Il existe, parmi les sujets de
recherche
sur Rennes‑le‑Château,
des thèmes récurrents.
Celui concernant les méridiens
revient régulièrement.
À la fois
simple et complexe,
cette notion est de manière évidente
liée à l'énigme. Leurs histoires
touchent aussi
des domaines
comme l'alchimie, l'occultisme
ou les
alignements topographiques.
Surtout, il existe une histoire officielle
qui aurait commencé au
XVIIe siècle
sous Louis XIV,
mais l'étude montre
que le sujet est bien plus complexe
que ce que l'on veut bien
nous faire croire... |

Les méridiens historiques
et occultes de la France |
Méridien 0, méridienne verte, méridien de Saint‑Sulpice, de Bourges, méridien de Paris, sont autant de lignes
virtuelles peu connues du grand public. Et pour cause, la communication est particulièrement trompeuse, car tout n'est pas dit.
L'affaire des méridiens, car il s'agit d'une affaire dans l'énigme, touche
la géographie secrète et sacrée de la France, un sujet très peu
médiatisé, mais que
l'accessibilité aux nouveaux outils de cartographie permet
aujourd'hui de mettre en valeur.
De nombreuses erreurs
perdurent également de façon cyclique, comme celle de croire que
le
Méridien 0 traverserait exactement
le
tombeau des Pontils, ou que la cathédrale
de Bourges se trouverait sur le méridien de
l'église Saint‑Sulpice
de Paris. On peut même lire que la petite chapelle abritant la sépulture de
Jean Cocteau serait placée sur ce même méridien, alors
qu'elle est située à plusieurs kilomètres. Ces erreurs colportées par de nombreux auteurs entraînent
inévitablement des confusions difficiles à corriger avec le
temps. Tout ceci favorise une tradition culturelle qui se
propage sous la forme de rumeurs année après année,
sans aucune vérification élémentaire.
Le dossier présenté ici ne se veut ni parfait, ni
exhaustif. Le sujet est bien trop riche. Il essaie
néanmoins de démystifier certains préjugés et de tordre le
cou à des affirmations tenaces. Il n'en demeure pas moins
que l'affaire des méridiens reste remplie de mystères, mais comme souvent
dans l'énigme des deux Rennes,
les anomalies ne sont pas là où on les attend. Ce serait bien trop
simple...
|
Définition :
On appelle
méridien une ligne virtuelle traversant les pôles Nord et Sud, et perpendiculaire à l'équateur. Il en existe une infinité
autour de la planète et plusieurs méridiens célèbres traversent la France. Le plus connu aujourd'hui est le
méridien de Greenwich qui sert de
référence internationale. D'autres méridiens français sont historiques,
d'autres encore sont secrets, voire sacrés...
Pour plus d'information sur
la géodésie, les problèmes de
cartographie et les systèmes de localisation rejoignez la page
Géodésie et cartographie |
Vers 240 av. J.‑C.
, Erastosthène,
mathématicien de l'école d'Alexandrie, prouve que la terre est ronde et calcule son rayon (6500 km) en observant et en mesurant
la hauteur du soleil à Alexandrie et à Syène situé 800 km plus au Sud sur le même méridien. Il utilise pour cela un bâton planté dans
le sol et mesure son ombre (un bâton qui fait de l'ombre, en grec, s'appelle un gnomon). Plus tard, durant plus de 1000 ans, l'Occident
croira à une Terre plate située au centre du monde et bordée par un abîme ...
L'Histoire est un éternel recommencement... Après de
belles découvertes et de longues périodes sombres, il y a heureusement la lumière... |
Le Méridien de
Paris (ou Méridien 0) |
Le
Méridien de Paris ou Méridien 0
est par définition la ligne virtuelle qui traverse les pôles Nord et Sud, et
l'Observatoire de Paris.
Remplacé aujourd'hui par le méridien de Greenwich pour servir de repère
international, le méridien de Paris fut le prestige de la France et servit de référence mondiale. Il est encore utilisé
aujourd'hui pour toutes les coordonnées Est‑ouest sur toutes les cartes
topographiques de France.
L'Observatoire de Paris est créé
Au
milieu du XVIIe
siècle, après la mort de
Nicolas Poussin, quelques
membres de la communauté scientifique élaborèrent en
1665 le projet d'une "Compagnie des Sciences et des
Arts". Le physicien astronome Auzout envoya même au Roi une
dédicace : "Il y va, Sire, de la Gloire de Votre Majesté...
de l'établissement d'un observatoire astronomique..."
Louis XIV
et
Colbert profitèrent alors de cette demande pour
lancer un projet, celui de l'Académie royale des
Sciences.
La première séance eut lieu le
22 décembre 1666.
Mais pour concrétiser cette naissance, il fallait un monument
d'envergure et surtout un emplacement. Décision fut prise de
créer l'Observatoire royal.
Ce bâtiment qui deviendra l'Observatoire de Paris doit
servir de salle de séance pour les académiciens ainsi
que de
laboratoire et d'abri à des instruments astronomiques.
Colbert fera ensuite venir du comté de Nice, un certain
Jean‑Dominique
Cassini (1625‑1712), l'un des meilleurs astronomes de l'époque.
Louis XIV lui confiera la
responsabilité de l’Observatoire. C'est le début d’une véritable
aventure dynastique puisque 4 générations Cassini se succéderont à la
tête de l’institution. |

Colbert présente les membres de l'Académie Royale des Sciences
créée en 1667 à Louis XIV en présence
de Martin Cureau et des abbés Edme Maroitte
et Jean Picard. En arrière‑plan, l'Observatoire de Paris en pleine construction
Musée National des Châteaux de
Versailles et de Trianon
par
Henri Testelin (1616‑1695) |
Le
domaine qui accueille aujourd'hui l'Observatoire de Paris possédait à l'origine une
superficie de 2,5 hectares. Le terrain
parfaitement dégagé
était de forme pentagonale
et l'axe Nord‑sud définissait
le futur méridien.
L'emplacement fut acheté au nom du Roi le
7 mars
1667 pour la somme
de 6604 livres et sa situation était particulièrement bien
choisie. Tout autour s'étendaient exclusivement des domaines religieux : au
Nord
l'abbaye de Port‑Royal de Paris ; à l'Est le noviciat des
Capucins ; à l'Ouest le noviciat des pères de l'Oratoire ;
quant au sud la campagne avec ses moulins à vent. L'horizon
était parfaitement dégagé de tous côtés et donc particulièrement
propice aux observations célestes.
Pour protéger le site situé en dehors de Paris
(au‑delà de la Fausse Porte‑Saint‑Jacques et au
lieu‑dit Le Grand Regard, Le Regard de l'aqueduc des eaux de Rungis et d'Arcueil construit en
1613), on construisit rapidement une enceinte qui coûta trois fois le prix du terrain. À
l'origine, l'entrée principale se trouvait dans le chemin du
faubourg Saint‑Jacques, mais en
1811 elle se déplaça sur l'Avenue
de l'Observatoire. Deux pavillons viendront encadrer l'entrée et
sont toujours visibles.
Le
21
juin 1667, jour du
solstice d'été,
les
mathématiciens et les astronomes de l'Académie tracèrent sur le terrain, à
l'emplacement actuel du bâtiment, le méridien et les autres
directions nécessaires à l'orientation exacte de l'édifice. |
 |
La
ligne ainsi définie devint le
méridien de Paris,
le méridien origine pour la France et pour le monde. Le
méridien 0 était né.
Les
quatre faces de l'édifice furent orientées vers les points cardinaux et
la face sud détermine la latitude de Paris.
Le bâtiment fut bien sûr orienté avec une grande précision.
Construit entre
1668 et
1672, l'Observatoire est conçu sur les plans
d'un architecte célèbre du Roi : Claude Perrault et qu'il
ne faut surtout pas confondre
avec
Charles Perrault son frère,
le célèbre auteur des contes.
|
Claude Perrault, membre de l'Académie dans la section
physique, fit au préalable exécuter une maquette en bois
qu'il présenta à Louis XIV et aux académiciens.
La construction fut rapide malgré des travaux de
consolidation qu'il fallut effectuer dans les sous‑sols. En
effet, Claude Perrault
découvrit très rapidement que de vieilles carrières souterraines
étaient présentes et affaiblissaient le sous‑sol.
Elles deviendront plus tard les
catacombes.
Ces vides situés à environ 28 m sous terre furent
consolidés pour soutenir la construction. La profondeur de la carrière
équivalait à la hauteur du bâtiment et un puits d'une hauteur de
56 m fut même construit avec un escalier en spiral
dans sa partie inférieure.
|

La mire du Méridien
dans le parc de l'Observatoire |
Ce puits permit notamment à l’astronome Cassini d’observer les
étoiles au zénith et de réaliser des études sur la chute des
corps. Les anciennes
carrières furent aussi aménagées en laboratoire souterrain et
devinrent « les caves de l’Observatoire
».
Ces lieux très privilégiés pour les expériences scientifiques du fait de la
très grande stabilité de
la température, permit d'établir toute sorte
d'étalonnage dont le calibrage des thermomètres.
|
 |

L'Observatoire presque terminé
avec son enceinte vers 1672 |
L'édifice se compose d'un corps central rectangulaire, flanqué à l'Est et à l'Ouest,
sur sa face méridionale, de deux tours octogonales. Une tour carrée est accolée à la façade Nord de laquelle elle fait saillie.
Elle
deviendra plus tard la caractéristique du monument. La façade sud est ornée de bas‑reliefs représentant des globes et des instruments
d'astronomie. |
 |
Le gros œuvre fut terminé en
1672
et les travaux d'aménagement se poursuivront
jusqu'en 1683. Au final, l'Observatoire de Paris aura
coûté 716
000 livres.
Mais ce lieu ne
deviendra pas le centre de recherche national d'excellence
qu'avaient imaginé Colbert
et Louis XIV. En dehors d'un
Cabinet des
machines
qui servit de dépôt à l'Académie des sciences jusque vers
1740, l'Observatoire est consacré entièrement à l'activité
astronomique. Dès ses débuts les académiciens ne manifestèrent en effet
aucun désir d'y travailler ou de s'y réunir, le lieu étant
trop éloigné du centre de Paris.
Contre toute attente, en
1919,
l’Observatoire devint aussi le centre mondial de l’Heure et du Temps.
Après les pendules de précision vint une horloge à quartz en 1946
puis les horloges atomiques.
Cet observatoire est aujourd'hui le plus ancien encore en service dans le
monde. |

Les salles de l'Observatoire de Paris |

L'Observatoire de Paris aujourd'hui.
Le second dôme ne fut jamais définitivement installé |
Le Méridien
de Paris était une référence mondiale
Le Méridien de Paris
fut pendant des années le
zéro géographique mondial
utilisé par les navigateurs. Surtout, il permit de voir le
jour à un autre projet, la cartographie de la France, un projet colossal mené par
la dynastie Cassini et qui engendrera de nombreux mystères. Ce travail de mise à jour des cartes existantes devenait en effet indispensable pour mener à bien non seulement les
stratégies politiques du pouvoir royal, mais aussi la connaissance du territoire et du monde.
Il est vrai que du temps de
Colbert
la carte de France était encore loin de la réalité et il était temps de la reconstruire scientifiquement...
|

La carte de la France en 1609 par Abraham Ortelius |
C'est
aussi par le biais d’un travail titanesque effectué par les géographes
que le rayon du globe terrestre put être mesuré très
précisément. Ces mesures purent, entre autres, confirmer les
théories d’Isaac Newton
concernant la gravitation, et affiner la valeur de
sa fameuse constante gravitationnelle. |
La particularité du
Méridien de Paris,
tout comme celui de
l'église Saint‑Sulpice,
est qu’il est matérialisé par une ligne de cuivre traversant
l’Observatoire. Cette ligne n’a pas pour objectif de désigner
l'emplacement géographique, mais plutôt de servir de
gnomon.
Une petite
ouverture est en effet placée dans une fenêtre au sud de l’Observatoire
permettant à un rayon de soleil de traverser la ligne méridienne à
midi solaire très exactement.
De plus, le rayon qui dépend de la hauteur du Soleil permet de
fonctionner comme un véritable calendrier astronomique.
Comme à
Saint‑Sulpice, on trouve des signes du zodiaque et les dates des
équinoxes, sauf qu'ici, ils sont gravés sur le sol. |

La ligne de cuivre de l'Observatoire
de Paris marque le méridien 0 |
C'est en
1718
que le tracé de
la méridienne fut enfin achevé grâce à
Jean‑Dominique Cassini (1625‑1712), premier directeur de
l'Observatoire, à son fils Jacques Cassini
(1677‑1756),
et à Philippe de La Hire
(1640‑1718). Ce projet demanda un travail immense du fait des nombreux calculs extrêmement précis qu'il fallut effectuer et du
nombre important de territoires parcourus. C'est grâce à
la technique de la triangulation que les géomètres parvinrent à reconstruire les
proportions géographiques et finalement à dessiner la carte de la France.
Pour mener à bien ce projet, il fallut d'abord trianguler autour du méridien 0. Cette ligne servit de support pour la suite de la cartographie
et représente la colonne vertébrale de la carte
française.
Le rayonnement culturel que créa dans le monde cette nouvelle référence scientifique et géographique fut tel que Paris
devint la capitale de l'Heure de précision et du
référentiel. On associa même la capitale à un nouvel
omphalos,
c'est à dire "le centre du monde"... ce qui n'est pas
rien... |

La France au XVIIIe siècle traversée par le méridien de Paris et sa triangulation
Ce travail laborieux permit de reconstruire une image de la France très proche de la réalité. |
Le méridien
de Paris permit de définir le mètre étalon
Si la France est à l’origine du système métrique, la définition du mètre est liée à la longueur du méridien terrestre. Il fallait donc
pour cela déterminer avec précision sa longueur.
En
1790, il n'y a pas d'unité de
mesure en France et c'est en pleine tourmente révolutionnaire que
le mètre étalon universel est décidé. Pour Condorcet, il
fallait "Une mesure Universelle pour tous les temps, pour tous
les hommes"...
En 1792
la Convention décide alors d'unifier les unités de mesure sur le territoire français (chaque canton a alors sa propre toise, et
l'assemblée supprime le privilège "d'établir la mesure". Le mètre vient de naître. Ce sera le 40 millionième du méridien
terrestre.
Les mesures seront reconduites après
Cassini
de 1792
à 1798 par
Jean Baptiste Delambre et Pierre
Méchain. Envoyés avec une
lettre de mission signée de
Louis XVI, les scientifiques partirent, l'un à
Dunkerque et l'autre à Barcelone pour mesurer très précisément la longueur d'un
arc de méridien.
Ils utilisèrent pour cela une technique basée sur des
mesures d'angle à partir de points et de repères situés sur les
hauteurs de part et d'autre de la Méridienne. Leurs travaux
furent présentés le
3 juillet 1799 après
7 ans de mesures. Ce sera le mètre étalon et les unités comme la
toise et le pied seront abandonnées.
Jean‑Baptiste Biot
et
François Arago seront ensuite désignés par Napoléon pour poursuivre le travail de Delambre et Méchain jusqu'aux Baléares, au
sud de
l’Espagne. Sur place, José
Rodriguez, mathématicien fidèle, les aidera à la réalisation de 17 triangulations nécessaires au tracé de la méridienne.
François
Arago
a 9 ans et vit à Estagel lorsqu'il est
impressionné par le passage de Pierre Méchain. En 1806, alors qu'il a 20 ans et qu'il sort de l'école polytechnique, il demande et obtient de
pouvoir prolonger la mesure du méridien jusqu'aux Baléares.
Les travaux se terminent en
1809
et
il devient à son retour membre de l'Académie royale, puis Secrétaire perpétuel de la division des sciences mathématiques et
physiques en
1830. Enfin il est Directeur des observations de l'Observatoire de Paris en
1834. |
Le
27 février 1848, François Arago est un des signataires de la Proclamation de la République. Membre du gouvernement provisoire,
il est nommé ministre de la Marine et des colonies puis de la guerre et signe le décret d'abolition de l'esclavage.
Il meurt à
l'Observatoire de Paris en 1853.
En
1893,
la France reconnaissante lui dresse une statue place de Sein (située sur le méridien près de l'Observatoire) qui sera inaugurée par
Jules Ferry, ministre de l'instruction publique. Mais en
1942,
comme beaucoup d'autres, la statue est déposée et fondue pour fabriquer des canons. Aujourd'hui des médailles de bronze marquant
le méridien à Paris portent son nom. |

François Arago
(1786‑1853) |
Après la
dynastie de pères en fils des Cassini et après la Révolution,
l’Observatoire fut acquis par le Bureau des longitudes en
1795. Cette nouvelle organisation travailla à la définition
du système métrique. |
Le mètre
étalon est défini en 1799 et devient la base du système métrique décimal créé par la Convention en 1795.
Les autres unités sont fondées sur le
mètre et deviennent le système de mesure international :
Les longueurs (le décimètre, le kilomètre ...) Les surfaces (le mètre carré ...) Les volumes (le mètre cube, le décimètre cube ...) Les capacités (le décimètre cube correspond au litre) Les poids (le kilogramme est le poids d'un litre d'eau pure) |
Le méridien de Paris perd son prestige et se
déplace
Si
pendant longtemps le méridien origine fut celui de Paris,
cette réputation finit par disparaître. Alors que tous les systèmes de navigation, les marins français, les géographes et les
voyageurs, utilisent cette référence, c'est en
1884
qu'une convention internationale décida sous la forte pression des
Britanniques attachés aux affaires maritimes, d'un nouveau
méridien. Ce fut celui
de Greenwich
qui l'emporta,
non loin de Londres.
C'est donc en 1891 pour les besoins de la navigation
internationale que ce nouveau méridien devint la référence
géodésique mondiale et servit à calculer les positions et le
temps universel.
En 1911 malgré les efforts pour imposer
son méridien, la France sera obligée, sous la pression du reste de la communauté internationale, d'adopter le méridien anglais de
"Greenwich" comme méridien d'origine servant à calculer le temps universel. Les pendules de tout le territoire Français furent ainsi
retardées de 9 minutes et 21 secondes.
Sur cette base, la
position GPS de l'Observatoire de Paris
est devenue :
GPS de l'Observatoire de Paris : 48° 50' 11.3"
N 2° 20' 11.5" E
L'histoire réserve
parfois des surprises puisque finalement la ligne rousse (cuivrée) de Paris
(Roussillon) céda la place à la sorcière verte (Greenwich). La ligne méridienne passant par l'Observatoire de Paris est
aujourd'hui définie dans le système NTF (Nouvelle Triangulation de la France). |

L'Observatoire et le Méridien de Paris (Google Earth) |
Le méridien 0 est retracé à Paris |
Jusqu'en
1884
toutes les distances Est‑ouest en France furent mesurées depuis
cette ligne méridionale. En hommage à cette référence perdue,
une matérialisation à Paris fut entreprise en
1986
par la pose de 135 petites médailles dites "Arago" du nom
de l'astronome François Arago.
Les médailles
furent
disposées à différents endroits symboliques de Paris.
Malheureusement elles sont pillées et disparaissent peu à peu. |
 |
C'est
Jan Dibbets
qui matérialisa dans Paris la ligne du Méridien 0 en incrustant les 135 médaillons de bronze suivant son passage. Les pièces de
bronze rendent hommage à François Arago, astronome et géomètre, qui recalcula le méridien. La ligne croise les hauts lieux de
l'Histoire de France : il traverse entre‑autre, la Closerie des Lilas, le jardin du
Luxembourg, le palais royal et
la pyramide du Louvre.
|
La pyramide de verre de Mitterrand
Découverte par le public pour son
symbole hermétique grâce à un livre best‑sellers "Da Vinci Code", la pyramide de verre du Louvre fut l'un des projets phare et
certainement le plus médiatisé de l'ère mitterrandienne.
Très critiquée au départ, elle est
aujourd'hui parfaitement intégrée dans le décor baroque du Louvre, et les touristes se pressent dans la cage de Khéops pour
immortaliser quelques souvenirs.
Surtout elle a une mission : rappeler aux
futures générations qu'une ligne la traverse, le
méridien de Paris, ouvrant sur bien des secrets...
|

La pyramide de verre posée sur le méridien ‑ Musée du Louvre à Paris |
La
Pyramide du Louvre, faite de verre
et de métal, est située au milieu de la cour Napoléon du Musée. Commandée par le président
François Mitterrand en
1983 elle a été conçue par l'architecte
Leoh Ming Pei. Elle s'élève à 21,64 m sur une base carrée de 35,42 m de côté. Elle fut
inaugurée le 30 mars 1989 et ouverte au public le 1er avril de la même année.
Il est a noter que le projet d'une pyramide
au Louvre n'est pas récent. En effet ce monument avait été proposé pour les célébrations de la Révolution française et on retrouve la
trace dans un petit fascicule «
Mémoires sur deux grandes obligations à remplir par les Français » écrit par Bernard François
Balsa en 1809. L'une de ces obligations était d'élever dans la cour du Louvre une pyramide qui serait un monument national de
reconnaissance à l'Empereur...
Nous verrons que ce type de construction n'est pas unique en France... |

La pyramide du Louvre... Aujourd'hui fierté nationale... |
Naissance d'une méridienne
verte
En novembre 1998 Paul Chemetov annonçait « Célébrer le siècle et le millénaire, c’est affirmer que nous avons
habité le temps et que nous allons continuer à le faire par‑delà la finitude de chaque destin individuel. »
C'est donc dans l'année
2000 que l'idée d'une méridienne verte basée sur le
méridien de Paris fut proposée par
Paul Chematov à qui
l'on doit les Halles et la galerie du Muséum de Paris.
Ce projet considérable consiste à la plantation d'une ligne
d'arbres traversant toute la France suivant le fameux Méridien
0 :
Nous
allons planter des arbres pour symboliser le tracé de la
Méridienne de Paris. Ces arbres vont traverser en France
336 communes, 20 départements et 8 régions. Et le long
de la méridienne, nous aurons le 14 juillet,
l'incroyable pique‑nique et plus tard un chemin de
grande randonnée qui permettra à pied d'aller de
Dunkerque à Prats de Molo dans les Pyrénées Orientales
en passant par Bourges et le Subdray. |
D'où est venu ce besoin soudain d'immortaliser une ligne virtuelle littéralement
tombée dans l'oubli des Français ? Pourquoi la mélanger avec la fête révolutionnaire du 14 juillet ? Ce projet grandiose a peut‑être
pour objectif de réveiller en nous la nostalgie d'une époque où la France rayonnait au travers de ce référentiel mondial... Nous
verrons que l'affaire du méridien cache bien d'autres secrets... Le projet sera en tout cas nommé "Méridienne
verte".
Nous ne
verrons jamais les arbres, mais en guise de compensation,
quelques bornes au bord des routes signalent aujourd'hui la coulée verte. On note d'ailleurs dans
ce discours une
méconnaissance du tracé puisque
le Méridien de Paris ne passe
pas par Bourges, mais à
4 km à l'ouest de la ville... Il passe par contre très près de Rennes‑les‑Bains, à 250 m du
Tombeau des Pontils... |

Le Méridien de Paris que l'on appelle aussi aujourd'hui Méridienne verte |
La carte de la France au 19e siècle |
Suite à la cartographie des
Cassini, le besoin de
mettre à jour cet immense travail devint indispensable au
19e siècle. Cette nécessité vint des militaires qui voulurent au plus vite
dresser des cartes d'état‑major précises et fiables du territoire. D'une importance stratégique évidente, la carte
d'état major fut l'œuvre du dépôt de guerre créé en
1688 par
Louvois. En
1887, ce dépôt fut rattaché à
l'état major général sous le nom de service géographique de l'armée. Le tracé de la carte au 80000° débuta en avril
1818 et
dura plus de 60 ans représentant encore une fois un travail énorme et un coût très élevé.
Les cartes furent finalement achevées en
1880.
Pour réaliser ce travail, la France est divisée en quadrilatères d'environ 200 km de côté
séparés par les chaînes principales de triangles, les deux premières étant
la méridienne de Paris, et la perpendiculaire
Strasbourg‑Brest (principe déjà adopté par Cassini). La triangulation s'effectua ainsi selon les mêmes principes qu'au XVIIe siècle,
mais avec des instruments bien plus précis. |

La carte de la France après la première phase de triangulation au 19e siècle |
À partir de cette triangulation effectuée par les ingénieurs
géographes et sur la définition de l'ellipsoïde du Plessis
1817, les officiers d'état‑major réalisèrent les levés au 1/40000.
Le méridien de référence était celui de Paris et le parallèle de référence 45°N. Un calque accompagnait les minutes et recevait le tracé des courbes de niveau destinées à aider le graveur dans la représentation du
relief à l'aide de hachures. |
Les feuillets étaient ensuite gravés sur cuivre pour être
édités.
La carte complète de la France ne fût achevée que vers
1880, la
première carte publiée étant celle de Paris, la dernière celle de Corte.
La projection utilisée est celle de Bonne, dont la
caractéristique essentielle est d'être équivalente, c'est‑à‑dire qu'une surface sur le plan correspond à la même surface sur la sphère
terrestre. Son inconvénient est de ne pas être conforme, c'est à dire qu'un angle sur le plan ne correspond pas à un angle sur la
sphère.
Voir les détails sur la géodésie et les
projections cartographiques |

L'éclimètre utilisé au 19e siècle |
C'est la raison pour laquelle on décida plus tard
pour chaque révision des cartes, l'utilisation de la
projection Lambert
en 1898
et selon le nouveau système géodésique
français NTF.
Ces cartes au
1/80000 représentent des
rectangles de 40 x 64 km. La France est ainsi quadrillée par
267 cartes d'état‑major désignées par leur numéro ou par le nom de
localité la plus importante. |

Carte d'État‑major de la France divisée en 267 cartes (achevée en 1880) |
Le nivellement
représentant les mouvements du sol, les hauteurs, les vallées et les montagnes, était dessiné par des points cotés et des lignes de niveaux. Le dessin est ensuite enrichi par un système de hachures représentant le relief.
Les hachures représentent les lignes de plus grande pente et sont
normales aux courbes de niveau sur lesquelles elles s'appuient (lignes équidistantes de 20 m en plaine et 40 m en montagne, et
distinctes des autres courbes de niveaux). Elles sont écartées les unes des autres du quart de leur longueur et ont toutes une
épaisseur constante, ce qui fait que plus la pente est raide, plus le dessin paraît noir.
Cette loi du quart donnant des résultats
dissemblables selon les graveurs (des teintes trop claires en plaine et trop foncées en montagne), on adopta en
1853 un diapason
(commandant Hossard), réglant les proportions de blancs et de noir suivant les différentes pentes. Ceci permit de donner des
tons corrects aux différentes pentes et de rendre le procédé reproductible et fiable. |

Exemple de nivellement mis en valeur par le système de hachures |
On retrouve bien sûr dans cet exemple le trait de dessin de
la
carte Boudet.
Cette dernière a été effectivement redessinée à partir de la carte d'État major de 1864.
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