Ou l'histoire d'un grand Secret...

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ND de Marceille, le chemin de croix - Rennes-le-Château Archive

Notre Dame de Marceille            2/9
Le chemin de croix

Rennes‑Le‑Château ou l'histoire d'un grand secret

 

 

 

   On pourrait supposer que le village de Rennes‑le‑Château constitue l'épicentre de l'énigme, le lieu où toutes les thèses convergent, l'endroit où tous les indices se focalisent. Il n'en est rien, bien au contraire. Rennes‑le‑Château et son Domaine construit par Bérenger Saunière ne sont en réalité qu'un support au codage du secret, un site devenu culte et sur lequel les lazaristes déposèrent plusieurs messages à la postérité.  

     Or, pour comprendre la fabuleuse épopée qui au cours des siècles permit de forger l'affaire des deux Rennes, il est indispensable d'enquêter également du côté de Notre Dame de Marceille, un sanctuaire limouxin très particulier par lequel des personnages clés laissèrent leurs empreintes, comme ces mêmes lazaristes et dont le plus emblématique fut Jean Jourde...

 

 

 

Les stations du Chemin de croix

   Comme dans le cas du Chemin de croix de l'église de Rennes‑le‑Château, celui de Notre Dame de Marceille a été utilisé pour transmettre un ou plusieurs messages. Cette affirmation s'impose d'elle‑même après un examen détaillé de certaines stations. L'imagerie présente y est tout aussi fascinante.

 

   Comme nous le rappelle Franck Daffos dans son livre "Le secret dérobé", il est difficile aujourd'hui de déterminer lequel de ces deux aumôniers Mèche ou Gasc a réellement commencé et terminé le codage. Les stations ont elles été achetées par Mèche ? Puis cryptées par Gasc ? Ou bien est‑ce Gasc qui fut le seul maître d'œuvre ?

 

   Heureusement pour nous, Henri Gasc semble être un personnage méthodique et intelligent. Ce sont certainement ces qualités qui ont permis aujourd'hui de connaître quelques éléments sur son travail de codage. En effet, durant son poste d'aumônier à ND de Marceille entre 1838 et 1872 il écrivit un journal : "Notice sur le pèlerinage de NDM près de Limoux" qui fut édité au moins trois fois. Ce journal décrit les différentes restaurations entreprises par lui‑même et on peut y lire une phrase étonnante :

 

"Les tableaux en relief du chemin de croix ont reçu un coloris qui en relève l'effet et l'harmonise avec le reste de l'église."

 

Extrait de "Notice sur le pèlerinage de NDM près de Limoux"
page 26 par Henri Gasc

 

   Une chose semble certaine : si Henri Gasc ne fut pas le seul concepteur des stations, il apporta en tout cas une touche personnelle basée sur les coloris des reliefs.

   Les stations d'un chemin de croix doivent impérativement répondre à des règles canoniques très strictes imposées depuis très longtemps par l'Église. Or, un fait est certain : tout comme pour l'église Marie‑Madeleine, les stations de ND de Marceille ne sont pas parole d'Évangile. Et pour s'en rendre compte, il suffit de relever quelques anomalies qui les composent.

 

Les 14 stations en image
(cliquez sur chaque station pour les agrandir)

 

Station 1 :
Jésus est condamné à mort

Station 2 :
Jésus prend sa croix

 

Station 3 :
Jésus tombe pour la première fois

Station 4 :
Jésus rencontre sa mère Marie

 

Station 5 :
Jésus est aidé par Simon le Cyrénéen

Station 6 :
Véronique essuie le visage de Jésus

 

Station 7 :
Jésus tombe pour la seconde fois

Station 8 :
Jésus parle aux femmes de Jérusalem

 

Station 9 :
Jésus tombe pour la troisième fois

Station 10 :
Jésus est dénudé

 

Station 11 :
Jésus est cloué sur la croix

Station 12 :
Jésus meurt sur la croix

 

Station 13 :
Jésus est descendu de la croix

Station 14 :
Jésus est mis au tombeau

 

Anomalies et indices

   Voici donc quelques anomalies ou curiosités relatées par Franck Daffos et qui ont permis de confirmer la présence d'un codage bien orchestré...

 

Les cadres gothiques des stations

 

Curieusement, les cadres gothiques entourant les stations sont rouges pour les stations impaires et verts pour les stations paires...

 

Ponce Pilate

 

   Selon les règles canoniques en vigueur Ponce Pilate est représenté qu'une seule fois sur la station 1 et dans un aspect typiquement romain.

 

   Dans le cas de ND de Marceille, Ponce Pilate apparaît barbu dans des vêtements orientaux, ce qui n'est pas le code habituel.

 

   Mais le plus surprenant est qu'il apparaît deux autres fois : discrètement dans la station 9 et de façon flagrante dans la station 11...


Détail de la station I ‑ Ponce Pilate

 


Détail station 9 et Ponce Pilate


Détail station 11 et Ponce Pilate

 

Ponce Pilate ‑ Il fut procurateur de Judée et de Palestine de l'an 26 à 36. Gouverneur de l'Idumée, de la Judée, de la Samarie et de Galilée sous la supervision du légat de Syrie de l'an 26 à 36 après Jésus‑Christ, Ponce Pilate s'installa à Césarée sur le bord de la Méditerranée. Il alla à Jérusalem en avril de l'an 30 à la demande d'une cinquantaine de sanhédrins pour juger du blasphème d'un certain Jésus qui se proclamait "fils de Dieu". Ponce Pilate qui disposait seul du droit de vie et de mort en Palestine ne crut pas à la culpabilité de Jésus. Il proposa aux Juifs de choisir entre la condamnation à mort du Christ et celle du voleur et assassin Barabbas, ceci selon une tradition qui voulait que le procurateur gracie l'un des condamnés à mort lors des fêtes de Pâques. La foule demanda de libérer Barabbas et de crucifier Jésus. Ponce Pilate se lava les mains et dit : "Je ne suis pas responsable de ce sang ; à vous de voir". Jésus Christ fut flagellé puis crucifié sur le mont Golgotha.

 

Les cavaliers romains

 

La présence de cavaliers romains dans le chemin de croix est également une erreur grossière. Ni les règles de composition des stations imposées par l'Église ni les textes anciens ne font état d'une présence de Romains à cheval lors de la crucifixion.

 


Détail de la station 5 à ND de Marceille
Un cavalier romain

   On retrouve d'ailleurs cette anomalie dans l'église de Rennes‑le‑Château à la station 9. A ND de Marceille, il existe clairement cavaliers aux stations 2, 3, 5, 7 et 11.

 

Les deux Jésus

 

   Voici certainement la plus belle des anomalies. Comme à la station 14 de Rennes‑le‑Château qui réserve sa surprise, celle de ND de Marceille est tout aussi surprenante.

 

   Observez bien, nous sommes en présence de deux Jésus, l'un crucifié que l'on place dans sa sépulture et le second qui le porte par les aisselles pour la mise au tombeau. Et pour renforcer le message, les vêtements que le Christ a portés tout au long des stations précédentes se retrouvent maintenant portés par son sosie...

 

   Voilà une scène particulièrement déconcertante qui n'a pu passer inaperçue pour les chanoines et les lazaristes.


Détail de la station 14
Les deux Jésus

   D'autre part, si l'on examine les coloris des stations et les personnages des différentes scènes, la rigueur des représentations ne permet aucun doute. On est bien en présence de deux sosies mis en valeur par leur visage et leur expression identique.

 

Le cartouche

 

   Si l'on admet que le chemin de croix de Notre Dame de Marceille possède un codage, alors il est important de se poser la question de l'origine des stations. Nous savons que le chemin de croix de Rennes‑le‑Château a été produit par la maison Giscard de Toulouse, mais quel était le fournisseur des stations du sanctuaire de Limoux ?

   En observant de très près les stations, on peut apercevoir un cartouche discrètement posé dans le coin inférieur de chacune d'entre elles.

 

   Le cartouche est constitué d'une petite plaquette de laiton sertie sur le plâtre et sur laquelle on peut lire les mots suivants :

 

MODÈLE   DÉPOSÉ

PROPRIÉTÉ   DE

SOLON   A   PARIS

 

 

Qui était Solon ?

 

   Nous avons peu d'information sur cet artisan, mais il semble qu'il fut fabricant de statues dans les années 1850. Néanmoins, le travail de recherche fournit parfois des indications surprenantes. C'est en pistant Solon qu'une surprise attendait. En effet, nous pouvons lui attribuer un autre chemin de croix situé dans l'église Saint Pierre à Plélan‑le‑Grand en Ille‑et‑Vilaine (Bretagne). Et si l'on compare les stations, elles semblent identiques mis à part les couleurs, des couleurs ajoutées pour harmoniser l'effet comme le souligne Henri Gasc.

 

   Les chemins de croix seraient donc issus des mêmes moules du fournisseur. Pas vraiment, car si l'on compare par exemple les personnages de la station 1, des différences dans les visages en relief sont perceptibles.   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   Les stations bretonnes sont également moulées en plâtre et la réalisation daterait de 1853, ce qui fournirait une date aussi pour le chemin de croix de Notre Dame de Marceille. Nous savons aussi que Gasc était aumônier à NDM entre 1838 et 1872 ce qui consolide la période de son installation et la mise en couleurs.

 

Cette découverte génère en réalité plusieurs questions :

 

  Pourquoi Gasc a‑t‑il préféré se procurer un chemin de croix à Paris alors qu'il existait plusieurs artisans dont Giscard sur Toulouse ? Cherchait‑il des détails qu'il ne trouvait pas sur place ? Ou bien a‑t‑il fait une commande spécifique ?

 

  Qui a peint le chemin de croix ? Visiblement Solon savait le produire non peint. Ceci pourrait confirmer que Gasc ou un artisan local a colorié les stations sur place.

 

  Le chemin de croix a‑t‑il été fait sur commande puis les moules ont ils été utilisés pour Plélan‑le‑Grand, ou s'agit‑il d'un standard ? A par quelques différences peu perceptibles, les stations sont identiques.

 

  Le chemin de croix a‑t‑il été conçu d'abord pour ND de Marceille puis pour Plélan‑le‑Grand ou inversement ?

 



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