On pourrait supposer que le village de
Rennes‑le‑Château constitue l'épicentre de l'énigme,
le lieu où toutes les thèses convergent, l'endroit où tous
les indices se focalisent. Il n'en est
rien, bien au contraire. Rennes‑le‑Château et son
Domaine construit
par
Bérenger Saunière ne sont en réalité qu'un support au
codage du secret, un site devenu culte et sur lequel les
lazaristes déposèrent plusieurs messages à la postérité.
Or, pour comprendre la fabuleuse épopée qui au cours des
siècles permit de forger l'affaire des deux Rennes, il est
indispensable d'enquêter également du côté de
Notre Dame de Marceille, un sanctuaire
limouxin très
particulier par lequel des personnages clés laissèrent leurs
empreintes, comme ces mêmes lazaristes et dont le plus
emblématique fut Jean Jourde...
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Alchimie à Notre Dame de Marceille |
Pour les initiés,
l'église comporte des particularités incontestables et
une imagerie très particulière. En levant les yeux, on
peut facilement observer dans la pénombre de nombreux médaillons muraux assortis de symboles étranges et de
petits textes latins. |
Le devant de la nef est décoré par
9 médaillons qui suivent
le contour de la voûte |
Le fronton arrière
est également décoré
par 9
médaillons
autour du vitrail
|
Les
26 médaillons peints sur les
murs
du Sanctuaire sont basés sur
22 motifs différents.
Nous retrouvons d'ailleurs
le nombre 22 cher à
Bérenger Saunière.
Les voûtes avant et arrière comportent
chacune 9 médaillons. Quant aux murs latéraux, ils
comportent chacun 4 médaillons, un par travée.
Bien que la multitude de ces images
reste discrète dans l'obscurité de l'église, on ne peut
rester insensible à certains symboles qui interpellent notre
imaginaire comme la représentation de
l'Arche d'Alliance, clairement illustrée par l'un des médaillons.
Tous ces symboles font penser à des
allégories alchimiques, mais peut‑être que ceux‑ci ont un autre
but, ou une autre signification. En fait il faut savoir que
ces médaillons furent peints par
Henri Gasc
entre
les années 1860
et 1862 lors des travaux d'embellissements. Le
chanoine n'était d'ailleurs pas seul puisqu'il fut aidé par son ami curé Coste en poste à Pieusse vers
1860.
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L'un des nombreux médaillons
présente l'Arche d'Alliance
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Ils utilisèrent pour
la peinture des murs, des plafonds, et des médaillons des
pochoirs afin de garantir un travail de qualité et strictement
identique selon les motifs. Compte tenu de l'immense volume de
l'édifice, la tâche devait sans aucun doute être démesurée. Et
pour remercier son ami Coste, Henri Gasc lui
offrit de quoi acheter un superbe orgue pour la paroisse de
Pieusse. Mais Coste dut également organiser une tombola pour
blanchir cet argent d'origine inconnue
(source Franck Daffos).
Après ce travail à
ND de Marceille, Coste emporta
les pochoirs et les échafaudages à sa paroisse de Pieusse,
ce qui lui permit de refaire son église pratiquement à
l'identique.
Malheureusement, du fait d'une restauration de la paroisse dans
les années 1990, il n'est plus possible d'admirer les
médaillons de Coste qui nous auraient beaucoup appris. |
Le médaillon "Maison d'or" au dessus du
tableau de Saint Antoine |
Tout est symbole et rien n'a
été peint au hasard ni à une quelconque place du Sanctuaire.
Sur un total de 26 médaillons, il existe
22 modèles différents,
dont 4 médaillons qui ont été
répétés.
Et pour montrer par l'exemple
que rien ne se fit au hasard, il suffit d'observer le médaillon
situé juste au‑dessus du tableau de Saint Antoine (là où il
était à l'origine, en face de l'entrée), une toile
particulièrement importante dans le secret de ND de Marceille.
Ce médaillon symbolise l'une des litanies à la Vierge Marie :
Domus Aurea ‑ Maison d'or
Quoi de
plus évocateur que de repérer le tableau de Saint Antoine par
la Maison d'or ?
Traduisez...
le
Sanctuaire d'or... |
Gasc voulait par ce
jeu de piste montrer le Saint Antoine, précédemment un Saint
Augustin qui mène à la chaire et donc à la crypte construite
par Mgr François Fouquet au XVIIe siècle.
Il voulait aussi nous indiquer l'importante richesse que
devait contenir ce Sanctuaire. |
Maison d'or, priez pour nous |
Arche d'Alliance, priez pour nous |
Ce n'est pas
tout. Sur le fronton de la nef, au‑dessus de l'autel, un
médaillon particulier est répété deux fois : celui de l'Arche d'Alliance.
Que voulait nous dire également Henri Gasc ? |
Chaque médaillon est en fait une
représentation imagée de ce que l'on appelle "les
litanies de Lorette" ou "litanies à la Sainte Vierge" et
qui sont extraites
du Cantique des Cantiques du roi Salomon. On retrouve
d'ailleurs souvent les litanies dans des lieux de culte
dédiés à une Vierge Noire.
Elles énumèrent toutes
les qualités religieuses de la Vierge Marie et dans ces
prières les formules « Priez pour nous » sont
fréquemment redites. Les litanies sont étroitement liées au
rosaire.
Le
Cantique des Cantiques est un livre poétique des
Écritures bibliques racontant l'amour d'une jeune
Shoulammite envers un berger et les efforts infructueux du
roi Salomon visant à conquérir l'amour de cette jeune fille.
Il fut composé par le roi Salomon après la construction du
magnifique Temple élevé à Yahwah dans Jérusalem après son
mariage, mais avant ses infidélités, ce qui situe la
composition de ce chant vers l'an 1010 avant J.‑C. À cette
époque, Salomon avait 60 reines et 80 concubines. Ce poème
est reconnu pour être d'une beauté extrême, mais ses
allusions allégoriques cachent un sens caché et mystérieux.
L'inscription latine "Ora pro nobis"
visible sous chaque médaillon se traduit par "Priez pour nous". Voici donc ci‑dessous et mis à la
lumière, les
22 motifs
différents que l'on peut admirer à ND de Marceille :
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Janua coeli
(La porte
du ciel) |
Domus aurea
(La maison d'or) |
Fons Signatus
(La fontaine) |
Virgo Potens
(Vierge puissante) |
Sedes sapientiae
(Le siège
de la sagesse)
|
Sponsa Spiritus Sancti
(Epouse du Saint Esprit) |
Mater
Dolorosa
(La mère des douleurs)
|
Lilium Interspinas
(Le lis au milieu des épines)
La
pureté est un lis qui ne croît plus qu'au milieu des épines |
Speculum
justitiae
(Le miroir de justice)
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Virgo
praedicanda
(Vierge digne de louanges) |
Stella
matutina
(L'Étoile du matin) |
Turris
Davidica
(La
Tour de David) |
Fœderis arca
(L'Arche d'Alliance)
|
Santa Maria
(Sainte Marie)
|
Rosa mystica
(La rose
mystique) |
Vas
spirituale
(Demeure de l'esprit saint) |
Corona Virginum
(Couronne des vierges) |
Vas honorabile
(Demeure comblée de gloire) |
Vas insigne devotionis
(Demeure toute
consacrée
à Dieu)
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Sine labe concepta
(Immaculée conception)
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Spes Terrae
(Terre d'espoir)
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Maris Stella
(Etoile de mer) |
On retrouve d'ailleurs ici
les deux formes étoilées régulières qui poursuivent l'affaire
de Rennes‑le‑Château :
Le pentacle, étoile à 5 branches et le
sceau de
Salomon,
étoile à 6 branches... |
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