L’affaire
des deux Rennes est une véritable école pour l'étude des
symboles, comprendre leur signification et suivre leur histoire à travers le
temps et l'espace. Car l’analyse de l'énigme aborde très
souvent des concepts
scientifiques, artistiques, religieux, occultes ou
ésotériques qui nécessitent une traduction correcte des
représentations visuelles et de
leur évolution. Qu’ils
soient imagés, sculptés, dessinés, peints, les symboles portent en eux des récits
qui ouvrent immanquablement sur des recherches passionnantes et
très riches. Les symboles sont comme les mots. Ils
s'associent selon une grammaire. Ils ont une
orthographe, des racines et une étymologie
qui trahit leur véritable sens et leur origine. Et
comme les mots d'une langue mal apprise, ils peuvent
aussi provoquer la confusion, l’incompréhension, le double sens,
voire une interprétation erronée. Les symboles
possèdent un langage et des
règles.
Rencontré sous une forme
dérivée lors de l’exploration du
Méridien de Paris, le
symbole du caducée transcende l'Histoire et
permet de voyager dans le temps et l’espace. Il est aussi
porteur d'une grande confusion, ce qui explique sans doute
pourquoi cet emblème est tombé dans l'oubli. Il faut dire
que l'objet est confondu à tort avec un autre symbole, le
bâton d'Aclépios, l'emblème des professions
médicales.
Le caducée est pourtant
l'un des symboles fondamentaux qui nous viennent du fond des
âges et qui mérite à ce titre que nous gardions en mémoire
sa vraie signification et sa véritable portée symbolique ;
d'autant que son message est très lié à des notions récurrentes
que l'on trouve dans l’énigme des
deux Rennes...
Le caducée ‑ Lorsque les
serpents mènent à l'énigme de Rennes
La
Dame ailée
du Méridien face au caducée
Si l'on compare la sculpture
de la Dame ailée de Castelfranc avec le caducée
sous sa forme classique, des similitudes existent,
mais qu'est‑ce que le caducée ? Que représente‑t‑il
exactement ? Et quel est son histoire ?
Curieusement, le Larousse fournit deux définitions du
caducée :
1 ‑ Bâton entouré de deux serpents et surmonté de
deux ailes, c'est l'attribut d'Hermès, dieu du commerce et de la
santé.
2 ‑ Attribut des professions médicales composé d'une
baguette autour de laquelle s'enroule le serpent
d'Epidaure et que surmonte le miroir de la prudence.
Nous allons voir que ces définitions sont non seulement
incomplètes, mais également très réductrices. Il faut donc étudier le caducée au travers de ces
concepts, un emblème qui cache
de très nombreuses références historiques et
mythologiques.
À gauche, la Dame ailée de Castelfranc
comparée au caducée
Le caducée des corps médicaux
Tout le monde a déjà vu au moins une fois ce curieux
symbole accroché au‑dessus d’une pharmacie, d’une
officine médicale, ou sur une ordonnance. Il représente
un serpent enroulé autour d’une coupe évasée et qu'on l’appelle
le caducée des emblèmes de professions de santé.
D'autre part, ce symbole
médical a été décliné sous différentes formes. On trouve
par exemple un diapason à la place de la coupe pour les audioprothésistes, ou un
ovale évoquant l’utérus gravide pour les sages‑femmes.
Les infirmières ont
également leur caducée, ainsi que certains laboratoires
d’analyses médicales dans lequel le serpent s’enroule
non pas autour d'un vase, mais autour d’un microscope.
Pour les
médecins, ou plutôt l’Ordre des médecins, la coupe a été
remplacée par un miroir représenté par une forme ronde
perchée sur un bâton. Le miroir symbolise non pas le
narcissisme, mais la prudence et la sagesse, deux vertus
cardinales que doit posséder tout médecin.
À noter que la stylisation du symbole permet aussi de
voir à la place du miroir de la prudence, le O de "Ordre"
ou un personnage debout, le subconscient faisant le
reste…
Le caducée est l’emblème des médecins en Europe et en
France depuis 1945.
De gauche à droite,
quelques caducées... Médecins Sages‑femmes Ostéopathes
(deux derniers logos)
De gauche à droite,
d'autres caducées...
Kinésithérapeutes
Vétérinaires Infirmier(e)s
Chiropraticiens
Un serpent et une coupe Le véritable symbole, source de toutes ces
formes dérivées, est en réalité celui des pharmaciens qui
représente un serpent venant s’enrouler et s’abreuver
dans une coupe évasée. Le serpent est celui d’Asclépioset
la coupe appartient à Hygie. Mais qui
est Asclépios ? Qui est Hygie ?
Asclépios
(Ασκληπιος)
chez les Grecs, ou Esculape chez les
Romains, était le dieu de la médecine dont les attributs
étaient le serpent, le coq, le bâton, et la coupe.
Selon la légende, Asclépios était fils d'Apollon et de
Coronis, la fille de Phlégias roi des Lapithes. Coronis
était déjà enceinte d'Apollon quand elle prit pour
nouvel amant un arcadien du nom d'Ischys. Apollon fut
averti de son infortune grâce à son don de divination.
Une autre version donne comme source l'indiscrétion d’un
oiseau, une corneille blanche à cette époque. La
corneille qui fut maudite ce jour devint noire. Apollon conta sa
mésaventure à sa sœur Artémis qui cribla de flèches
l'infidèle Coronis. Alors que le corps était déjà sur le
bûcher funéraire, Apollon réalisa que son amante était
enceinte et arracha son fils du ventre de sa mère et des
flammes. Asclépios enfant fut alors recueilli par un
berger qui le nourrit du lait de ses chèvres. Plus
tard, Apollon confia son fils au Centaure Chiron qui lui
apprit l'art de la médecine.
Statue IVe siècle av. J.‑C.
d'Asclépios
du sanctuaire d'Épidaure
(Musée national d'Athènes)
Athéna lui donna
deux fioles contenant du sang de la gorgone Méduse. L'une
permettait de tuer et l'autre de ressusciter les morts.
Asclépios s'en servit à plusieurs reprises (Lycurgue,
Capanée, Tyndare, Hippolyte...), mais Hadès
craignant pour les enfers se plaignit à
Zeus que l'ordre du monde risquait d'en être changé, et
ce dernier foudroya Asclépios. Apollon en colère alla
tuer les Cyclopes qui avaient simplement forgé la
Foudre. Et pour finir, Zeus envoya Apollon comme esclave
chez Admète. Toutefois, Zeus rappela Asclépios à la vie
sous la forme d'un serpent, réalisant ainsi la prophétie
de la fille de Chiron qui avait prédit qu'Asclépios
deviendrait un dieu. Zeus déifia Asclépios et le plaça dans le
firmament qui devint la constellation du
Serpentaire. Asclépios fut considéré comme un
dieu des plus populaires. Il épousa Epioné, la fille du
roi de Cos dont il eut quatre filles et deux fils qui
l'aidèrent dans son entreprise.
Asclépios et la constellation du
Serpentaire
Le bâton d'Asclépios ou d'Esculape
Toujours selon la
légende, Asclépios, voyant un serpent se diriger vers
lui, tendit son bâton dans sa direction. L'animal s'y
enroula. Asclépios frappa alors le sol et tua l'animal.
Un second serpent apparut soudain, tenant dans sa bouche
une herbe mystérieuse avec laquelle il rappela à la vie
le précédent reptile. Asclépios eut alors la révélation
de la vertu médicinale des herbes. L'emblème d'Asclépios devint
un bâton court le long duquel s'enroule un serpent. À
l'origine, dans la mythologie grecque, le bâton est l'attribut
du dieu Apollon qui l'offre à son fils Asclépios, dieu
de la médecine. Le bâton est aussi le symbole du
voyageur universel, et donc de l'activité du médecin qui
promène à travers le monde sa science.
Le caducée d'Asclépios est donc devenu
l'emblème universel des professions médicales d'où ces
exemples de déclinaisons :
Le serpent d'Asklépios s'enroulant autour d'un
bâton forme l'emblème asclépiade qui symbolise le dieu
de la Médecine
Le serpent d'Asclépios s'enroulant autour d'un
bâton surmonté d'un miroir forme le caducée de l'Ordre
des Médecins de France
Le serpent d'Asclépios s'enroulant autour de la
coupe d'Hygie, la déesse de la Santé, forme l'emblème
des pharmaciens
Le serpent d'Asclépios associé à une forme ovoïde
symbolisant l'utérus de la femme enceinte forme le
caducée des Sages‑femmes
Le serpent d'Asclépios associé au microscope et
au miroir forme l'emblème des laboratoires d'analyses
médicales
Le serpent d'Asclépios associé au diapason forme
l'emblème des audioprothésistes
Du fait des guérisons
miraculeuses, Asclépios devint vite célèbre, et à partir
du VIIe siècle on le vénéra dans toute la région. Les
Grecs construisirent des statues et des temples en
Italie, en Sicile, et en Asie Mineure. Ses principaux sanctuaires étaient ceux de Tricca, de
Cos, de Pergame, d'Athènes et d'Épidaure,
des lieux où le culte y était fort réputé. C'est à
Épidaure que
l'on venait chercher la guérison en suivant des règles
strictes. Des serpents non venimeux se promenaient dans
le temple d'Asclépios en toute liberté. Asclépios
apparaissait alors en songe aux prêtres et leur révélait
le remède qui rendait la santé. On le représentait sous
la forme d'un jeune homme imberbe au début, mais vers le
IVème siècle sa représentation se
transforma en celle d'un homme barbu. Il est souvent
entouré de sa femme
Épione, celle
qui guérit, de ses filles
Panacée, Hygie, et de ses fils Podalirios,
Machaon et Télesphore.
Machaon et Podalirios s'illustrèrent comme médecins dans
l'armée des Grecs lors du siège de Troie.
Les descendants d'Asclepios, les Asclépiades,
formèrent une confrérie avec ses rites secrets.
Hyppocrate, le grand médecin de l'antiquité, passa
pour un descendant d'Asclépios et fit de la médecine
grecque une science à part entière. Le culte d'Esculape fut
introduit à Rome en l'an 290 av. notre ère
lors d'une épidémie de peste. On éleva un temple au dieu
sur une île du Tibre. Plus tard on le confondit
avec Sérapis.
Asclépios, serpent et dragon Il existe une
étrange relation entre Asclépios et le
serpent, et pour
comprendre il faut aussi étudier le symbole du serpent à
travers l'Histoire, un sujet tout aussi complexe que le
caducée. Le nom Esculape (Asclépios) proviendrait du
grec Asklapas qui veut dire serpent, or de
nombreuses civilisations, en particulier égyptienne,
sumérienne ou aztèque, adoraient le serpent, une divinité
emblème de la vie et de la santé.
En 293 av. J.‑C. Rome est atteinte de la peste. À
la demande du sénat, Esculape vient lui porter secours
sous la forme d'un dragon. L'île du Tibre où il avait
son temple en porte encore la trace. Cette médecine
magique sera éclipsée par un descendant d'Aclépios
à la 19ème génération, Hippocrate de Cos
(460‑375 av. J.‑C.)
Asclépios (Esculape pour les
Romains) représenté en dragon ailé
et arrivant à Rome pour combattre la peste ‑
Gravure du 18e
siècle
Hygie
ou Hygée
est la fille d'Asclépios, dieu de la médecine, et
d'Épione. Elle est la déesse de la santé, de la propreté
et de l'hygiène.
Elle symbolise également la médecine préventive. Les Grecs
l'honoraient comme une déesse puissante chargée de
veiller sur la santé des êtres vivants, non seulement
les Hommes, mais aussi les animaux. C'est elle qui
suggérait mystérieusement aux uns et aux autres le choix
des aliments nécessaires à leur existence et les remèdes
appropriés à leurs maux.
Elle est
représentée par une jeune nymphe à l'œil vif,
au teint frais et vermeil, à la taille légère, portant
sur la main droite un serpent et de l'autre une coupe
évasée.
Statue d'Hygie tenant une
coupe
où boit un serpent
(Ier siècle, musée de l'Ermitage)
Asclépios à gauche et
Hygie à droite Diptyque d'ivoire 400 ap.
J.‑C. (musée de Liverpool)
Hygie a plusieurs sœurs qui ont toutes une
fonction en lien avec la médecine. Il y a d'abord
Panacée, déesse de la médecine curative. Elle prodigue
aux Hommes les remèdes par les plantes. Ensuite Iaso,
déesse de la guérison, secondée par Acéso qui s'occupe
du processus de guérison.
De gauche à droite,
Hermès portant le caducée, Mercure,
Asclépios et ses trois filles, Hygie, Panacée et Iaso
(1811)
Le caducée d'Hermès
C'est ici que nous allons voir les symboliques
s'enchevêtrer. En effet, le terme de "caducée"
(caduceum) utilisé
couramment aujourd'hui par le monde médical a été
détourné d'un autre symbole moins répandu.
Car, il ne faut pas confondre
le
bâton d'Asclépios ou la coupe
d'Hygie sur lesquels
s'enroule un serpent avec le caducée d'Hermès,
un bâton
sur lequel s'enroulent deux serpents...
Pourtant, il
y a de quoi se perdre, car ces représentations sont très
ressemblantes, issues a priori des mêmes époques. Revenons
sur la légende...
Hermès et son caducée
Hermès est le fils de Zeus et de Maia. Il naquit dans
une caverne du mont Cyllène en Arcadie et manifesta très
tôt des qualités intellectuelles extraordinaires et une
étonnante précocité. Un jour, il eut l'idée d'utiliser
une écaille de tortue qui traînait au sol et d'y tendre
des cordes pour profiter de la boîte de résonnance.
C'est ainsi qu'aurait été créée la lyre à sept cordes. Charmé
par les sons, Apollon, son demi‑frère, fit
d'Hermès le protecteur des bergers et lui enseigna l'art
de prédire l'avenir. En signe de pouvoir, il lui remit
également un bâton (caduceum
en latin),
Hermès messager
des dieux chez les Grecs
Plus
tard, Hermès
utilisa cette baguette pour séparer deux serpents, mais ces
derniers s’y enroulèrent en sens inverse. C'est
ainsi que cette anecdote légendaire serait à
l'origine du vrai caducée, un bâton aux deux
serpents entrelacés devenant l'emblème du dieu grec
Hermès, Mercure chez les Romains.
À
l'origine, le caducée était représenté par une
tige légère
de laurier ou d'olivier avec ses branches ornées de
guirlandes. Puis les
branches s'enroulèrent autour du bâton pour
représenter les deux serpents. Il est également
surmonté de deux ailes symbolisant la vélocité
d'Hermès, messager des dieux. L'emblème devint par
la suite la marque du héraut, le messager chargé de
porter les ordres, de faire les annonces dans les
assemblées et de déclarer la guerre.
Caducée grec en bronze
Ve siècle av. J.-C. (Dallas museum of Art)
Hermès d'Euphronios et son
caducée
VIe siècle av. J.‑C.
Hermès
est donc à la fois le héraut des dieux et le protecteur
du commerce, des échanges et des alchimistes. C'est un
dieu du mouvement, du voyage, de la transformation, de
l’adaptation et du secret.
Dans la mythologie antique, le caducée
était surnommé la « tige d'Hermès »
et avait la capacité de réconcilier les ennemis. Dans un
premier temps, il ressemblait à un rameau d'olivier avec
deux tiges, enlacées de guirlandes.
Hermès conduit à
Mercure
Selon la reprise romaine de la
légende grecque d'Hermès,
Mercure est le fils de
Jupiter et de la nymphe
Maïa, fille d'Atlas, et il naquit dans une caverne du
mont Cyllène en Arcadie. Après
l'hellénisation des dieux romains, Mercure fut
donc confondu avec le grec Hermès dont il prit les
attributs. Mercure est le dieu du commerce
dans la mythologie romaine. Il devient également le dieu des voleurs,
des voyages, et le messager des autres dieux. Son nom
est lié au mot latin merx, mercari, et merces. Ses
attributs traditionnels sont la bourse, le plus
souvent tenue à la main, le pétase, le
caducée, des sandales ailées, un coq, un
bouc ou un bélier, et une tortue faisant référence à
l'invention légendaire de la lyre à carapace
de tortue. Mercure est
aussi un dieu conduisant les âmes récemment mortes dans
l'au‑delà.
Notons
que Mercure évolua encore en
Gaule
romaine en l'intégrant aux dieux celtiques
majeurs selon les lieux et les peuples gaulois. Ainsi,
en Gaule romaine, ce n'était pas tout à fait au Mercure
de Rome qu'on vouait un culte, mais à des Mercure
gaulois.
Statue de Mercure dans
un paysage
par Charles Meynier (musée
de la Révolution française
à Vizille)
Dans la fable d'Ovide, on trouve
une explication légendaire du caducée. En effet, Ovide
raconte que Mercure rencontrant deux serpents en train
de se battre, il les sépara avec son bâton et qu'ils s'y
enroulèrent. Les légendes se métamorphosent au fil des
siècles et des civilisations...
Remontons le temps... Le caducée selon les
civilisations
Nous
pourrions arrêter l'étude de l'origine du caducée à
l'époque grecque. Mais alors, comment expliquer
l'apparition du caducée d'Hermès aux deux serpents ?
Existe‑t‑il un lien entre le caducée aux deux serpents
et
le bâton d'Asclépios à un serpent ? Est‑ce vraiment un
symbole des sciences médicales ?
C’est au XVIe siècle qu’est apparue une confusion
entre le caducée d’Hermès et le bâton d’Esculape
(Asclépios). On notera par exemple que le caducée d’Hermès figure sur la
tribune de l’Assemblée Nationale en France comme symbole de
l’éloquence, alors qu’il symbolise la médecine aux
États‑Unis. Il y a donc clairement un
amalgame entre plusieurs sources mythologiques, et celle qui
nous intéresse ici est liée aux deux serpents
entrelacés du caducée d'Hermès.
Le caducée à l'Assemblée
Nationale
Notez que le caducée de
l'Assemblée Nationale est légèrement détourné de sa forme
classique, les ailes se retrouvant au bas du bâton...
Le caducée dans l'Égypte ancienne
Le culte du serpent était très important dans le royaume
de la Basse‑Égypte vers 4000 ans av. J.‑C. Les
Égyptiens
étaient impressionnés par sa faculté de muer, un symbole
de régénération et de renaissance cyclique
que l'on retrouve avec l'Orouboros, le serpent qui se
mord la queue. Le serpent était aussi un symbole phallique et on
le considérait comme le signe de la vie et de
l'éternité. La basse Égypte adorait le dieu cobra et le
serpent était l'émissaire du Soleil.
Stèle du roi Serpent Djer
1ère dynastie 3100 av. J.‑C.
En revanche, la
Haute‑Égypte vouait un culte au
dieu faucon Horus, dieu
du Soleil, fils d'Isis et
d'Osiris. Lors
de l'unification des deux royaumes vers 3400 ans av. J.‑C. les deux cultes se rapprochèrent ainsi que leur
symbole, le pharaon adoptant l'union du serpent et du
faucon. Les deux royaumes étaient alors représentés par
deux serpents surmontés par les ailes du faucon.
La stèle (ci‑contre) dédiée au premier pharaon, le roi Serpent
Djer3100 av. J.‑C. proclame la réunion
de la Basse et de la Haute‑Égypte. Le serpent est
surmonté par le faucon Horus.
Vint
ensuite le bâton sacré, symbole d'une autre province
d'Égypte, un bâton sur lequel est enroulé un serpent.
La
confusion entre le bâton à un seul serpent et celui aux
deux serpents serait alors née à cette époque,
4000 ans avant notre ère.
Les traces égyptiennes parvenues jusqu'à nous des deux serpents entrelacés
sont malheureusement rares. Il existe toutefois
un couteau de sacrifice datant de l'époque Guerzéen
(Nagada II)
vers 3400 ans av. J.‑C. sur lequel le symbole apparaît
sous une forme harmonieuse et très symétrique.
Les deux serpents sur le couteau de Gebel Tarif
vers 3400 av. J.‑C.
Catalogue général des Antiquités
égyptiennes du Musée du
Caire
On peut aussi constater que les deux serpents
entrelacés ont traversé les civilisations notamment depuis
l'ancienne Égypte. Hermanubis, tout comme
Sarapis, est une divinité hybride, résultat de la fusion d'Hermès
psychopompe et d'Anubis
l'embaumeur. Ainsi, il accompagne les âmes des morts,
une mission reprise par Hermès.
Passant pour le fils d'Osiris
et de
Nephtys, il est représenté par un homme
à tête de chien.
Hermanubis sera encore vénéré par les Romains des siècles plus tard.
Pour preuve, un relief romain en calcaire du 3ème siècle
représente une scène d'offrande sur laquelle on peut
observer la divinité Hermanubis à tête de chien ou de loup. Sa main
droite tient une clé et sa main gauche présente le caducée avec
des coquelicots et des gerbes de blé. Notez ses
jambes formées par deux serpents...
Ci‑dessus relief romain du
3ème siècle Hermanubis
et son caducée
Ses jambes sont remplacées
par deux serpents
À gauche, Hermanubis
tenant le caducée
(temple d'Alexandrie)
Dans
l’Égypte ancienne, Apophis est le
dieu serpent, symbole des forces mauvaises de la
nuit. Il évoque le chaos qui règne dans le monde
souterrain, un monde que les pharaons traversent sur
leur barque mortuaire avant de rejoindre Noun,
l’océan primordial. Le dieu solaire Rê
fait quant à lui le voyage chaque jour et tous les
matins. Il ressort victorieux de son combat contre
Apophis...
Le caducée sumérien en Mésopotamie
On retrouve aussi le
caducée dans la civilisation sumérienne. Sur
un vase à libation en stéatite verte dédié à
Ningishzidda par Gudea, le prince de Lagash
(ancienne ville de Sumer)daté vers
2150 ans
av. J.‑C. deux serpents, divinités
chtoniennes, sont entrelacés
autour d'un bâton.
Ce symbole serait l'attribut du dieu babylonien
Ningishzidda, divinité de la fertilité et du
printemps et messager de la déesse Ishtar, un
personnage repris par les Grecs et qui aurait donné
naissance à Hermès. Les serpents sont encadrés par
deux autres serpents oiseaux.
Vase à libation du roi Gudéa
de Lagash
(2150 ans av. J.‑C.)
On voit nettement les deux serpents
entrelacés et de chaque côté un serpent oiseau
(Musée du Louvre)
Autre exemple de deux serpents
entrelacés
en filet
et datant de Sumer, 2200 ans av. J.‑C.
Orants et entrelacs de
serpents, Suse, 2500 ans av. J.‑C.
Le caducée en Inde
Le caducée se trouve aussi en Inde avec le
Nâgakkâl. Cette représentation taillée dans la pierre
contient la statue du dieu Krishna dansant sur deux
serpents cobra entrelacés et plusieurs fleurs de lotus.
Le lotus est symbole de naissance et de résurrection.
Il exprime la force du Soleil ainsi que celle de
l'amour.
En Inde, les Nagakal (pierre de serpents) sont vénérées par les
femmes souhaitant concevoir un enfant. Ces pierres
aux deux cobras entrelacés sont placées sous l’arbre
figuier sacré. Et c’est sous cet arbre que médite
Nārada, le messager et compagnon des dieux, à qui
l’on attribue l’invention du premier instrument à
cordes.
Le Nâgakkâl (pierre de serpent), relief en
grès provenant de l'Inde du Sud, XVIIIe siècle
Les premières apparitions
du caducée
L'origine des serpents entrelacés et
du caducée se perd dans la nuit des temps et toutes les
civilisations anciennes semblent avoir adorées cet
agencement reptilien. La représentation ci-contre est
d'origine celte et montre deux serpents en hélice et
tête bèche. Une main vénère un disque solaire et
préfigure la future construction du caducée, un bâton
surmonté d'un pomeau.
Un
article paru en 1917 par le docteur Beaudoin fait
remonter sa trace à l'âge de pierre. Sculpté dans du
bois de renne à l'ère aurignacienne 40 000 ans av. J.‑C.
on le trouve aussi gravé dans de la pierre à l'ère
magdalénienne 30 000 ans av. J.‑C.
Le caducée celtique surmonté du Soleil
400 ans av. J.-C.
Le caducée, un symbole ésotérique
Le bâton du caducée
Le
bâton représente la verticalité et il est
le signe de l'autorité. C'est le bâton de Maréchal, le
sceptre du pharaon, le bâtonnier de l'Ordre des avocats.
Il représente le droit et la vie.
Presque toutes les armées européennes ont choisi le bâton
d'Esculape ou d'Épidaure comme emblème que l'on
appelle aussi bâton serpentaire. Or,
c'est en
France que l'on apprend l'existence d'une erreur faite
le 14 juin 1879 : le bâton est appelé à
tort
"caducée"... Voici donc une
autre confusion créée à la fin du 19ème siècle
et qui perdurera jusqu'à nos jours : le bâton
d'Esculape, ou d'Asclépios devient un caducée rapprochant
par erreur les deux serpents entrelacés et le serpent du
monde médical...
Le bâton d'Esculape
ou bâton serpentaire
Faculté de médecine de Montpellier
Le pommeau du caducée
Dans la forme classique du
caducée, l'extrémité
supérieure du bâton aux deux serpents est surmontée d'un pommeau qui selon
les époques, les civilisations et les cultures a représenté le Soleil
ou
la Lune.
Le caducée celtique est par exemple surmonté d'un disque solaire
(voir exemple plus bas)
Dans sa déclinaison actuelle on peut aussi trouver un miroir...
Les Hommes prudents doivent régler leur
conduite par la connaissance de leurs défauts. C'est le
miroir de la prudence de l'Ordre des médecins.
Le serpent et ses mythes
Le serpent est un
animal qui a fasciné les Hommes depuis la nuit des
temps.Ilapparaît dans toutes les civilisations
antiques et draine de multiples significations : symbole de vie, de vigueur, de mort,
symbole de la Terre, de
la fécondation, de l’immortalité, de la renaissance, de la force
universelle...
Son comportement animal et sa méthode de chasse montrent une
apparence
ambivalente. Il est à la fois rusé et sage, charmeur et
fourbe. Son venin peut tuer, mais il
peut aussi
être un antidote, d'où cette pensée qui lui est
attribuée :
rien n'est mauvais, rien n'est bon... Les choses sont neutres à la base
et c'est l'utilisation
que l'on en fait qui détermine sa polarité. Autre idée véhiculée par le
mythe du serpent : il faut
expérimenter pour
arriver à la sagesse...
La mue printanière du serpent
est aussi une faculté qui a fasciné de tout temps.Lorsque celui‑ci délaisse sa
vieille peau pour une nouvelle, il symbolise la
transmutation du cycle vie‑mort‑renaissance. La mue lui
confère l'éternelle jeunesse. C’est
l’énergie de l’intégrité...
À l’époque gréco‑romaine, on utilisait ses mues pour
lutter contre l’épilepsie et l’alopécie (la chute des
cheveux). On utilisait ses entrailles contre les poisons,
et sa dent
contre la rage dentaire… Cicéron (1er siècle av. J.‑C.)
était persuadé comme beaucoup que
manger de la chair de vipère permettait de vivre jusqu’à
140 ans. À la même époque, les invalides et les éclopés
se rendaient dans les temples d’Asclépios où ils passaient
la nuit entourés de petits serpents jaunes inoffensifs,
pour en ressortir guéris.
Le serpent est aussi lié aux énergies primordiales,
au feu et à la sexualité. Il est au contact de la terre
nourricière menant aux énergies de l'éveil et à la quête alchimique.
C’est aussi l’union des énergies masculine et
féminine. Pour permettre cette union, il faut
comprendre et accepter que ces deux énergies sont au
cœur de chaque organisme.
Sur le plan psychanalytique, le symbolisme du
serpent renvoie au fonctionnement de notre psychisme :
il représente l’invisibilité, l’obscurité, les bas
instincts qui peuvent jaillir à tout moment, les
passions insaisissables ou encore les couches profondes
de l'âme.
Dans la culture chinoise, le serpent est destiné à
devenir un dragon, symbole de la
puissance impériale. Le dragon n’est
autre qu’un serpent “augmenté”, disposant d’ailes et de
pattes.
Pour les chrétiens, il est le démon et provoque le péché
originel, la tentation...
Adam, Ève... et le
serpent
Dans l'iconographie chrétienne, le serpent est un
symbole très ambigu et contrasté. Il apparaît dans les illustrations du
récit de la tentation d'Adam et Ève où il symbolise le
tentateur, le mal, le péché ainsi que l'avènement de la
mort. Par extension, il devient un attribut de Lilith. Il
figure également dans les représentations de Moïse dans
l'épisode du Serpent d'airain.
Selon le Livre de la Genèse, premier livre de la Torah
(Pentateuque) Adam et Ève sont les premiers êtres
humains sur la Terre. Ils vécurent dans le merveilleux
jardin d'Éden jusqu'à ce qu'ils furent chassés par Dieu
après avoir écouté le serpent et
mangé le fruit défendu de l'Arbre de la connaissance
du bien et du mal.
Dieu
forme Adam à partir de poussière et le place dans le
Jardin d'Éden afin qu'il le cultive et le garde
(Gen 2. 15). Il peut manger tous les fruits qui s'y
trouvent, à l'exception du fruit de l'arbre de la
connaissance du bien et du mal, sous peine de mort.
Estimant qu'il n'est pas bon qu'Adam soit seul, Dieu lui
fait une aide (Gen 2. 18‑19). Adam donne un nom à chaque
animal, mais ne trouve pas son aide. Dieu le plonge
alors dans un profond sommeil, et lui prend une côte
qu'il façonne en femme. Adam s'exclame alors « cette fois, c'est un os de
mes os, une chair de ma chair ! »
Apparaît alors un Serpent qui tente la femme et lui fait manger le
fruit défendu de l'Arbre de la connaissance, assurant
qu'ils ne mourront pas s'ils en mangent, mais que leurs
yeux s'ouvriront et qu'ils seront comme Dieu. (Gen 3. 6)
Ève en donne à Adam qui en mange également. Dieu maudit
alors le serpent, la femme et leur descendance. Le
serpent se retrouve apode, condamné à mordre la
poussière ; l'homme se retrouve à devoir gagner son pain
à la sueur de son front, la femme à enfanter dans la
douleur. De plus, ils sont condamnés à la mortalité et
chassés de l'Éden que deux chérubins gardent de leur
épée flamboyante. À partir de ce moment, Adam appelle sa
femme Ève...
La représentation biblique
d'Adam et
Ève
autour de l'Arbre de la Connaissance et du serpent
est une forme
dérivée du bâton serpentaire et du caducée
Associé à ce récit biblique, une iconographie
traditionnelle s'est attachée à représenter la scène
d'Adam et
Ève
près de l'Arbre de la Connaissance. Or, on ne peut
s'empêcher de remarquer la position du serpent sur
le tronc, enroulé tel le bâton d'Asclépios.
Cette illustration a souvent été reprise, notamment au
Moyen Âge.
La symbolique de la Genèse et du serpent diabolique
autour de la Connaissance
rejoindrait‑elle celle du bâton serpentaire ?
Pour les chrétiens, aucun doute : le diabolique, c’est
évidemment le serpent, le diable ou Satan dénoncé par l’Apocalypse
(12,9). Le serpent est le plus rusé de tous les animaux (Gen. 3,1) qui au jardin d’Eden souffle à Ève de croquer le
fruit de la Connaissance et à qui Dieu, pour le punir de
ce forfait, fait disparaître les pattes : « Tu marcheras
sur ton ventre » (Gen. 3,14). Aucun doute, le serpent est omniprésent dans la
Bible.
Tour à tour maléfique ou bénéfique, il fait l’objet de
malédictions ou guérit selon les épisodes. Le serpent
porte une richesse symbolique et allégorique
incontestable tout au long de l’Ancien
Testament, du serpent tentateur au
Serpent d’Airain, sans oublier l’emblème de Satan…
Adam, Ève, et la tentation
du serpent enroulé (XIVe siècle)
(Le temple Saint‑Etienne à
Mulhouse)
Le serpent enroulé sur le
tronc (église dans la Sarthe)
Finalement, la
malédiction faite au
serpent est sans appel : « Parce que tu as fait cela, tu
seras maudit parmi tous les animaux et toutes les bêtes
des champs. Tu ramperas sur le ventre et tu mangeras de
la poussière tous les jours de ta vie... » Depuis, l’image du serpent
a été associée à celle du péché, à la tentation, et au
diable. L'animal dont la ruse le rapproche de l’homme
va devenir également son principal ennemi. Le diable
sera incarné dans ce reptile rampant sur le sol, caché
derrière des anfractuosités, toujours prêt à surprendre
et à mordre si nécessaire. Si l’animal jouissait
dans l'Antiquité d’une belle image, animal
guérisseur chez les Grecs et les Romains, symbole
de vie et de la Terre‑Mère, son funeste
destin est scellé avec le récit de la Genèse…
La verge d'Aaron et le Serpent d’airain protecteur
Il existe
dans les récits bibliques une autre facette du serpent. Car, curieusement c’est une image tout à fait
bénéfique qui va ressurgir lors de deux
épisodes de l’Ancien Testament associés à la vie de
Moïse.
Le premier épisode (la verge d'Aaron) se déroule lorsque
celui‑ci réclame à plusieurs
reprises la sortie de son peuple de l’esclavage à
Pharaon. Une bataille de magie est alors engagée,
rapporte le livre de l’Exode, au cours de laquelle le
bâton de son frère Aaron se métamorphose en serpent et
affronte les autres bâtons des magiciens du Pharaon,
eux‑mêmes devenus serpents par la ruse de ces derniers.
Le serpent d’Aaron engloutira tous les autres,
signe de protection et de la toute-puissance du Dieu
d’Israël.
(Exode
7:8‑9) « L’Éternel
dit à Moïse et à Aaron : Si Pharaon vous parle, et vous
dit: Faites un miracle ! tu diras à Aaron: Prends ta
verge, et jette‑la devant Pharaon. Elle
deviendra un serpent
»
(Exode
7:10‑11) « Moïse
et Aaron allèrent auprès de Pharaon, et ils firent ce
que l’Éternel avait ordonné. Aaron jeta sa verge devant
Pharaon et devant ses serviteurs; et elle devint
un serpent. Mais Pharaon appela des sages et
des enchanteurs ; et les magiciens d’Égypte, eux aussi,
en firent autant par leurs enchantements »
Moïse changeant en serpent la
verge d'Aaron
par Nicolas Poussin entre 1645 et 1648
La métamorphose de la verge d'Aaron
(bâton d'Aaron) en serpent rappelle le bâton d'Asclépios
sur lequel un serpent est enroulé. L'épisode biblique
d'Aaron semble ainsi reprendre sous une forme dérivée le
mythe grec. Le bâton inerte se transforme en être
vivant pour combattre le mal. Voici une belle parabole
qui peut se rapprocher du serpent guérisseur d'Asclépios
combattant la maladie. C'est aussi une image de la
Résurection et donc du Christ. Notons que la
verge d'Aaron fait partie des objets sacrés contenus
dans l'Arche d'Alliance avec le pot de
manne et les Tables des Commandements.
Le second épisode
(le Serpent d'Airain) est évoqué au
Livre des
Nombres.
Alors que le peuple libéré de l’esclavage errait dans le
désert, il en vint à récriminer contre Dieu et Moïse,
regrettant l’Égypte. Le Seigneur envoya alors contre le
peuple des serpents à la morsure brûlante, et beaucoup
en moururent. Repentants, ces derniers implorèrent
Moïse d’intercéder auprès du Seigneur qui
lui enjoint : « Fais‑toi un serpent brûlant, et dresse‑le
au sommet d’un mât : tous ceux qui auront été mordus,
qu’ils le regardent, alors ils vivront !
»
(Nombres
XXI 6‑9) « Alors,
l’Éternel envoya contre le peuple des serpents brûlants
; ils mordirent le peuple et il mourut beaucoup de gens
d’Israël. L’Éternel dit à Moïse : Fais‑toi un
serpent
brûlant et place‑le sur une perche ; quiconque
aura été mordu et le regarda, conservera la vie. Moïse
fit un serpent d’airain et la plaça sur une perche
»
Le serpent
n’est plus dès lors seulement l’animal par qui l’on
meurt, mais devient également celui par qui l’on revit,
un emblème de fer dit d’airain naguère associé au dieu
Mercure et que l’on retrouvera jusqu’à nos jours dans le
caducée du médecin. Du point de vue du symbole, le Serpent d'Airain enroulé sur son mât
et guérissant ceux qui le regardent devient alors le
serpent enroulé d'Aclépios et donc le
bâton serpentaire...
Le Serpent d'Airain et Moïse
‑ par Pierre Subleyras 1727
Le Serpent d'Airain est enroulé sur le bâton de Moïse... Le
bâton serpentaire
C'est en
poursuivant l'étude du bâton serpentaire de
Moïse que l'on peut s'apercevoir de
l'évolution du mythe à travers les siècles. Dans une
peinture réalisée au XVIIe siècle,
Simon Vouet n'hésite pas à franchir le
pas en assimilant le mât de Moïse à la croix chrétienne.
À noter que Simon Vouet est un peintre français présent
à Rome vers 1614 et
qui rencontre un grand succès en devenant une figure
dominante sur place. Proche de plusieurs familles
nobles, ami du Cavalier Marin et des Barberini, sa
renommée sera quelque peu ternie par l’arrivée à Paris
en 1640 de son rival
Nicolas Poussin.
Le serpent d'airain et Moïse
‑ par Simon Vouet (1590‑1649)
Le
bâton serpentaire de Moïse prend la forme d'une croix
(Musée des Augustins à Toulouse)
On assiste donc à une véritable
fusion des mythes. Le bâton au serpent d'Asclépios,
symbole de la guérison grecque se confond non
seulement avec le mât au serpent de bronze de Moïse,
lui aussi possédant le pouvoir de guérison, mais
également avec l'arbre du jardin d'Eden et son
serpent qui promet le pouvoir de devenir comme Dieu. Il ne manquait plus qu'à associer l'arbre à la
croix, Jésus guérissant les maux de ceux qui croient
en lui.
Voilà pourquoi Jésus sera considéré plus tard comme
le “serpent d’airain sur la croix”...
L'Ouroboros
L’Ouroboros (du copte
ouro, “roi”, et de l’hébraïque
ob, “serpent”) est le
Roi serpent. Il est un symbole dont
l’origine se perd dans la nuit des
temps, et c'est
l’une des plus anciennes
représentations ésotériques au monde. Depuis des milliers d’années, ce
serpent ou dragon circulaire qui avale
sa propre queue apparaît dans de multiples
civilisations sur tous les continents.
On le trouve par exemple il y a plus de
6000 ans en Chine
avec
les dragons‑cochons de la culture
néolithique de Hongshan. Ces créatures sculptées
dans le jade possèdent une tête de
cochon et un corps de serpent enroulé
sur lui‑même.
L'Ouroboros dessine à la fois un cercle et le chiffre 0. Il représente depuis des millénaires
le cycle éternel de la vie et de la
mort, le renouvellement infini de toute
chose, la régénération,
et l'immortalité... C'est un signe de
sagesse et de Connaissance.
Orouboros dessiné sur
un manuscrit médiéval byzantin
Autre exemple, on
rencontre des représentations de
serpents circulaires se mordant la queue
en Égypte,
1600 ans avant notre ère, évoquant le parcours
annuel du disque solaire et son éternelle
naissance. Le cycle de la vie est
aussi le cyclique éternel du Soleil. Le symbole sera
transmis aux Phéniciens et aux Grecs
qui le baptiseront Ouroboros, littéralement « qui se mord la queue
»
L'Ouroboros sur une des faces
d'un sarcophage de Toutânkhamon (musée du Caire)
L’Ouroboros ne se limite pas aux
civilisations méditerranéennes.
Ainsi, le serpent Jormungand qui
encercle le monde dans les légendes
scandinaves est un avatar, de même
que le dieu serpent à plumes des
Aztèques, Quetzalcoalt, fréquemment
représenté enroulé sur lui‑même. Dans la
mythologie indienne, on raconte
que le monde repose sur quatre
éléphants, eux‑mêmes supportés par une
tortue autour de laquelle s’enroule un
dragon circulaire.
Au‑delà des mythologies, l’Ouroboros a
aussi été utilisé dans diverses formes
de mysticisme. Pour les
gnostiques, il est associé au
démon‑dieu solaire Abraxas et
représente l’éternité. En alchimie, il
exprime l’unité de toutes choses,
matérielles ou spirituelles. Il traduit
la formule de Lavoisier : rien ne se crée ni ne disparaît,
mais tout se transforme perpétuellement
dans un cycle éternel de destruction et
de recréation... L'Ouroboros se retrouve
également dans de nombreux logos
d'obédience maçonnique tel que le
Grand-Orient de France.
Le Serpent Rouge
L'étude des mythes autour
du serpent oblige évidemment à revenir sur le non moins
mythique serpent de l'énigme :
le Serpent Rouge.
Rappelons qu'il est le titre donné à un dossier
occulte comprenant des
sujets apparemment dissociés comme une généalogie des
rois mérovingiens, deux
cartes de la France à cette époque, un plan de
l'église Saint‑Sulpice
de Paris avec les saints des chapelles, et surtout un
opuscule ésotérique composé de 13 strophes dans un style rappelant Rimbaud ou
Cocteau et
qu'il faut
replacer dans son contexte pour espérer l'interpréter et le décoder.
Ce dossier
qui fut déposéà la BNF (Bibliothèque Nationale de France)
le
15 février 1967
contient également une autre information autour de
l'opuscule.Les 13 paragraphes sont en effet associés aux
13 signes zodiacaux,
le 13ème peu connu étant celui du Serpentaire (Ophiuchus)
situé entre le Scorpion et le Sagittaire. Le poème peut être
résumé par le parcours allégorique d'un personnage qui parle
à la première personne et qui commence son voyage au Verseau
pour le terminer au Capricorne. Son voyage culmine un 17 janvier, date hautement symbolique...
Déjà évoqué précédemment, nous voyons que
Asclépios lié au Serpentaire trouve une
adhérence avec le
Serpent Rouge est donc avec l'énigme.
Image du ciel plein sud et la
constellation du Serpentaire
Le Serpentaire
est une constellation du zodiaque qui n'apparaît pas en
astrologie traditionnelle. Son nom varie selon que l'on
se réfère à la mythologie grecque (Ophiuchus)
ou à la mythologie romaine (Serpentaire).
Le Soleil traverse cette constellation lors de son
parcours de l'écliptique en une année, entre le
29 novembre et le 18 décembre. Définie vers
400 av. J.‑C. la 13ème constellation empiète sur
l'écliptique entre celles du Scorpion et du Sagittaire.
La constellationdu Serpentaire
est en réalité divisée en deux parties avec la tête et
la queue du serpent séparées par Ophiuchus et regroupant plusieurs étoiles visibles, dont
la fameuse étoile de Barnard.
Surtout, il faut observer
que la 11ème strophe du Serpent Rouge
associée au signe du Serpentaire est sans doute l'une
des plus riches et des plus directes dans son propos
ésotérique, utilisant un vocabulaire très choisi : "Abîme", "Sceau", "Salomon", "Secret", "Reine",
"Cachées", "Médite", "Plomb", "Or" ...
Maudissant les profanateurs dans leurs cendres et ceux
qui vivent sur leurs traces, sortant de l'abîme où
j'étais plongé en accomplissant le geste d'horreur :
"Voici la preuve que du sceau de SALOMON
je connais le secret, que de
cette REINE j'ai visité les demeures cachées. "A
ceci, Ami Lecteur, garde toi d'ajouter ou de retrancher
un iota ... médite, Médite encore,
le vil plomb de mon écrit
contient peut‑être l'or le plus pur. Extrait "Le Serpent Rouge"
Les
anciens Égyptiens connaissaient le Serpentaire
et les 13 signes du zodiaque
Cette analyse céleste amène inévitablement aux symbolismes
astrologiques et aux signes zodiacaux.
Car c’est un fait très peu connu : les anciens Égyptiens
connaissaient déjà le zodiaque. Pour preuve, une pièce
unique, une dalle de grés provenant d'une chapelle dédiée
à Osiris située sur le toit du temple de la déesse
Hathor et construite à Dendérah, au
nord de Louxor. Elle montre clairement la voûte céleste
ornée des constellations et les signes
du zodiaque tels que nous les connaissons aujourd’hui.
Or, il n'y a pas 12 signes, mais 13...
Le 13ème étant le Serpentaire...
Le zodiaque
est une zone circulaire de 360 degrés de long
et 17 degrés
de large de la sphère céleste, dont l'écliptique occupe
le milieu (l'écliptique prolonge dans l'espace l'orbite
de la Terre autour du Soleil). Le zodiaque est aussi la
zone dans laquelle, à nos yeux de Terriens, les planètes
du système solaire effectuent leur course apparente
autour de notre planète.
Le plafond de Dendérah
(environ 50 ans av. J.‑C.) ‑ Musée du Louvre
Le Serpentaire (en jaune) est
parfaitement placé au-dessus du signe du Scorpion et du Sagitaire (détail du
plafond de Dendérah)
Ce plafond céleste égyptien révèle l'existence d'un
vieux débat au sujet des 12 constellations, puisqu'une
13ème fut officialisée en 1930 par des
astronomes de l'Union Astronomique Internationale. Cette
découverte gêne évidemment depuis de nombreuses années
les historiens et les astrologues qui utilisent les
12 signes du zodiaque selon un modèle céleste établi
d’après eux depuis l’Antiquité.
Or, d’après les astronomes, ce serait la légère
modification de la place du Soleil dans le ciel qui
aurait changé la donne sur plusieurs milliers d’années.
Ce léger changement expliquerait pourquoi les
Babyloniens abandonnèrent ce 13ème signe issu d’une
constellation perdue, Ophiuchus pour les Romains,
Serpentaire
pour les Grecs.
Il
existe une différence d'acception du terme zodiaque : le
zodiaque astronomique
(13 constellations
que le Soleil
semble traverser en une année) et le zodiaque astrologique
(12 signes astrologiques
de trente degrés chacun que le Soleil
semble aussi traverser en une année).
Il était Esclépios pour les Grecs,
Esculape pour les
Romains ; il est
Imhotep pour les Égyptiens...
Les anciens du Nil connaissaient donc parfaitement ce
groupe d’étoiles qu’ils dessinaient sous la forme d’un
homme à tête de faucon assis sur une barque à tête de
cobra...
Un amas d'étoiles réunies sous le nom actuel
"Serpentaire".
Ophiuchus alias
Asclépios est représenté par Râ sur une barque. Râ était
aussi le Patron des médecins comme l'illustre Imhotep,
le père de la médecine bien avant Hippocrate.
Le signe du Serpentaire au‑dessus du Scorpion et du
Sagitaire
(détail du plafond de Dendérah)
Râ ou Rê
est le dieu le plus important de l’Égypte ancienne.
Son nom Râ est similaire au mot ra
soit la bouche, la porte. Quant à
Rê, le nom se rapproche du mot reh
signifiant le feu. Il est représenté
par un faucon surmonté d’un disque solaire
et de l’uraeus (un serpent).
Le Khépri, scarabée représentant le soleil en devenir
(l’aube) est une de ses formes.
Le plafond de Dendérah ‑ Le
Serpentaire est près du Scorpion
(Reproduction colorisée par Domenico Valeriano en 1835)
La fée Mélusine, femme
serpent et dragon
Voici une légende qui mérite d'être citée parmi les
mythes liés au serpent, d'autant
qu'elle ouvre plusieurs pistes passionnantes liées à
l'énigme de Rennes et qui feront l'objet d'une étude
spécifique. Issue des contes populaires et
chevaleresques du Moyen Âge, la fée Mélusine est un
personnage culte de la mythologie française.
La
légende... En l'an 900, un jeune comte,
Raymondin, chevauchait dans la forêt poitevine. Mélusine
se tenait dans ces bocages près d’une source nommée
la
Fontaine de soif. Ils se trouvèrent et s’émerveillèrent
l’un l’autre, puis s’épousèrent en grande noblesse. Ils
fondèrent alors la maison des Lusignan.
Bâtisseuse de châteaux, d’églises, d’abbayes, elle
construisait disait‑on seule, la nuit sous la clarté
lunaire. La fondation de la cité de La Rochelle et de
ses premiers remparts lui est attribuée. Elle ne demanda
à son époux qu’une seule chose : la possibilité de se
retirer seule une fois par semaine. Poussé par la
curiosité, Raymondin l’épia l’un de ces jours et la
surprit prenant son bain. Ses jambes étaient
devenues queue de serpent. La légende conte
qu’il aurait accusé Mélusine de maux divers sous
prétexte de sa double nature. Rejetée, maudite et trahie
par son amour, Mélusine se serait élancée du haut d’une
tour. Elle se serait alors transformée en dragon
pour s’envoler et ne jamais revenir.
Son histoire est immortalisée
en prose par Jean d’Arras, dans son
roman "Mélusine ou la noble histoire des Lusignan"
qu’il offrit le
au duc Jean
de Berry, frère du roi Charles V et à sa sœur
Marie de France, duchesse de Bar. Le
duc de Berry est lié à l'épopée des
Lusignan, héros des
Croisades,
ducs, princes et rois qui conquirent Jérusalem après
avoir racheté l'Île de Chypre aux Templiers...
Mélusine et le château de
Lusignan
Représentation de Mélusine à La Rochelle
Voici encore
une fois les mythes qui s'entremêlent révélant toute
leur force évocatrice et allégorique distillée au fil des siècles.
Sur un portail de Notre Dame de Paris,
une sculpture montre Adam et Ève autour de l'Arbre de la
Connaissance du bien et du mal. Le serpent
enroulé se confond avec la fée Mélusine
conseillant de manger le fruit défendu...
Mélusine en serpent enroulé
sur l'Arbre de la Connaissance se cache entre Adam et Ève
(ND de Paris)
Le caducée face aux alchimistes
Finalement
ce seront les
alchimistes et les hermétistes qui
perpétueront les symboles du caducée. En effet, le
pouvoir de l’Alchimiste est résumé dans le bâton
d’Hermès et repris aujourd’hui sous la forme du symbole
de la pharmacie et du monde médical. Car l’alchimie
c'est aussi la discipline de la Médecine universelle, et
il suffit de se reporter au caducée pour traduire le
langage des hermétistes. Les deux serpents représentent
chacun le mercure philosophique et le soufre
philosophique, et tous deux sont réunis au moyen du sel
philosophique représenté par la baguette. Ce
sont ces clés qui permettent d’obtenir selon eux la
médecine universelle censée pouvoir guérir toute maladie
humaine, y compris la vieillesse...
On rejoint bien sûr le mythe de la Vie éternelle et du
pouvoir de jouvence lié à la Pierre des Sages. D'autres
interprétations font des deux serpents le symbole de
l’eau et du feu, le bâton représentant la terre et les
ailes le ciel...
Ci‑contre :
Emblematic Frontispieces Le triomphe hermétique, ou La pierre philosophale
victorieuse. Traité plus complet & plus intelligible,
qu'il en ait eû jusques ici, touchant le magistère
hermétique. Amsterdam,
chez Henry Wetstein 1699.
Johann Sternhals Ritterkrieg
1680
Le caducée tige
L’alchimie
est une discipline qui peut se définir comme « un
ensemble de pratiques et de spéculations en rapport avec
la transmutation des métaux ». L'un des objectifs de
l'alchimie est le grand œuvre, c'est‑à‑dire la
réalisation de la pierre philosophale permettant la
transmutation des métaux, principalement des métaux
« vils » comme le plomb, en métaux nobles comme l'argent
ou l'or.
Dans la
continuité des alchimistes, les imprimeurs
participent
également dès le XVIe siècle à cette
mémoire et à ce culte du symbole serpentaire. Des
signatures apparaissent mettant en scène soit le
caducée, soit le bâton d'Asclépios, une manière de
signaler discrètement leur appartenance à un courant
occulte...
Bâton serpentaire XVIe siècle
Signature de André Wechel XVIe siècle
Signature de
Robert Estienne 1664
Allons plus loin et
rejoignons la Dame ailée du Méridien
Au
final, nous pouvons constater que le
caducée concentre symboliquement plusieurs concepts
philosophiques et occultes qui ont été accumulés durant des
siècles et même durant des millénaires. Sa portée a été
utilisée dans l'art, la mythologie, l'ésotérisme, allant
d'un emblème de paix ou d'éloquence à un signe de
reconnaissance. Essayons de comprendre le
caducée avec ce que nous avons vu précédemment.
Le mythe du serpent exprime une dualité, à
la fois guérisseur et tueur, poison et antidote, diurne et nocturne
;
en clair le bien et le mal, une notion manichéenne
classique. Tantôt
bénéfique, tantôt maléfique, ce concept est représenté
par les deux serpents entrelacés qui s'affrontent ou qui
s'accouplent. Le caducée symbolise donc cet antagonisme
qui est aussi un équilibre. Chaque endroit a son envers,
pile et face,
la lumière et l'obscurité, le feu et l'eau, mâle et femelle, gauche et
droit, chaud et froid, sec et humide, maladie et
guérison... Le monde semble construit autour d'une
polarité universelle où le positif a besoin du négatif
pour exister. Cet équilibre inhérent à toute chose est
représenté par le bâton central, un axe sur lequel notre
monde tourne et sur lequel cette polarité s'enroule et
se fond dans
l'unité des contraires.
Le caducée se rapporte au chaos primordial suggéré
par les deux serpents qui se
battent, et à sa polarisation effectuée par
la séparation des serpents que l'on retrouve
chez Asclépios ou Hermès. Mais le caducée c'est aussi
l'entrelacement des deux serpents qui réalise ainsi
l'équilibre autour du bâton, l'axe du monde, ce qui
explique aussi pourquoi le caducée est un
symbole de paix et d'harmonie.
La
disposition symétrique des serpents suggère et renforce
l'idée du tout universel et harmonieux, à la fois matériel et spirituel...
Il est d'ailleurs troublant d'observer que cette vision
des deux serpents rappelle immanquablement la
double spirale de l'empreinte génétique, l'ADN qui est aussi non seulement le
symbole de la vie, mais aussi celui de la médecine
universelle...
Le caducée rappelle la
spirale ADN
Et pour enrichir l'emblème, l'époque grecque va apporter
deux ailes qui viendront se poser sur le bâton. Une
dimension supplémentaire sera franchie où le caducée
transcende ses origines.
Ce sont les ailes du dragon
chinois. Ce sont les ailes des serpents
sumériens. Ce sont les ailes du dieu aztèque
Quetzalcóatl qui après son sacrifice volontaire, renaît
par une ascension céleste sous la forme du
serpent à plumes. Ce sont les ailes de
Mélusine transformée en dragon. Ce sont
les ailes du messager et du voyageur avec Hermès ou
Mercure. Ce
sont les ailes d'Icare voulant
s'approcher du Soleil, de la Connaissance, et de Dieu.
Mercure Hermès et le caducée
Ce sont les
ailes des anges, des archanges et de Saint Michel. Ce sont les ailes des chérubins qui
surmontent l'Arche d'Alliance, le symbole
du pacte entre les Hommes et Dieu. Ce sont les ailes d'Isis
métamorphosée en oiseau qui enveloppent Osiris
ressuscité. De cette union naîtra Horus...
ISIS et ses ailes déployées
Nous avons maintenant de
nombreux éléments permettant d'interpréter la Dame ailée
de Castelfranc posée sur le Méridien de Paris...
Cette dame aux jambes de serpents entrelacées peut être
assimilée à Mélusine
à la fois
serpentine et ailée ; mais son ventre rond, le noeud
isiaque de son pagne, ses ailes, traduisent surtout
Isis, la déesse ailée magicienne qui
s'apprête à donner la vie.
Quant à sa position en croix, elle rappelle le Christ.
La Dame du
Méridien est à la fois symbole de la femme éternelle,
symbole du christianisme, et symbole du caducée. Cette
confusion savamment orchestrée par la sculpture nous
plonge dans un tourbillon iniatique où les mythes des
plus anciennes civilisations se mêlent et se déclinent
au fil de l'Histoire.
Isis version romaine et son noeud isiaque
La Dame ailée de Castelfranc
à gauche
comparée au caducée
Aujourd'hui, le caducée est utilisé pour
représenter les chambres de commerce à travers le monde.
Il est aussi inclus dans l'emblème des tribunaux
d'arbitrage ou dans l'emblème du Service fédéral des
douanes de la Russie. Il se trouve même dans le service
médical de l'armée américaine.
Le caducée est resté populaire et pourtant il a
su traverser plusieurs civilisations tout en conservant ses
mystères. Son origine exacte reste inconnue, mais une
chose est certaine : il perpétue les mythes du serpent,
des mythes enfouis au plus profond de notre inconscient
collectif et
qui ressurgissent dans l'énigme de Rennes‑le‑Château...
Le caducée à Versailles
"Caduceus" par James Muir
(sculpteur États-Unis)
La Reine de bronze...