ND du Cros, son histoire - Rennes-le-Château Archive
Notre Dame du Cros
1/3 Son histoire est liée à l'énigme
Rennes‑Le‑Château ou l'histoire d'un grand
secret
Comme
l'église de Rennes‑le‑Château
ou le sanctuaire de ND de Marceille,
le sanctuaire de Notre Dame du Cros a son importance
dans l'affaire des deux Rennes. De par son histoire et ses
personnages qui l'ont côtoyés, elle est extrêmement liée au sanctuaire limouxin. Mais ce n'est pas tout. Elle
participe aussi magnifiquement aux indices laissés par
l'abbé Boudet, poussé par
l'obsession de délivrer un message à qui pourra le
décoder...
J'invite d'ailleurs le lecteur qui
découvre Notre Dame du Cros à lire ou à relire au
préalable l'histoire de Notre Dame de Marceille,
ces deux récits étant intimement liés...
Le sanctuaire de ND du Cros près de Caunes Minervois
aujourd'hui
Je tiens à remercier ici Franck Daffos
sans qui cette fabuleuse histoire n’aurait peut‑être jamais vu
le jour… Je veux rendre aussi un hommage particulier à
Jacques Rivière disparu trop tôt et qui s'est tant
passionné pour les ermites de Galamus (éd. Bélisane) et
pour toutes ses recherches
dans le Razès qui nous font tant
rêver....
Le sanctuaire de Notre Dame du Cros près de Caune‑Minervois
Où est ND
du Cros ?
Notre Dame du Cros n'est
pas située au cœur du Haut‑Razès, mais au nord‑est de
Carcassonne, près de
Caunes‑Minervois, et à
35 km de Rennes‑le‑Château. Malgré cet éloignement, son histoire
reste
intimement liée à l'affaire de Rennes.
Plus exactement, l'église est située dans le hameau de
Notre-Dame-du-Cros, à 1,5 km au nord-est du village de
Caunes-Minervois.
Un site très ancien
Le site possède une histoire très ancienne et la
première occupation date de l'âge du Fer, probablement
entre le VIIIe et le VIIe siècle avant notre ère.
Des fouilles ont permis de mettre à jour sur le sommet
de la falaise surplombant les gorges du ruisseau du
Cros, un très ancien mur de pierre en forme de U et
installé sur environ 250 m. À l'intérieur de
l'enceinte, des céramiques, des gobelets, des écuelles
et des jattes gisaient dans des strates situées entre
775 et 650 ans av. J.-C. Une seconde
occupation du site se serait déroulée vers 600
ans av. J.-C. où l'on observe un réaménagement
du mur. Les archéologues retrouvèrent des amphores
étrusques, un petit tonnelet en pâte rose clair, et un
fragment de coupe ionienne.
Notre Dame du Cros
est
discrètement posée aux pieds de la falaise et à l'entrée du
vallon du Cros, au bord de la Montagne Noire.
Or, il faut savoir que
ce site rocheux et bucolique est depuis le
XVIIe siècle
réputé pour la qualité de
son marbre, le marbre de
Caunes‑Minervois qui orne notamment le
Trianon de Versailles et l’Opéra de Paris.
Notre Dame du Cros
Ancienne carte postale
Notre Dame du Cros - Ancienne carte
postale
Le marbre de Caunes
On ne peut parler de l'histoire de
Notre Dame Cros sans évoquer l'une des richesses du
Minervois, son marbre.
Le marbre de Caunes Minervois
est unique. Il est facilement reconnaissable par sa couleur
rose
veinée de rouge écarlate,et il servità bâtir entre autres, de nombreuses
cheminées du
château de Versailles, les colonnes de l’Arc
de Triomphe du Carrousel du Louvre ou le
palais
Chaillot.
Un exemple de décoration en marbre de
Caunes Minervois ‑ Abbaye de Caunes
Les carrières du Minervois furent
exploitées depuis l'Antiquité, puis lentement
abandonnées.
Pourtant, les marbres polychromes
de Caunes ont fait la renommée internationale du
village audois. Ils furent très appréciés par les sculpteurs
italiens en quête de couleur, le rouge “turquin” ou
l’incarnat rouge et blanc. Propriété des moines de
l’abbaye de Caunes, les carrières suscitèrent
l’intérêt de Louis XIV par sa couleur rouge, symbole
de puissance, et veiné de blanc, symbole de la royauté.
Aujourd’hui, seules trois carrières sont
ouvertes et le marbre est exporté à
Carrare, puis en Chine, pour y être
taillé et sculpté, avant de revenir en
Europe…
Chaque année à
Caunes Minervois se tient
la fête du marbre.
Les parois de marbre visibles dans les
carrières sont les couches correspondant au passage des
tsunamis. En effet, la mer, chaude, arrivait jadis
jusqu’ici. Le rouge est formé par une oxydation du fer et le
blanc par des nautiles, coquillages fossilisés. Le marbre
s’est ainsi formé à l’ère géologique du dévonien, il y a
environ 400 millions d’années.
D'ou vient
le culte de Notre Dame du Cros ?
Selon une légende, l'emplacement de
Notre Dame du Cros n'est pas dû au hasard. Le sanctuaire serait
situé près d'une source miraculeuse au sud et à l'entrée
des gorges du Cros.Sa véritable origine remonterait
au VIe siècle.
Selon la légende, une
bergère aurait vu jaillir une source au pied de la falaise.
Elle y fit boire son enfant malade qui guérit aussitôt.
Ce fut à la suite
de cette guérison miraculeuse que trois petites
chapelles en pierres sèches furent construites au‑dessus
de la source en signe de reconnaissance. Des pèlerins
vinrent si nombreux qu'il fallut construire une
véritable chapelle. On peut d'ailleurs admirer aujourd'hui à l'est
de l'église et au‑dessus de la fontaine, une arcade et
le début d'une autre, taillées dans la falaise. À
l'origine, ces trois arcades appelées 'Las Capeletos'
contenaient les statues de la Vierge, de
Saint Joseph
et de Saint Jean. La tradition veut que ce soit là
l'origine de la dévotion du Cros. Aujourd'hui, une seule
existe encore.
L'une des Capeletos encore
existante
Il existe
également sous ces chapelles une petite grotte avec une
énorme table en pierre. S'agit-il d'une table dolmen
druidique ou d'un autel ? Personne ne le sait, mais selon la
légende, on y célébrait le culte des trois niches, avant de
construire finalement une église de l'autre côté de la
berge.
La grotte et sa pierre dolmen
Enfin, voici la
légende au Cros telle qu'elle est citée et qui n'est pas
sans rappeler celle de la Vierge Noire de ND de
Marceille :
Selon cette légende, la statue de la
Vierge que l'on voit fut trouvée dans
un rocher ; on la transporta d'abord à
Caunes mais toutes les nuits elle
disparaissait après avoir bouleversé la
chapelle provisoire où on la déposait.
On la retrouvait ensuite dans la
campagne. Quelqu'un eut l'idée de jeter
en l'air un marteau de marbrier et il
alla tomber au Cros au lieu où l'on
bâtit la chapelle de l'ermitage...
Aujourd'hui,
le site de Notre Dame du Cros accueille tous les ans un pèlerinage
traditionnel le 8 septembre,
jour de la nativité
de la Vierge. Selon une autre source, le culte de Notre Dame du
Cros aurait pris la place de la déesse païenne Cybèle,
déesse du matinale...
La chapelle de ND du Cros aux
pieds de la falaise
Son histoire
Notre Dame du Cros
fut fondée en l'an 900 ap. J.‑C. ce qui est confirmé
par une bulle du
pape Gélase II en
1118. D'origine romane, elle fut restaurée
plusieurs fois au
XVIIIe puis au
XIXe
siècle.
L'origine du lieu de culte
reste incertaine. Plusieurs légendes locales concernent
néanmoins une source miraculeuse
qui soignerait les fièvres. La première mention de l'église
apparaît dans une bulle du pape Gélase II adressée à l'abbé
de Caunes en 1119 et affirmant que la
villa du Cros et
son église sont des possessions de l'abbaye de Caunes
et que ND du Cros serait fondée en l'an
900 ap. J.-C.
L'église deviendra par la suite un lieu de pèlerinage.
De nombreux actes notariés
fournissent des indications sur les
divers travaux d'entretien et d'embellissement réalisés dans
et autour de l'église aux XVIIe et
XVIIIe siècles,
notamment la porte d'entrée sculptée par Jean Baux en
1660, le retable du maître-autel et les deux retables
latéraux réalisés de 1681 à 1687, les retables des deux
chapelles de 1691 à 1693, la chaire à prêcher en
1706 et la
construction du maître-autel par Étienne Cauquil de 1748 à
1775.
Lors de la Révolution française, l'église est vendue avec
son ermitage comme bien national par Antoine Boudet, frère
de l'ermite présent sur place. Antoine Boudet
qui est un lointain parent d'Henri Boudet
sauve ainsi la chapelle de la destruction révolutionnaire. En
1797, elle est rendue à
300 habitants de Caunes qui en deviennent alors tous
propriétaires par indivision.
De nombreux autres travaux sont réalisés dans la
deuxième moitié du XIXe siècle
et jusqu'au début du XXe siècle
avec la construction de deux nouvelles chapelles, dont l'une
en remplacement de l'ancienne sacristie, un remaniement de
la toiture et la démolition d'une partie de l'ermitage
reconstruit à proximité.
Ces travaux sont réalisés par
Gaudéric Mêche, ex-chanoine de
ND de Marceille et les
ressources qu'il utilise resteront mystérieuses.
Deux siècles plus tard, en
1997, leurs héritiers cèdent leurs parts à l'évêché qui
crée alors l'association « Les amis de Notre-Dame-du-Cros »
qui en devient propriétaire. Enfin, en 2001, le presbytère
est restauré et des pères Passionnistes s'y installent. L'édifice est inscrit au titre des
Monuments historiques
depuis le
Le pèlerinage de Notre Dame du Cros, la gorge et le ruisseau
du souc sont inscrits au titre des sites naturels depuis
1943.
Un lourd passé
La localité de
Caunes porte un lourd passé du fait dela
croisade contre les albigeois qui vit
en
1227 Pierre Isarn, évêque
cathare du Carcassès, brûlé vif à Caunes.
Il faudrait aussi parler de
Minerve, un village situé à 8 km de ND du Cros,
capitale historique du Minervois, et qui évoque les
cathares. Juchée sur son pic rocheux, la petite
cité fortifiée fut le bastion de cette nouvelle religion qui dura deux siècles, avant que le pape Innocent III ne déclenche la sanglante croisade des albigeois.
Minerve et le reste de son château
(Aude)
Stèle commémorative
en hommage aux Cathares
et à leurs martyres
À la suite du massacre de Béziers
en juillet 1209,
Minerve devint un refuge pour de nombreux cathares.
Le château appartenait au Vicomte Guillaume de Minerve
protecteur des cathares du pays. La forteresse est sur un site
imprenable, car entourée par des ravins de 40 m
de haut en plan vertical au‑dessus du lit asséché de la
Cesse. Le siège de Simon de Monfort débuta le
15 juin 1210 et la capitulation de la forteresse
intervint le 22 juillet 1210 après 5 semaines de siège. Les 140 cathares
de Minerve furent sommés d'abjurer leur religion et la majorité
d'entre eux refusèrent. Ils se jetèrent d'eux‑mêmes dans le
bûcher que les croisés avaient dressé dans le ravin de la Cesse.
Une stèle commémorative se dresse aujourd'hui à l'endroit même
du sacrifice, qui est aussi un hymne à la tolérance.
Pourquoi ND du Cros est liée à Rennes‑le‑Château ?
ND de Marceille
et ND du Cros
sont intimement liées à une partie de l'histoire de
Rennes‑le‑Château. Quels sont ces liens ?
Des attaches sentimentales lient l’abbé
Boudet à Notre Dame du Cros
et a rencontré Gaudéric Mêche durant deux ans
ND du Cros revêt une importance toute
particulière pour l'abbé Henri Boudet. En effet, ce futun lointain parent à lui, Antoine
Boudet, qui en rachetant le sanctuaire sauva ce dernier de la
destruction révolutionnaire.
Surtout, le 17 juin de
l'année
1862, Boudet fut envoyé à l'abbaye de
Caunes‑Minervois située à quelques kilomètres de Notre Dame du Cros,
pour y exercer son ministère en tant que vicaire. Il y restera 4 ans et
demi, du 16 juin 1862 au 30 octobre 1866. Or
cette étape est importante pour Boudet qui
ne le sait pas encore puisqu'à cette époque
ND du Cros est occupé depuis 1854
par un abbé très impliqué dans l'énigme, l'aumônier
Gaudéric Mêche
et qui y restera pratiquement jusqu'à sa mort en
1864.
Ce fut donc pendant cette période
entre 1862 et 1864 que
probablement le destin de Boudet bascula puisqu'il y rencontra le
chanoine
Gaudéric Mêche.Pour mémoire, ce dernier était aumônier
à Notre Dame de Marceillle
de 1831 à
1838, avant d'être remplacé par
Henri Gasc.
Boudet cite Notre Dame du Cros dans "La Vraie
Langue Celtique"
Dans son
livre "La Vraie Langue Celtique",
l'abbé Boudet cite
Notre Dame du Cros à la fin de son chapitre traitant de la
fontaine de Notre Dame de Marceille.
Il est clair que ceci est dans l'intention de rapprocher ces
deux sanctuaires pour mieux faire comprendre au lecteur leur
importance.
C'est ainsi que
l'on peut lire en page 280
de son livre :
Nous pourrions citer
encore le nom d'un autre sanctuaire de nos
contrées, situé près de Caunes et appelé
Notre‑Dame du
Cros. Là aussi, au‑dessus de la
magnifique fontaine qui jaillit au pied de
la montagne, on avait marqué une croix –
cross, croix –. Une statue de la Sainte
Vierge a, plus tard, remplacé la croix
auprès de la fontaine, et le sanctuaire bâti
à peu de distance, a reçu le nom de
Notre‑Dame du Cros ou Notre Dame de la
Croix.
Extrait de "La Vraie Langue
Celtique" par Henri Boudet 1886
De celle que je désirais libérer,
montaient vers moi les effluves du parfum qui
imprégnèrent le sépulcre. Jadis les uns
l'avaient nommée : ISIS, reine des sources
bienfaisantes, VENEZ A MOI VOUS TOUS QUI
SOUFFREZ ET QUI ETES ACCABLES ET JE VOUS
SOULAGERAI, d'autres : MADELEINE, au célèbre
vase plein d'un baume guérisseur. Les initiés
savent son nom véritable : NOTRE DAME DES CROSS.
Or, comme le dit Boudet,
Notre Dame des Cross est aussi
Notre Dame de la Croix ou
Notre Dame du Cros.
Si l'on suit cette strophe à la lettre,
l'auteur duSerpent Rougedonne à Notre Dame du Cros une
signification initiatique particulière. Il faut peut‑être y
voir un lieu que seuls des initiés peuvent apprécier et comprendre...
Il faut aussi noter que l'on parle dans le Serpent Rouge
de Notre Dame des Cross qui veut aussi dire
Notre
Dame des Croix. Y aurait‑il
plusieurs croix ?
Gaudéric Mêche, aumônier de ND de
Marceille, fut aussi aumônier de ND du Cros et engage aussi
des travaux de rénovation sans que l'on connaisse ses
ressources.
Gaudéric Mêche fut
de 1831 à1838 aumônier à
ND de Marceille soit environ
8 ans. Son histoire fut remarquée pour avoir
facilité de façon très mystérieuse la rénovation du
sanctuaire de Limoux. En 1838, il quitta contre son
gré ND de Marceille et devint chanoine à
ND du
Cros à partir de
1854. C'est alors qu'il engagea également des
travaux de rénovation dans le sanctuaire sans que l'on
connaisse ses ressources financières.
A partir du
16 juin 1862,
un évènement crucial pour l'histoire de Rennes‑le‑Château va
se dérouler ici, car ce fut à cette époque qu'il reçut en
formation un tout jeune prêtre, Henri Boudet,
installé en tant que vicaire à l'abbaye de Caunes-Minervois.
Le Père Joseph Chiron, dont une partie est
enterrée à ND du Cros, est représenté dans l'église de
Rennes‑le‑Château
Comme nous le verrons par la suite,
une coïncidence marque la liaison entre
l'église de Rennes‑le‑Château
et le Père
Joseph Chiron
enterré à Notre Dame du Cros. En effet nous
retrouvons dans l'église son visage sur la statue de Saint Antoine Ermite
et également à la station XIV
(lire "Le secret
dérobé ‑ Franck Daffos)
Coïncidence ? Non, car
Gaudéric Mêche connaissait le
Père Chiron. Avaient‑ils un secret en commun ?
On peut affirmer aujourd'hui que oui compte tenu des fonds aux origines occultes que le Père Chiron disposait...
ND du Cros - Très ancienne
photo L'entrée principale n'était
encore murée à la prise photo
et elle fut condamnée par Gaudéric Mêche entre 1854 et
1864
Un prêtre est discernable devant le porche... S'agit-il
de Gaudéric Mêche ?
Le Père Joseph Chiron
(1797‑1852)
Pour comprendre l'importance de
Notre
Dame du Cros dans l'énigme de Rennes, il faut
suivre la trace de Joseph Chiron comme nous le suggère Boudet avec la statue de Saint
Antoine Ermite dans
l'église Marie-Madeleine...
Qui était Joseph Chiron ?
Né à
Bourg‑Saint‑Andéol dans l'Ardèche, le 19
novembre 1797, il est le fondateur de
la Congrégation Sainte‑Marie de l'Assomption.
Son parcours atypique et
totalement méconnu fait
partie des grands bienfaiteurs du XIXe
siècle puisqu'il est à l'origine de la création
des premiers asiles pour aliénés en France. Il est pourtant totalement
oublié et absent des
livres d'Histoire...
Le Père Joseph Marie Chiron vers
1843 et son lourd Crucifix de 1m
de haut qu'il ne quitta
plus
jusqu'à sa mort
Né de Jean-Simon Chiron et
Suzanne Bonnaud, cultivateurs, Joseph Chiron
est issu d’une famille nombreuse et modeste
composée de onze enfants dont six mourront en bas âge.
Manifestant très tôt des penchants mystiques et
religieux, il élève dans le grenier
familial de petites chapelles où il invite à prier. Il
marque également les champs paternels de chemins de
croix. Rapidement,
après des études primaires
brillantes, on le pousse à reprendre le collège en
1812. Tous notent son sérieux et sa
charité, mais un comportement étonne : il s'inflige des
mortifications excessives.
Il entre au grand séminaire de Viviers
le 25 octobre 1819, et le 16 juin il
reçoit les ordres mineurs. Pourtant ses mortifications
continuent et elles sont de plus en plus sévères, accompagnées
de l'ascèse. Epuisé par une santé précaire, il retourne
dans sa famille. C'est auséminaire de Viviers
qu'il rencontre
l'abbé Vernet, et voici un premier
rapprochement avec
Olier
et
Nicolas Pavillon...
L’abbé Vernet vouait une
véritable vénération pour Agnès de Langeac (1602‑1634),
qui était supérieure des Dominicaines et surtout très proche d'Olier.
Ce dernier fonda
Saint-Sulpice en 1646.
Les
liens entre Viviers et le disciple de Vincent de Paul qui
connut si bien Nicolas Pavillon furent en effet
nombreux : Agnès de Langeac avait une sœur, elle aussi
Dominicaine, qui séjourna au couvent de Viviers, et chose
inconnue de la plupart : l’abbé Olier eut une apparition de
la Vierge qui lui aurait recommandé de « prier pour l’abbé de Pébrac » proche de Langeac.
(Extrait Franck Daffos)
Agnès de Langeac (1602-1634)
Son
diaconat obtenu et
inspiré par une foi
profonde, Joseph Chiron
voit sa carrière s'accélérer : sous‑diacre le 21 décembre 1822, diacre le 15 mars 1823
et prêtre le 27 avril de la même année.
Il devient curé de la paroisse de
Saint‑Martin l’Inférieur le 6 juillet 1823
(Saint-Martin-sur-Lavezon).
Très vite, grâce à un charisme hors du
commun, il crée le 25 novembre 1824 la
Congrégation Sainte‑Marie de l’Assomption soumise à la
règle de
Saint‑Augustin. Pour cela, il réunit
une quarantaine de ses
plus ardentes paroissiennes avec qui il fonde "Les
enfants de Marie". Ces quelques jeunes filles du
pays qu'il détermine à se consacrer à la Sainte Vierge
sont baptisées
" les Saintes Marie ".
Adélaïde Bernard (1801‑1839) devient, sous le
nom de
Mère Agnès (nom donné par Chiron en hommage à
Agnès de Langeac), la première Supérieure.
Le
1er janvier
1827, le
Père Chiron
est nommé aumônier de la prison dePrivas dans l'Ardèche
et cette nomination va être pour lui une révélation.
Cette prison, comme
beaucoup d'autres à cette époque, fait cohabiter les
délinquants et les aliénés. Or, ces
derniers, en l'absence totale de structure médicale et de
soins adaptés, sont traités comme de vulgaires prisonniers
de droit commun et internés sans le moindre soin eu égard à
leur souffrance.
Le hasard d'amis
communs va faire rencontrer Joseph Chiron et Paul de
Magallon d'Argens (1784-1859), restaurateur en
France de l'ancien ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu,
créé par Juan Ciudad (1495-1550).
Joseph Chiron à 44 ans (Archives Gandon)
Et c'est à partir d'une idée du
R.P.
de Magallon et du
frère Hilarion
que Joseph Chiron crée avec
les Saintes
Marie
venues le rejoindre le premier asile Sainte Marie
pour les femmes aliénées.
C’est ainsi que le
1er mai 1827 né l’Hôpital
Sainte Marie de Privas. Mais son idée fait du chemin, et
en 1836
l’Hôpital Sainte Marie de Clermont‑Ferrand (Puy‑de‑Dôme) ouvre ses portes.
Le Père Joseph Marie Chiron est donc
l'un des trois
hommes d'Église qui fondèrent les maisons
d'aliénés en France au
XIXe siècle, avec le très fantasque
frère Hilarion et le R.P. de Magallon.
Le Père Paul de Magallon fut le refondateur
de l’Ordre de St Jean de Dieu supprimé à la Révolution.
L'asile Sainte-Marie à Privas
créé par Joseph Chiron en 1827
Joseph‑Xavier Tissot (1780‑1864)
dit Frère
Hilarion
Après avoir entrepris des études de médecine
à Paris, Joseph Tissot
découvrit la médecine mentale à l'occasion de son
hospitalisation à la Maison de Charenton. Il y séjourna plus
de 4 ans de
1810 à 1814. À sa sortie, Tissot se retira à la
Trappe d'Aiguebelle où il découvrit la vie de Saint
Jean‑de‑Dieu et devint
Frère Hilarion. Il mena ensuite une vie
d'ermite à Rochegude dans la Drôme. Au printemps
1819, il rencontra le R.P. de Magallon, ce
qui le décida définitivement de servir les aliénés et de
restaurer l'Ordre de la Charité qui disparut sous la
Révolution. Frère Hilarion s'engagea comme simple
infirmier à l'hôpital Saint‑Lazare de Marseille avant d'être
exclu de l'Ordre.
Joseph Tissot (1780‑1864) dit Frère Hilarion
Il entreprit ensuite, entre 1821 et 1827, et grâce à
son extraordinaire pouvoir de persuasion, la fondation de
neuf
hospices ou asiles d'aliénés en Lozère, dans l'Ain, le
Rhône, le Nord, en Bretagne, en Auvergne et en Corrèze. En
mai
1827, il ouvrit deux maisons à Paris pour les idiots et
les aliénés, l'une rue Saint‑Hippolyte, l'autre rue de la
Glacière. Trois ans plus tard en 1830, il fonda l'asile
de Clermont‑Ferrand, puis l'asile de La Cellette (Corrèze)
et Leyme (Lot) en 1835. Ces établissements sont pour
la plupart aujourd'hui en service de soins psychiatriques.
Joseph Chiron s'oriente désormais vers
l'assistance des aliénés et le R.P. de Magallon
le fait nommer aumônier de la prison de Privas
en janvier 1827. Un petit local est loué
immédiatement pour le secours des aliénées, assisté des
"Saintes Marie". Un autre centre est créé par de Magallon
près de Lyon. Or, Joseph Chiron n'est pas un
gestionnaire et ses relations avec l'administration
pénitentiaire et préfectorale sont difficiles. Ce problème
suivra d'ailleurs Chiron lors de la création en janvier
1836 d'une autre maison à Clermont-Ferrand
acquise après une gestion désastreuse de frère Hilarion. Fort
heureusement, il est entouré de collaborateurs fidèles et
dévoués comme Sœur Agnès (Adelaïde Bernard) ou
Jean-Marie Aymard Bal.
Le dévouement du
Père Chiron à
l'Hôpital de Privas fut fortement remarqué. Il
accompagnait même à l’échafaud des grands criminels, comme les
fameux "aubergistes de Peyrebelle" (juin 1833)
qui avaient pris pour habitude de massacrer en famille leurs
clients pour mieux les dévaliser. L’affaire très célèbre à
l'époque est encore aujourd'hui souvent reprise au cinéma.
Mais le Père Chiron possède
une caractéristique épuisante pour ses proches : Il a la
bougeotte et toute sa vie ne fut que déplacements et marches
interminables.
1830 ‑ Une année charnière et des ressources
occultes
C'est ainsi que dans cette frénésie de
parcourir les chemins afin d'œuvrer pour la mission de sa
vie, l'année 1830 marque curieusement un changement dans son
comportement. Alors que jusque là, le Père Chiron
présentait tous les signes d'une pauvreté exemplaire,
certains faits à cette époque montrent qu'il détient tout
d'un coup des ressources pécuniaires conséquentes permettant
de poursuivre sereinement son œuvre.
Un exemple soulevé par
Franck Daffos est celui de l’épisode de
la fondation de la maison de Clermont‑Ferrand en
1835.
Le choix s’était d’abord porté sur un ancien château, « Le
bois de Cros », une ancienne propriété saisie comme bien national
lors de la tourmente révolutionnaire à un émigré, lieutenant
général de Louis XVI Joachim‑Charles de Montaigu, vicomte de Beaume. Joseph Chiron avait pris le domaine en
location avec promesse de vente, mais des problèmes de
copropriété insolubles puisque hérités de la Révolution vont
pousser le prêtre à tenter d’acheter ailleurs : il fera
alors une offre ferme de 120 000 francs comptants,
une somme énorme pour l’époque, au propriétaire de l’ancien
monastère de St‑Alyre tout proche. La tractation secrète
n’aboutit pas, mais laissèrent perplexes les historiens de la
Congrégation Sainte‑Marie bien des années après la mort de
son fondateur lorsqu’ils purent mettre la main sur sa volumineuse correspondance.
Joseph Chiron
avait en effet pour habitude de prendre ses maisons en
location assortie d'une promesse de vente, formule tout à
fait judicieuse lorsque l'on est officiellement impécunieux.
Mais après un certain laps variable de temps, il faisait
jouer la clause d'achat et se rendait alors propriétaire des
lieux en toute discrétion.
Le Père Chiron poursuit son œuvre
et ses
investissements...
Malgré un travail
incessant, usé, poursuivant des marches interminables et
surtout l'ascèse, le Père Chiron veut
continuer son oeuvre. Mais le décès
prématuré de mère Agnès le 30 octobre 1839
à l'âge de 38 ans l'obligera à penser à se retirer.
En 1839, le
Père Chiron installe à
La Cellette (Corrèze) une communauté de
frères servants dans les bâtiments que
Frère Hilarion avait réservés
septans
auparavant pour la création d'un asile en
1831. C'est ainsi que
les frères de
Sainte‑Marie de L'Assomption
(frères servants de l'immaculée-conception)
soignèrent les hommes aliénés. Un siècle plus tard,
leur communauté deviendra l'Ordre de Saint Jean de Dieu.
Il finit enfin par ouvrir l’Hôpital Sainte Marie dans
le Puy en
1850.
L'asile de La Cellette
(Corrèze) créé en 1831
Joseph Chiron ne s'arrête pas là.
Il poursuit ses investissements en 1842 avec la fondation de l’ermitage du Mont-Toulon au-dessus de Privas
dans l'Ardèche.
Le père Chiron y construit une petite chapelle qui n'a rien
de modeste avec son clocher et ses contreforts.
L'acquisition du terrain se fait pour la somme de 5000 frs, mais le détail du règlement est obscur, l'histoire
officielle prétendant qu'il aurait négocié la transaction
avec des prières. L’entrepreneur M. Michelon ne sera en tout
cas payé que cinq ans plus tard et on
prétexta un héritage familial pour solder la dette.
La petite chapelle ermitage
du Mont-Toulon
(Ardèche)
construite par le Père Chiron
Joseph Chrion édifiera également un peu plus
haut, au sommet du Mont-Toulon, un
calvaire formé de trois croix immenses en bois. Chose
amusante, le
calvaire sera payé par la commune de Privas après que le
père Chiron ait envoyé la facture aux notables. S'il
n'était pas à l'aise avec les gestions administratives,
son intelligence l'a incontestablement aidé dans ses
réalisations.
Présentes encore aujourd'hui,
les trois croix illuminent
la vallée de Privas...
Les trois croix construites
par le père Chiron
1840 - La société civile Sainte Marie
Afin de protéger
de toutes spoliations d'État
ou d'héritage les établissements de
l'institution Sainte Marie, le Père Chiron crée le 28 août 1840 la
Société Civile Sainte Marie. Cette dernière
est composée
d’un administrateur aidé d’un conseil et de
sociétaires. En 1843, le Père Chiron laisse la direction des
établissements au Père Jean-Marie Bal
et la Société Civile
Sainte-Marie acquiert l'Asile de La Cellette (Corrèze)
en
1842,
Puy-en-Velay en
1850,
Nice dit Asile de Saint-Pons en
1862, et l'Asile
de Rodez situé à
Cayssiols (Aveyron) en 1931.
Le site de Nice
Saint-André acheté en 1862 par la société civile
Sainte Marie comprenait une
colline ou existait une étrange pyramide, dite Pyramide
de Nice...
Elle
a aujourd'hui disparue...
Le Père Chiron devient ermite
de Galamus
Pour une
raison incompréhensible, alors que sa mission progresse à
grands pas, le Père Chiron quitte sa
Congrégation de Privas,
et sa décision semble mûrement réfléchie.
Le 24 février 1843
à l’aube, sans prévenir, il reprend la route après
avoir laissé derrière lui une lettre sur le rebord d’une
fenêtre.
Cette date est hautement symbolique, car c'est
aussi le jour où Saint François d'Assise quitte ses habits
pour vivre dans l'abandon et la pauvreté du Christ.
Le père Joseph Chiron Eglise de Saint-Martin
L'infatigable marcheur va alors effectuer un périple
impensable et descend la vallée du Rhône : Valence, Avignon,
Nîmes, Montpellier, Béziers, Narbonne, pour finalement
aboutir un mois plus tard àl'Ermitage de Galamus
le
24 mars
1843
à côté de
St‑Paul de Fenouillet, un ermitage
sauvage laissé à l'abandon depuis la mort de son dernier
ermite Saint-Antoine de Galamus.
Le 7 avril 1843,
il reçoit de son compagnon le frère Antoine Bon, des habits
religieux qui l'apparentent au mouvement franciscain. Et le 27 mai 1843, il reçoit l'autorisation
de Mgr Jean-François
de Saunhac‑Belcastel, évêque de
Perpignan,de s'y installer.
Le Père Joseph Chiron se retire
alors en tant qu'ermite anonyme sous le nom de
Père Marie. Ce lieu extraordinaire par son
emplacement, creusé dans la roche à flanc de falaise, est en
effet tout à fait propice à la vie recluse d'un ermite.
"La sainte pauvreté
doit toujours nous être plus chère que
toutes les richesses de la Terre" R.P. Chiron
(Lettre du 19 avril
1842 à la Communauté de Clermont)
L'arrivée de
Père Marie fit retrouver à
l'Ermitage de Galamus la tradition franciscaine.
Il y rencontra Frère
Pierre, et sur le sentier qui mène à l'ermitage il érigea
un chemin de croix dont il ne subsiste aujourd'hui qu'un
petit oratoire. C'est ici qu'il prit
l’habitude de toujours porter avec lui sur
son épaule gauche un grand Crucifix de un mètre de haut, un cadeau de
l’un de ses bienfaiteurs historiques de Lyon,
M. Laporte.
Joseph Chiron
est ermite à
l'ermitage de Saint Antoine de Galamus. On comprend
alors pourquoi la statue de Joseph Chiron en ermite
de Saint Antoine
se trouve dansl'église de Rennes‑le‑Château,
un indice qui trouve ici toute sa
justesse puisqu'il est ermite (de) Saint-Antoine (de
Galamus)
L'ermitage de Saint-Antoine
de Galamus logé à flanc de falaise
Mais les
conditions de vie sont dures.
L'ermitage logé dans
les gorges de Galamus
non loin du Bugarach n'est pas épargné par la
rudesse du froid de l'hiver et par l'humidité ramenée par la
rivière qui coule aux creux des falaises. Frère Pierre,
malade, creusa sa tombe de ses propres mains. Il mourut de
faim et de froiddurant l'hiver
1870
et sa tombe est aujourd'hui encore visible sur le chemin d'accès à
l'ermitage.
Or, le
Père Marie ermite à Galamus n'est pas ermite dans
l'âme et continue durant cette période à entretenir de
nombreuses relations lyonnaises qui étaient à l'époque de
grandes personnalités religieuses et bourgeoises. Parmi
ces relations, l'une d'elles s'est faite plus discrète que
les autres par les historiens : un certain Mr Pasquier
orfèvre et spécialiste dans la reconversion
d'objets précieux...
L'ermitage de Galamus
suspendu à la falaise
De nouveau sur
la route
Les années
passées à soulager les souffrances ont marqué définitivement
le Père Chiron et sa condition d'ermite ne lui permet pas
d'oublier.
L'apostolat lui manque et le voilà reparti sur ses
chemins de conversions, car
le Père Chiron a la bougeotte et ce caractère
est incompatible avec la vie d'un ermite.
Il fuit donc les gorges
de Galamus en
mai 1845
et continue son œuvre dans la région de
Perpignan. Il
fait alors l'acquisition d'un ancien prieuré en ruine,
Saint‑Jacques de Camarola près de
Vernet-les-Bains. Son objectif est de bâtir une nouvelle communauté
de prière, et il va rebaptiser
le lieu Monastère
Sainte‑Croix. Quatre
compagnons d'infortune qui l'accompagneront dans ces
épreuves succomberont de fatigue. L'achat et les travaux
seront réglés par un mécène, membre du groupe de laïcs qu’il
a formé à Perpignan, M. de Guardias. A noter qu'à la mort de
Chiron, cette dette n’étant toujours pas réglée, son
testament indiquait que le prieuré devrait aller au bénéfice
du père Eugène de Potriès, le bien devant être vendu pour
rembourser le prêteur, ce qui fut fait quelques années plus
tard.
Le 6 juin 1846, il reprend la route,
mais c'est malade qu'il retourne à sa Congrégation de
Privas. Se croyant agonisant, il y fait son testament. Heureusement, il guérit. Entre temps, sa Congrégation a
prospéré et il se retrouve avec un patrimoine
immobilier important. Humble, il
laissera la gestion des centres qu'il a fondés.
Ne tenant pas en
place, le Père Chiron reprend la route vers Clermont‑Ferrand, la
Cellette, puis le Roussillon, et en février 1847,
Galamus, puis Sainte‑Croix. En
août 1849, on le retrouve chez sa famille à
Bourg‑St‑Andréol où la population l’accueille
comme un saint. En trois jours, il bénira et distribuera plus de
5000 médailles...
Le 8 août 1849, il retourne
dans l'Ardèche à Privas
puis à
Lyon. C'est à cette époque qu'on le vit
accompagné d'un demi‑fou : Antoine Gay (1790‑1871)
qui deviendra son pitoyable compagnon de misère.
Reconnu possédé par le démon en
1843, il avait été envoyé pour traitement chez
les fous à la Congrégation Sainte‑Marie avant que
Chiron
ne le rencontre à Privas
fin
1849. Cette période entre
1849 et 1850 fut pour Chiron certainement la
plus trouble. Chiron et Gay formaient alors un duo
extravagant comme le souligne Franck Daffos:
A Lyon, ils logent chez un prêtre
illuminé, l’abbé Nicod, curé de la Croix Rousse,
qui professe le retour imminent du fils de Louis
XVI. On les retrouve ensuite, mais hélas sur les
registres de gendarmerie, en septembre 1850 pour
un mémorable (d’après les témoins) voyage à La
Cellette pour le 4ème anniversaire de
l’apparition mariale. Ils y rencontrent les deux
jeunes voyants, Mélanie Calvat et Maximin
Giraud, mais plusieurs scandales de Gay
nécessitent une intervention de la gendarmerie.
Amenés sous bonne escorte à Grenoble, ils seront
bientôt expulsés de la ville.
Or, la hiérarchie épiscopale ne voit pas d'un bon
œil toutes ces agitations. L’évêque de Tulle veut enfermer
Antoine Gay et l’évêque de Viviers veut
destituer
Chiron s’il ne se sépare pas définitivement de
son compagnon de route. Joseph Chiron l'abandonne
finalement entre de bonnes mains à Lyon en
janvier 1851. Antoine Gay y restera jusqu’à sa mort le 13 juin
1871 à l’âge de 81 ans.
Mais toutes ces péripéties
ont un prix pour
Chiron. Il
est obligé de céder sa Congrégation, poussé
par sa hiérarchie qui l'avait mis en place.
Il repartira alors dans une de ses dernières
propriétés,
l’ermitage de St‑Pierre‑del‑Vilar, dans la
commune de Claira en Pyrénées‑Orientales, et y
rencontrera le Père Eugène de Potriés (1791-1866)
refondateur des Capucins (Franciscains) à Marseille et à
Aix-en-Provence. Ce dernier aura la charge de
former quelques misérables novices attirés par une vie de
solitaires. Quant à Chiron, durant un an, il s'imposera ascèse et mortifications.
Sa dernière étape... ND du Cros
À 55 ans, la vie de
Joseph Chiron accumule fatigue et usure.
Affaibli par sa vie érémitique, ses privations et ses
longues marches, il ressent une fin proche.
Courant 1852, il prend
alors la
décision de rejoindre ND du Cros et il y arrive
avec le
Père Eugène de Potriés
le 18 juin 1852. L'objectif officiel
est de fonder un ermitage avec l'aide de Mgr de Bonnechose.
Eugène de Potriés tombe sous le charme du lieu et
fait les démarches auprès de
l'évêque de Carcassonne.pour obtenir la jouissance du
sanctuaire et finalement s'y établir.
Comme il le fit au Mont-Toulon,
le père Marie alias Père Chiron érigera un calvaire au-dessus de la chapelle
de ND du Cros tout en poursuivant privations et flagellations.
Épuisé
par une vie de peine et de sacrifices, terrassé par la
maladie, le
Père Joseph Chiron dit
Père Marie
s'éteindra finalement en odeur de sainteté le27 décembre 1852.
L’abbé Montanié, curé doyen de Caunes,
Eugène de Potriés et l'abbé Falguères, curé de Claira,
l’assisteront dans son agonie.
Ce fut ensuite
avec autorisation spéciale de Mgr de Bonnechose qu'il
fut inhumé sous le porche d'entrée du sanctuaire de ND du
Cros.
Le père Eugène de Potriès se rendit en effet à Carcassonne
pour obtenir l'autorisation préfectorale nécessaire afin
d'inhumer le corps du père Chiron en dehors du cimetière.
Ses obsèques eurent lieu
sur place le
30 décembre 1852 à 11h. Une foule innombrable
rejoignit le sanctuaire dès l’annonce du décès et sa tunique
fut partagée entre les fidèles.
La sépulture de Joseph Chiron
sous le porche de ND du Cros
Ainsi
s'acheva à 50 ans la vie de celui qui n'eut de cesse que de
purifier son âme et d'aider les Hommes dans leurs plus
terribles folies.
Aujourd'hui, sous la dalle mortuaire, seul
son avant‑bras droit est présent. A la demande de la
congrégation qu'il avait créée, ses restes
furent transférés à la maison mère de Privas
dans l'Ardèche, le 4 août 1912, sous la responsabilité
personnelle du Vicaire Général Gustave Cantegrel et de
l'évêque de Carcassonne Mgr de Beauséjour.
(*) Ne cherchez pas de traces de
Gaudéric Mêche dans le livre de Jacques Rivière "Les
ermites de Galamus" (éd. Bélisane), il n'y en a pas. Ceci est
simplement dû au fait que les premières recherches de
Jacques Rivière ainsi que d'autres auteurs se sont
orientées vers le curé de l'abbaye de Caunes
(l'abbé Falguères) au lieu de
l'aumônier de ND du Cros (Gaudéric Mêche). Ceci a
été avéré par l'acte de décès de Mêche
indiquant qu'il fut effectivement aumônier à la chapelle
du Cros. C'est le trait d'union qui permit à
Franck Daffos de relier une grande partie de l'histoire avec
Notre Dame de Marceille (voir "Le secret dérobé")
La sépulture de Joseph Chiron à ND du Cros
Le 9 septembre 1912, le Vicaire général du diocèse de
Viviers (Ardèche) Deschanel, procéda au nom de son
évêque Mgr Bonnet à la reconnaissance officielle des
ossements de Joseph Chiron. Ils sont aujourd'hui
conservés à la maison mère de sa CongrégationSainte Marie de l'Assomption
à Privas. À l'entrée de cette maison se
trouve une statue sur pied de Joseph Chiron qui rend
hommage au fondateur.
Ce saint homme qui voua sa vie à l'Eglise
et à sauver son prochain, celui qui inventa l'asile pour
médicaliser les aliénés jusque là condamner à l'univers
carcéral, celui qui créa une congrégation et toute une série
d'établissements dédiés à son oeuvre, celui qui fut ermite à
Galamus, celui qui généra une ferveur immense parmi les
fidèles, cet homme devait en toute logique être proposé à
une canonisation. Et pourtant un épisode incroyable va se
dérouler.
Le projet de canonisation du Père Chiron
Pour comprendre cet épisode qui en dit
long sur les dessous de l'affaire, il faut se rappeler qu'en
1852, date du décès du
Père Chiron,
l'évêque de Carcassonne était le très célèbre
Mgr de Bonnechose. Or, à cette date, les impératifs de
sa carrière l'obligeaient à prévoir de quitter son siège
épiscopal de l'Aude. Il finit, contraint et forcé à se
déplacer à Rouen en
1855 où il devint sénateur du Second Empire et
Cardinal. Sa carrière fut d'ailleurs prestigieuse puisqu'il
fut aussi un interlocuteur privilégié entre le Saint‑Siège
et l'Empereur Napoléon III.
Le cardinal de Bonnechose ‑
Photo
RMN
Mgr de Bonnechose (1800 ‑ 1883)
Archevêque de Carcassonne de 1848 à
1858, puis archevêque de Rouen de 1858 à 1883
Donc en 1852, tout était en place
pour procéder à la Béatification puis à la
Canonisation du
Père Chiron. En effet, le
parcours du fondateur des hôpitaux psychiatriques était
exemplaire et sa conversion en ermite ne fit que renforcer son
image de "Serviteur de Dieu". Joseph Chiron avait de plus
un charisme et une renommée sans égal. Mort en odeur de
Sainteté, son introduction à la
Béatification puis à la
Canonisation était inévitable et ses fervents
admirateurs le savaient...
Béatification et canonisation ‑
Quelques définitions :
La Béatification
est l'acte par lequel le Pape place une personne au rang des
"Bienheureux" (en latin beati), et
la Canonisation
celui par lequel il est inscrit sur la liste officielle
(canon) des Saints.
But de la Béatification et de la
Canonisation : Pour l'Église, il s'agit de
proposer en exemple au peuple chrétien, le témoignage d'un
de ses membres défunts en tant que Serviteur de Dieu. Le
culte public du Bienheureux ou du Saint se traduit par
l'attribution d'un jour de fête au calendrier et par la
possibilité d'exposer des images et des reliques dans les
églises. Le Bienheureux ou le Saint peut être pris comme
patron (de personnes, de paroisses, etc.), le tout dans les
limites définies par l'autorité ecclésiastique.
Différence
entre Béatification et Canonisation :
La différence
réside dans le degré d'extension du culte public. Pour le
bienheureux (Béatification)le culte est limité là où le
Saint‑Siège le prévoit. Pour le Saint, le culte est autorisé
et prescrit partout dans l'Église universelle. La canonisation est une sentence définitive et irréformable
sur la sainteté de la personne. C'est une proclamation qui
engage l'autorité suprême du pape, et qui touche au dogme de
l'infaillibilité pontificale.
Pour aboutir à une Béatification ou
à une Canonisation il faut démontrer :
1) Le rayonnement spirituel du Serviteur
de Dieu après sa mort : c'est à la fois un signe de sa
participation à la sainteté de Dieu et l'assurance que son
exemple est accessible et bienfaisant au peuple chrétien.
Les miracles qui peuvent lui être attribués sont d'une
grande importance.
2) Son martyre
(mort subie par fidélité à la foi) ou ses vertus chrétiennes
(foi vivante reconnue)
Un rebondissement inattendu...
C'est ici qu'il se passa un évènement
incompris pour les croyants et les admirateurs de Joseph
Chiron à l'époque. Alors que la Béatification, étape
indispensable pour la Canonisation devait être ratifiée par
l'évêque de Carcassonne et donc par Mgr de Bonnechose,
se dernier
refusa avec vigueur d'apposer sa signature.
Ce fait rarissime dans l'histoire de
l'Eglise resta inexpliqué, Mgr de Bonnechose
ayant refusé d'y ajouter tout commentaire. On peut
comprendre alors le désarroi des fidèles qui ont dû
certainement maudire un temps la hiérarchie cléricale
locale... Comment pouvait‑on refuser à ce saint homme un
hommage de l'Eglise qu'il a tant aimé ? Surtout,
comment refuser sans y apporter la moindre justification ?
Certains ont prétendu qu'il pouvait s'agir de son
instabilité. Depuis quand l'Eglise ne canoniserait plus un
saint homme qui voyage pour répandre sa foi ? La
raison invoquée serait son rapprochement avec Antoine Gay.
Depuis quand l'Eglise condamnerait un saint homme pour avoir
aidé son prochain en souffrance ? En réalité, les vraies
raisons sont ailleurs...
Comment interpréter le refus de Mgr de
Bonnechose ?
L'interprétation est assez simple si
l'on possède certains éléments du puzzle.
Il faut d'abord savoir que pour des raisons obscures, laCongrégation Sainte-Marie de l'Assomption créée par le Père Chiron était florissante.
Son soutien financier était sans aucun doute accordé et
organisé par
Gaudéric Mêche.
Mais quelle était la source de financement de ce dernier ?
Puisait‑il dans la seconde cache à Notre Dame de Marceille ?
Chiron était‑il alimenté par Mêche puis par
Henri Gasc qui fut
son successeur comme aumônier à ND de Marceille ?
Nous ne le savons pas, mais un fort soupçon plane...
La technique consistant à faire une transaction locative
avec promesse de vente ne peut expliquer à elle seule
l'accumulation de patrimoine immobilier, même avec de
généreux donateurs et des aides de notables. Les historiens
le reconnaissent bien volontiers. Il existe dans la
biographie de Joseph Chiron des coins
obscurs, des zones d'ombre que l'on ne sait expliquer
objectivement. L'homme comporte plusieurs facettes, tantôt
saint homme, tantôt redoutable négociateur, tantôt mauvais
gestionnaire, tantôt doué d'une grande intelligence pour
mener à bien son oeuvre, tantôt ermite, tantôt lié par
correspondance à tout un réseau religieux et influent. Les
différentes biographies qui lui sont consacrées montrent un
homme pieux voué de tout son corps et de tout son esprit à
sa cause, mais la réalité semble bien plus complexe et
occulte.
Quel était le
secret de Joseph Chiron qui le poussa à
tant d'allées et venues sur Lyon ? D'où
venaient les financements qui permirent de faire prospérer
très rapidement sa Congrégation ? Pourquoi a-t-il voulu
terminer son existence à ND du Cros, une
chapelle très liée à Henri
Boudet et qui est même citée dans le
Serpent Rouge?
Mgr de Bonnechose
connaissait‑il les extraordinaires et inexpliquées
ressources financières du chanoine
Gaudéric Mèche ?
Connaissait-il l'existence de liens avec l'affaire
Saunière ? Connaissait‑il aussi
l'extraordinaire et tout aussi inexpliquée réussite de la
Congrégation
Sainte‑Marie de l'Assomption
fondée par le Père Chiron ?
Préférant ne pas
devenir complice d'un scandale financier dont il n'aurait pu
maîtriser ni la provenance ni l'étendue, il prit le chemin
du silence et donc la décision de
mettre son veto à la Béatification de
Joseph Chiron, quitte à décevoir les fidèles. On comprend aussi pourquoi il
évita toute explication et donc toute publicité...
Or, il faut savoir que sans Béatification ou Canonisation,
il est impossible de déposer des reliques dans une église ou
dans un sanctuaire. Cette règle n'a pu échapper à la
dépouille du
Père Chiron.
Lorsqu'en 1912 la décision fut
prise de transférer son corps à
Privas (Ardèche), un compromis fut trouvé en
laissant sur place et sous le porche son avant‑bras dans un précieux coffret.
Le porche d'entrée et la sépulture du Père Chiron
Et
aujourd'hui, où en sommes‑nous ?
Depuis 1912,
l'incompréhension parmi les fidèles demeure intacte. Du côté
des instances religieuses, les ordonnances se suivirent pour
demander un complément d'enquête. Un tribunal fut même
constitué le 18 avril 1936 pour instruire le procès
diocésain. Des commissions furent organisées pour retrouver
des écrits et des témoins. Le Pape Pie XII confirma
même le
22 mai 1953 les écrits du
Père Chiron, ce qui est un pas considérable vers sa
béatification. Et pourtant, depuis plus rien. Le temps aura
eu raison de la mémoire des Hommes, car qui se rappelle
aujourd'hui de Joseph
Chiron ?
Voici donc un homme qui passa toute sa
vie au service des autres et qui fut jugé sans explications
par sa propre hiérarchie. Il fallait certainement un motif
particulièrement important pour bloquer les procédures
jusqu'au niveau du pape...
L’hôpital spécialisé Sainte Marie,
occupe aujourd'hui une place importante dans le bassin de
Privas.
Ce centre hospitalier veut être au service des
personnes les plus fragiles de notre société. Il est une
source d’emplois pour Privas, pour les environs et même pour
tout le département.
L'Hôpital Sainte-Marie à Privas
De
nos jours, cinq établissements psychiatriques dépendent
de l'Association Hospitalière Sainte‑Marie : Privas
(Ardèche), Clermont‑Ferrand (Puy‑de‑Dôme), Montredon
(Le‑Puy‑en‑Velay, Haute‑Loire), Nice (Saint‑Pons,
Alpes‑Maritimes) et Cayssiols près de Rodez (Aveyron)
Pourquoi le Père Joseph Chiron
est‑il lié
à
Rennes‑le‑Château ?
Nous savons que
Joseph
Chiron est lié à ND du
Cros, ce lieu représentant la dernière étape du prêtre
marcheur. De fait, il est donc très lié à
Boudet
et en suivant le fil rouge, à
Gaudéric Mêche, chanoine de
ND de Marceille. Mais ces liens
n'auraient pas été faciles à mettre en évidence sans
l'ingéniosité de l'abbé
Boudet. En effet, il est passionnant de retrouver le
Père Chiron déguisé en
Saint Antoine Ermite
dans l'église de Rennes‑le‑Château.
Or ce n'est pas tout
puisque l'on retrouve aussi son effigie dans la fameuse
station XIV
du chemin de croix depuis
1897,
portant
Jésus par les épaules...
Un étonnant message...
Le
Père Joseph Chiron
A gauche, Saint Antoine Ermite
en habit franciscain et son cochon
La ressemblance est frappante
Pour
comprendre cette ressemblance, il ne faut pas se
contenter de comparer le visage du prêtre. Certe son
effigie est particulièrement criante, mais il faut
également tout observer. Il faut commencer par l'habit
de franciscain et par cette
corde à noeuds très caractéristique servant de
ceinture, une corde à noeuds que l'on retrouve identique
sur la statue de Joseph Chiron à
Privas.
Il faut dire que pour les connaisseurs, nous sommes en présence ici
d'une représentation anachronique. Saint Antoine
ayant vécu entre le IIIe siècle et le
IVe siècle,
comment aurait-il pu porter l'habit franciscain et la
corde à noeuds, signe de la sous famille des
Cordeliers alors que l'Ordre des
Franciscains ne fut fondé qu'au XIIIe
siècle par Saint François d'Assise ? La rigueur
de la maison Giscard,
spécialiste des mobiliers du culte, permet d'exclure
toute erreur ou méconnaissance des attributs religieux
du Saint homme. Il s'agit donc d'un codage volontaire.
Saint Antoine Ermite dans l'église Marie-Madeleine
Joseph Chiron
dit Père Marie ermite de Galamus
N'oublions pas que le Père Chiron était
ermite à l'ermitage de Saint Antoine de Galamus
et qu'il dû se soumettre aux règles des Franciscains.
Cet épisode a donc donné lieu à l'astucieux montage de
Joseph Chiron en Saint Antoine Ermite...
Mais ce n'est pas tout
puisque l'on retrouve aussi son effigie dans la fameuse
station XIV
du chemin de
croix depuis
1897.
Le personnage portant Jésus par les épaules ressemble
curieusement à Saint Antoine Ermite, et par
assimilation, à Joseph Chiron en habit
franciscain... Or, pour comprendre ce tour de force, il
faut se tourner vers l'Évangile
de saint Matthieu...
L’Évangile selon saint
Matthieu (Mt 27, 57-61) :
Le soir venu, il vint un homme riche
d'Arimathie, du nom de
Joseph, qui
s'était fait, lui aussi,
disciple de Jésus.
Il alla trouver Pilate et réclama le corps de
Jésus. Alors Pilate ordonna qu'on le lui remît.
Joseph prit donc le corps, le roula dans un
linceul propre et le mit dans le tombeau neuf
qu'il s'était fait tailler dans le roc puis il
roula une grande pierre à l'entrée du tombeau et
s'en alla. Or il y avait là Marie de Magdala et
l'autre Marie, assises en face du sépulcre. (Mt
27, 57-61)
Voici que l'on nous donne le prénom du personnage, Joseph...
Le doute n'est plus permis, il s'agit bien de
Joseph Chiron, disciple de Jésus et
curieusement riche...
La station XIV dans l'église de Rennes‑le‑Château
et Joseph d'Arimathie portant Jésus
On retrouve le visage de Saint Antoine Ermite
alias Joseph Chiron
Un autre détail
est important à connaître. Depuis très longtemps l'attribut
canonique de Saint Antoine Ermite est un cochon.
C'est pourquoi on peut observer la présence de l'animal aux pieds
du saint dans l'église Marie-Madeleine.
Or, ce qui est surprenant et unique dans
le cas du statuaire, c'est qu'ici, l'animal est
muni de défenses. Ce cochon est donc très particulier
puisqu'il a été intentionnellement transformé en sanglier...
Mais pourquoi ?
Le
cochon de Saint Antoine Ermite
comportant des défenses
une référence au sanglier...
L'église Marie-Madeleine contient de nombreuses
références au livre culte de
Boudet et le cas du
Saint
Antoine Ermite est un bon exemple.
Pour comprendre, il faut donc se
reporter à son livre :
"La
Vraie Langue Celtique"
En effet, un passage traitant
d'un sanglier serait passé complètement inaperçu s'il
n'y avait pas dans le paragraphe précédent un nom qui
fait écho à l'énigme : Arcadie.
Il s'agit en fait d'une balise permettant d'alerter un
lecteur curieux et averti. Le sanglier de Saint-Antoine est
ainsi un autre moyen d'être alerté et de se plonger dans le
livre.
Voici ce que nous dit Boudet :
Erymanthe, montagne
d'Arcadie, était
l'asile d'un sanglier dont la
fureur remplissait d'effroi la contrée entière.
[...]
L'histoire du
sanglier d'Erymanthe est
la peinture fabuleuse des
chasses au sanglier si chères aux
Gaulois.
Extrait "La Vraie Langue Celtique" par Henri Boudet ‑ Page
302
Une étrange relation est ainsi
clairement énoncée entre une "peinture fabuleuse",
"l'Arcadie", et une chasse
au sanglier chère aux Gaulois ou
plus exactement aux Celtes.
L'allusion est
bien trop belle pour être involontaire, ou dû au pur hasard. Quelle
est donc cette peinture fabuleuse traitant de l'Arcadie ? Il s'agit évidemment
des
Bergers d'Arcadiede
Nicolas Poussin, une
toile unique et d'excellence que Boudet relie à l'histoire des
Celtes.
Or un autre
mot est là pour donner un indice supplémentaire, une
confirmation que le décodage est correct. Il s'agit du
mot "asile" rappelant évidemment
l'oeuvre de Joseph Chiron et la
création de la Congrégation Sainte Marie dédiée aux
aliénés et aux maladies psychiatriques.
Bien que pour un observateur classique,
ces défenses peuvent
paraître très banales, pour un ecclésiastique, elles sont
tout à fait anormales et ne correspondent pas à la
tradition chrétienne. En
ajoutant ce détail, il était facilement prévisible d'attirer
quelques
curieux.
A droite, la statue
de Joseph Chiron
telle qu'on peut la voir à l'hôpital Sainte-Marie
de Privas, maison
mère de sa Congrégation
A la ceinture, la
corde à noeuds des Franciscains
Notons que la statue de
Saint Antoine Ermite en
Joseph Chiron
semble être unique. Une commande spéciale a-t-elle été
passée à la maison
Giscard ?
Ou bien cette dernière était‑elle bien renseignée sur
le
personnage ? Saunière était‑il au courant du message ?
Pourtant dans le
contrat concernant la
commande du statuaire signé entre Saunière et Giscard
ne figure aucune particularité excepté que l'on y parle de "modèles
décidés".
Sept statues, toujours
en terre cuite de 1 mètre 30 centimètres de
hauteur chacune, décoration extra‑riche,
peintures moyen âge et en plein, Pierreries,
yeux émaillés. Nom des Sts Vierge mère avec
enfant Jésus, Saint Joseph avec enfant
Jésus, conformes l'un et l'autre au modèle
désigné. Saint Antoine de Padoue avec Enfant
Jésus debout sur le livre. Sainte Marie‑Madeleine patronne de la Paroisse.
Saint Antoine
ermite second patron. Sainte Germaine
avec deux agneaux et St Roch. Toutes ces
statues sont
conformes aux
modèles décidés et irréprochables
quant à l'exécution.
Extrait du contrat de
commande du statuaire entre Saunière et
Giscard
Henri Boudet
voulut non seulement rendre hommage à ce saint homme
non reconnu officiellement par l'église, mais en plus il
voulait nous
indiquer la piste de Notre Dame du Cros et donc de
Gaudéric Mêche
qui fut en poste à la fin de sa vie et que Boudet rencontra
alors qu'il était à Caunes-Minervois...
On aura tout de même mis de nombreuses
années à comprendre cet indice et quel indice !
Sans aucun doute,Joseph Chiron
partageait un secret avec
Gaudéric Mèche et ce
dernier lui apporta manifestement des ressources financières importantes
pour monter rapidement son œuvre bienfaitrice. Que
connaissait‑il du secret de Mêche ? Nous ne le savons
pas. Mais ce qui est certain, c'est que nous découvrons ici
un autre personnage de l'affaire qui est passé en
faisant le bien et que malheureusement l'Histoire
ignora totalement.
Espérons qu'il soit réhabilité avec l'énigme de
Rennes‑le‑Château...