte le langage de Henri Boudet, «lucarne», en anglais 'skylight' .

 

   Le pape Léon XIII (1810‑1903) était berger arcadien et donc membre d'Arcadie, avec son blason en clé de voute, au centre de l'arcade  du fronton de l'église Marie‑Madeleine...


Le blason du pape Léon XIII clé de voute
de l'église de Bérenger Saunière


Blason Léon XIII (Vatican)

  
Le pape Léon XIII (1810‑1903)

    A titre de comparaison, voici les armes du Pape Léon XIII peintes sur la voûte de la salle d’étude des Archives Secrètes Vaticanes.

 

   Son appartenance à l'Académie d'Arcadie et sa présence sur l'église de Saunière ressemblent à un joli clin d'œil au fameux tableau de Nicolas Poussin, Les Bergers d'Arcadie II ...

 

   Une Académie est une assemblée de savants, d’artistes et d'érudits reconnus par leurs pairs et qui a pour mission de veiller aux usages dans leurs disciplines respectives et de publier des ouvrages tels que des dictionnaires, des grammaires, ou divers recueils destinés à l'enseignement.

   L’Académie de Platon est considérée comme la toute première académie. C'était en réalité une école qui fut fondée à Athènes en ‑387. C'est au XVIe siècle que les Académies renaissent sous différentes formes. On trouve par exemple l'Académie du dessin de Florence (1563).

 

   C'est au XVIIe siècle que les Académies fleurirent, d'abord en Italie puis partout en Europe. Les Académies rassemblaient des savants et des experts choisis par le Roi. Eux seuls étaient ainsi habilités à discuter solennellement des sujets de leur spécialité. Ainsi naquirent l’Académie des Arts, l’Académie des Sciences et l’Académie de Médecine... Plus tard naitront l'Académie française fondée par Richelieu en 1635 et l'Académie des Beaux‑arts en 1648.     

 

La reine Christine et l'énigme de Rennes

   La reine Christine eut durant son périple entre la Suède, la France et l'Italie, des rapports très privilégiés avec plusieurs cercles du XVIIe siècle. Mais le plus étonnant est que l'on retrouve dans ces cercles des personnages bien connus de l'énigme de Rennes. La reine est aussi un maillon important entre Rome et Paris, entre Mazarin et le pape, entre les savants Français Descartes / Pascal et Nicolas Poussin.

 

   L'Académie d'Arcadie créée à titre posthume serait alors le révélateur d'un courant particulièrement énigmatique et dont Poussin est la référence.
Ajoutons à ceci un tableau bien étrange où elle semble nous indiquer une grotte
(voir plus bas)...

 

Les faits majeurs reliant la reine Christine à l'énigme de Rennes :

 

 

 

La reine Christine eut des échanges avec Descartes et Pascal, deux illustres savants français qui échangeaient ensemble régulièrement à propos de leurs travaux. Or Blaise Pascal,  avait aussi en tant que janséniste, des relations avec l'abbaye de Port‑Royal que l'on sait reliée à l'énigme de Rennes par Nicolas Pavillon, lui‑même janséniste...

 

 

 

La reine Christine s'installa à Rome et fréquenta les plus grands artistes italiens de son temps dont des amis et des élèves de Nicolas Poussin. Elle ne pouvait ignorer les œuvres du Maître des Andelys et donc son chef d'œuvre les Bergers d'Arcadie.

 

 

La reine Christine créa l'Académie Clémentine qui deviendra à sa mort et en son hommage, l'Académie d'Arcadie. Difficile de croire à un pur hasard... La reine était donc très sensibilisée au thème des bergers arcadiens dont Poussin était le représentant symbolique...

 

 

 

La reine Christine semble avoir eu des liens particuliers avec le cardinal Giulio Rospigliosi (1600‑1669) qui fut pape Clément IX de 1667 à 1668. Rappelons que Rospigliosi était un commanditaire privilégier de Nicolas Poussin

 

 

 

La reine Christine eut, contre son gré, l'immense privilège de reposer dans la crypte des papes. Elle hérita, semble‑t‑il, d'une reconnaissance toute particulière de l'autorité vaticane et des papes... Quelle est la vraie raison ?

 

   Parmi les très nombreux personnages que la reine fréquenta, certains, particulièrement reliés à l'énigme, sont à noter :

Pierre BOURDELOT (1610‑1685)
Médecin personnel de la reine et de la famille de Condé

 

   L’abbé Pierre Michon Bourdelot était un médecin et un anatomiste français qui naquit en 1610. Il est le fils d’un barbier‑chirurgien de Sens, Maximilien Michon, et de la nièce de Théodore de Bèze (1519‑1605), ce dernier étant le célèbre théologien protestant qui sauva des guerres de religion le Codex Bezae Cantabrigiensis. Cet ouvrage aurait notamment servi à l'élaboration du petit parchemin dit de Saunière.

 

   Adopté par deux oncles, Edmé Bourdelot, médecin du roi, et Jean Bourdelot, juriste et helléniste, il choisit de garder le nom Bourdelot.
   En 1629, il commence ses études à Paris et devient médecin de François de Noailles, ambassadeur à Rome, en 1634.

 

   Un autre fait va aussi le relier à l'énigme de Rennes, car il est le médecin de la famille de Condé à Paris, famille que l'on sait liée à Port‑Royal par la duchesse de Longueville. Il est au service de Henri II de Condé dont il est un familier en 1638, puis à sa mort en 1646, sert son fils Louis II, duc d’Enghien.

 

   En 1640 il fonde une académie savante qui se réunit deux fois par mois et qui est fréquentée par des scientifiques, des philosophes et des écrivains. Après une interruption du fait de troubles politiques, le cercle reprend ses activités entre 1664 et 1684. De nombreux scientifiques parisiens y participent comme Joseph Guichard Duverney (1648‑1730).

 

   En 1651 il est auprès de la Reine Christine de Suède souffrante, puis revient en France en 1653. Il est alors médecin de Louis XIII et de l'abbé de Massay.

En 1659, il est médecin du « Grand Condé » de retour d’exil.

 

Pietro Sante BARTOLI (1615‑1700)
Antiquaire archéologue de la reine, élève de Nicolas Poussin

 

   Pietro Sante Bartoli naquit à Pérouse (Ombrie) et il fut un élève de Nicolas Poussin en 1635. C'est un graveur italien qui élaborait ses œuvres à l'eau forte.

 

   En 1640 il travaille au service de la reine Christine comme antiquaire, mais c'est aussi un archéologue. En 1660 il effectue des fouilles à la Domus Aurea (La Maison d'Or) à Rome et produit des dessins qu'il publiera. Plus tard, il habitera à Paris où il sera présenté à la cour de Louis XIV.

Bartoli s'éteint à Rome le 7 novembre 1700

 


Gravure extraite de l'Arche de Titus à Rome par Pietro Sante Bartoli

 

   Parmi les nombreuses gravures de Bartoli, il faut retenir celle représentant l’entrée triomphale de l’armée romaine dans la capitale. On y voit une partie du trésor de Jérusalem dont le chandelier à sept branches (Ménorah), et la Table de Proposition en or massif. Cette gravure est la reproduction de l’un des bas‑reliefs de l’arc de Titus, érigé par Domitien en 81, pour commémorer la victoire de l'empereur romain sur les révoltes juives commencées en l'an 66 et terminées en l'an 70 par la prise de Jérusalem.

 

Sébastien BOURDON (1615‑1700) ‑ Premier peintre de la reine

 

  En 1634 il est à Rome. Après avoir étudié Caravage ou Claude Lorrain il peint plusieurs chefs d'œuvre puis arrive à Paris en 1637.

Peintre protestant, il réalise un autre chef d'œuvre qui le consacrera :
"Le Martyre de saint Pierre".

 

En 1648 il fait partie des fondateurs de l'Académie royale de peinture et de sculpture de France.

 

   C'est en 1652 qu'il est invité par la reine Christine et qui le nomme alors son "premier peintre".

 

 

 

Cette gravure arcadienne fut réalisée par David Herrliberger (1697‑1777) d'après Sébastien Bourdon.


Paris Bibliothèque nationale

 

Deux tableaux particulièrement évocateurs...


La reine Christine et, en arrière plan
Giulio Rospigliosi qui deviendra le pape Clément IX

 


Portrait de la reine Christine
par David Beck (musée de Stockholm)
Que nous montre la reine Christine ?

 

 

   La toile de gauche montre clairement un lien entre la reine Christine et le cardinal Giulio Rospigliosi, pape Clément IX de 1667 à 1668. Erudits et passionnés d'art, ces deux personnages eurent de façons évidentes des points de convergences. 

Mais n'oublions pas qu'ils eurent aussi tous deux un lien arcadien.

   Alors que Giulio Rospigliosi est un des commanditaires de Poussin que l'on relie volontiers aux fameux Bergers d'Arcadie, la reine Christine de Suède crée l'Académie Clémentine qui deviendra à sa mort arcadienne...

 

Cela fait beaucoup de coïncidences...

 

Que nous montre
la reine Christine ?

 

   Le tableau de droite est de loin le plus étrange. On y découvre la reine Christine vêtue d'une robe  de couleur or et dans une position inhabituelle car il ne s'agit pas vraiment d'un portrait. Entièrement tournée sur sa droite jusqu'à montrer son dos, la reine nous indique un objet ou une direction. Sa main gauche tient un document et son index pointe en arrière‑plan l'ouverture extérieure d'une grotte.

   De plus le drapé en or est mis en valeur de telle façon que le visage de la reine est anecdotique, une manière d'indiquer que le portrait n'est pas l'essentiel de la toile...

   Sa main repose sur une boule, symbole alchimique de la première matière. Sa coiffure est ornée d'un bouquet champêtre et sa main droite retient une écharpe légère qui vole au vent...

   La reine Christine se passionnait pour l'alchimie et ce tableau a souvent été associé à ses activités souterraines. Mais ceci n'explique pas tout. En guise de décor, la reine nous montre aussi les bords extérieurs de ce qui pourrait bien ressembler à une grotte. Ce tableau garde effectivement un mystère. Il est vrai que l'une de ses citations est :

"La chimie est une belle science, elle est l'anatomie de la nature
et la seule véritable clé qui ouvre tous les trésors"

 

Giulio Rospigliosi (1600‑1669)
pape Clément IX

 

   Le cardinal Rospigliosi naquit le 27 janvier 1600 à Pistoia, près de Florence en Toscane. Il est issu d'une grande famille noble et étudia à l'université de Rome avec trois professeurs célèbres. Il alla ensuite à l'université de Pise où il reçut un doctorat de philosophie. Il devint par la suite Archevêque titulaire de Tarsus, Cardinal de Saint‑Sixte, puis Pape Clément IX de 1667 à 1668.

 

   Ami des lettres, érudit, pacifique, économe, libéral, et père du peuple, il était également un grand amateur et un protecteur des arts. Connu comme ayant été très certainement un commanditaire de Nicolas Poussin en tant que cardinal, il ne pouvait ignorer le tableau des Bergers d'Arcadie II créé vers 1650


Giulio Rospigliosi en 1669
(Par Carlo Maratta)

 

Quelques repères...

Date

Poussin et Pascal

Christine de Suède

1629

Date présumée des Bergers d'Arcadie version I par Nicolas Poussin

 

1635

Bartoli est élève de Nicolas Poussin

 

1640

Court passage de Poussin à Paris avant de revenir à Rome

Bartoli travaille comme antiquaire au service de la reine

1648

Début de la Fronde

La paix de Westphalie est signée. La reine peut se consacrer à ses passions et invite

1649

 

La reine invite Descartes et le prince de Condé

1650

Date présumée des Bergers d'Arcadie version II par Nicolas Poussin

Descartes meurt officiellement d'une pneumonie

1654

 

La reine abdique et se convertit au catholicisme

1655

 

La reine arrive à Rome pour la première fois

1656

Date de la mystérieuse lettre de l'abbé Louis Fouquet parlant de Poussin

Pascal est sollicité par ses amis jansénistes. Il écrit les Provinciales

La reine est en France et tente d'obtenir le trône de Naples par Mazarin

1660

 

La reine cherche à revenir en Suède pour régler le problème de succession

1662

Pascal meurt

La reine cherche à revenir en Suède pour régler le problème de succession

1665

Nicolas Poussin meurt

 

1667

Giulio Rospiglioso devient le pape Clément IX

 

1668

 

La reine s'installe définitivement à Rome au Palais Corsini

1674

 

La reine Christine crée l'Académie Clémentine

1679

La duchesse de Longueville meurt

Louis XIV et le pouvoir entrent dans une phase répressive contre le jansénisme et Port‑Royal

 

1689

 

La reine décède et repose auprès des papes au Vatican. L'Académie d'Arcadie est créée...

 

  

 

 « Nec falso nec alieno » (rien de faux, rien d'emprunté)
fut sa devise...

 

Au physique ingrat, de petite taille, le visage irrégulier,
élevée comme un garçon, féministe avant l'heure, la reine Christine fascine.
Intelligente, dotée d'une grande culture, en relation avec
les plus grands d'Europe,

curieuse, orgueilleuse, excentrique, tolérante, non conformiste,
influente, cette reine hors du commun a, de par son personnage insaisissable,
totalement échappée aux historiens.

 

Paradoxalement, c'est peut‑être l'affaire de Rennes
qui la fera mieux connaître...