Ou l'histoire d'un grand Secret...

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L'église Marie Madeleine, le bas relief - Rennes-le-Château Archive

L'église Marie‑Madeleine       4/11
Le bas‑relief Marie‑Madeleine

Rennes‑Le‑Château ou l'histoire d'un grand secret

 

 

   L'église Marie‑Madeleine fut certainement l'œuvre centrale et la plus grande fierté de Bérenger Saunière. Elle concentre à elle seule un ensemble de symboles et de métaphores que Saunière, Boudet et sans aucun doute d'autres prêtres nous léguèrent à la postérité. Pour tous les curieux et les passionnés, elle témoigne de plusieurs passés tumultueux comme celui des Wisigoths et des Carolingiens, celui du XVIIe siècle avec Nicolas Pavillon et la baronnie des Hautpoul, ou celui du 19e siècle avec Bérenger Saunière, sa vie insolite et ses grands travaux inexpliqués.

 

   Comment un prêtre sans le sou a‑t‑il pu mener à bien un tel projet ? Comment a‑t‑il pu entreprendre de telles rénovations si couteuses ? Car le résultat ne peux laisser indifférent. Non seulement la paroisse démontre l'exécution d'un projet énorme et financièrement lourd, mais elle est aussi la preuve que l'objectif était d'étonner les fidèles en utilisant une décoration riche et voyante. Enfin, la paroisse cache des détails difficilement observables à l'œil nu, ce qui renforce l'idée d'un codage particulièrement étudié. Le plus bel exemple est celui donné par la fresque de la Montagne Fleurie.

 

    Surtout elle représente un réel défi pour tous les chercheurs qui depuis 50 ans tentent vainement de décoder son message...

 

 

 

 

Une Marie‑Madeleine bien étrange

   Sous l'autel, entre les deux enfants Jésus qui se font face, très légèrement éclairée, une curieuse décoration accroche le regard. On ne peut l'éviter. Il s'agit de Marie‑Madeleine agenouillée, patronne du lieu. Il s'agit d'un bas relief serti sur une fresque et qui n'a malheureusement aucune signature. Personne ne connaît avec certitude le ou les artistes qui élaborèrent la scène peinte. Comme tout le reste dans cette église, cette décoration possède aussi ses codes, ses allégories et ses secrets...

 


Les deux Jésus et le bas relief Marie‑Madeleine sous l'autel

 

   L'œuvre est en fait une composition artistique mélangeant un statuaire et une peinture de fond.  Le tout donne une impression de profondeur qui accentue le rendu des formes et des couleurs. A priori tout est normal et l'image semble parfaitement en accord avec les attributs classiques religieux. Pourtant quelques détails intriguent, et c'est bien l'objectif. Il faut, comme d'habitude dans cette affaire, attirer l'attention des curieux avertis et cela fonctionne bien car l'important est autour.

 

   Il fallut tout de même de nombreuses années avant de découvrir les signes évidents d'une peinture codifiée, preuve que ces prêtres avaient plus d'un tour dans leur sac...

 


Le bas relief Marie‑Madeleine sous l'autel

 

   On sait aujourd'hui que la sculpture utilisée fut spécialement réalisée  par les Ets Monna de Toulouse, à partir d’un profil de statue Marie Madeleine obtenu par une coupe verticale et qui fut rapporté sur le panneau sous l’autel. La statue a donc été coupée dans sa hauteur puis posée sur le futur décor. La photo ci‑dessous montre comment fut constitué cet assemblage. Les artistes ont œuvré avec beaucoup d'intelligence et de savoir faire pour obtenir un effet original et émouvant. Mais comme pour la fresque l'important est ailleurs...

 


Le bas relief Marie‑Madeleine vu de profil ‑ Photo Jean Brunelin

 

   Le bas‑relief montre Marie‑Madeleine priant dans une grotte. Elle est agenouillée, les doigts exagérément croisés devant une croix rustique composée de deux rameaux de bois vert mal ébranchés liés par un nœud. La grotte est sombre et sert de cadre à cette scène étrange. Un paysage énigmatique se dessine à l'horizon.

   Si l'on s'en tient à la représentation de Marie‑Madeleine, celle‑ci reste classique. Selon la légende et la tradition, la grotte serait celle où la Sainte vint finir ses jours... la Sainte‑Baume mais ceci n'est qu'une hypothèse sans fondement, le paysage extérieur nous indiquant tout autre chose...

 

   Un détail intéressant est la position des mains et des doigts entrelacés qui ne reflètent pas une position naturelle. Certains auteurs veulent y voir l'évocation d'une grille, d'un quadrillage, d'un échiquier ou d'un signe ésotérique... 

 

   Or cette position des doigts n'est pas unique. On la retrouve dans beaucoup d'autres représentations de Marie‑Madeleine.

 

   Marie‑Madeleine est représentée ici avec ses attributs classiques : une croix de bois vert mal ébranché, un crâne, un livre ouvert et ses long cheveux roux... Il manque toutefois son vase, baume guérisseur.


Détail du bas relief

 

   La statue a été réalisée par les Ets Monna, cette maison réalisait de nombreuses commandes sur mesure et à des prix très avantageux. Mais la pose agenouillée et ces traits artistiques ne sont pas uniques et ont été souvent repris pour d'autres statuaires.

 

   Un exemple peut être cité avec la statue ci‑contre de la Maison Giscard et qui était placée en ornementation sur un maître‑autel à Belpech (Aude).

 

 

   Si nous savons aujourd'hui que la statue posée sur la fresque provient de la Maison Monna, il en va pas de même avec la peinture. Le bas‑relief, une fois installé et le décor auraient ensuite été peints selon des directives très précises, surtout pour le paysage et le fond de la grotte.


Une autre Marie‑Madeleine étrangement ressemblante
est située à Belpech (Aude)

   Il faudra attendre une étude très détaillée sur photos haute résolution pour s'apercevoir que le fond de la grotte contient en réalité de nombreuses curiosités.

 

Une peinture source d'inspiration ?

 

   C'est en août 2009 qu'un chercheur autrichien, Christof Summer,  découvrit dans une église de sa région, à Nofels (Vorarlberg, Autriche) une peinture de Marie‑Madeleine particulièrement évocatrice pour les chercheurs de Rennes. La toile occupe la partie centrale d'un grand panneau derrière l'autel. L'œuvre est signée par un artiste local,  Florus Scheel (1864‑1936) et elle aurait été produite en 1898.

 

   On retrouve encore une fois Marie Madeleine agenouillée, les doigts exagérément croisés et ses attributs classiques.

Le bas relief Marie‑Madeleine sous l'autel

 


 

A gauche, la peinture de
Florus Scheel (1864‑1936)
crée en 1898


(Image aimablement fournie par
Corjan de Raaf)

 

   Saunière ou Boudet ont‑ils utilisé comme source d'inspiration cette représentation autrichienne ? Peu probable. L'une des raisons est que l'église de Rennes fut achevée en 1897 et que Mgr Billard vint la visiter le 6 juin de cette même année (la peinture de Florus Scheel a été crée  en 1898). D'autre part le bas relief est une composition complexe où se mélange une production des Ets Monna (la statue de Marie‑Madeleine) et une peinture qui fut achevée sur place. Il faut donc admettre qu'il existe un autre modèle plus ancien et qui servit de base à tous ces artistes de la fin du 19e siècle.

 

   Il semble que cette peinture autrichienne semble être née d'une gravure identique de Julius Allgeyer d'après une peinture plus ancienne de 1850 et produite par Johann Gebhard Flatz, Karlsruhe.

 

   La ressemblance reste en tout cas frappante. On retrouve les doigts croisés, la même position agenouillée en prière, la même croix de bois vert, les mêmes drapés, les mêmes couleurs de tissu. On observe même une montagne pyramidale (assimilée au Cardou sur le bas relief). Mais la grande différence avec la peinture autrichienne réside dans le fait que les secrets du bas relief se trouve dans les fonds de la grotte et dans son horizon extérieur...

 

L'inscription disparue

 

   Il y a quelques années, un texte dans une calligraphie étrange était inscrit sur une plaquette de bois posée au‑dessous du bas‑relief. Cette plaquette installée par Saunière fut malheureusement dérobée en 1970. Par bonheur il reste quelques photos prouvant son existence. Une copie est de nouveau visible aujourd'hui.

 

   Dans un de ses ouvrages, Gérard de Sède publie une photo et en donne la traduction.

 


Le bas relief vers 1960, au temps où l'inscription
sous Marie‑Madeleine existait encore

 

Noël Corbu montrant le bas‑relief Marie‑Madeleine sous l'autel de l'église de Saunière.

 

La plaquette de bois originale visible au‑dessous et portant une inscription en latin n'existe malheureusement plus aujourd'hui. Une copie la remplace.

 

   Cette inscription est également reprise dans les notes d'Alain Feral. C'est grâce à ces relevés que l'on peut prendre conscience de l'importance du message qui comporte des anomalies visiblement volontaires et des curiosités calligraphiques.
Le bas‑relief et l'inscription qui s'y rapportent sont importants pour plusieurs raisons :

   Cette plaquette a été posée par Saunière en plus de la peinture. Fallait‑il ajouter un message au message ? Cet ajout est de toute évidence important.

 

   L'inscription présente des anomalies latines ainsi que des signes curieux : croix, points, majuscules à osselets...

 

   L'inscription a été reprise pour être glissée au bas du grand parchemin (rappelons que les parchemins ont été créés entre 1890 et 1915)

Si l'on retranscrit l'inscription en respectant la ponctuation, les accents, les lettres jumelées et les majuscules voulus par Saunière on obtient le texte suivant :

 

JÉSU.MEDÈLA.VULN ÉRUM + SPES.UNA.PŒNITENTIUM.
PER.MAGDALANÆ.LACRYMAS + PECCATA.NOSTRA.DILUAS.

 

Ce qui peut se traduire par :

 

"Jésus, remède pour nos peines et unique espoir pour nos repentirs.
C'est grâce aux larmes de Madeleine que tu effaces nos péchés.
"

 

   Il faut noter qu'une fois de plus Saunière, prêtre érudit, commet quelques erreurs de syntaxe grammaticales et orthographiques (le pOEnitentium devrait s'écrire pAEnitentium). Le plus correct aurait été :

 

JESU  VULNERUM MEDELA,  PAENITENTIUM  UNA  SPES
MAGDALENAE  LACRYMAS  PECCATA  NOSTRA  DILUAS

 

   Il est important de noter que cette sentence est extrait d'un hymne à Marie‑Madeleine d'Odon de Cluny. Ces vers sont repris aussi en épilogue du Grand parchemin.

 

   Comme indiqué plus haut on retrouve cette inscription au bas du grand parchemin (voir ci‑contre au niveau des deux dernières lignes)

 

   Manifestement, Saunière, Boudet ou Jourde ont voulu nous laisser à la postérité un élément semble‑t‑il important. C'est en tout cas un astucieux moyen de prouver la relation entre le parchemin et le bas relief.

 

   C'était sans compter sur les actes de vandalisme qui devaient apparaître dans le siècle suivant.


Le grand parchemin

 

Le paysage de fond

 

   Le bas‑relief est troublant à plus d'un titre et le paysage peint à gauche soulève bien des questions. A l'horizon, plusieurs objets ressemblants à des constructions sont perceptibles. A droite, une montagne pyramidale rappelle le Cardou. Or si on compare cette scène avec une vue de Coustaussa depuis la route conduisant à Rennes‑Le‑Château, la ressemblance est saisissante.

 


Les constructions étranges à gauche et la montagne pyramidale à droite

 


Le château de Coustaussa et le Cardou, vus depuis la route
menant à Rennes‑le‑Château

 


Les constructions à gauche pourrait‑être le château de Coustaussa
La montagne pyramidale serait alors le Cardou...

 

   Pour comprendre la composition, il faut imaginer que la peinture gauche représente le château de Coustaussa mais observé depuis depuis Rennes‑le‑Château.

   Si l'on contemple le château de Coustaussa depuis Coustaussa (Rennes‑le‑château est au fond) alors, la ressemblance est très lointaine.

 


Le château de Coustaussa vu de Coustaussa (Rennes‑le‑Château au fond)

 

   Mais en inversant l'image, la ressemblance devient évidente. On reconnait les trois éléments principaux avec le pilier gauche, la façade et ses ouvertures et un reste de construction à droite sur l'image inversée.

 


Le château de Coustaussa vu de Coustaussa (IMAGE INVERSEE)

 

   Si cette interprétation est admise, une question évidente vient à l'esprit. Pourquoi nous montrer avec une telle insistance le château de Coustaussa inversé et le Cardou ?

 

 

   Un autre hypothèse doit être considérée. Les deux constructions vu de près sont étranges. Dans une première analyse on pourrait les interpréter comme des initiales: J ‑ M et A entrelacés ce qui pourrait nous donner Jésus ‑ Avé Maria.

 

   L'entrelacement du M et du A est caractéristique. Mais ces lettres pourraient aussi être tout simplement la signature du peintre, bien que si la volonté était de coder le bas relief, il semble peut probable que l'artiste se soit risqué à ajouter un signe personnel risquant de brouiller le message codé.

 

Le bas relief à la loupe

   C'est en 2007 qu'une étude initialisée par Jean Brunelin devait se révéler riche en surprises. L'idée était de photographier la peinture avec une très haute résolution. Ce procédé sera poursuivi sur la fresque de la Montagne Fleurie, ce qui nous donnera dans la même année une moisson de découvertes toutes plus belles les unes que les autres. Le bas‑relief est codé et plus précisément le fond de la scène. C'est maintenant une certitude. La preuve nous est fournie par cette analyse qui montre effectivement des détails étonnants.

 


 

 

 

Cliquez sur les zones indiquées pour agrandir l'image

 

   De loin, rien ne paraît et le fond de la grotte semble tout à fait normal. Mais en agrandissant certains détails il est difficile de ne pas admettre que cette peinture cache un vrai rébus. En fait tout le fond est composé dans un style abstrait de toute beauté où l'agencement des couleurs et des coups de pinceaux font apparaître des formes étonnantes qui font travailler notre imaginaire.


Deux livres dans la roche


Une station du chemin de croix

 


Une station du chemin de croix ?
© rennes‑le‑chateau‑archive.com
Photo Jean Brunelin


La station 14


 

 

   Voici par exemple à côté de Marie‑Madeleine une forme qui pourrait rappeler une station du chemin de croix comme par exemple la station 14. Sa forme et ses bords sont délicatement suggérés. 

 

   Si certains auteurs ont cru pendant longtemps que la qualité artistique de cette peinture ne pouvait désigner qu'un artiste de second rang, la subtilité du trait montre au contraire une parfaite maîtrise du pinceau et un art certain pour le camouflage. L'idée d'un Saunière artiste est donc totalement exclue.

 


Un livre fondu dans la roche de la grotte
On peut même en distinguer un second à côté

© rennes‑le‑chateau‑archive.com ‑ Photo Jean Brunelin

 

   On peut aussi deviner un livre fondu dans la voûte de la grotte. S'agit‑il d'un rappel à "La vraie langue celtique" de Boudet...

 

   Ce travail d'artiste n'est pas l'œuvre d'un peintre occasionnel mais plutôt d'un artiste confirmé que Saunière recruta très certainement à la Maison Giscard. Cet artiste a aussi peint la fresque gauche et droite autour de la Montagne Fleurie et possédait un cahier des charges extrêmement précis. D'ailleurs on retrouve sur ces peintures les même traits et la même température de couleurs...

 

   C'est en 2007 suite à la fin des travaux et de l'étude de ces peintures que nous avions enfin la certitude que l'église possède un message parfaitement homogène et cohérent.